Parme – arrivée au gite, B&B Il giardino Nascosto

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Arrivée à Parme

Nous pénétrons inconsidérément dans le périmètre interdit aux véhicules non-résidents jusqu’à l’énorme Palais de la Pilotta qui barre la route et on demande notre route. Il faut contourner le centre par une sorte de boulevard circulaire Viale Mantana. Après c’est facile, nous trouvons le Borgo Felino où se trouve notre B&B,  Il Giardino Nascosto .

Nous sommes très bien accueillies en français. le Monsieur se précipite avec un permis de circuler pour les résidents, à mettre sur le pare-brise, avec la même hâte que l’hôtelier de Ferrare. Les policiers doivent être féroces avec les contrevenants !

 

Notre petit appartement au rez de chaussée s’ouvre directement sur le jardin. Derrière les façades urbaines  jointifs, on ne devinerait jamais leterrain et les beaux arbres cachés, il y a un marronnier, un érable de belle taille et 5 pruniers. Le mur est couvert de lierre et d’une glycine en fleur. Dans des massifs, de beaux rosiers, des iris et du muguet. Le petit immeuble est peint en jaune avec des volets de bois gris.

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A l’intérieur, l’immeuble est construit autour d’un puits de lumière occupé par un jardin d’hiver avec les murs vert pâle. Les couloirs et les escaliers recèlent une véritable collection de terracotta. Notre chambre – côté jardin – est meublée d’un grand lit, d’un petit bureau avec la télé, une bibliothèque,  une cheminée occupe un coin. Côté cour, la cuisine est très bien équipée avec un table pour manger et un buffet.

A la découverte de Parme

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Parme est différente de Ferrare ou de Bologne. Les immeubles sont plus grands, plus cossus, les rues sont dallées avec des trottoirs. A Parme aussi, l’automobile est bannie mais on n’a pas l’impression de calme de Ferrare. Pas non plus l’animation étudiante de Bologne. La rue Farini est très commerçante : commerces de luxe, cafés chics. Elle débouche sur la grande place Garibaldi où un cadran solaire très élaboré est peint sur la tour de l’Horloge. Garibaldi occupe la place d’honneur !

On débouche très logiquement sur la via Cavour qui mène à l’Office de Tourisme. Déception ! la jeune femme est charmante. Elle parle très bien français mais n’a pas grand-chose à proposer. Tout juste un plan de la ville et les horaires d’ouverture des principaux musée ; moins que le Routard ! Parme n’est pas vouée au tourisme. C’est une ville active et le tourisme n’est que marginal.

 

Sur la Place Garibaldi, j’ai la plaisir de trouver Le Monde que je n’ai pas lu depuis 10 jours. Pas d’Internet ni de télévision-satellite. Je me fais une joie de le lire tranquillement dans le jardin cet après midi !



Parme – palais de la Pilotta, Théâtre Farnèse et Galerie nationale

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Le palais de la Pilotta se trouve en delà d’une esplanade couverte d’une herbe bien verte mais pas tondue. Le palais est impressionnant par ses dimensions mais il présente une dissymétrie bizarre, une absence de façade, d’entrée même. Le palais de Pilotta était un jeu de paume ; Le nom de Pilotta vient de pelote basque. Une sorte de marché aux vêtements bon marché et même de seconde main est fréquenté par une foule très mélangée : femmes voilées, vieilles dames à cabas qui cherchent leur bonheur dans ce déballage bien différent de ce qui se vend vue Farini (chic BCBG) ou rue Cavour(chic et mode) ou dans les petites boutiques des ruelles (très chic, bobo).

Nous mettons un certain temps à trouver l’entrée du Palais. Sous les arcades, entrée fermée et désertée. Un escalier bien noir très haut conduit à un palier. Pas de billetterie, pas de panneaux avec horaires et prix. Il faut encore gravir un autre escalier monumental

Théâtre Farnèse

Une très grande porte toute simple s’ouvre sur le théâtre le plus étonnant qui soit : tout en bois de planches brutes avec colonnes de bois. Quatorze rangées de gradins encadrent en fer à cheval un parterre  vide. Au dessus des gradins deux étages de fausses loges marquées par des colonnes et colonnettes devant des fresques en trompe l’œil.  Le théâtre est de forme elliptique : 87mx32mx22m la scène immense mesure 40mx12m. Il a été construit en 1618 par Rannucciio I Farnèse à l’occasion d’une visite de Cosimo II Médicis qui finalement n’est jamais venu. Le spectacle inaugural en 1628 : « Mercurio e Marte » de Monteverdi se terminait par un final aquatique, la scène était remplie d’eau. L’architecte Giovan Battista Aleotti était ingénieur hydraulicien. Dans le parterre elliptique se déroulaient également des tournois équestres a servi de salle de salle d’armes.

