Monte San Savino, à la recherche d’un gîte

CARNET TOSCAN – ENVIRONS D’AREZZO

les environs d'Arezzo

Nous laissons la voiture au pied des murs de Monte San Savino près d’une belle porte. l’Office de Tourisme est installé dans une belle Loggia Renaissance aux pilastres en pietra serena, grise, cannelée  avec des chapiteaux corinthiens, dessinée par Sansavino (1517-1520) face au Palazzo Communale, belle bâtisse carrée crépie, le tour des portes et des fenêtres souligné par des bossages à la façon florentine.

L’employée de l’office de tourisme, devant son ordinateur, très aimable,  propose de téléphoner aux résidences d’Agriturismo. Nous n’avons aucune idée de l’emplacement ni du prix. La première répond en anglais:  671€ avec piscine.. La seconde offre est très tentante : un château en pleine forêt, piscine, tennis, des chevaux à notre disposition : 730€. C’est plus cher, mais tentant. Troisième adresse 700€, le dépliant montre une résidence moderne qui ressemble à la Villa Poggetto que nous venons de quitter .

Sur ces entrefaites, arrive,un homme, poivre et sel,  très excitéqui être le patron de la gentille employée qu’il rudoie :
– »W.W.W »( en Italien cela donne « vouvouvou ») pour l’inciter à chercher sur Internet.
Elle imprime une quatrième proposition. Il téléphone avec un air important de son mobile qu’il décroche de la ceinture. C’est pris. Il re-téléphone au château. Il embrouille tout, parle très vite dans un curieux mélange de français « appris à l’école »d’italien et d’anglo-américain. Nous lui disons que nous préférons la location à 671€. Il barbouille notre carte routière, confisque le papier sur lequel la jeune fille a écrit soigneusement. D’une grosse écriture griffonne trois mots « Illuminati » « Foresteria », «  Alberoro ».

Que viennent faire ces illuminations ? Et cet illuminé excité ? Qu’allons nous trouver? une résidence avec des panneaux lumineux comme Nuit d’ Hôtel ou Campanile éclairés de néons ?

J’en oublie mon sac à dos sur un fauteuil. Et ne m’en aperçois qu’au retour au parking. Je reviens en vitesse à l’Office de tourisme pour découvrir, la main dans le sac, la jeune fille qui tient mon carnet moleskine. Elle est toute rouge, toute gênée. Elle m’explique qu’elle cherchait mon nom et mon adresse dans le carnet et surtout le telefonino qu’elle a allumé. Il aurait pu me venir à l’idée de téléphoner pour le retrouver. C’est un bon plan, je n’y aurais pas songé.

Foresteria

Foresteria :la maison de maître

Nous traversons des zones industrielles, je crains le pire. Enjambons la voie rapide et l’autoroute et retrouvons une campagne prospère avec des tournesols et des vergers. Sur le bord de la route une affiche énorme figurant des pommes avec le vocable mystérieux « Illuminati » Je traduis approximativement « Illumine ta vie avec des fruits ». Chassées nos appréhensions, et les analogies avec l’hôtellerie de pacotille soulignée au néon coloré !

Nous traversons un verger de pommiers très bien tenu. Un beau panneau de bois brut indique : « Foresteria-Giardino di Pontecoro ». Nous voici arrivées.

Une ferme massive, cubique, crépie de jaune laissant voir la brique. Une entrée monumentale : trois arcades successives sur un perron. Le gazon pourrait être britannique, on le tond en ce moment. Cela sent très bon. Une jeune fille très décidée vient à notre rencontre, nous tend la main :
– « Amanda » (elle a l’air américaine) s’adresse à moi en anglais.
Je lui dis que je parle aussi Italien.
– «  C’est plus simple en anglais », fait-elle.
Nous visitons notre appartement dans un petit bâtiment bas.
Pendant que je suis en train d’écrire à la piscine, je remarque une tête brune qui progresse régulièrement. C’est un gros crapaud qui nage tranquillement la brasse.

