L’exploratrice c’est Alice qui a construit avec Zacharie Lorentun spectacle autour d’Internet.Seule en scène, avec quelques accessoires basiques : un écran, un smartphone, un micro et un siège, elle raconte son exploration dans le côté sombre d’Internet
« Dans le spectacle tout est vrai »
» C’est drôle et terrifiant »
Affirment ils dans une interview sur Facebook.
De liens en liens, Alice débouche chez les complotistes, les Qanon, les platistes, les complètement barrés.
Son monologue est prenant, elle semble essoufflée devant ces découvertes inattendues.
Le plus drôle c’est que c’est un lapin, avatar d’un de ses nombreux followers, qui lui envoie les liens vers des endroits les plus glauques, derrière le miroir. Un lapin, Alice, cela ne vous dit rien? Mais c’est vraiment son nom!
Le spectacle tourne encore la semaine prochaine au 104. Courrez -y !
Je suis toujours bluffée par la richesse et la sophistication de l’art japonais. Bluffée mais toujours un peu perdue « lost in translation ». Il me manque les codes, les mythes, la manière de lire, et bien sûr les textes.
Pour moi, jusqu’à hier les mangas c’était cela :
Dragon boy
Mes élèves étaient fous du Japon, fans de mangas et j’avais assimilé cet engouement à une culture adolescente d’âge collège qui ne me concernait pas. Petits albums à la couverture souple bon marché, dessins animés de Goldorak, je n’avais guère de curiosité pour les suivre. J’aurais dû!
mode manga
Au dernier pique-nique de Babélio, début septembre, au parc de Bercy, tout un défilé de jeunes gens et jeunes filles costumés en personnages de manga, m’avait interpellée. Perruques roses (ou cheveux teints), tenues militaires, débordements de dentelle ou attitudes stéréotypées, ils m’avaient fait flipper. J’ignorais l’existence d’une mode manga – décidemment j’ignore tout!
journal satirique
Plusieurs origines aux mangas actuels : la rencontre avec l’Occident vers 1850 quand le Japon s’ouvre et l’introduction de la presse satirique avec un Japan Punch, des caricatures et plus tard des bandes dessinées.
kamishibai : théâtre de papier
Une autre source des dessins animés actuels peut être attribuée au kamishibai : des histoires illustrées sur des cartons étaient présentées par des castelets dans des boites de carton pour les gamins des quartiers populaires.
Dans les années 30, norakoru, officier de l’armée des chiens était inspiré de Félix le chat américain et traduisait le militarisme japonais.
Tezuka Osamu avec la Nouvelle Ile au Trésor, Phenix et Astro Boy (1952) révolutionne la bande dessinée et plus tard le dessin animé en faisant entrer une mise en scène cinématographique dans les cases de la BD avec des plongées, zoom et gros plan
Le dynamisme du dessin, sa sophistication me surprend malgré que je n’y comprenne rien.
de Mizuki Shigaru j’admire la finesse des dessins. En regard l’exposition présente des estampes et dessins anciens de l’époque Edo.
album ancien XVIIIème siècle
On devine une belle continuité entre les manga, les estampes et œuvres anciennes
renarde
Il me manque aussi les clés des légendes et mythes anciens que les Japonais identifient d’emblée.
Les mangas sont très diversifiés, mangas pour les filles qui me laissent perplexes. La violence est moins fréquente mais sont-ils féministes? Une série met en scène Marie Antoinette à Versailles.
Admirative de la finesse des tracés, de l’inventivité des cadrages, il me reste encore beaucoup à voir avant de tenter de comprendre!
Troubetzkoy sonne vraiment russe ! Je le découvre italien, né en 1869 en Italie, enfant illégitime d’un diplomate russe et d’une mère américaine pianiste et chanteuse. Plutôt cosmopolite, dans son ascendance et dans sa carrière.
