Lire pour le Cambodge : Le pélerin d’Angkor – Pierre Loti

Loti est mon compagnon de voyage, avant de partir : pour rêver, à mes retours pour rêver encore….

dscn0631-copie.1301333083.JPG

 

Devant le grand Angkor Vat j’ai été comme empêchée d’écrire, stupéfiée.

Comment décrire la splendeur ? Platement, ou copier le guide…

Je préfère citer Loti

« Et plus loin, au delà des eaux stagnantes, voici des tours en forme de tiare, des tours en pierre grise, de prodigieuses tours mortes qui se profilent dans le ciel pâli de lumière! Oh! Je les reconnais tout de suite, ce sont bien celles de la vieille image qui m’avait tant troublé jadis, un soir d’Avril dans mon muséee d’enfant….. »

« ces enceintes colossales et ces tours, qui viennent de nous apparaître comme quelque mirage de la torride chaleur, ce n’est pas la ville-même mais seulement Angkor-Vat…. »

« Pour conduire à la basilique-fantôme, un pont des vieux âges construit de blocs cyclopéens traverse l’étang encombré de roseaux et de nénéuphars ; deux monstres, rongés par le temps et tout barbus de lichen, en gardent l’entrée; il est pavé de larges dalles qui penchent par place, on le dirait crouler dans l’eau verdâtre. Au pas de nos boeufs, nous le traversons, presque endormis; à l’autre bout s’ouvre une porte, surmontée de donjons comme des tiares et flanquée de deux gigantesques serpents cobras qui se redressen, éployant en éventail leurs sept têtes de pierre. »

dscn0623-copie.1301329888.JPG

« je monte sans hâte, éclairé par un soleil d’éblouissement et de mort. Oh! combien de symboles effroyables, échelonnés sur cette pénible route ascendante! partout des monstres, ds combats de monstres ; partout le Naga sacré, traînant sur les rampes son long corps onduleux, puis le dressant en épouvantail ses sept têtes vipérines! Les apsâras, qu’elles sont jolies et souriantes sous leurs coiffures de déesses, avec pourtant toujours cette expression de sous-entendu et de mystère qui ne rassure pas….. »

 

Lire un policier Laotien? Le déjeuner du Coroner – Colin Cotterill

le-dejeuner-du-coroner.1301127633.jpg

Un voyage au Laos en projet?

Non, seulement une suggestion d’Amazon lorsque j’ai commandé Le saut du Varan de Bizot!

Séduite ausi par la couverture exotique et désuète d’un pousse-pousse.

Une petite réserve : pourquoi la traductrice a-t-elle choisi de garder l’anglicisme coroner ? médecin légiste aurait mieux fait l’affaire. Après tout Siri Paiboun est un médecin qui a fait ses études à Paris, et  des traces de francophonie subsistent  à l’hôpital de Vientiane où se déroule le roman!

1976, Laos sous gouvernement du Pathet Lao. Le Grand Frère de Hanoï est également très présent. Austérité, idéologie, slogans sous le regard ironique et désabusé d’un vieux (72 ans) combattant, médecin dans la jungle, qui aspire plus à la retraite qu’à contribuer au pouvoir révolutionnaire qu’il a soutenu pendant tant d’année. C’est donc dans l’humour que commence le roman.

Placardisé dans la morgue de l’hôpital de Vientiane avec un trisomique comme adjoint et une infirmière effrontée, Siri fait un piètre coroner. Il préfère soigner les vivants. Jusqu’à ce que la femme d’un dirigeant soit autopsiée ….et enlevée par son mari peu de temps après,  le dossier volé. Intrigué, le héros commence une véritable enquête au…. lycée, seul endroit où subsistent encore des réactifs chimiques.

Et comme sa vocation de détective s’est éveillée, arrivent d’autres clients à la morgue : des vietnamiens, noyés, torturés à l’électricité, présentant de curieuses lésions….