Il Fienile

notre gite

Notre maison, « Il Fienile », est recouverte de tuiles rondes patinées, les murs sont doublés de canisses qui ont pris une teinte grise avec le temps. Les coins et le milieu sont soulignés de montants de brique. Belle porte en bois peint de gris, encadrement des fenêtres, jaune crème et cadres gris, rideaux de dentelle un  peu rustique.
L’intérieur est tout à fait charmant. Dans le tiroir de la table en bois patiné à l’ancienne, on découvrira une nappe, des serviettes à carreaux et aussi des torchons et même des tabliers assortis aux rideaux. Sur la table un compotier plein de goldens et une très jolie fiole fantaisie remplie d’huile d’olive sur un napperon.
Le coin cuisine est meublé de bois ciré avec des rideaux à carreaux. Un canapé recouvert d’un beau tissu brillant complète l’ameublement.
La chambre est très belle : grand lit de fer surmonté d’une moustiquaire de mousseline, dessus de lit rouge plus précieux. Vieille armoire. La salle de bain est une merveille, la robinetterie semble ancienne, le lavabo de porcelaine antique est surmonté d’une glace ancienne mais il y a une cabine de douche en verre.
Tandis que Dominique décharge la voiture je tente de camoufler nos bagages pour ne pas gâcher un si joli décor.
Pour un prix inférieur à celui de Casale Marittimo,   clim et télé-satellite (CNN, Arte en Allemand mais rien en français). Luxe de serviettes, draps brodés. C’est  le plus bel endroit des vacances.

Les autres gîtes sont installés dans la belle ferme carrée. Un autre bâtiment à étage est aménagé en restaurant : belles voûtes. La piscine est très grande et très bien aménagée : les transats en toile crème et les grands parasols  de bois. Ici encore, luxe et bon goût: même les briques qui bordent la piscine ont l’air vieilles et patinées.

Un petit pigeonnier recouvert de rosiers grimpants et de glycine abrite les installations de la piscine. Deux rangées de lavandes, des géraniums rouges dégoulinent de baquets anciens En angle, face aux bâtiments, des pêchers bien taillés.
Nous passons l’après midi à la piscine, nageant dans l’eau tiède,  le luxe et l’euphorie. Le ciel est traversé par des nuées qui n’atténuent pas la chaleur et qui ont tendance à s’accumuler sur les crêtes montagneuses qui bordent la vallée de Val di Chiana à l’est.
Foresteria est située à 12km de Monte San Savino et à peu près la même distance d’Arezzo. Dans le village le plus proche, Montagnano, il y a tous les commerces.

Arezzo, Eglises, maison de Vasari

CARNET TOSCAN; AREZZO

via dei pilatrei palazzo pretorio pietra serena

Arezzo est une ville de 90 000 habitants. Le centre historique est enclos dans des murailles. Contrairement à Florence ou  Sienne il semble beaucoup plus habité. Plus de voitures, moins de boutiques de souvenirs, très peu de touristes.
Les Italiens font la grasse matinée le dimanche matin. . Une dame  revient avec le pain. Quelques autres vont à la messe. Le ciel gris accentue l’impression de ville endormie. Nous montons sur le point le plus haut de la ville, pour avoir une vue d’ensemble qui nous permettra de nous orienter.

pietra serena

Arezzo est construite en grès gris très fin : la pietra serena qui semble fragile à l’érosion :les palais s’épluchent par plaques.

Le haut de la colline est occupé par une forteresse Médicéenne (encore une !) et par un jardin public « orné » d’une hideuse statue de style mussolinien(1928) où on reconnaît Pétrarque, la Louve Romulus et Rémus, SPQR, une espèce d’Ange piétine une tête de mort, des soldats . Tout cela est bien blanc, bien lourd. La vue sur la campagne est très étendue. Nous repérons la Cathédrale toute proche San Domenico (recommandé par nos guides).

Duomo et autres églises
La Cathédrale, en grès fin, est comme neuve. On a dû la restaurer. Son porche s’orne de fines colonnettes torsadées ou ornées de rosaces en bon état. Comme le guide dit qu’elle est Néo-gothique, j’en conclue qu’elle date du 19emesiècle. On célèbre la messe, nous ne nous attardons pas.

cimabue

Nous avons plus de chance à San Domenico : les portes sont ouvertes. L’œuvre principale est un crucifix de Cimabue qui vient d’être restauré. J’ai déjà entendu le nom de Cimabue mais aucune image ne vient à l’énoncé de son nom. J’espère que je me souviendrai de es visages douloureux encore qu’un peu stylisés apparentés aux byzantins. Sur les murs, presque effacées, des fresques de l’école de Duccio (de la Maesta de Sienne). Sans aucun commentaire, je trouve une jolie Annonciation et des anges musiciens. Nous avons vu tellement de fresques que maintenant nous pouvons reconnaître de nombreuses scènes des Écritures (pas de la vie des Saints) et même voir des correspondances.

