Revoir Cimabue aux origines de la peinture italienne au Louvre

Exposition temporaire jusqu’au 12 mai 2025

La Maesta

A l’occasion de la restauration de la Maestà et de l’acquisition de La Dérision du Christ, le musée du Louvre a organisé dans la salle Rosa, au bout des salles de peinture italienne, une exposition consacré à Cimabue et à la peinture italienne du XIIIème siècle.

J’apprécie beaucoup le principe de ces expositions autour d’un chef d’œuvre en le situant dans son contexte « Revoir le Pierrot de Watteau » ou « Revoir Van-Eyck » m’avaient enthousiasmée. Prendre son temps à étudier un tableau,  comprendre comment il a été peint, dans quelles circonstances, quelle histoire, quels précurseurs, quelles influences. Une leçon d’Histoire de l’Art. Peu de touristes viennent perturber la visite. Ce matin, calme sérénité et échanges polis. Une dame est même venue proposer son bic 4- couleurs parce que mon stylobille faisait des caprices et que je râlais toute seule. 

Cimabue (1240 à Florence – 1302 à Pise) de son nom Cenni di Pepo

L’exposition s’ouvre sur les lignes de Dante et un manuscrit sur parchemin, puis sur la biographie que Vasari lui a consacré en 1568. La Vierge et l’Enfant de Botticelli entra au Louvre en 1802 sous le nom de Cimabue, pourtant on reconnait le style de Botticelli! 

Vierge à l’enfant – vierge Kahn

Au XIIIème siècle, l’Italie était fascinée par l’art byzantin. Les peintres italiens copiaient les icones. Sur une Maesta ancienne,  le peintre a ajouté du relief pour imiter les icones byzantines. La Vierge Kahn ci-dessus aurait été peinte à Constantinople pour être exporté et offerte par l’empereur Michel VIII Paléologue.

Sainte Catherine d’Alexandrie – Maitre de Calci – Pise

Sainte Catherine d’Alexandrie, de l’Italien Maître de Calci (1225-1260)  est représentée comme les icones.

Une carte montre L’Italie et la Méditerranée avec les échanges de biens et culturels : De Constantinople, provenaient les icones, la soie, les épices, de même d‘Alep et d’Antioche, royaumes croisés latins jusqu’en 1268. 

Des pays arabes, Damas, la Tunisie, des céramiques islamiques (façade de l’église de Grado)et l’Andalousie on importait céramiques et soieries, comme la Dalmatique tissée d’or et de soie. On retrouve les motifs d’écriture arabe sur le cadre de la Maesta.

Atelier Nicola de Pisano (1267) Tombeau de St Dominique – Les 3 acolytes (marbre)

Cette écriture arabe décore la bouteille de forme orientale sur la sculpture des trois acolytes. Un échantillon de Lapis-lazuli, en provenance d’Orient est présenté, il donne les bleus de la Maestà.

les Années 1280 période d’effervescence artistique

Cimabue invente une peinture plus vivante, moins figée que celle des icones byzantines mais il n’est pas seul à la fin du XIIIème, le Siennois Duccio di Buoninsegna et les autres peintres de son atelier font aussi preuve d’inventivité. Je remarque les gestes (gesticulations) de l’Enfant qui appuie sa main sur la joue de sa mère, joue à tirer son voile, tend ses bras vers l’autre main

J’ai du mal à distinguer  la peinture du Duccio de celle de Cimabue dans les panneaux de bois de la Flagellation et de la Dérision du Christ, dernière acquisition du Louvre

Cimabue : Dérision du Christ

Une vidéo zoome sur la Maesta restaurée dont on peut admirer tous les détails, les picots sur les nimbes, les plumes de anges, et les bizarres crochets des diadèmes 

Détail des anges de la Maestà

Pour avoir des dorés plus dorés, il vous faudra aller voir l’exposition.