L’enquête qui avait commencé comme un crime domestique (mais dans les sphères du pouvoir) tourne au thriller. On met des bâtons dans les roues, on surveille, on tire sur la porte de Siri. Ce dernier se trouve transporté en avion dans la forêt chez les Hmongs. Et là, nouveau tournant, nous atterrissons en pleine sorcellerie. Siri est-il la réincarnation d’un héros Yeh Ming, vieux de 1000 ans qui a mis en dérouteune armée anamite à l’aide d’une seule corne de buffle?

Les amulettes et les esprits interviendront  maintenant dans les différentes affaires que cherche à démêler Siri. le lecteur est perplexe dans la confusion générale. Violence et bouffonneries vont alors se succéder, explosions et incendies. Mais, curieusement le roman reste bon enfant. Siri n’est pas Rambo, loin de là! le Laos est plutôt tranquille, les pénuries aidant…

Généralement les interventions surnaturelles me rebutent. Curieusement ici, non! Et même je repense au film thaïlandais Oncle Boonmee   dont je n’avais pas du tout apprécié les fantômes. Je le reverrais bien maintenant de retour du Cambodge, après toutes ces lectures asiatiques. Réincarnation et fantômes vont- ils bien ensemble?

En tout cas je me promets de lire les autres romans de Cotterill pour retrouver Siri!

Et puis pourquoi pas un voyage au Laos? Nous avions abordé l’Asie du sud-est par laThaïlande, l’exotisme m’avais enchantée, au Vietnam nous avions retrouvé quelques sensations et découvert toute une civilisation, les Khmers, c’était encore autre chose. Diversité et culture, nous avons encore bien des choses à apprendre.

Lire pour le Cambodge et le Laos : Le Mékong – Louis de Carné – Ed. Magellan&Cie – GEO

images.1299396985.jpg

heureux qui comme…Louis de Carné

Toujours dans l’excellente collection GEO Magellan&Cie.

Quelques année après le début de la colonisation française en Indochine l’admnisitration fraçaise lance des expéditions pour explorer le Mékong.

« ce grand fleuve sacré pourrait-il devenir une voie commerciale reliant la Cochinchine à la province chinoise du Yunnan.?

L’expédition, partie de Saigon navigue jusqu’à Vientiane et Luang Prabang. Puis l’exploration devient terrestre à travers le Laos. Outre la difficulté de la marche c’est plutôt les difficultés imposées par les autorités locales qui causent des tracas aux Français. Birmans, laossous obédience Thaï ou birmane, peits roitelets indépendants, mandarins qui cherchent à se donner de l’importance; tout est prétexte pour retenir la délégation, l’égarer, la plumer..

On découvre une mosaïque de populations, de paysages insoupçonnés. Les jeux de pouvoir sont subtils, les interprètes pas toujours fiables…Ce récit se leit comme un roman d’aventure.

Parallèlement j’ai commencé la Voie Royale d’André Malraux et cette lecture trouve  un échointeréssant.

lire pour le Cambodge : Le Portail – François Bizot

Lire pour voyager/Voyager pour Lire

le-portail.1296978638.jpg

Ce Portail fermait l’entrée principale de l’Ambassade de France, où la Communauté des expatriés  au Cambodge s’était réfugiée, évacuée  après la prise de Phnom Penh par les Khmers rouges. Ce livre, Le Portail, est un témoignage racontant la captivité de Bizot dans la jungle en 1971 puis les dernières semaines vécues dans l’ambassade en 1975.

Acheté à la suite de recommandations d’inconnus sur les forums de voyageurs, j’ai longtemps hésité avant de commencer cet ouvrage. Je n’aime pas les films ou la littérature de guerre. Le sang m’effraie, les héros m’agacent…Et puis, je ne l’ai plus lâché. C’est un grand livre, très bien écrit et passionnant.

Quand on raconte un génocide c’est facile. Il y a les victimes et les bourreaux.

