Nha Trang -Villas Bao Dai

CARNET VIETNAMIEN

villa Bao Dai

 

Au lever du soleil, la lumière est splendide, je découvre avec  émerveillement les villa au sommet d’une étroite presque île. On voit la mer de partout. Dans la végétation luxuriante, les grosses villas (années 40 ou 50 ?) peintes en crème, volets vert foncé et bleu canard. Grand sobriété des lignes, des arrondis, quelques moulures sobres. Charmantes,  un peu désuètes. Les frangipaniers sont en fleurs, les bougainvilliers tranchent sur les murs clairs. Les perrons ont un ciment rose qui figure un tapis.

Dans un creux, une petite crique avec des palmiers. Je m’installe sur le perron pour écrire.

La femme de ménage balaie les restes de la fête. Elle se plante devant moi et me demande mon métier.

-« Professeur », je lui réponds

– « je l’aurais deviné à voir écrire ». Elle a très envie de bavarder. Elle me raconte sa vie, son mari  a divorcé après 15 ans de vie commune, son fils à l’armée…Depuis 22 ans  travaille à la villa, elle s’y sent mieux ici que seule à la maison. Elle apprend l’anglais et veut le pratiquer.

la plage des villas Bao Dai

Au petit déjeuner,  la dame d’hier soir nous offre du jus d’orange et se précipite pour nous apporter de la confiture de fraise et du beurre : un petit déjeuner français ! Sur la table des étudiants danois, des céréales et des yaourts. Les clients asiatiques se servent en phô, riz ou nouilles. Je les imite. La soupe, le matin, me va très bien ainsi que les fruits frais. La salle de restaurant, à l’étage, est vitrée sur deux côtés, la vue sur la mer et les îles est merveilleuse.

Une dame assez âgée m’accueille à la Réception et se répand en excuses :

« Nous ne nous rendions pas compte que vous étiez fatiguées ! ».

Je lui réponds que c’est plutôt à moi de m’excuser :

–  »ce n’est pas parce qu’on est fatigué qu’on a le droit d’être désagréable… »

Après cet échange d’excuses réciproques, la dame me propose une chambre avec vue, avec supplément bien entendu (20$). Je décline son offre. Le parc est merveilleux, l’endroit est si agréable que nous nous contenterons de la chambre sans fenêtre. La dame insiste

–  « Visitez quand même la chambre ! ».

Elle m’accompagne et ouvre la plus belle chambre avec vue  : une chambre de princesse, ou de star de cinéma, ou des personnages d’India Song. Je suis éblouie. 40$ en supplément, c’est une somme ici !  A peine de retour à la chambre, le téléphone sonne. Pour nous, spécialement, en offre exceptionnelle,  15$ la nuit. Pour une chambre de reine ! Nous déménageons !

Nous écartons les grands rideaux au drapé élégant qui ondule dans le courant d’air du ventilateur à grandes pales. La pièce est blanche, très haute de plafond – au moins 5 m- trois arcades avec deux colonnes séparent la chambre à coucher d’un petit salon où deux grands fauteuils de bois sombre se font vis-à-vis, séparés par une table basse. Au fond, une coiffeuse en trois parties, surmontée d’une grande glace rectangulaire à cadre de bois.  Deux grands lits de 140 posés sur un coffre de bois. La tête de lit, une boiserie très sobre, court tout le long des deux lits. En face, un bureau et une armoire modern-style. Les moustiquaires, enfermées dans des coffres au dessus de chaque lit, sont maintenant obsolètes avec la climatisation. Seul le frigo moderne dépare dans le mobilier d’époque. La salle de bain est immense avec deux fenêtres. De la baignoire, on prend des photos, au premier plan, bougainvilliers roses, plus loin, un flamboyant en fleurs, à l’horizon, sur la mer turquoise des voiliers, se balancent. Nous sommes ravies !

Sur la plage, nous choisissons un parasol, un lit de bois et un  transat. Nous serons pratiquement seules toute la matinée. Des gens arrivent, se prennent mutuellement en photo et repartent. D’autres s’installent au restaurant sous la paillote. Très peu se hasardent dans l’eau. Elle ne mérite sûrement pas le pavillon bleu. Des sacs plastiques venant des bateaux sont échoués sur la  plage et flottent près du bord. Quand on a franchi les dix premiers mètres l’eau devient claire et transparente. Un club de plongée a limité un grand rectangle avec des filets qui ne laissent pas passer les détritus. Je m’y baigne sans scrupule. Nous passons donc une très agréable matinée de farniente sous un arbre à larges feuilles. Une masseuse se présente. D a mal au tendon d’Achille depuis des semaines. Elle accepte volontiers le massage des pieds. L’huile de massage contribue-t-elle au soin ? Pendant les 24 heures qui suivront elle aura oublié la douleur.

