Roccapina – Pianottoli – La Tonnara – l’Ermitage de la Trinité

CARNET CORSE 2024

Roccapina : panorama

A la découverte des environs immédiats, à la recherche d’une belle plage pour se baigner…

Roccapina

Taffonu : abri sous roche

La petite route de Serraggia rejoint la T40 en corniche tout près de Roccapina. Le point de vue sur le chaos granitique est fantastique. Les rochers arrondis sont creusés en taffoni. Dans le  chaos granitique du Sidobre , les rochers avaient des formes bizarres ; le touriste croit reconnaître des animaux. A Roccapina ces formes fantastiques peuvent stimuler l’imagination mais quand ils sont creux, les rochers ont aussi servi d’abri sous roche pour les bergers. La maison cantonnière a été aménagée en musée, malheureusement fermé le dimanche et le le lundi. Un sentier d’interprétation descend à travers le maquis très dense mais sans indication de longueur ou de temps. Au parking deux cars déversent des touristes hollandais et le 3ème âge de Carpentras (selfies et commentaires navrant, au moins incompréhensibles pour le Néerlandais). Un essaim de motos sonorise les lieux. Les motards italiens contemplent la Sardaigne toute proche. La côte est très découpée. Nous nous arrêtons à chaque parking.

Roccapina : la Tour Génoise, le Lion de Roccapina, la plage

Pianottoli-Caldarello est le bourg le plus proche du gîte. Le Spar nous rendra service. Nous cherchons les plages en faisant un grand tour. On devine la mer mais pas les plages et on se retrouve revenues à notre point de départ. Echappatoire vers le port très tranquille dans une baie arrondie. Plaisanciers exclusivement, quelques gros voiliers, des catamarans. Un passage dans le grand parking mène à une mini plage à peine 1 m de sable orange, parfois moins le long du rivage. Aucun espoir de baignade : quelques dizaines de centimètres d’eau sur les rochers. Je me déchausse au plaisir de marcher dans l’eau. Une propriété privée interrompt ma promenade avec un grillage hostile.

Pianottoli- Caldarello port

La plage de la Tonnara.  de Ventilegne où se jette un petit fleuve malodorant et où s’ébattent les kitesurfeurs.

La plage de La Tonnara est à l’abri de petits îlets. Sur la plus grande île les goélands sont nombreux. Le sable est clair, l’eau cristalline, bleu lagon. Le restaurant  qui a installé sa terrasse nous fait bien envie. Nous reviendrons ! Le car de Carpentras y déjeune pendant que nous pique-niquons. Quand je vais me baigner ils se massent autour de la voiture bouchant la vue sur mer et surtout nous abrutissant de leurs inepties.

Ma baignade sera mémorable. Je parcours tranquillement le plan d’au abrité. Un vrai bonheur.

L’Ermitage de la Trinité

Situé sur un rocher portant une croix dominant le Capo di Feno en face de Bonifacio au-dessus d’une petite baie étroite comme un fjord. Le contraste entre le rocher granitique et les falaises calcaires est saisissant. Trois ermitages, une grande église du XIXème siècle san grand intérêt sauf les ex-votos, plaques de marbre qui tapissent la nef. Un petit ermitage se trouve dans une grotte. Sous de beaux arbres, des bancs entourent une grande table portant un très grand gâteau de nougatine. Mariage ou communion ? toute une famille est assise, les assiettes sur les genoux

La chasse de nuit – Marie Ferranti

LIRE POUR LA CORSE

incipit :

« Le premier soir de pleine lune, au printemps, nous chassons la nuit en meute. Une fois l’an, nous nous retrouvons, hommes femmes et chiens sous le grand chêne blanc, près de la rivière. L’eau est la demeure des esprits. Celle des morts qui n’ont pas encore expié leurs fautes et se cachent dans les eaux vives. »

La chasse de nuit est celle du mazzeru.

Le mazzeru est le « chasseur d’âmes« , celui qui chasse de nuit les animaux avec son gourdin et qui lit dans les yeux de ses proies le destin de ceux qui vont mourir. Chasse-t-il éveillé ou somnambule? Une sorte de sorcier qui a reçu le don de divination.

« Avant de commencer la battue, je ramasse un peu de terre, m’en frotte les paumes, en respire l’odeur. Je n’ai ni fusil ni poignard. Mes seules armes sont un bâton, la mazza, taillée dans un sarment de vigne, et mes dents; Je deviens l’animal. Je suis le mazzeru, celui qui frappe et annonce la mort »

Roman fantastique donc. Roman d’un village corse avec des familles ennemies. Roman de paysans, de chasses. Le narrateur est fils de notable, qui vit sobrement de ses rentes. Quand il doit annoncer la mort de Petru, le médecin, d’une famille concurrente, Lisa, la femme de Petru se rebelle contre le sort et vient trouver le mazzeru

« vous êtes le diable » dit Lisa

A ces mots , je ne sais ce qu’il advint, le sol se déroba sous moi et je tombai sans connaissance… »

Cela commençait donc très bien, fantastique, tragédie, traditions rurales. Mais les séductions bien terrestres, les rapports amoureux ou tout simplement sexuels s’en mêlent et brouillent le récit. Le sorcier est envoûté par la femme interdite, il couche avec la servante, vit avec une troisième. C’est un peu trop pour moi. Tout se mêle, jalousies, désir, sorcellerie….J’ai du mal à suivre. Quel indécis! cet homme qui se laisse aller à ses rêves et ne sait pas choisir. Il m’agace. En revanche, j’ai beaucoup aimé  le personnage d’Agnès, ancienne sorcière qui connaît les remèdes, qui chasse le mauvais oeil.