Et pour finir le merveilleux Giotto qui était le voisin de la Maestà sur le jubé de l’église des Franciscains de Pise

Giotto

Perspective(s) – Laurent Binet

RENTREE LLITTERAIRE 2023

Quelle plaisir, cette aventure dans Florence, 1557  en compagnie des plus grands. Roman épistolaire où les plus grands correspondent : Cosimo de Medicis le Duc régnant (1537-1569), Catherine de Médicis reine de France et Piero  Strozzi, maréchal de France…pour les politiques mais surtout, Michel-Ange Buenarroti fort occupé à peindre la Chapelle Sixtine mais sollicité, Benvenuto Cellini dont on connaît le Persée, Giorgio Vasari, moins connus, Bronzino , Allori et Bacchiacca (Francesco d’Ubertino). A tous ces artistes illustres s’ajouteront un page, le chef de police du Bargello, un broyeur de couleurs…et d’autres comparses, y compris des religieuses assez retorses…

Enigme policière : Jacopo da  Pontormo est retrouvé assassiné au pied des fresques de la chapelle qu’il décorait depuis de nombreuses années dans un secret jaloux. Vasari, dépêché par le Duc et chargé de l’enquête découvre une anomalie, le mur a été repeint. Seul un artiste de talent a pu commettre le meurtre. Florence regorge d’artistes!

A ce meurtre, se mêle une affaire gênante pour les Médicis : Pontormo a peint un portrait de Maria de Medicis, fille du duc, dans une position compromettante. Il s’agit de faire disparaître le tableau.

Les deux affaires s’entremêlent, l’affaire du tableau semble prendre beaucoup plus d’importance que la découverte de l’assassin du vieux peintre.

Et pour compliquer le tout deux religieuses fanatiques, partisanes de Savonarole, mais se piquant de peinture sont mêlées à l’affaire du tableau.

Une révolte des petites mains de la peinture, broyeurs de couleurs, préparateurs des fresques, etc… s’organise. Exclus des corporations, ils tiennent des réunions secrètes….

La lectrice s’y perd un peu, mais s’amuse beaucoup en faisant de nombreuses incursions avec le smartphone dans les tableaux et fresques maniéristes. Quel plaisir de découvrir les œuvres dont il est question dans le livre.

Les péripéties autour du tableau sont rocambolesques, caché dans le cadre du lit de Cosimo, suspendu à une corde pour franchir le poste de garde de la Seigneurie, transporté dans l’inondation de l’Arno…c’est un vrai roman d’aventure.

Et voici que Vasari, pris dans une embuscade qui a mal tourné est forcé de se défendre avec une arbalète et qu’en tendant le carreau, il découvre (re-découvre) …la Perspective (?) et assène à son correspondant – Michel-Ange) toute une leçon d’histoire de l’art, de Masaccio à Uccello en passant par Brunelleschi. Echappant de peu à la mort, menacé par un Scaroncolo (oh Lorenzaccio!), il trouve le temps de faire de la théorie. Jouissif!

« C’est en vain que tu tends ton arc si tu ne sais pas où diriger ta flèche » – et moi je savais à cet instant! je déclenchais mon tir, et le carreau d’arbalète, suivant une trajectoire parfaite que mon esprit avait calculé et qu’une main invisible avait tracée dans l’air vint se ficher exactement entre ces deux yeux. Il bascula en arrière, le coup de feu se perdit dans le vide, et j’eus l’impression que la détonation me réveillait d’un long rêve d’une seconde.

Mais je n’avais pas rêvé. je m’étais souvenu de la perspective. Et voilà de quoi je veux m’entretenir, Messire Michel-Ange, mon cher maître. Dans notre soif de trouver une nouvelle manière de peindre pour surmonter, ou plutôt pour contourner la perfection atteinte nos pères et la vôtre, celle de Raphaël et celle de Léonard…..

Je ne veux quand même pas divulgâcher…et vous laisser le plaisir de vous perdre dans ces aventures et d’apprendre tout sur la peinture maniériste!

les blogueuses et blogueurs ont été nombreuses (x) à donner leur avis : Claudialucia,

Nathalie, 

eimelle

et j’en oublie sûrement que j’invite à se faire connaître….

Botticelli – Artiste et Designer – Jacquemart André

Exposition temporaire jusqu’au 24 janvier 2022

Simonetta Vespucci -( 1485 Francfort sur le Main)

Le Musée Jacquemart André est un écrin parfait pour l’exposition Botticelli qui voisine avec la collection permanente de peinture italienne de la Renaissance. 