On peut aussi voir autrement : les impérialistes américains et leurs valets, laquets, on se souvient de la terminologie en cours, et en face la juste lutte  des peuples, les fronts de libération nationale…les peuples-frères. Adolescente j’ai vibré à ces slogans, soutenu la juste lutte du peuple vietnamien, puis cambodgien…plus tard j’ai été catastrophée quand le Vietnam a fait la guerre au peuple-frère… sans rien comprendre.

Avec Bizot, l’analyse ne vient pas de l’idéologie mais du terrain. En 1971, quand il est fait prisonnier des Khmers rouges, il voit les troupes nord-vietnamiennes qui avancent derrière les Khmers rouges, il décrypte le discours qui vient de Chine, il devine la catastrophe à venir, il en discute ouvertement avec son geolier Douch . Et il a reproché l’aveuglement de Lacouture et des expatriés communistes qui, après la prise de Phnom Penh, croyaient encore assister à la fête de la libération et qui, encore déguisés en Khmers, sont venus se réfugier à l’ambassade.

Ce livre n’est pas un témoignage à charge au tribunal de l’Histoire qui a déjà condamné le massacre, c’est bien plus. Bizot parle khmer et connaît mieux le boudhisme khmer que les « camarades » illettrés qui récitent des formules apprises par coeur. Il peut dialoguer avec Douch dans la jungle, et, plus tard, il est l’interprète des diplomates français auprès de Nehm. Il comprend non seulement leur langue de bois mais aussi leurs mimiques. Il utilise leur psychologie pour négocier avec les adversaires. Il gagne leur estime. Le livre rend compte avec finesse de ces dialogues, sortes de  jeux d’échecs où il convient de flatter, d’exiger, de reculer, au bon moment.

Le Portail ne se résume pas non plus à l’analyse politique. Bizot sait merveilleusement bien raconterla nature Cambodgienne. Il nomme chaque arbre avec son nom latin. Il sait nous faire sentir la touffeur, l’humidité, l’électricité d’une soirée d’orage. Leçon d’humanité quand il raconte le respect pour la nourriture de ceux qui en ont été privés. Mais aussi les mesquineries au sein des centaines de réfugiés. Point de manichéisme, tel chef de guerre fait montre d’une lâcheté insondable et quelque temps plus tard de courage. Les Khmers rouges sont toujours montrés comme des hommes et non pas comme des monstres. Bizot décortique leurs contradictions. Il peut aussi montrer l’affection qu’il porte à son chien, à une poule. Ce livre rend compte de la complexité de l’humain et dépasse largement le témoignage et l e cadre cambodgien.

lire pour l’Egypte : Le Quatuor d’Alexandrie Lawrence DURRELL

egypte-oasis-2010-mp-037-copie.1295890379.JPG

 Adolescente, j’ai lu ces livres avec beaucoup de plaisir.   Ma mémoire,  encore une fois, m’a trahi. Peut-être, est-ce  ma façon de dévorer les romans en une lecture superficielle?  Il ne m’en restait qu’un vague souvenir d’intrigues amoureuses dans une ville cosmopolite.  J’ai donc relu Justine comme si c’était la première lecture.

Société cosmopolite où le Français, le Grec étaient les moyens d’expression dominante. Quand un personnage parle arabe, Durrell le  précise comme si cela n’allait pas de soi.L’ombre de Cavafy plane sur tout le roman, ses poèmes en filigrane – Durrell écrit son roman dans une île des Cyclades – Le lecteur est plongé dans une ambiance plus grecque qu’arabe. Tout élément musulman est réduit à sa plus simple expression. Le roman se déroule dans un milieu où Anglais, Coptes, Français se côtoient sans rencontrer de musulmans autres que domestiques, commerçants ou passants anonymes dans les rues

 

Le premier livre, Justine, n’est finalement qu’une introduction au reste du Quatuor. L’intrigue amoureuse présente les personnages sous leur jour le moins intéressant,. Tout tourne autour de la nymphomanie, ou de l’hystérie de Justine, approche psychanalytique, roman érotique dans la lignée des Sexus, Nexus de Miller, je n’accroche plus tellement.