Milan (1886 – 1875)
Bugatti
Sa formation artistique se déroule à Milan où il fréquente les artistes anticonformistes
Moscou – Saint Pétersbourg (1897 – 1898)
Moscou – l’hiver, traineau Le tsar Alexandre III
En 1900, il remporte le concours pour la statue équestre du Tsar Alexandre III. Il rencontre Tolstoï
Moscou calècheTolstoï
1906 installation à Paris
Robert de Montesquiou
Il se promène au bois de Boulogne avec ses loups apprivoisés et fréquente les élites de la capitale. Il parfait le genre du portrait-statuette on découvre dans l’exposition les statuettes de Anatole France, Rodin, Bernard Shaw, Roland Garros aux commandes de son avion,
Anatole France
ainsi que de belles dames souvent en compagnie de leurs animaux familiers
la marquise Luisa Casati
j’ai bien aimé la série de danseuses
danseuses.
Troubetzkoy l’américain
Il fait plusieurs séjours aux Etats Unis (1911 – 1912 et 1914-1920)
Cow boys
Fasciné dès sa jeunesse par le Wild West Show de Buffalo Bill qui s’est produit à Milan en 1890 il représente cow boys et indiens
indien
Troubetzkoy et le monde animal
Comment pouvez-vous me manger?
Il représente volontiers les hommes ou les enfants en compagnie de leurs chiens et à la suite de Tolstoï ou Bernard Shaw s’est engagé pour la cause animale comme le montre le diptyque des dévoreurs de cadavres
Dévoreurs de cadavres
Strictement végétarien, Troubetzkoy s’éteint d’une grave anémie.
j’ai beaucoup aimé les bronzes de petits formats plus que les grands portraits . j’ai été surprise de lire que nombreuses statues proviennent du Petit Palais, je me propose de leur rendre visite quand l’exposition sera terminée.
Le nom de Gustonne m’était pas inconnu; je l’avais rencontré à la Fondation Vuitton lors de l’exposition Nymphéas, les derniers Monet et l’Abstraction Américaineen 2018 CLIC
Guston détail du rouge au centre du tableau
Exposé avec Pollock, Rothko, De Kooning, et d’autres. Je me souviens d’un grand tableau rouge complètement abstrait. je l’ai retrouvé au Musée Picasso.
Avant de peindre des tableaux abstraits, dans les années 50, Guston a peint des grandes fresques murales, des tableaux variés, des œuvres militantes, et il est revenu à la figuration dans les années 70. C’est donc un plasticien très complet, une personnalité américaine marquante que j’ai eu le plaisir de découvrir au Musée Picasso.
Mother and Child (1930)
Philip Guston a tout à fait sa place au Musée Picasso. Mother and Child est exposé en regard de La Jeune fille au chapeau (1921) et les deux tableaux dialoguent parfaitement. On peut aussi noter des analogies avec De Chirico, Max Ernst A propos de Guernica, moins célèbre que celui de Picasso, Bombardement de Guston, traite des horreurs de la Guerre d’Espagne. Il est présenté à côté du cheval du célèbre tableau.
Bombardement (1937)
La construction de ce tableau rond est impressionnante. On perçoit au centre l’explosion de la bombe tandis que les avions nazis survolent la ville. Au premier plan le personnage au masque à gaz à silhouette de Superman et à la cape rouge symbolise-t-il la mort (ou je fais un anachronisme?)
Esquisse pour une fresque murale – Study for Queensbridge Housing (1939)
Murals 1931 dénonce le lynchage judiciaire de 9 afro-américains accusé à tort de viol. -La fresque fut détruite par un groupe de policiers. En 1932, des peintres muralistes mexicains José Clemente Oxoco et Siqueiras l’entraînèrent au Mexique pour réaliser des murals. L’exposition présente une vidéo de la restauration de la fresque de Morelia The struggle against Fascism, fresque de 100 m2 recouverte puis redécouverte et restaurée.
Au temps de l’Action Painting
1947 à Greenwich village, Philip Guston s’engage dans l’abstraction en compagnie de Pollock, Rothkoet de Kooning. Il fréquente également John Cage et Morton Feldman. De cette époque, il réalise aussi des portraits amusants, plutôt des caricatures. je reconnais Cocteau, Apollinaire, Diaghilev et Poulenc.
Philip Roth (1975)
Nixon Drawings
En 1969, il rencontre Philip Roth. A la même époque, il retourne au figuratif et fait toute une série de 73 dessins Poor Richard exposés en face des dessins de Picasso : Songes et mensonges de Franco (1937). A propos de Nixon, du Watergate, et de sa propriété de Kaye Biscayn. Les caricatures sont féroces. je remarque les occurrences fréquentes des lunettes carrées de Kissinger.