Vierge à l’Enfant

Cette exposition va rendre compte de l’œuvre du peintre, de son apprentissage dans l’atelier de Lippi jusqu’à sa peinture tardive quand Savonarole a donné une ambiance tragique à Florence. Elle montre la proximité de la peinture de Botticelli avec celle de son maître Lippi que le jeune Sandro copie .

Vierge à l’enfant s’appuyant sur un ange sous une guirlande

La production de Botticelli est variée, c’est ce qui justifie le sous-titre de designer, il a peint de magnifiques cassoni 

la bataille de Pydna

Il a aussi dessiné des cartons pour des broderies somptueuses ou des marqueteries ou des tapisseries.

marqueterie

La Naissance de Vénus n’a pas fait le voyage mais a inspiré ces Vénus plus ou moins pudiques dont Botticelli a peint plusieurs exemplaires, celle de Turin est même habillée mais d’un voile si transparent qu’il souligne plus qu’il ne cache ses appâts. 

Venus pudique

Un format qu’affection le maestro est le Tondo dont les constructions savantes sont particulièrement séduisantes. Celui nommé le maitre du gothique montre la construction de Venise en arrière-plan

Tondo : le maître du gothique

Deux petites compositions m’ont bien amusée

Les Vandales dévorés par les ours
Saint Juste expulsant les démons de la région de Volterra

Comme d’habitude, le Musée Jacquemart André a réalisé des vidéos très intéressantes.

Seul bémol, rançon du succès : la foule!

 

Botticelli -Revue DADA, la première revue de l’art

MASSE CRITIQUE DE BABELIO

 

REVUEDADA

 

J’ai gagné un joli cadeau à la dernière MASSE CRITIQUE une revue d’Art destinée « à toute la famille » . Illustrations de très bonne qualité et abondantes, plaisir de feuilleter encore et encore (et de retrouver la belle Simonetta que j’avais admirée dernièrement à Chantilly). Des chapitres courts et variés nous conduisent à Florence au Quattrocento, puis racontent l’apprentissage de Botticelli, comme orfèvre d’abord puis dans l’atelier de Filippo Lippi. Portraitiste , de beaux portraits illustrent la revue) . Il était une fois raconte les grandes œuvres religieuses,  ou mythologiques. Nous entrons ensuite Dans l’atelier de Botticelli où les secrets de fabrication sont dévoilés : œuvres en série, assistants qui peignent les parties moins importantes du tableau. Grands et petits pourront s’essayer en suivant les conseils du maître dans la réalisation des drapés ou des boucles, et même point par point réaliser un « poncif » en 6 étapes.

Et comme c’est une revue d’art : il y a aussi toute l’actualité des expositions importantes de 2020 (s’il n’y avait pas eu de confinement!).  Je chercherai le autres numéros.

Et si vous cherchez un cadeau de Noël pour les petits et les grands, pourquoi pas un abonnement?

Portraits florentins à Jacquemart-André

PARIS EN EXPO – IL VIAGGIO

logochallenge italie

 

 

 

 

 

 

SORTIR!

Ne pas se laisser intimider ou enfermer!

Eleonor de Tolède
Eleonor de Tolède

Il n’y avait pas foule ce matin au Musée Jacquemart-André pour l’exposition des Portraits  à la cour des Médicis au XVI ème siècle.

Savonarola
Savonarola

Pourtant cette exposition est très intéressante. Double intérêt : historique, elle retrace l’histoire de Florence, de Savonarole par Fra Bartholomeo (1499-1500) au duc de Florence Alexandre de Medicis  (1574)peint par Vasari, en passant par Cosme 1er , sa femme Eleonor de Tolède qui est à l’affiche de l’exposition. Des salles thématiques dépeignent la vie de cour, les artistes, peintres ou musiciens, les nobles avec leurs animaux familiers, l’amitié est aussi célébrées à plusieurs reprises. Costumes, parures et parfois (rarement) paysages en arrière-plan. Sur les murs les commentaires sont nombreux : explications ponctuelles, arbre généalogique des Medicis, chronologies….

alexandre de medicis vasari

Une autre approche est celle de l’histoire de l’Art et plus particulièrement du Maniérisme, terme que l’on doit à Vasari « la manière moderne« . En introduction à a visite elle-même, une vidéo Mains maniéristes compare la manière de peindre les mains par Andrea del Sarto,  Corrège et Bronzino et celle de Michel Ange. Position des doigts, ongles, chairs, chaque artiste a sa manière. Le DVD se vend à la librairie.

la monaca

 

 

 

 

La Monaca de Ghirlandaio le double portrait de deux amis de Pontormo m’ont beaucoup plu dans la première salle en compagnie d’une femme en jaune d Andrea del Sarto.