 En revanche la suite est passionnante. Balthazar montre les personnages dans leur complexité. Ce second ouvrage remet en cause toute l’intrigue du premier, déconstruction de la « vérité » établie dans Justine. Certains personnages secondaires prennent de l’ampleur, la description de la société alexandrine devient  plus attachante.

Dans Mountolive, le diplomate,  la perspective historique ou politique se découvre. encore différent, vue des services diplomatiques de l’Empire. On sort beaucoup d’Alexandrie,  on découvre la campagne du Delta et la vie rurale, on se balade au Caire. L’intrigue autour d’un complot pro-sioniste de la part des coptes n’est pas très convaincante  mais elle étoffe les relations entre Justine et son mari Nessim qui n’étaient pas trop crédibles.

Tout le long de cet énorme ouvrage, la réflexion sur le rapport de l’écrivain à l’écriture ,à la vérité, est de plus en plus intéressante. Les références à l’Antiquité grecque, aux débuts du Christianisme, à toutes les spéculations ésotériques, donnent encore de l’épaisseur à l’ouvrage.

Alexandrie que j’ai visitée n’est plus celle de Durrell. J’avais imaginé m’asseoir sur la corniche, non loin du Cecil, devant un ouzo ou siroter un café turc (ou grec!). L’ouzo est bien banni, un pastis clandestin au Sofitel, peut être?Plus rien de grec dans les cafés, j’ai pourtant bien cherché. Une vieille inscription peinte sur un mur en grec m’a révélé l’emplacement d’un cinéma… le « kalimera » des étudiants nous saluant au passage. Une vendeuse dans un petit bazar vers Qaitbay m’a vendu une bouteille d’eau en italien, contente d’utiliser cette langue qu’elle maniait avec fluidité. Alexandrie la cosmopolite n’est plus! Les touristes viennent plutôt du Liban ou des émirats. Reste la nostalgie de ce monde disparu.

Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants – Mathias Enard

amazon_sl500_aa300_.1295722660.jpg

Joli objet que j’ai convoité plusieurs semaines,la collection ACTES SUD est toujours séduisante!

Et quel titre! Une citation de Kipling mais aussi sorte de refrain qui revient au cours de la narration:

 

« je sais que les hommes sont des enfants qui chassent leur désespoir par la colère, leur peur dans l’amour ; au vide, ils répondent en construisant des chateaux et des temples. Ils s’accrochent à des récits, ils les poussent devant eux comme des étendards ; chacunfait sienne une histoire pour se rattacher à la foule qui la partage. On les conquiert en leur parlant de batailles, de rois d’éléphants et d’êtres merveilleux…. »

Certes, l’argument est mince et court le récit.

Du 17 avril à la saint Jean 1506, quelques semaines, Michel-Ange, à la demande du sultan Bajazet se rend à Constantinople pour jeter un  pont sur la Corne d’Or. L’épisode est véridique, comme l’est aussi son  projet et celui de Leonard de Vinci qui a été refusé par le Sultan. Mathias Enard nous livre donc un roman  poétique très bien documenté.

C’est un roman d’amour aussi, des amours troubles et inachevées, passion du poète pour Michel-Ange sans retour. Trouble de Michel-Ange pour l’androgyne chanteur ou chanteuse andalous(e), amour inabouti. Sensualité, ivresse, désirs non-dits.

L’artiste visite Constantinople, Sainte Sophie l’impressionne, il  relève les plans de la coupole dont il s’inspirera pour Saint Pierre de Rome. Aux parfums byzantins de la Ville, se mêlent ceux de Grenade, tombée il y a peu.

Intrigues, menaces sourdes. Est-ce le pape Jules II qui a armé le bras qui menace le sculpteur? ou est-ce la jalousie? Le Sultan honorera-t-il ses promesses : il a attiré l’artiste en faisant miroiter une fortune et voilà qu’il cède un village perdu en Bosnie comme tout salaire des plans et des maquettes que Michel-ange lui a présentés:

« Turcs ou romains, les puissants nous avilissent »

Plus que de batailles, et d’éléphants, le roman chante l’ivresse, la poésie, l’amour mais aussi les manipulations des princes.