Dans les coulisses, une exposition présente les sculptures qui surmontaient les balustrades et une maquette de ce que fut le théâtre. Autrefois le bois étaie recouvert de stuc. Des photos des destructions par les bombardements alliés en 1944 montrent le désastre.  La reconstruction date de 1956-1965. Cd sot sans doute les bombardements qui expliquent l’aspect étrange de ce palais mutilé.

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Galeries Nationales

Du théâtre on entre dans la Galerie en passant entre deux rangées de bustes en marbre des Bourbons, les femmes d’un côté, les hommes en face. Ce sont eux qui ont réuni la collection.

Une série de salle est consacrée aux deux gloires de Parme Corregio (Antonio Alegri 1489-1535 et Parmigianino (Francesco Mazola 1503-0540). Les fresques de Corregio ont des tons pastel où dominent le bleu et le jaune très tendres et visages très doux. Dans les fresques comme dans les tableaux on reconnait son modèle qui ressemble à Jeanne Balibar. Deux colosses romains du 2èmer siècle provenant des jardins Farnèse à Rome gardent l’entrée d’une galerie immense aux murs gris perle où les tableaux sont accrochés « à l’ancienne », c’est-à-dire entassés, superposés sur toute la hauteur du mur. C’est une collection de peinture française (pas uniquement). Les sujets sont religieux et mythologiques. En regardant mieux, il appert que les tableaux ne sont pas du tout entassés pour gagner de la place : une logique se dégage. Plusieurs peintres ont traité le même sujet et on a rapproché les œuvres. Les ressemblances sont parfois étonnantes. Qui a copié qui ? Hasard ou concurrence ? La seconde moitié  de la galerie est consacrée à des portraits de la cour de Parme. Marie Loise Bourbon avait invité le peintre lyonnais Laurent Pêcheux(1765). D’autres portraits sont l’œuvre du peintre de cour officiel Baldrighi, élève de Boucher. Je suis toute excitée de retrouver les personnages du livre d’Elisabeth Badinter : L’Infant de Parme que j’ai terminé quelques jours avant de prendre l’avion.

Un triomphe de table est exposé au centre de la pièce, œuvre de Damien Campany sur le thème du cycle des mois (décidément c’est le troisième cycle des mois en deux jours !). Sur un petit socle de marbre, des personnages en bronze rehaussés d’or c’une quarantaine de centimètres de haut figurent les mois. Chaque statue porte les attributs dorés et le signe astrologique est fixé sur le socle.

 

La visite continue dans des salles aux murs de briques apparentes avec des supports métalliques modernes. Il y a une belle collection de primitifs sur fond or. Quatre fresques de petite taille étiquetées Misericordia  nous plaisent bien. D’autres fresques sont attribuée à Francia que nous avons découvert à Bologne.

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Plus loin, je reconnais les grands tableaux de Ricci (souvenir de Venise) , Canaletto (encore Venise). Les tableaux du Guerchin ne m’attirent pas plus qu’à Bologne. Le Guide du Routard signale Vinci, Breughel, et Greco. J’ai trouvé le Breughel, une Prédication du Christ avec une foule de petits personnages, minuscules et expressifs. Pour raison d’assemblée générale du personnel, on nous chasse à midi sans que je ne trouve les autres.

Belle pause de midi dans notre jardin caché. La propriétaire et son fils entretiennent les rosiers et chassent les parasites une épingle à la min. ils ne veulent pas se résoudre aux pesticides. L’Italie est plus consciente de l’environnement.

Parme – Baptistère et Musée diocésain

 La rue Tommasini conduit directement au Baptistère, plus étroite et moins fréquentée que la via Farini  parallèle, toujours des boutiques de luxe.