La salle suivante est à l’honneur de Cosme 1er peint par Bronzino . D’autres tableaux sont les œuvres de Salviati. Enfin dans la dernière salle on voit des portraits de nobles moins connus par des artistes dont je n’ai pas retenu les noms.

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D’acier – Silvia Avallone

LE MOIS ITALIEN D’EIMELLE

d'acier2

Ce challenge m’a donné l’occasion de découvrir  D’acier de Silvia Avallone  et de retourner virtuellement en Toscane , à Piombino plus exactement, en face de lIle d’Elbe . Qui dit Toscane pense Florence ou Sienne, Renaissance italienne, peut être Chianti ou oliviers. On l’associe moins aux Monts Métallifères et à la sidérurgie. Nous avons visité les abords de Piombino, Populonia , ses tombes étrusques et le Parc archéo-minier de San Silvestro , depuis l’Antiquité, les Étrusques et les Romains on travaille les métaux dans la région.

Aciéries, face au paradis touristique qu’est l’île d’Elbe…. ce n’est pas le seul paradoxe de ce livre.

« la mer et le mur des barres d’immeubles, le soleil brûlant de juin, c’était comme la vie et la mort qui s’insultent. Pas de doute : vue de l’extérieur, pour ceux qui n’y habitaient pas, la via Stalingrado c’était une désolation. Pire : la misère »

« L’idée de la municipalité communiste, c’était que les métallos aussi avaient droit à un appartement avec vue »

Que puis-je ajouter aux 92 critiques, le plus souvent très élogieuses, publiées sur Babélio?

Les citations que j’ai soulignées sur ma liseuses, peut-être:

Le décor, est donc planté, la cité où vivent les familles d’Anna et de Francesca, leurs parents, Alessio et ses copains..

D’acier se joue aussi à la fonderie Lucchini

« Mais il y a encore trente ans, vingt mille personnes travaillaient là, le marché était en pleine expansion, l’Occident qi reproduit son monde et qui l’exporte Il n’étaient plus que deux mille aujourd’hui, sous traitants compris »

Récit de ces aciéries en crise, en sursis, attendant la délocalisation. Dans cette année 2001 quand le Parti Communiste a perdu ses troupes et ses mythes

« Son père avait le mythe d’Al Capone et du Parrain – celui de Coppola. Son frère avait sa carte au syndicat des métallos mais il votait Forza Italia. Parce que Berluscoi, lui, c’est sur que ce n’est pas un minable »

C’est l’histoire de l’amitié de deux filles de treize/quatorze ans qui brûlent leur adolescence, jouent comme des fillettes et découvrent la sexualité, l’amour, les garçons. Amitié-passion qui sera mise à mal quand les garçons interviendront…Ce roman se déroule à l’ombre du haut fourneau qui déverse ses coulées brûlantes, où des machines infernales se démènent au risque de broyer les hommes.

«  »C’était un peu comme être dans un aquarium. la coulée du haut-fourneau la-haut enflammait le ciel, infestait de nuées et de poisons, et tu sentais ton corps fondre. Tu transpirais le cour battant la chamade.  » […] on le sait bien qu’à l’intérieur de la Lucchini, dans ses viscères bougent des jambes, des bras, des têtes humaines, des êtres de chair. Mais personne , jamais, n’arrivera à prendre la mesure de ce labeur gigantesque… »

Pour survivre à ce monstre et – pire encore – à son extinction annoncée, les hommes sont violents comme le père de Francesca, ou ils se droguent avant, pendant et après le travail. Ils trafiquent ou s’abrutissent. .Sordides soirées dans les boites de nuit.Au bar d’Aldo,  ils assistent à la chute des Tours jumelles, incrédules.