« Frôlement historique », annonce le 4ème de couverture, j’aurais aimé toutefois que Mathias Enard approfondisse plus son sujet, donne plus à voir d’Istanbul, sentir les épices.

Lire pour l’Egypte : Un substitut de Campagne en Egypte -Tewfik El Hakim

egypte2008coolpix-392-copie.1295455427.jpg



Au  retour d’Egypte,  j’en ai savouré la lecture, dans ma tête se déroulait le film de notre voyage en Moyenne Egypte où les paysans vivent encore comme il est raconté ici.

Lecture lente, je goûte l’humour et la tendresse de l’auteur pour ces paysans misérables qui ne comprennent pour la plupart du temps pas ce qu’ils font au tribunal : celui qui a égorgé son mouton comme l’ont fait ses ancêtres avant lui -après tout c’était son animal -ceux qui ont trouvé des nippes dans le canal – ils étaient nus Allah les a habillés.. celui qui « pêchaient » les poules avec un hameçon…La misère est si grande, si grande aussi leur ignorance. Ils ne se rebellent même pas devant la sentence qu’ils prennent comme une calamité naturelle.

Le substitut ne se fait guère d’illusion sur sa fonction : une fois il perd le fil du procès, ou bien il raconte comment deux juges prennent des sanctions différentes seulement parce que l’un d’eux doit prendre son train. La misère ne frappe pas que les paysans. Fonctionnaires de la justice, policiers vivent aussi d’expédients.

La justice comme un théâtre ! Et El Hakim consacre un chapitre à sa rencontre avec un acteur qu’il avait connu autrefois.

Grande humanité dans cet ouvrage. Comme dans tous ceux de la collection Terre Humaine qui m’on laissé des souvenirs inoubliables. Malheureusement celui-ci est épuisé. Comment faire pour persuader l’éditeur de le sortir à nouveau ?

Tewfik EL HAKIM : Un substitut de campagne en Egypte Coll Terre Humaine

Lire pour l’Egypte : La chanson des Gueux, de Naguib Mahfouz (folio)

egypte-oasis-2010-dt-le-caire054-copie.1295448048.JPG



La naissance de l’ancêtre glorieux Ashur an- Nagi, à l’orée de la Cité des Morts, sur une rue menant à la Mosquée el Hussein débute la saga des an-Nagi. Ashur, par sa force singulière, sa droiture, l’aide des miséreux, devint chef de clan, de ces chefs qui font la loi sur le quartier.Il disparaît mystérieusement. A Ashur succède Shams Eddine, puis Sulayman, Khidr… Tous les descendants de la famille An Nagi ont donné des chefs de clans. Au fil des générations, ils ont perdu la droiture et le soutien des miséreux. Ils se sont embourgeoisés se sont mariés aux filles des plus grandes familles, pensent plus à s’enrichir qu’à protéger les faibles.

A chaque génération naît un  espoir: un successeur de Shams Eddine ou d’Ashur ? On voit s’élever un homme exceptionnel qui au fil du temps se corrompt, se laisse tenter par l’alcool ou tombe sous l’influence d’une femme de mauvaise vie. Le plus splendide, Galal, croit arriver à l’immortalité en construisant un minaret monstrueux sans mosquée  et meurt fou. Chaque génération voit aussi une disparition, des crimes, des enrichissements et des faillites. Toujours demeure le souvenir d’Ashur et la gloire des An Nagi,  même quand ils sont redescendus au rang des plus miséreux. Dix générations (100 ans dit le 4ème de couverture), beaucoup plus il me semble, se déroulent jusqu’à ce qu’un nouvel Ashur se lève et par sa force extraordinaire reprend le combat des faibles pour la justice. Cette saga se déroule dans un Caire intemporel. Grainetiers, charretiers, patrons de café, usuriers maintiennent leurs boutiques et leurs petits métiers sans aucune évolution technique. Après 10 générations le nouvel Ashur retrouve le mur de la tekkyia, la fontaine, l’abreuvoir…où le premier Ashur a disparu.