Un taxi nous conduit au premier guichet automatique (ATM) pour de l’argent frais. Situé dans un hôtel, sur la Croisette, nous y faisons une promenade sous les cocotiers ombrageant des pelouses très vertes. La plage est magnifique et presque vide. Dommage que je n’ai pas mon maillot de bain.

Pour faire quelques courses, nous prenons une rue perpendiculaire. C’est l’occasion de rencontres fortuites avec des vietnamiens francophones. Le premier, travaillant dans une agence touristique, nous fait ouvrir la boutique du voisin. Le second, un cyclo assez âgé commence la conversation en pédalant. Il nous suit alors que nous nous rendons à la Poste de l’autre côté du pâté de maisons .Il dit qu’ »il parle français parce que sa famille n’est pas communiste »( ?) De vieilles vietnamiennes l’arrêtent et montent. Le cyclo poursuit tranquillement la conversation avec nous. Il nous promet de nous promener quand il aura fini sa course.

Peu à peu, les gens arrivent à vélo. La plage et la Croisette se remplissent. J’rai envie de dessiner la palanche d’une vendeuse. Dans un panier, toutes sortes d’ustensiles, suspendues au balancier de bois, des seiches aplaties translucides et rosées, les tentacules tordues comme des vermicelles. La dame pousse son installation pour que je dessine à mon  aise.

Vendeuse sur la plage de Nha Trang

Depuis que nous sommes au Vietnam, plus que le paysage, plus que les monuments, ce sont les gens que j’ai envie de dessiner. A HCMV, le flot des motos me fascinait. J’avais envie de croquer les motos au feu rouge avec leurs passagers, la famille complète en brochette sur une seule moto, les femmes masquées, enfoulardées,   celui qui transporte un bonsaï de bonne taille sur le porte-bagages. Celui qui croule sous une masse de paquets empilés à l’arrière de la moto Difficile de dessiner les cyclo-pousses du balcon de Liberty3. L’un d’eux semble dormir sur son engin mais il décampe avant que j’aie dessiné la deuxième roue.

Pourquoi rester plus longtemps sur la Croisette, maintenant bondée ? UN taxi blanc nous ramène à l’hôtel. Ces taxis ont tous des compteurs. C’est bien reposant de ne pas négocier à l’avance le prix de la course.

La soirée est douce, la lumière, jolie, nous explorons le parc et les autres villas. La plus belle est celle qui coiffe la colline avec sa tourelle et ses balustres bordant la terrasse. Vers 17H45, cela vole drôlement autour de nous. Alerte ! Les moustiques ! Nous n’en avons  pas vu l’ombre d’un à Saigon et à Canthô. Ici, à l’écart de la ville il faut se méfier. D’autant plus que nous ne prenons aucun  anti-paludéen. Retour à la chambre. A regrets, je revêts les pantalons imprégnés et une chemise à manches longues. Je me tartine à la lotion qui sent le coco et me vaporise. Cela semble suffire. Nous reprenons la promenade sans être importunées.

Pour dîner, nous avons commandé des crevettes aux choux, des calamars grillés et du riz cantonais. Service en chambre dans notre suite de star ! Les plats sont ravissants décorés avec des légumes découpés, une fleur de frangipanier dans un radis, au cœur un morceau de tomate, les concombres sont coupés en cinq, les lamelles impaires tendues, les paires enroulées (doigté du piano ).

Encore, ce soir, l’actualité s’impose avec insistance. L’opération israélienne est une véritable guerre. Nous sommes scotchées à la télévision. TV5 d’abord, CNN après. Je commence à comprendre ce qui se passe et cela m’attriste d’autant plus ; pour les Libanais qui subissent impuissants et sont les victimes d’un conflit qui ne les concerne pas. Pour Israël aussi qui reçoit des missiles et qui vit sous la menace des armes iraniennes. Toutes les gesticulations  du Président iranien ont abouti à cela. Comme si la situation avec le Hamas ne suffisait pas, il fallait ouvrir un  front au nord contre le Hezbollah !

 

Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

4 réflexions sur « Nha Trang -Villas Bao Dai »

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