« Anna, en regardant pour la énième fois tomber les géants de béton au cour de Manhattan sentit que l’Histoire existait, que l’Histoire, c’était cette chose immense et incompréhensible dont pourtant elle faisait  partie. Elle s’étonnait d’appartenir à l’Histoire, mais surtout elle se rendait compte que Francesca lui manquait… »

La grande force de ce livre est de raconter une histoire avec des personnages attachants et  divers mais aussi de l’inscrire dans le monde, dans l’histoire, et non pas de façon abstraite mais avec la chaleur brûlante de l’acier qui s’écoule, avec la brutalité des engins de chantier gigantesques.

logo eimelle, le mois italien

 

 

Pietra Viva – Léonor de Récondo

LIRE POUR L’ITALIE

le Bacchus du Bargello
le Bacchus du Bargello

Le héros de l’histoire Michel-Ange est un personnage qui m’intéresse. Dans les carrières de marbre de Carrare encore plus encore. L’imaginer tirer ses personnages du marbre! Partager le travail des carriers et tailleurs de pierre, le sujet avait tout pour me plaire. La critique était bonne. Les copines le recommandaient.
Je partais pour un beau voyage à la Renaissance dans cette Toscane que j’aime.
Pourtant cela n’a pas fonctionné.
Lecture agréable. mais lisse, trop lisse pour m’accrocher ou m’émouvoir.Superficiel? J’ai glissé dans ces 225pages sans entrer dans le roman, sans y croire, ni à l’amour chaste pour Andréa le moine si beau, ni pour l’amitié de Michele, l’enfant. Quelques préciosités m’ont agacée. qu’est-ce donc qu’une Bible inviolée? et  ces hommes aux noms d’animaux?
Je ne regrette pas cette lecture. Comme Parle-leur de Bataille.…mettant en scène Michel-Ange également, la rencontre ne s’est pas faite.
Peut être suis-je grognon? J’ai parfois du mal avec les romans historiques. je leur préfère l’Histoire avec ses textes, ses sculptures, ses chefs d’œuvres. Pour qu’un roman historique m’emporte, il me faut plus de détails, plus de recherche. Et puis, la pureté du marbre, la chasteté, les mères idéalisées mortes, cela m’embête!

pietra-viva-

Naples : notre appartement, l’Artecard, marché, centre historique

CARNET NAPOLITAIN/ 8 JOURS EN JUILLET 2005

Nous rejoignons notre appartement en  métro, station Cavour

9h10, j’ai acheté la Campania Artecard à la gare .

Les métros sont peu fréquents et ressemblent plutôt à des trains de banlieue. A la station Cavour, la correspondance entre les deux lignes est assurée par un tapis roulant, un ascenseur nous hisse en surface.

10heures:  La propriétaire nous attend au pied de l’immeuble. Elle nous montre tous les secrets de la maison y compris le robinet d’arrivée d’eau en cas de fuite,l’arrivée du gaz, les piles d’allumage du chauffe-eau…les balais.

Une fois tout bien expliqué, elle prépare du café, nous bavardons autour de la table. Avant de se quitter, elle me fait faire le tour du quartier et me présente à l’épicier, à la pizzeria et nous fixe rendez vous pour mardi soir. C’est vraiment agréable d’être si bien accueillies !

Au marché

La propriétaire nous a prévenues : pas de sac à main, pas d’appareil photo. On s’attend à un coupe-gorge ou à une foule dense. Le marché est tranquille, pas de queue, nous sommes les seules clientes chez le poissonnier et aux fruits et légumes. Pou 8 € nous rentrons chargées d’oranges, de tomates, courgettes, concombres, nèfles et un melon. La vie n’est pas chère au marché !

Centre historique, place Bellini, conservatoire de Musique


Du Musée,  une rue tranquille bordée d’un grand bâtiment de pierre jaunes aux belles arcades : les Beaux Arts.

Pîazza Bellini

La place Bellini nous offre notre première halte devant un palais baroque le palazzo Firrao orné des bustes des souverains espagnols, d’un couvent rouge qui ressemble à un palais précédé d’un escalier monumental : le couvent Sant’ Antoniello a Pontalba. Au milieu de la place : la statue de Bellini. On s’assied sur le socle à l’ombre du musicien pour consulter nos guides. La place est très verte, très ombragée avec ses palmiers et des petits arbres exotiques. Des cafés ont installé leurs terrasses sous de beaux parasols blancs. Du Conservatoire, tout proche, s’échappe du jazz.  Derrière la statue nous découvrons les vestiges d’une muraille grecque.