Le génie de Mahfouz est de faire vivre le quartier du Caire qu’il connaît si bien, d’inventer des personnages complexes et jamais manichéens, jamais à l’abri de la faiblesse ou de la déconfiture, si humains. Les femmes sont aussi très présentes, tentatrices intrigantes souvent mais aussi courageuses, fortes, mères exemplaires ou indignes, courtisanes qui deviennent des bourgeoises…

Les guides de l’état du monde : Egypte – Histoire -Société-Culture

egypte2008coolpix-442-copie.1295422020.jpg



L’Egypte sans l’égyptologie !

Les guides touristiques oublient souvent que l’Egypte n’est ni un musée ni un parc aquatique mais un pays  peuplé de 72 millions d’habitants qui ne sont plus tous des paysans vivant comme dans l’Antiquité, mais aussi des hommes d’affaires rêvant de villes nouvelles à l’américaine dans le désert, ou revenant du Golfe ou d’Irak important un islam wahabite rigoriste. Un pays qui a voulu jouer un rôle central dans le monde arabe au temps de Nasser mais qui se trouve dans une position ambiguë vis-à-vis de l’allié américain comme des islamistes.

Analyse récente : de nombreux chiffres datent de 2007 tenant en compte des évènements actuels et des tendances économiques  comme sociales de la fin de l’ère Moubarak. Quand on pense que l’excellent guide Clio expédie Sadate et Moubarak en 5 pages! Sans parler des introductions des divers guides qui détaillent les dynasties de l’Ancien Empire  sans grande considération pour l’Egypte des Egyptiens.

J’ai dévoré ce livre en rentrant d’un voyage que j’avais cru hors circuits touristiques et je suis prête à repartir pour découvrir ces villes du désert insoupçonnées, ce centre commercial pharaonique, les bâtiments administratifs du Midan Tahrih  devant lesquels je suis passée sans un regard à ma première visite.

Etre attentive aux vivants plus qu’aux morts.

Joseph CONFAVREUX – Alexandra ROMANO : Egypte histoire – Société culture Les Guides de l’état du  monde,   La Découverte

Lire pour l’Egypte : Les hommes ivres de Dieu – Jacques Lacarrière


41g4yact2sl_sl500_aa300_.1295373710.jpg


Lacarrière est un passeur merveilleux. L’été Grec, inoubliable, a été longtemps ma référence en Grèce.

Voici qu’il m’accompagnera dans mon prochain voyage en Egypte.


Si l’Egyptomanie concerne dieux et Pharaons de l’Antiquité, si Bonaparte et ses savants nous ont aussi familiers, Nasser, Sadate, Moubarak et l’Égypte moderne apparait sur nos écrans de Télévision… N’oublions pas les Coptes!


Avant d’être terre d’Islam, l’Égypte fut la terre des premiers chrétiens. Les touristes n’échapperont pas à la Fuite en Égypte! On connaît moins les premiers moines. Le moine – monos: un seul, en grec – fut d’abord un ermite allant au désert. Et le désert, lieu mystique par excellence s’est peuplé de saints pas tout à fait inconus : Saint Antoine et se tentations, la Thébaïde, Saint Paul de Thèbes, ou la conversion de Thaïs….


Lacarrière raconte donc Saint Antoine, saint Pakôme et le terrible Chenouti. Il analyse la fin de l’Empire Romain païen,  la mort du dieu Sérapis, la fondation des monastères-ceux qu’on peut encore visiter au Wadi Natroun- enfin les stylites, les brouteurs, dans les déserts voisins de Syrie.


Loin d’être un livre d’érudit ennuyeux,  il est  d’une lecture facile et particulièrement distrayante.

Tellement riche et variée est l’humanité!