En vue de notre prochain voyage en Inde j’avais prévu de ne lire que la première partie de la biographie de Kipling intitulée La saga des Anglo-Indiens, prise par la lecture et avec l’arrivée inopinée du Challenge victorien, j’ai poursuivi le gros livre. La première partie m’avait beaucoup diverti. Zorgbibe a dressé un tableau très pittoresque des années de jeunesse de Kipling, sa petite enfance indienne, ses tristes années en Angleterre puis le très british et amusant college Westward Ho, enfin les années de journalisme en Inde. Le biographe a su utiliser les personnages, les intrigues des écrits de Kipling pour tisser biographie et fiction, donner des clés de lecture. Je me suis un peu perdue entre réalité et romanesque avec beaucoup de bonheur.
En 1889, Rudyard Kipling âgé de 23 ans, quitte Calcutta en compagnie d’un couple Américain, effectue presque un tour du monde et redécouvre Londres. Il est déjà un journaliste reconnu. Occasion de croiser Jerome K. Jerome et de nombreux intellectuels et écrivains de l’époque, Thomas Hardy et Henry James masi aussi Rider Haggart auteur des Mines du Roi Salomon (dont j’ai vu une adaptation au cinéma) ainsi que d’autres intellectuels pas forcément connus par les francophones (mais peut être par les participants au challenge victorien) .
Le style de la biographie est bien différent de celui de la Saga : moins de citations moins d’anecdotes amusantes . Notre héros a vieilli, ce n’est plus un potache, c’est une célébrité, une référence pour la politique coloniale de l’Empire. Épousant les préjugés des Anglo-Indiens, il s’engage dans la lutte (et le dénigrement) du Parti du Congrès indien sans reconnaître l’importance de la naissance du nationalisme indien.
Kipling est aussi un grand voyageur : un chapitre du livre de Zorgbibe s’intitule Le globe-trotteur de l’Agence Cook .C’est avec grand plaisir que je découvre le début du tourisme o et que je suis les tours du monde avec sa femme, puis ses enfants, qui le mèneront aux Etats Unis, jusqu’au Japon(où la banqueroute de sa banque le verra ruiné) puis, plus tard en Afrique du Sud où la famille prend ses quartiers d’hiver.
Le personnage de Kipling est complexe.
Si, ses écrits sont principalement d’inspiration indienne, il a finalement assez peu vécu en Inde
Si, il a été propagandiste de la politique coloniale victorienne,
Si, il s’est engagé dans la guerre des Boers, auteur d’un Mendiant distrait,poème patriotique levant des fonds pour les soldats
…..Il a donc bien gagné son surnom de Chantre de l’Impérialisme.
Il a aussi rencontré Mark Twain, fait le voyage des Samoa pour voir Stevenson (sans atteindre les îles). Il a également passé de nombreuses années en Nouvelle Angleterre près de la famille de Carrie, son épouse. Il a inspiré les frères Tharaud, romanciers français qui ont obtenu le Goncourt 1906 pour Dingley, l’illustre écrivain.
Même si des convictions anti-colonialistes empêchent d’être en pleine empathie avec le personnage, la lecture de cet ouvrage parcourant l’Empire de Victoria est passionnante.
Oui, tu as raison, le film de Pasolini sur le « roi des Juifs » est l’un des plus beaux films du monde.
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Effectivement, cela aurait été dommage de s’arrêter à la première partie du livre. Je suis ravie que le challenge t’ai motivé à le terminer 🙂 Cela me donne envie de découvrir cette biographie, et davantage d’oeuvres de Kipling !
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