De cette place nous avons le choix des itinéraires, selon  les propositions de nos livres, ou en suivant les plaques de Napoli Musée de Plein Air dans les petites rues du centre Historique.

conservatoire dans le cloître le buste de Beethoven

Le Conservatoire de Musique est ouvert. Nous entrons sous les arcades entourant deux cours plantées d’arbres très hauts, ressemblant à des cloîtres baroques. Eclairage au gaz. Beethoven se reflète dans une grande vitre. L’autre cloître est décoré de bustes, on reconnaît Verdi parmi les autres musiciens.

Via dei Tribunali

Nous suivons le Decumanus maximus, artère antique, maintenant  Via dei Tribunali. Tout se mêle : les églises gothiques angevines noyées sous le baroque, le joli campanile roman de brique qui intègre de belles colonnes antiques de marbre blanc. Sur l’emplacement de l‘ancienne agora ou du forum romain, des arcades abritent des boutiques. Certaines vendent des fruits et légumes, d’autres des pizzas et arancini, d’autres, enfin, des cornes rouge porte-bonheur, des santons et des masques…

Les églises sont fermées. C’est un peu frustrant. Du dehors, aucune ne nous parait vraiment belle. Les ajouts baroques, les peintures grises ou blanches alourdissent les édifices. Seul le petit campanile de brique tire son épingle du jeu. Santa Maria delle Anime del Purgatorio est décorée de crânes et de tibias, c’est original

Boccace – Le Décaméron – illustré par l’auteur et les peintres de son époque – Diane de Selliers ed.

LIRE POUR L’ITALIE

Le Décaméron, chef d’œuvre de la littérature médiévale, peut être le premier best-seller, réclamé par les cours européennes, est un sommet de la littérature que je n’osais pas aborder. On m’a fait cadeau de ce très gros ouvrage. Dès que j’ai découvert la fresque du Musée de San Gimignano représentant les époux au lit,  sur la couverture, j’ai  eu un très gros coup de cœur pour ce livre!

Je l’ai d’abord feuilleté comme un livre d’images pour y trouver les  fresques du Palais Schifanoia de Ferrare, ainsi que des détails des Effets du Bon Gouvernement de Sienne qui est un des tableaux que je préfère.

je découvre les illustrations de Boccace, dessins élégants, des aquarelles simples et naïves…

toute la peinture italienne est représentée: Fra Angelico, Giotto et je navigue dans mes souvenirs de voyage. Je découvre les coffres de mariage s’inspirant les nouvelles du Décaméron. Cette peinture profane est une découverte. Nous avons vu de nombreuses illustrations des Écritures Saintes, des thèmes mythologiques apparus à la Renaissance, mais les représentations de la vie quotidienne des simples bourgeois sont une véritable découverte.

Je feuillette le lourd volume pour le plaisir des yeux.

Le plaisir de la lecture viendra ensuite: dix nouvelles chaque jour sur des thèmes imposés par la « Reine » d’un jour. La grande variété des contes me ravit. Moqués, les avares, les moines lubriques, le roi croyant séduire une belle dame… l’astuce, l’esprit, font mieux que violence.

Simplicité du style, ces contes sont sur le mode oral. point de longues digressions, des jeux de mots, heureusement rendus ou expliqués dans les notes, pour le plaisir des auditeurs.

Bien sûr je n’ai pas lu d’un trait les cent nouvelles du Décaméron et je me les réserve tranquillement jour après jour mais je ne résiste pas au plaisir de partager ma découverte.

 

STENDHAL : Chroniques italiennes


J’avais cru trouver une relation de voyage.  Ces chroniques sont des traductions de manuscrits anciens relatant des « faits divers » arrivés à diverses périodes de l’histoire italienne. Véritables manuscrits ? Traductions fidèles ? Nouvelles écrites dans un style italianisant relatant des histoires de couvents, de bandits, d’amour voire d’inceste. Extrême violence de ces meurtres parfois d’honneur, parfois gratuits. Curieuse vie de couvents où les nobles jeunes filles enfermées par leurs familles ne voulaient renoncer ni à leur vie mondaine, ni à leurs amants. Chaque voyage est prétexte à une rencontre littéraire avec un grand écrivain. Stendhal sera- t il celui de ce voyage ?