Baptistère

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Octogone blanc et pierre rose de Vérone, d’une grande simplicité, il présente de beaux porches sculptés et quelques sculptures  dans des recoins.

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A l’intérieur, l’octogone s’est métamorphosé en solide à 16 côtés.  Seize grandes colonnes délimitent des rectangles recouverts de grandes scènes variées . Dans les lunettes on a curieusement associé des sculptures en relief posées sur des scènes peintes une Fuite en Egypte,  un quart de tour plus loin, le roi David joue de la lyre entouré de musiciens. Dans les arches : des monstres.32 colonnettes plus fines délimitent des logettes où se trouvent des sculptures de petite taille. Enfin la coupole partagée en 16 arceaux de marbre rose est entièrement peinte, on s’attache à retrouver les scènes et on trouve un curieux Varlaam (au musée, on affirme qu’il s’agirait d’une légende bouddhique).

Musée diocésain

Surtout ne pas se laisser impressionner par l’intitulé « musée diocésain » qui évoque des collections ecclésiastiques monotones avec aubes, chasubles dorées, croix et reliquaires, patènes ….Dans le cas du Musée de Parme, il s’agit de tout à fait autre chose. Le négliger serait une erreur !

En sous-sol (comme à Ravenne dans le Domus dei Tappeti) on a mené des fouilles archéologiques sous le Palais Episcopal voisin. Avant d’être chrétienne, Parme était romaine. Une maison romaine a été retrouvée là. Les pièces de monnaie romaines sont très bien présentées, bien éclairées avec une loupe qui coulisse pour mieux contempler les profils impériaux de Constantin, Valérien …Les explications sont très fournies (il faudrait des heures pour tout déchiffrer surtout qu’elles sont en Italien). Elles montrent le plan des fouilles, le plan de la ville romaine…

Des statues provenant du Baptistère sont mis à l’abri de l’érosion : plusieurs lions stylophores(comme à Ferrare) roses en pierre de Vérone ainsi que des groupes de très belles statues : les deux prophètes David et Nathan, les deux anges Michel et Gabriels(l’un d’eux est un remploi d’ une statue romaine à qui on a ajouté des ailes), Salomon et la Reine de Saba.

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Dans une petite salle, les fresques du plafond de la coupole sont photographiées. Un DVD permet de compléter les informations, de situer  scènes et  personnages. Cette visite est vraiment passionnante.

Parme Cathédrale et San Giovanni – Correge encore

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De la façade de la Cathédrale se dégage une impression de sobriété et de simplicité. La pierre de construction est claire et gaie. Des galeries de fines colonettes suivant le pan coupé allègent l’ensemble.

Dès qu’on pousse la porte latérale on est étonné du contraste entre la simplicité du dehors et la richesse du décor, des fresques: tout l’intérieur est peint, murs, plafond, coupole. Au dessus de la nef frises et grecques délimitent des cases. Dans des médaillons entourés de guirlandes de feuilles et de fleurs, des personnages barbus vêtus à l’antique nous regardent. Le long de la nef, entre les colonnes des personnages étranges, barbus parois enturbannés sont assis sur des nuages d’autres y grimpent de façon acrobatique. qui sont

 

 

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qui sont ces vieillards? Des Prophètes, des Pères de l’Eglise?

Devant l’exubérance du décor, les gros nuages gonflés,  il me vient le mot baroque, bartoquissime aussi, les énormes coquilles Saint Jacques aux trompes de la coupele avec un énorme nuage portant les personnages (évangélistes?). Pourtant cela ne colle pas avec les dates! Corrège serait Renaissance? Je lis que le baroque est un mouvement artistique correspondant au Concile de Trente postérieur de nombreuses années.Les fresques de la Cathédrale sont datées 1524-1530.

Le chef-d’oeuvre de la cathédrale est l’Assomption de la Vierge dans la coupole peinte par le Corregio. Une spirale de gros nuages gris porte une foule ascendante. Qui? des anges, des bienheureux au paradis ou seulement une foule témoin de d’évènement? Un personnage semble planer dans un ciel jaune: la Vierge qui s’envole? J’essaie de zoomer et reste perplexe.

San Giovanni est aussi peinte par le Corrège(1520-1521) mais en moins exubérant : pas de vieillards ni de nuage. Dans la coupole c’est l’Ascension. Le Christ s’élève dans un ciel jaune tandis qu’une ronde de personnages musclés fait le  tour de la Coupole.