Poor Richard!
Je ne peux m’empêcher de penser à Mar-a-Lago de Trump, son golf, qui pourrait maintenant faire une série pareille, insolente et inspirée?
Philip Roth, de son côté a écrit Tricard Dixon et ses copains. Fuyant le scandale, Roth s’installe à Woodstock ainsi que Guston.
Un mandarin qui joue les crétins
Studio Landscape
En 1970, Guston abandonne l’abstraction; expose des personnages encagoulés, esthétique évoquant la bande dessinée. Cet abandon lui est reproché ce à quoi il répond:
Ses tableaux récents venaient résoudre la schizophrénie dont Guston se sentait affecté : « la guerre, les évènements américains, la violence dans le monde. Quel sorte d’homme étais-je donc, assis chez moi, lisant des magazines, m’indignant de ce qui passait, puis retournant dans mon atelier pour accorder un rouge et un bleu »
Autoportrait peignant dans son atelier
Le rose qu’il emploie est une sorte de provocation : il déclare que le rose est la couleur la plus vulgaire symbolisant la bêtise. Guston se représente coiffé de la cagoule du KuKluxKlan qui symbolise le mal. Etrange inversion qu’il compare à la situation d’Isaac Babel se retrouvant avec les cosaques instigateurs des pires pogroms.
La dernière salle de l’exposition : Un monde tragicomique montre un grand tableau Black Sea
Black Sea
Guston se souvient de ses origines. Né Goldstein à Montréal, d’une famille de Juifs d’Odessa dont est originaire Isaac Babel. La Cavalerie Rouge serait pour le peintre « une tragicomédie où les idéaux se fracassent contre les murs du réel dérisoirement prosaïque » l’énorme fer à cheval serait un monument à l’écrivain de la cavalerie rouge.
J’ai découvert un artiste dont je me sens (modestement) terriblement proche, entre Roth, Babel, Pollock et Rothko. Lutte anti-apartheid, fresques sociales. Musique de Cage. Toute une Amérique qu’on aimerait voir se lever contre les horreurs actuelles.
« A l’occasion du vingtième anniversaire de l’ouverture au public du MAC VAL l’exposition « Forever young » se tourne vers le futur : elle réunit 20 jeunes artistes pour quoi la rencontre avec le MAC VAL a constitué un moment pivot, un tournant dans leurs parcours artistique.
Fréquentation et compagnonnages sont peut être les maîtres-mots de ce projet. En effet, elles et Ils ont grandi près et avec le MAC VAL » (extrait du texte du commissaire de l’exposition)
…Proche voisinage. J’aime visiter le MAC VAL, où je me sens presque « chez moi » il y règne une ambiance amicale d’ouverture sur la ville de Vitry, sa population mélangée, le Street-Art dans les rues, le marché du samedi, et non loin, un collège où j’ai enseigné autrefois. Musée d’Art Contemporain très accessible. Ce qui est paradoxal. Pas de snobisme. Des visites guidées passionnantes.
Coco de RinneZ devant son autoportrait en Marylin de Warhol.
J’ai eu le grand plaisir d’échanger quelques mots avec la photographe Coco de RinneZ qui s’est « autoportraitisée » en Che Guevara, Basquiat, ElisabethII d’Angleterre, Frida Kalho, Basquiat, Bob Marley, Polnareff marquant ainsi les identités multiples dépassant les catégories de genre, de race, de culture.
Coco de RinneZ : autoportraitsCoco de RinneZ : autoportraits
je n’avais pas remarqué la série de peintures faciale. C’est Coco elle même qui me les a montrés. Encore plus de cosmopolitisme. Et cela va très bien à Vitry!
Mario D’Souza : Home away from Home
L’installation de Mario D’Souza est plus énigmatique : sur trois tapis fleuris l’artiste a disposé des tissus de couleur vive pliés, des cadres contenant des dessins, des oiseaux en bois, et des répliques de fruits exotiques. Devinette : d’où proviennent tous les objets? Un texte en sanscrit nous donne un indice : Mario D’Souza est né à Bangalore. Home awimpray from Home illustre-t-il l’exil ou le cosmopolitisme?