Cette chasse de nuit fascine et  agace mais je laisse pas indifférent. Je me suis laissé prendre et ne l’ai pas lâché.

 

Au sud de Calvi jusqu’à Galeria

CARNET CORSE

La belle plage de galets roses

Le soleil s’est levé dans des nuages roses bien jolis puis le ciel s’et voilé dans une lumière presque automnale. La route qui grimpe à Notre Dame de la Serra traverse un chaos granitique. Un énorme bloc ovoïde est évidé, un autre, pointe vers le ciel. Un vaste enclos est prévu pour les pèlerins. Justement le pèlerinage a lieu hier (premier dimanche de septembre, anniversaire de Marie). Il reste dans le grand frigidaire un gâteau au chocolat. Des palmes et des branches de cyprès entourent le porche de la chapelle qui est grand ouverte.

Notre Dame de la Serra

La route de Galeria en corniche suit le rivage très découpé. Certains à-pics sont impressionnants. Les rochers sont découpés. A peine quelques rochers plus bas pour envisager une baignade, venu par mer, bien entendu. Un cap est occupé par l’armée « champ de tir le lundi » prévient un panneau. Un restaurant s’est installé dans le seul creux avec un accès à une plage. Joli restaurant, prix raisonnable, mais ce n’est pas l’heure !

Chaos granitique

La route tortille entre les arbousiers hauts comme des arbres. Dans un tournant on voit une construction basse – première depuis la sortie de Calvi, plus loin, un grand troupeau. Puis une ruine, très grande bâtisse avec une sorte de tour. A sa base, on a planté récemment des vignes, les ceps sont jeunes et rien ne vante le vin produit ici ! On a aussi planté des oliviers.

Dans la Baie de Crovani se trouvent les ruines d’une ancienne exploitation minière de plomb argentifère à l’Argentella abandonnée.

Le Delta du Fango

A l’entrée de Galeria la très grande plage de Riciniccia est large, rose et…vide. Pourquoi ? Les petits fleuves Fango et Marsolimo ont sans doute apporté tous ces galets. La route contourne le delta du Fango pour traverser le lit très large mais complètement à sec. On ne remonte donc pas loin le Fango en canoë ! Nous garons la voiture sur un très grand parking en terrasse. A quelques pas se trouve une tour génoise bien abimée précédée d’un élégant bâtiment de pierre. Un fléchage indique d’un côté « canoë-kayak sur le Fango » de l’autre « la plage ». un petit pont de ciment franchit le « fleuve » qui est un ruisseau. Sur un plan d’eau on peut en effet canoter (le panneau promet des tortues et des oiseaux aquatiques). Je préfère la mer ! Le ciel est nuageux. Les petits galets ont une teinte pourpre, l’eau est agitée d’un petit clapotis pas effrayant du tout mais pourtant personne ne se baigne. J’interroge les gens : « pourquoi n’y a-t-il personne ? » Il me faut convoquer mon allemand. Une dame d’âge mûr émet l’hypothèse « peut être à cause des vagues ? »- « quelles vagues ? il n’y en a pas ! » »pas de soleil » me répond un autre. Deux Italiens se sont baignés « c’est juste un peu dur de sortir avec les galets » . Etrange ! je tente. C’est un peu effrayant d’être seule dans l’eau qui bouge ; sans soleil, elle n’est pas turquoise mais bleue très foncé, presque noire. La plage est longue, j’en parcours à la nage la moitié. Pendant que je nage, un petit zodiac quitte le voilier à l’ancre ; ses occupants sortent des sacs et montent l’aile d’un kite-surf. Je comprends que les couples sur la plage ne sont pas venus nager mais pour le bronzage intégral. Comme il ne fait pas chaud, l’un d’eaux porte un T-shirt noir, des espadrilles mais pas de slip.

Le Guide vert recommande l’Artigiana dans la catégorie « restauration premier prix ». Au tournant de la route, il y a une boutique de produits corses, des tables rustiques avec des bancs, des petites tables basses et même hamac et fauteuil suspendus. A la carte : des salades ; assiettes de charcuterie ou de fromages, et des beignets. Je choisis un duo de beignets de courgettes et fromage. Les beignets de courgettes sont de petites galettes parfumées (courgettes râpées et herbes) les fromages de chèvre est fondu. Les beignets sont accompagnés de tomates-cerises ; de rondelles de radis et de betteraves crue ainsi que de salade. Très copieux. Tout est parfait : l’accueil, la vue et les beignets.

Nous rentrons à Calvi par la route des terres (26 km) qui suit le petit fleuve Marsolino (invisible de la route) et passons par une large vallée où l’on arrose les prés pour faire du foin les balles de foin sont sous plastique). Il y a des vaches. La verdure contraste avec l’aridité des montagnes où la roche est à nu. La route s’élève vers un petit col Bocca di Marsolinu (443 m) puis nous descendons le long de l’aéroport Ste Catalina.

Le soleil s’est enfin décidé à disperser les nuages. Je passe la fin de l’après-midi ensoleillée à la piscine à faire des bassins. J’ai fini Ferrari A son image et je viens de commencer Murtoriu de Marc Biancarelli