Parme : chateau des marionnettes

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Une allée de hauts frênes avec une haie d’hortensias et des bordures de fougères entre des bâtiments  jaunes conduit au Chateau des marionnettes -Musée Giodano Ferrari -.

dans trois salles plongées dans la pénombre les marionnettes sont présentées dans des vitrines bien éclairées.

Chronologiquement : les personnages de la Commedia dell Arte. L’arrivée de Napoléon a chassé les personnages de l’Ancien Régime et remplacés par une foule d’autres inconnus (pour moi): Giandudja a remplacé Arlequin, Principe, Nobile, les carabinieri et même le roi Umberto…

 

L’Emilie se trouve à la confluence des traditions d’Italie du sud et du nord.Chaque ville a sa tradition et ses marionnettistes : Bologne, Modène ou Parme. Seules trois marionettes Siciliennes représentent le Sud (j’avais adoré la représentation du théâtre des Puppi à Palerme avec Orlando et la Chevalerie)

jardin San Paolo

A l’arrière du musée, un très beau jardin public avec de grands arbres, des bancs de pierre, des rochers et des grottes romantiques, est entouré de grand murs. Des étudiants viennent s’aérer (et fumer) sortant de ce qui semble être une bibliothèque.

Parme : la camera di san Paolo – Corrège

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Une très belle allée plantée de grands arbres conduit  à la Camera di san Paolo au rez de chaussée de l’énorme couvent des bénédictines, les appartements privés de Gioanna de Piacenza, l’abbesse, ont été décorés par le Corrège et Araldi.

la Stanza del Araldi (1514) : je découvre avec étonnement les mêmes grotesques qu’à Ferrare détonnant chez une abbesse. Au centre, dans un médaillon, des anges. Neuf llunettes sont peintes avec des scènes colorées. Des figures antiques  inspirées par une monnaie romaine représentent la Charité et unTriomphe se détachent un peu bizarrement.

Sur un grand panneau vertical en terracotta émaillée et colorée à dominante brune, une Nativité est entourée de douze saynettes  très mignones pleines d’animaux. On reconnait une Annonciation avec un petit chien. il y a aussi des scènes de la vie quotidienne.

La pièce la plus célèbre est celle que le Corrège a décorée Il a peint au plafond une pergola très verte dont les arcs jaunes se rejoignent en uns rosace entourée par une ronde de paniers de fruits contenant des grenades, des pommes. A travers les feuillages des bruns d’oseirs tressé apparaissent. Dans seize médaillons, des putti potelés jouent, chevauchent un chien, partent à la chasse avec des arcs et même un lance-pierres, deux d’entre eux brandissent leur trophée : la tête d’un cerf.

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La cheminée est peinte d’une Diane Chasseresse de taille humaine.

16 lunettes en grisaille sont dans le style antique. sur le haut des murs court une bordure. Des chapiteaux en têtes de béliers on a suspendu une draperie contenant brocs et assiettes.

Des explications très détaillées (en Italien) rappellent que le Corrège était un élève de Mantegna et font l’analogie avec la Camera degli Sposi de Mantoue. On cite aussi un voyage à Rome où le Corrège aurait pu voir la Chapelle Sixtine terminée en 1512.

Parme – Marie Louise (et Napoléon) au Musée Glauco Lombardi

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1815, le congrès de Vienne installa Marie-Louise d’Autriche, duchesse de Parme – sous contrôle des Habsbourg – où elle règna de 1816 à 1847. Ce joli musée est  consacré à la mémoire de cette figure de la ville.

On peut y voir aussi bien sa robe de mariée, sa corbeille de noce, son portrait, alors Impératrice et celui de Napoléon et du petit roi de Rome.  De nombreuses lettres  de sa main ou qui lui ont été adressées sont exposées dans les vitrines. C’est amusant de les lire parce qu’elles sont rédigées en Français et calligraphiées. Le style, l’écriture sont plaisants.

Les salles suivantes présentent de nombreuses gravures et aquarelles de l’époque. Parme sur certaines, mais aussi des paysages de montagne, Autriche ou Suisse. On découvre aussi sa pharmacie portative, son nécessaire à couture, ses fils de broderies, sa boîted’aquarelles et même ses hameçons pour la pêche.