Dessins de Mario D’Souza : mains cueillant des fruits
Rebecca Topakian née à Vincennes nous transporte avec ses photos en Arménie d’où est originaire sa famille. Certaines sont imprimées sur de curieux supports en verre ou en pierre.
La chambre rouge de Maïlis Lamotte-Paulet (voir plus haut) est plus énigmatique. Quelle chambre a son sol en goudron? et ces parpaings emballés dans des sacs plastiques roses? Le rose fait girly, le rouge, bordel, bonbons, grenades et jus de fruit sur l’écran de télé, étonnent. Se trouve-t-on dehors ou dedans? Feuilletage des métaphores a dit le conférencier.
Agitatrice de Chadine Amghar
Agitatrice cette planche à repasser recouverte de Toile de Jouy? L’écharpe d’un club de foot marocain montre l’ambiguïté de cet accessoire normalement féminin, ambiguïté aussi de la double culture franco marocaine. Chadine Amghar détourne les objets ménagers ainsi que les trottinettes emballées dans du polystyrène : monument à la mobilité douce ou au contraire emballage de ces trottinettes décriées. La présence des pigeons est aussi contradictoire : les pigeons, comme les trottinettes sont des malaimés.
Jordan Roger : Burn them all
Le gentil château de conte de fées en céramique pastel suggère le Chateau de Disney. A première vue, il est bien enfantin et innocent. Si on le regarde mieux, il brûle des flammes de l’enfer. Des inscriptions assassines se découvrent ensuite. C’est une dénonciation de l’homophobie : des contes de Disney où les gays sont les méchants. Rejet même dans la famille de l’artiste qui lui a fait barrer le Roger de son nom.
Je n’ai pas pu étudier, photographier les autres installations. Dommage. A vous de faire le déplacement à Vitry!
Evidemment, il y a aussi les collections permanentes avec des œuvres nettement antérieures. Parmi les noms les plus connus Annette Messager, Agnès Varda, Etel Adnan…. et bien d’autres.
John Sargent, arrive à Paris à 18 ans en 1874. Carolus-Duran impressionné par la qualité de ses dessins l’admet dans son atelier. Bientôt l’élève surpasse le maître. En 1879, il fait avec Manet le « pèlerinage » au Prado et copie Velazquez, puis part en Hollande avec Helleu pour étudier Franz Hals. L’exposition d’Orsay montre 3 portraits de ses collègues à la manière de Velazquez ou de Franz Hals.
Portrait de Vernon Lee – historienne de l’art, féministe
Portraitiste virtuose, Sargent est aussi un peintre voyageur : La Bretagne, Venise, Capri lui fournissent des sujets aimables quoique un peu conventionnels et touristiques
J’ai bien aimé ses représentations de musiciens espagnols et de danse de flamenco El jaleo et d’autres danseuses
El jaleo (Wikipedia)
Peintre-voyageur, ses carnets de croquis de marine sont intéressants .
Frances Sherborne Ridley
Peintre reconnu, il obtient des médailles et expose chaque année au Salon de grands tableaux de belles dames avec de belles robes, ou quatre petites filles à la manière des ménines. Il excelle dans le rendu des tissus, des dentelles ou des tulles fins et mousseux. On imagine les salons mondains du temps de Zola ou de Proust…mais ce ne sont pas les tableaux que j’ai préférés. Je me suis amusée de rencontrer les artistes, ses amis ou collègues : Rodin, Helleu, Monet, Gabriel Fauré
Monet peignantHelleu dessinant
Mon préféré est la répétition de l’orchestre Pasdeloup
Répétition de l’orchestre pasdeloup
La brillante carrière de Sargent à Paris s’achène par un scandale avec le portrait de madame X, la bretelle de la robe noire qui a glissé a été jugée trop suggestive pour les bien-pensants.
Avec la COP 30 à Belem, l’Amazonie est d’actualité, occasion d’aller faire un tour au Quai Branly pour cette présentation des Autochtones d’Amazonie.