La messe est terminée à la Cathédrale. Nous suivons un groupe d’Italiens avec un guide pour trouver les œuvres désignées par les guides.  Les vitraux de Guillaume Marcillat sont unanimement loués mais personne ne signale qu’il a réalisé les fresques dont le plafond est couvert.Je me démanche le cou mais la nef est vraiment trop haute et l’éclairage insuffisant. Sans la conférencière des Italiens, nous n’aurions pas trouvé la petite fresque de Marie Madeleine de Piero della Francesca. Première rencontre avant d’aller voir les fresques fameuses.. Dans une chapelle nous voyons des sculptures de l’école des della Robia. Nous sommes maintenant habituées à les reconnaître. Je me souviens de la première à la Certosa de Galluzzo !

Maison de Vasari

Cieu bénissant la semence d'Adam

Dès le premier jour à Florence, nous avions fait la connaissance de Vasari au Palazzo Vecchio. Ensuite, soit comme architecte, soit comme critique d’art, ce personnage nous a accompagné tout le mois. Fernandez et l’auteur de l’énorme guide de Florence s’y réfèrent constamment. J’ai donc été ravie de visiter sa maison.
C’est l’occasion de franchir la porte de ces façades sévères. Surprise d’y découvrir également un joli jardin aux bordures de buis ombragé de tilleuls, qui embaument. Vasari a décoré toute sa maison de fresques.
Le plafond de la première salle représente la Renommée et la Fortune piétinant la Mauvaise Réputation, dans la seconde ce sont les Muses. . Dans la Chambre Nuptiale, Abraham présente sa progéniture à dieu le Père qui les bénit pour porter chance. Cela n’a pas marché. Vasari est resté sans héritier. La salle de Cérès est très vaste. Dans cette allégorie mythologique on reconnaît la Lune le Soleil, Saturne, Mars Jupiter Apollon autour du plafond à caisson. Il y avait déjà ces mêmes représentations au Palazzo Vecchio. Les murs sont plus extraordinaires. Vasari a conçu cette salle à sa propre gloire vantant tous ses talents de peintre, d’architecte, de sculpteur et d’écrivain. Dans une porte en trompe-l’œil, Vasari s’est représenté, ses lunettes posées à côté de lui. Je n’ai jamais vu une telle sophistication. Je repense à notre visite au palazzo Vecchio où figuraient les mêmes allégories Muses Dieux de l’Antiquité. Cette fois ci elles ne sont pas à la gloire des Médicis mais à la propre gloire de l’artiste. J’avais été un peu abasourdie, ne sachant pas où donner de la tête. Aujourd’hui cela paraît plus simple. Peut être avons nous appris quelque chose pendant ce mois ? Une autre visite de cette maison aurait pu être l’examen de toutes les toiles accrochées sur les murs.

Entre temps les rues se sont peuplées de touristes. Nous découvrons la rue principale bordée de Palais et de belles façades. La municipalité d’Arezzo a installé des plaques bilingues détaillant l’architecture et l’histoire de tous ces palais ?

Curieuse anecdote du puits

Sur une petite place un joli puits a une curieuse histoire. Une femme harcelée par son mari jaloux décide de le punir en prenant un amant. Elle fait boire son mari et, chaque soir, rejoint son amant pendant que son mari dort. Un soir, le mari découvre le stratagème et ferme la porte. La femme ne pouvant rentrer chez elle, invente une nouvelle ruse : elle lace un objet très lourd dans le puits faisant croire qu’elle s’y est noyée. Quand son mari sort pour voir, il laisse la porte ouverte, lui permettant ainsi d’entrer. Ce genre d’histoire me ravit.

Nous nous promettons d’aller voir la Maison de Pétrarque, natif d’Arezzo, la prochaine fois.

Piazza grande, côté Renaissance loggia dei Laici

La belle place en pente d’Arezzo est une véritable surprise. J’avais imaginé une réplique de celle de Sienne ou de Volterra. Celle ci st encore très différente. Il est midi. La pluie commence à tomber.