Visite agréable, légère même si on n’apprend pas grand chose sur le rôle  de ce règne dans l’histoire de Parme.

Catherine Brice dans l‘Histoire d’Italie  écrit:

« Le système de Metternich mis en place à Vienne n’avait pas tenu compte des aspirations des peuples…comme on l’a vu, l’Italie était désormais sous le contrôle des Habsbourg… Mais si les occupants ne réussirent pas à gagner l’appui populaire en Lombardie-Venetie, il en fut différemment dans le Duché de Parme et dans le grand-duché de Toscane.

Dans le duché de Parme, Marie-Louise assistée du Général Neipperg maintint la législation napoléonienne, à l’exception d’un nouveau code civil qui fit l’admiration de tous. Elle ne fit aucune concession au clergé et à l’Eglise, s’en tenant aux termes du Concordat. L’attention portée à l’instruction et à l’économie participait d’une vision illuministe prérévolutionnaires « 

Busseto – Journée Verdi

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Parme, une visite à Busseto s’impose! surtout cette année de commémoration des  150 ans de l’Unité Italienne.

 

 

Via Emilia en direction de Fidenza puis une route dans une campagne plate entre des prairies. des panneaux indiquent les fromageries. Nous sommes au pays du parmesan. Les troupeaux sont invisibles. Où sont-ils?sans doute à l’étable. La petite route tortille. les fermes sont cossues avec leurs arcades et leurs granges ouvertes sous des piliers carrés de briques.

A l’entrée du bourg, via Schubert, via Brahms, Gerswin, Sibelius …. nul doute possible, nous voici arrivées à Busseto.

5 sites se visitent, avec deux billets cumulatifs. Le Musée installé dans la Villa Pallavicino a groupé son ticket avec La villa Verdi de Sant’ Agatha tandis que le Théâtre Verdi de Busseto, la Casa Barezzi, la Maison natale de Roncole font partie d’un autre ensemble qui s’achète à l’Office de Tourisme de Busseto. La logique voudrait qu’on procède chronologiquement, Roncole puis Casa Barezzi, Théâtre Verdi et sant’Agatha, enfin La villa Pallavicino. Malheureusement les horaires de fermeture imposent un autre parcours. Seule la Villa Pallavicino reste ouverte de 13h à 15h30 et les visites de Sant’Agatha se terminant à midi, nous ne respecterons pas l’ordre logique.

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 maison natale de Verdi à Roncole

Verdi naquit à Roncole en 1813, alors française. Il fut baptisé à l’église qui fait face à l’auberge. Le certificat de baptème fut donc d’abord rédigé en français. Les parents de Verdi étaient aubergistes et ajoutèrent à cette activité un relais de poste. On pénètre d’abord dans la cuisine familiale, la table est mise puis dans la salle du restaurant à peine plus grande que la pièce familiale. On visite encore la réserve, l’écurie puis à l’étage la chambre d’enfant où Verdi jouait sur sa première épinette. Sur le lit matrimonial où Verdi eest né : deux bouquets de roses rouges qu’ont déposé les « 27 », cercle de mélomanes en référence aux 27 opéras de Verdi, tous des hommes, redoutés des directeurs d’opéras, des metteurs en scènes et des artistes. Du jugement des 27 dépend le succès ou l’échec d’un opéra à Parme et dans la région. Visite commentée par un guide très gentil et attentionné.

La Casa Barezzi est la maison du premier mécène, un commerçant mélomane de Busseto qui avait  remarqué l’enfant, l’avait accueilli et financé ses études  musicales. Barezzi devint bientôt son beau-père. Située dans la rue principale juste en face du théâtre Verdi elle renferme toute une collection d’autographes, de gravures, photographies, exemplaires de journaux caricatures. Une mine pour les passionnés du compositeur.

Ici aussi, la visite est guidée. Le conservateur est prolixe en anecdotes. Il raconte le second mariage de Verdi avec la Strepponi dicté par les commérages du village, en Savoie en présence de deux témoins, habitants du cru, réunis au hasard pour la cérémonie. S’appuyant sur la une des journaux d’époque il commente également l’enterrement de Verdi. Tout le monde sait que les rues de Milan furent couvertes de paille pour assourdir les pas des sabots des chevaux à la mort du grand homme. j’ignorais en revanche qu’il eut deux cérémonies d’enterrement, l’une modeste avec un corbgillard de 2ème classe pour respecter ses voeux, une autre de funérailles nationales avec une foule masséeet des centaines de chanteurs qui ont entonné Va Pensiero au passage de son cercueil.