En 2021, à la Philharmonie de Paris s’était tenue une exposition immersive des photographies de Salgadosur la musique de jean Michel Jarre CLIC Somptueuses vues aériennes de la forêt et des fleuves, nuages….
peinture faciale
Au Quai Branly le propos est ethnologique : c’est une présentation de la richesse et de la diversité des populations autochtones dans cette région immense s’étendant sur 9 pays, où 300 langues sont parlées. Il s’agit de déconstruire les clichés et les idées reçues.
Mogahe Gihu – Abel Rodriguez Valse
L’Amazonie, une forêt vierge ? Cette première idée préconçue que la forêt serait un enfer vert, difficile d’accès, peu peuplé, est battue en brèche par l’archéologie. 5 vidéogrammes montrent le travail des archéologues sur un site habité depuis 6000 ans. Les fouilles montrent des vestiges d’une civilisation très ancienne. Des photographies aériennes mettent en évidence des fossés creusés, d’anciennes voies de communications, tout un réseau reliant des villages. Habitée depuis 9000 ans, l’Amazonie n’est pas une terre vierge mais peuplée au XVIème siècle de 8 Millions d’habitants.
le territoire des ancêtres
L’exposition montre une Forêt-jardin façonnée par les hommes qui ont géré de façon durable la forêt, soignant le milieu naturel avec une connaissance très fine de ses ressources végétale mais aussi animales.
A l’entrée de l’exposition : coiffes des jeunes garçons et installation
Créer la forêt, habiter les mondes
Les mythes amazoniens mettent l’accent sur la transformation, dynamique créatrice qui ne s’arrêt jamais. Les humains ont la responsabilité de poursuivre la création du monde à travers des savoirs chamaniques, des cérémonies et des rituels.
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De nombreux objets colorés de plumes colorées, d’écorces, de fibres : coiffes, masques, labrets sont présentés
Couronne de plumes
mais certains confectionnaient aussi de très belles poteries pour toutes sortes d’usages : culinaires, funéraires, ou même des jouets, poupées pour les petites filles.
coupe en terre cuite
Fabriquer les humains
Contrairement à nos conceptions occidentales la frontière entre les humains et le monde vivant qui les entoure est très floue. A sa naissance il faut « fabriquer » les « vraies personnes » au cours de cérémonies de nomination, de rites de passage et d’initiations. Les corps sont façonnés avec des peintures très sophistiquées très signifiantes. Les graphismes remplissent plusieurs rôles exprimant les phases de la vie, le deuil …
Peintures corporelles
L’exposition montre des sceaux pour décorer des motifs géométriques. Une mandibule de carnivore aux dents acérées est un scarificateur. Des labrets vont transformer les lèvres. Certains masques spectaculaires en vannerie sont de taille impressionnante.
L’ennemi, les morts, les Blancs
la guêpe qui coupa la queue des hommes
Le statut d’humain n’est donc pas figé, un membre de la communauté peut devenir un esprit ou un animal. Les pratiques chamaniques intègrent aussi les rêves. Avec des cultures aussi riches et sophistiquées on est très loin des idées « civilisatrices » de la colonisation qui introduiraient la « modernité » .
Le collier des ancêtres
Au contraire, nous avons beaucoup à apprendre de ces manières d’habiter le monde.
Et pour le plaisir, j’ai trouvé sur Internet les extraits du concert Aguas da Amazonia, de Philip Glass
Avant tout, équipez vous de l’audioguide qui se déclenchera au moment opportun devant chaque œuvre! Mais une fois que j’ai eu l’audioguide et le smartphone dans l’autre main pour les photos, je n’ai pas pu prendre de notes comme à l’accoutumée. Je vais donc illustrer la B.O. !
La B.O.
• Richard Wagner, Prélude de l’opéra Lohengrin, 1850
le plus russe des œuvres présentées?
• We praise Thee (chant russe orthodoxe)
Toussaint
• Arnold Schönberg, Trois pièces pour piano opus 11. Mässige (modéré), 1909
Arnold Schoenberg
• Arnold Schönberg, Quatuor à cordes en fa dièse mineur opus 10. Mässig (modéré), 1907-1908
Le Concert avec le piano de Schoenberg
• Alexandre Scriabine, Poème de l’extase opus 54, 1907
• Modeste Moussorgski, Tableaux d’une exposition, 1874
• Johann Sebastian Bach/Anton Webern, Ricercata (Fugue à six voix), extrait de L’Offrande musicale BWV 1079, 1935
• Alban Berg, Concerto « À la mémoire d’un ange », 1935
..
