Nha Trang : Po Nagar, plages

CARNET VIETNAMIEN

 

Le Temple Cham de Po Nagar


Les Vietnamiens se lèvent tôt, nous aussi.

5H45, je commence un dessin par la fenêtre de la salle de bain et ,’observe les bateaux multicolores qui emportent les passagers vers les îles.

le charme désuet du passé

Je descends ensuite vers la plage. La chaise d’arbitre en ferronnerie délicate, ornée de volutes, encore en très bon état, est debout dans les lianes, près du court délavé. Les lignes blanches subsistent sur le ciment. Depuis longtemps, aucun filet n’a été monté. India Song, encore, la bicyclette rouge posée contre le grillage…Cette chaise d’arbitre ravive une certaine mélancolie qui émane des lieux. Le charme désuet des endroits déclassés. Du temps de leur splendeur, ces villas devaient rayonner dans leur écrin de verdure soignée. Une armée de jardiniers devaient ratisser, tailler au cordeau les topiaires, arroser les fleurs. Maintenant, les jardins envahis de buissons informes et de lianes ont soif. Contrairement à Saigon, il ne pleut pas ici. La plage privée devait impeccablement balayée. Des yachts à la place des navires marchands. Une société choisie se pressait sous la paillote des cocotiers. Les fêtes devaient avoir un lustre qu’on ne peut pas comparer au « Jacques-a-dit » et au karaoké. C’est justement ce parfum de « has been » qui a du charme. Sont passées des révolutions, des années de communisme. D’ailleurs, les personnages de l’entourage de Bao Dai n’étaient pas franchement ceux que j’aurais aimé rencontrer.

sanctuaire de Po Nagar

sanctuaire de Po Nagar

Après le petit déjeuner, excursion au sanctuaire de Po Nagar.

Les « vieilles pagodes » de Saigon dataient du 18ème siècle si ce n’est pas du 19ème, nous allons voir un site datant du 7ème au 12ème.  J’imaginais donc une sorte de site archéologique. D’autant plus que l’ancien royaume Champa n’existe plus depuis le 18ème. Je n’imaginais pas que des fidèles  puissent se presser dans cet ancien sanctuaire hindouiste pour honorer l’ancienne déesse.

autel et offrandes

Il y a foule quand nous montons les marches qui mènent aux temples. Des colonnes octogonales précèdent l’esplanade des temples sur un plateau. La montée est ombragée par de grands arbres. Les  trois pyramides ressemblent aux stupas de Thaïlande. L’une d’elle est très haute, très décorée, la voisine plus abîmée par l’érosion, la troisième beaucoup plus petite. Sur une table en des offrandes sont prêtes des petites pyramides de,: fruits, anones vert pâle, fruits du dragon rose vif Devant chaque temple, un chaudron pour piquer les baguettes d’encens. Nous ne sommes pas dans un site archéologique mais dans un lieu de culte bien vivant. Ici, on honore l’aspect masculin de Shiva au nord, l’aspect féminin  au sud, son épouse Bhâgavata, la déesse mère, Po Nagar.

apsara?

Tout d’abord, nous sommes désorientées. Nous cherchons les points cardinaux,  pour repérer les éléments cités dans nos guides. Progressivement, dans les pyramides de brique, nous découvrons des têtes de grès, des animaux, des bas reliefs de plus grande taille dans les briques : un grand éléphant, la gueule d’un lion deviennent visibles.

Des familles endimanchées se pressent devant les stèles, déposent leurs baguettes d’encens. Nous réalisons que nous sommes les seules en short. Des photographes professionnels officient. On vient les chercher. Ils organisent les groupes, les alignent, faisant poser les pieds une position bien précise. Ils promènent le groupe dans différents endroits du site.

Après une bonne heure de visite, je me pose pour dessiner. Dessiner est la meilleure façon d’analyser l’architecture. Je saisis alors  comment la symétrie s’organise autour des fleurs de lotus superposées, je distingue les pyramides inversées. Puis les animaux et les têtes de grès prennent place.

La rivière Cai

fruits du dragon

Deux ponts enjambent l’estuaire de la rivière Cai .Nombreux bateaux de pêche sont à l’ancre. Une très jolie petite île porte juste une pagode au toit incurvé encastrée entre de gros blocs de granite, sous deux arbres, un cocotier et un feuillu en forme de parapluie.

Pour aller au promontoire Hon Chong nous traversons un  petit marché. Une femme cuit des galettes de riz dans des mini-crèpières sur les braises. Elle les fourre avec toutes sortes de bonnes choses : vermicelle, crevettes, herbes, piment. Nous y aurions bien goûté !je me contente de les photographier. Une femme me pousse son fils devant l’objectif. Je le prends en très gros plan, le télé était au maximum. Je lui montre le résultat sur le petit écran. Elle est ravie. Je me félicite de mon nouvel appareil numérique. Cela crée des rapports totalement différents s avec des inconnus. Le petit appareil tout plat est perçu comme moins agressif  que le zoom qui évoque une arme. Les gens découvrent leur image, ils pensent exercer un contrôle, tout simplement ce miroir d’un autre type leur plaît.

Bateaux-paniers sur la plage

Il fait très chaud, pas un nuage, pas d’ombre. Nous arrivons à  la plage. Un homme, debout dans l’eau jusqu’aux épaules, bat la surface de l’eau avec un gourdin : il pêche. Un autre calfate son bateau-panier tressé. A la hauteur d’une toute petite île à quelques dizaines de mètre du rivage, une femme nous propose d’aller sur l’île. Elle fixe le prix du passage à 30 000 dongs. C’est très cher mais nous acceptions. Un groupe de gamins nous escorte. Le bac est une barque assez haute, le débarcadère un pneu dans les rochers.  J’irai seule visiter la pagode de l’île minuscule. Je suis accueillie par Quan Am et un dragon de Disney. Quatre parasols métalliques sont posés là, un peu plus loin, un auvent abrite un gong. C’est tout ! En trois minutes, j’en ai fait le tour !

Quan Am et le dragon

Le promontoire de Hon Chong est une petite pointe granitique avec un joli chaos, et une petite plage. Des vendeuses ont colonisé le moindre endroit à l’ombre. Dominique trouve quand même un petit acacia pendant que je nage dans l’eau transparente. Une baignade à inscrire dans les annales !

une baignade mémorable!

Déjeuner léger : rouleau de crevettes et assiette de fruits  pour moi, cocktail de crevette (bien décevant) et légumes sautés  pour Dominique.

Des clameurs viennent de la plage. C’est dimanche et plusieurs cars ont déversé leur cargaison. Nous attendons le milieu de l’après midi pour retrouver nos chaises longues sous notre arbre à la plage. La masseuse nous reconnaît et fait  unmassage plus énergique que celui d’hier.

Un escalier part du minuscule débarcadère pour les îles. Il conduit à la grande villa entre deux rangées de flamboyants défeuillés qui ont soif. Je commence à mieux saisir l’ordonnancement des plantations masqué sous le fouillis de broussaille. Les arbres n’ont pas été plantés au hasard.

Nous dînons : porc au caramel, rouleau de crevette et riz devant la télévision. Le Liban, quelle désolation !

 

Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

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