Deux certificats de baptêmes (un français, un en italien) deux mariages,deux enterrements, ai-je compté per devers moi!

En face de la Casa Barezzi, au bout de la place se trouve le château de Busseto, la Roca avec sa tour, remaniée au 19ème siècle où se trouve le théâtre Verdi.

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Du temps où Verdi habitait chez son beau-père, il y avait déjà un théâtre où Verdi exerça très jeune ses talents de musicien en dirigeant un opéra. Le théâtre actuel est beaucoup plus récent.il fut aménagé du vivant de Verdi malgré son opposition. Le Maestro jugeait que cet opéra était une dépense inutile et somptuaire pour un si petite ville de 2000 habitants et il refusa obstinément d’y mettre les pieds (bien qu’il ait contribué financièrement et à l’achat d’une loge). Lors de l’inauguration et pour toute la saison où on représenta ses opéras, Verdi prétexta une cure thermale pour s’éloigner de Busseto et fuir les cérémonies inaugurales. Le petit théâtre à l’italienne, tout de velours rouge capitonné est très joli, il ne lui manque rien, même pas sa loge royale. Nous visitons la salle, les loges et le foyer.

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Verdi avait acheté la ferme de Sant’Agatha en 1848. Il l’a agrandie, aménagée planté le parc et acheté les terrres environnantes. Verdi était avant tout musicien mais c’était aussi un paysan  occupé de l’exploitation agricole. A la fin de sa vieil avit acquis 1200ha fournissant ainsi du travail à des centaines de villageois. De son vivant, les paysans lui trouvaient mauvais caractère et le pensaient avare parce qu’il ne donnait pas d’étrennes comme les propriétaires voisins. La conférencière justifie cette attitude : donner la charité humilie tandis qu’acheter des terres pour fournir du travail leur rend leur dignité!

La Villa Verdi est encore habitée par les héritiers du compositeur. La visite est donc guidée dans trois pièces du rez de chaussée et dans le parc. Si Verdi revenait, dit la guide, il retrouverait le salon de jardin en fer laqué de blanc ainsi que tous ses meubles à l’identique. Nous entrons  la chambre de Giuseppa Strepponi, la chanteuse qui fut sa seconde femme, puis dans sa garde-robe où des costumes sont encore exposés ainsi que son forte-piano à 6 pédales. La chambre de Verdi est organisée en fonction de la composition, l’écritoire et le vaste bureau se trouve en face du lit pour que le compositeur puisse consigner immédiatement son inspiration si elle lui venait la nuit. De l’autre côté du bureau, son piano-forte. Da ns la dernière pièce a été reconstituée sa chambre du Grand Hôtel de Milan où il est décédé. Avec les autres visiteurs, nous faisons silence. Cette visite est un pélerinage.

Nous nous promenons ensuite dans le parc que Verdi a dessiné lui-même, où il a planté des essences exotiques comme les cyprès américains aux racines aériennes et le gingko biloba? un petit lac en forme de clé de fa reflète les grands arbres.

Le Musée de la Villa Pallavicino est installé dans un cadre somptueux, lieu de delizia entouré d’eau. on entre par un petit arc de triomphe surmonté d’un rideau d’orchestre. C’est le musée dees 27 opéras de Verdi plutôt qu’un musée dédié au compositeur lui même. rien n’est vrai dans ce que n ous visitons. tout est reproduction des décors, costumes, affiches, tableaux ayant inspiré les opéras. Nous passons de salle tapissée d’or à une salle tapissée de rouge ou de vert dans la musique de Verdi. Un audio-guide est fourni avec le billet d’entrée et raconte les circonstances dans lesquelles chaque oeuvre a été composée ou jouée. Mise en scène d’une époque, celle de l’unité italienne, ou des modes artistiques, ruses avec la censure et transposition dans des contrées lointaines de drames contemporains…les spécialistes apprécient peut-être toutes les nuances. Je suis ravie d’aborder ainsi les 27 opéras! Enfin, dans une petite salle audiovisuelle on peut s’asseoir au spectacle d’opéras filmés dans les arènes de Vérone. pas seulement du Verdi! quand nous arrivons c’est Carmen et nous découvrons un Zorba de Théodorakis surprenant, pas du tout musique de film!