La visite se déroule donc en musique. En plus des tableaux sont présentées aussi des études, des dessins, et de grandes animations en musique projetées sur de grands écrans, il semble qu’on voit le tableau se construire en rythme, des triangles, des cercles bougent, dansent, changent de place. Les Tableaux d’une expositions ont été mis en scène à Dessau à l’école du Bauhaus. Curieuse mise en abyme d’une exposition de peinture que Moussorgski met en musique et qui inspire Kandinsky pour une nouvelle mise en peinture, couleurs synesthésiques? formes dansantes? Architecture. Une autre projection XXL sur un écran : le Salon de musique (1931) conçu pour l’exposition d’architecture de Berlin .
Composition X (1939) écoute : à la mémoire d’un ange – Alban Berg
marie Thérèse de SavoieExposition temporaire jusqu’au 8 février 2026
Emmanuelle Kant « Portrait Grandeur Nature « et Angelica Kauffmann Autoportrait en bacchante
Le Musée Cognac Jay réunit les collections XVIIIème siècle des fondateurs de la Samaritaine. Rue Elzevir, non loin de Carnavalet dans un joli hôtel particulier, l’hôtel Donon. Les pièces d’exposition sont particulièrement soignées avec des boiseries d’époque. Les tableaux et bibelots sont présentés avec des meubles précieux . Même hors exposition la visite des collections permanentes vaut la visite.
Salon Boucher une des plus belles pièces du musée
Dans Correspondances, Agnès Thurnauer projette un éclairage contemporain sur l’art du 18ème siècle et plus particulièrement sur cette période-clé où les femmes peintres, comme Vigée-Lebrun, savantes La marquise de Chatelet ou Madame de Staël ont su s’imposer dans un monde masculin. Deux « Portraits Grandeur Nature » EMMANUELLE KANT et FRANCOISE BOUCHER gros badges comme des pins monstrueux donnent le la. Exposition radicalement féministe.
Un merveilleux Canaletto est accompagné de 7 petits tableaux de nuages avec l’inscription NOW. Commentaire de Agnès Thurnauer :
« une œuvre est plus contemporaine du regard que l’on pose sur elle que de l’époque où elle a été produite »
La plasticienne va orienter le regard du visiteur, établir des Correspondances entre les œuvres du 18ème S. et son travail exposé.
La salle suivante aura pour thème : Le Corps à l’Œuvre
Sleepwalker – Vénus de Poncet et au sol matrices de lettres
Il faut aussi confronter cet ensemble à l‘Odalisquede Boucher où le corps de la femme est livré comme objet de désir. Sleepwalker accumule les mots de l’artiste acrylique … académique … composition… dyptique… et par dessus le texte, le corps de l’artiste, nue de dos apparait sujet et non pas objet . L’artiste s’affirme créatrice et n’a pas peur à se représenter nue.
Perrette et le pot au lait (détail)
Performance au féminin occupe la salle suivante .
La figure centrale est Perrette et le Pot au Lait de Fragonard présenté ainsi par les Frères Goncourt
« La laitière du pot au lait montre ses jambes et pleure comme une naïade sur son urne brisée »
Regard masculin érotisé. Perrette pleure-t-elle ses rêves de fortune ou sa vertu perdue?
Agnès Thurnauer : Le Corps à l’œuvre
Ce n’est plus une petite fille éplorée mais une femme puissante dont les seins gonflés rappellent le lait perdu. Elle montre ses jambes bien campées au sol. Seules les couleurs sont celles de Perrette!
Lire, Ecrire, Se Représenter
Emilie e Breteuil Marquise du Châtelet
Cette salle met à l’honneur des femmes majeures du Siècle des Lumières. la figure centrale est Emilie de Breteuil, marquise du Châtelet, mathématicienne, physicienne, traductrice de Newton, représentée ici avec un compas.
Madame de Staëlcitée sur la cimaise :
Les femmes : « tantôt elle sont tout, tantôt elle ne sont rien. Leur destinée ressemble à quelques égard à celles des affranchis chez les empereurs, si elles ont du pouvoir, on leur rappelle, si elles sont esclave on opprime leur destinée… »
Prédelles entourant Marie Thérèse de Savoie
Agnès Thurnauerexpose les portraits d’autres femmes savantes intercalés entre ses Prédelles noter l’homophonie prédelle/près d’elles.
Le Goût du 18ème siècle
Bonheur du jour
nous entrons dans les collections permanentes avec toutes sortes de bibelots, tableautins, médailles, porcelaine de Meissen. Coup de cœur pour les meubles marquetés et surtout les joli Bonheur du Jour.
Il faudrait aussi montrer les statuettes, les tableaux d’Hubert Robert, de Boucher, Fragonard…..Je ne pouvais pas fair l’impasse sur l’âne de Balaam de Rembrandt
Rembrandt Ane de Balaam
Si je n’ai pas été convaincue par toutes les œuvres d’Agnès Thurnauerabusant de procédés répétitifs avec les lettres, en revanche le regard féministe décalé en fait une merveilleuse pédagogue. Elle guide notre regard, nous apprend à interpréter une œuvre. C’est aussi une féministe résolue qui met en avant des artistes un peu oubliées.
le Monde de Colette(1873 – 1954) est vaste et varié. On entre dans l’intimité de la famille à Saint- Sauveur- en -Puisaye, on feuillette l’album photos de Willy, et on découvre les maisons de Colette, Rozven , en Bretagne offerte par Missy, découverte de sa collaboration avec le peintre breton Mathurin Méheut
Plus tard, à Saint Tropez à la Treille Muscate avec les gravures de Dunoyer de Segonzac ou la peinture de Camoin
La Treille muscate Dunoyer de Segonzac
Flânerie dans les paysages de Coletteentre photographies, manuscrits, lettres et cartes postales ainsi que beaux livres. On n’est pas à la BnF pour rien.
Série de dessins à la craie de Louise Hervieu
Colette a été très attentive à la nature, aux plantes du jardin, aux chats et même aux plus petits animaux dessinés ici par Louise Hervieu (1878-1954) contemporaine de l’auteur du Dialogue de Bêtes présenté ici. Un herbier (1949) a été illustré par Raoul Dufy
Un mur est consacré à l‘Enfant et les Sortilèges de Ravel dont Colette a composé le livret en 1925, aquarelle des costumes, photographies de scène de cette féérie-ballet et même quelques moments du spectacle dans une mise en scène récente.
Colette ne fut pas seulement écrivaine à succès des Claudine promue par Willy. Quand elle se sépare de son mari elle doit gagner sa vie sur scène dans le Music Hall dans le monde et le demi-monde. L’exposition scénarise l‘Envers du Music Hall toujours avec des photographies d’époque, des affiches de spectacles, des portraits de Polaire,Missy, de la Belle Otero …costume de scène du Faune et un portrait de Matisse, de très beaux dessins et même une lettre.
Portrait de Colette par Matisse
« Etes-vous pour ou contre le second métier de l’écrivain? »interroge Colette à propos de l’ouverture de son institut de beauté.
Colette a pratiqué bien plus que deux métiers: saltimbanque, écrivaine, journaliste. Une section entière de l’exposition montre la journaliste qui écrivit dans le Temps et d’autres journaux plus de 1200 articles. Envoyée spéciale au Maroc, à New York… chroniqueuse judiciaire racontant les procès monstres comme Landru ou Violette Nozière, chroniqueuse sportive (c’est plutôt inattendu!).
la vagabonde
S’écrire , Colette se met en scène et en même temps brouille les pistes. Est-elle Claudine(1900)? ou Renée dans la Vagabonde (1910), Léa dans Chéri (1920) Proust qui se racontait aussi l’admirait.
Une conversation avec Jean Cocteau quand Coletteétait alitée dans son lit-radeau la montre plaisantant, vantant l’oisiveté…
J’aime toujours ces expositions à la BnF où littérature, édition, arts plastique, photographie sont toujours très bien présentées. Expositions dans le calme sans la foule.