De Busseto à Parme: Fontanellato et Don Camillo

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Un coup d’oeil au superbe chateau de Fontanellato   Il vaut le détour!

De l’inattendu : Don Camillo s’invite dans le circuit!  Le village de Guareschi , l’inventeur de son personnage, Brescello et Roccabianca, le village d Don Camillo ne sont pas loin, Fernandel est à l’honneur.

fernandel.1303803013.jpg Déjà à Bologne il était  tête d’affiche d’une superbe exposition-photo sur les Prêtres au cinéma organisée dans le cadre des fêtes des 150 ans de l’Unité Italienne. Un détour sur Internet m’apprend qu’une polémique avait opposé Pasolini à Guareschi quand on avait voulu adjoindre à un de ses films un autre de Guaraschi, pour contrebalancer le point de vue de gauche de Pasolini par un film de droite

Aller à Canossa?

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L’expression aller à Canossa est connue:

« Aller à Canossa, c’est aller demander pardon à son ennemi, s’humilier, admettre la supériorité de son adversaire. »

Henri IV, Empereur du Saint Empire Romain-Germanique, au cours de la querelle des Investitures , le 28 janvier 1077, alla à la  rencontre du Pape Grégoire VII au château de Mathilde de Canossa. après trois jours de pénitence pendant lesquels le pape le fit attendre, l’empereur obtint la levée de l’excommunication.Mais les hostilités reprirent quelques temps plus tard.

Uri Avnery avait repris cette expression  à propos de la viste de Bibi Netanyahou à Obama.

Le château de Canossa est signalé sur la Via Emilia que nous avions empruntée de Parme à Bologne. Cette visite valait le détour!

Suivant le panneau, arrivées à Montechio Emilia, plus d’indication. Le pompiste interrogé nous dit:

-« C’est à Ciano d’Enza, en haut! »

Etonnement de notre part. L’Emilie est toute plate, pas la moindre colline autour de la via Emilia!

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Remontant la vallée d’Enza nous découvrons des collines pointues et ravinées comme dans les tableaux de la Renaissance. Le chateau de Canossa se trouve perché sur un éperon rocheux à 578m dans les contreforts des Appennins. A Ciano d’Enza un chemin des chateaux monte dans un paysage magnifique. Une colline est coiffée d’un château fort que nous coyons être Canossa, c’est celui de Rossena, sur la colline d’en face, une tour carrée…Orchidées, cytises et arbres de Judée éclairent une matinée bien brumeuse.

Du château de  Canossa, il ne reste qu’un pan de mur. on peut gravir les marches en imaginant au paysage en janvier, gel ou neige?

Le moine chroniqueur Lambert d’Hersfeld, adversaire convaincu d’Henri IV, écrit ceci dans ses Annales :

« Les montagnes élevées dont les cimes touchaient les nuages, et par lesquelles passaient le chemin, étaient couvertes de masses de neige et de glace tellement monstrueuses qu’aucun cavalier, aucun homme à pied ne pouvait faire un pas sans danger sur les pentes raides et glissantes… Le roi loua donc quelques personnes qui connaissaient le terrain, des gens du cru, familiers des sommets abrupts, pour marcher devant sa suite sur les rochers escarpés et les immenses névés, et faire tout ce qui était possible pour rendre cet horrible chemin plus facile à parcourir pour ceux qui les suivaient. Ceux-ci avançaient tantôt à quatre pattes, tantôt en s’agrippant aux épaules de leurs guides, parfois le pied de l’un deux dérapait sur le sol verglacé, il tombait en glissant sur une bonne partie de la pente. Cependant, la reine et sa cour furent assises sur des peaux de bœuf et traînées par les guides de montagne. Les chevaux ont pu être, pour une partie d’entre eux, descendus à l’aide de dispositifs spéciaux, tandis que d’autres étaient tirés par les pattes qu’on leur avait attachées. Mais parmi ceux-ci beaucoup succombèrent, beaucoup furent gravement blessés, quelques-uns seulement sortirent indemnes de ce péril »

d’après Wikipédia