Hué : sampaniers et Cité Interdite

CARNET VIETNAMIEN

 

les sampaniers vus de l’Hôtel Riverside

Sampaniers.

Matin 6h30 : trois femmes, pantalons relevés, font la lessive dans le fleuve. Une petite fille accroupie lave la vaisselle. Une femme âgée, un chapeau sur la tête, rince six grand paniers ronds.
Après midi à la terrasse du Riverside, devant moi, un délicieux jus de fruit du dragon mixé exprès pour moi, débarcadère privé, marches blanches, palmiers, lampes aux grosses boules ponctuant deux balustres, symboles de luxe. Je regarde vivre les sampaniers. Ces nomades du fleuve, ont leurs maisons sur leurs petites embarcations et se déplacent sur des plus petites et plus fines encore et plus légères. Pauvres abris : sur une barque à fond plat à curieuse proue relevée terminée de face par une sorte de pyramide tronquée, on a posé des arceaux. Trois, quatre, ou cinq arceaux et dessus tout ce qui peut donner un peu d’ombre et garantir de la pluie. Les mieux logés ont construit une sorte de maison flottante avec des tasseaux et des tôles ondulées. Les plus pauvres ont posé des bâches plastiques bleues sur les arceaux. Ils utilisent toute une variété de matériaux, le papier goudronné, les canisses – les plus beaux – le plastique en rouleaux. De la proue à l’entrée un fil est tendu avec du linge qui sèche. A l’arrière, tout un débarras. Pas de pot de fleur pour le Génie du fleuve, il n’y a nulle part pour le poser. Pourtant un petit chien noir et blanc navigue avec eux.
Au milieu de la rivière des Parfums, un îlot minuscule porte un arbre. Sous son ombre au moins six bateaux se blottissent. J’essaie de compter les embarcations : un très gros bateau seul, une maison flottante, puis sept regroupés, une dizaine sur deux lignes, une trentaine plus loin. Tout un village ! Avec le soir, je vois s’allumer des tubes bleutés. Hier soir, de grandes flammes brillaient, dans un brasero peut être ? Quelque fois une fine pirogue part avec un chargement d’herbes ou de sable. Quand la barque a un moteur elle est pilotée par un homme assis au fond. Quand elle possède des rames c’est le plus souvent une femme, debout, arquée coiffée du chapeau conique.
Ce matin, j’ai vu les enfants partir en classe. Le soir, ils se baignaient dans l’eau. Une pirogue pousse de longs piquets flottant en formant un triangle (bois ou bambou ?). La barque est à la pointe du triangle. Comment sont- ils attachés ? Deux triangles flottent maintenant près de la berge.
J’ai  honte  face à ce dénuement.
Cité Interdite

Belvédèredes 5 phénix et entrée de la cité

Le nom est tout un programme ! Faste et étiquette impériale. Prestige de ces murs clos. On ne peut y pénétrer que par une seule porte. Maintenant encore, une sélection s’opère. Les touristes ne sont pas autorisés à entrer par la même entrée que les Vietnamiens.
La cité Impériale des Nguyên (1802-1955) a été construite sur le plan de celle de Pékin. Détruite pendant les guerres, qui se sont succédées, seule une partie a été restaurée. L’entrée principale , la Porte sud supporte le Pavillon d’apparat : le Belvédère des cinq Phénix. C’est là que le dernier empereur BaoDai a remis son épée en 1945 au gouvernement de HôChiMinh. Les marches pour y accéder sont raides. De ce belvédère, l’empereur dominait une vaste esplanade et les cours de la Cité Impériale. Il faut enjamber les montants sur lesquels les portes pivotent ou coulissent ; je suis toujours surprise. Regardant en l’air, je m’y cogne souvent. On arrive dans de vastes salles supportées par des colonnades. Difficile d’imaginer l’ambiance alors. La salle était- elle meublée ? Ou seulement le trône et les ombrelles ? Un tableau, au mur, montre les courtisans, mandarins et militaires rangés ans les cours. Les boiseries sont peintes – rouge, or, noir – les tuiles vernissées jaunes et vertes. La tenue d’apparat de l’Empereur, visible dans une exposition plus loin, était brodée de nombreux motifs : dragons, nuages, montagnes, colonnes d’eau ( ?), les teintes dominantes, or et bleu.

Hué : cérémonie dans la cour intérieure

Pour arriver au Pavillon de la Suprême Harmonie, on passe sous un portique très coloré,  un petit pont enjambe les Eaux Dorées (je recopie ces noms avec gourmandise, ils décuplent la poésie des lieux). Une vaste esplanade nous sépare encore du Pavillon de l’Harmonie Céleste. Deux animaux fantastiques, sortes de griffons, des lions peut être, gardent cette grande place. Des stèles marquent les emplacements où devaient se ranger les mandarins à la parade, selon leur rang. Le Pavillon de la Suprême Harmonie est très impressionnant avec ses belles colonnes laquées de rouge aux motifs or de nuages et de dragons, sinueux et contournés. Des lampions dorés décorés de peintures précieuses sont suspendus. Sur une estrade, le trône. Le Palais de la Suprême Harmonie est aussi appelé Palais de la Concorde Absolue. Toutes ces appellations  me ravissent.

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Hué : Porte de la Cité Interdite

Spectacle de cour
1er spectacle à 9h au théâtre Royal.  Nous prenons place au premier rang sur de larges fauteuils rouge et or de bois sculpté. 9h, rien ne se passe. 9h05, je commence à m’inquiéter. Deux jeunes filles sont assises : ce sont les danseuses. Il n’y aura pas de spectacle faute de spectateurs. Revenez à 10 heures !

Danse des éventails dans le théâtre de la cité Interdite de Hué

En attendant, nous visitons la bibliothèque en cours de rénovation. Ces restaurations sont splendides mais il me plait qu’il reste des vieilles tuiles ayant perdu leur vernis et des décors écaillés. Les tesselles des mosaïques sont des débris de bouteilles pour les verts et les marrons et de la vaisselle de porcelaine pour les bleus. On retrouve les fleurettes qui ont décoré des tasses fines. Nous nous étions promises de ne plus photographier de dragons ni de personnage surmontant les faîtières mais nous faisons ici une exception…
Des musiciens habillés de jaune se présentent sur l’estrade et sont rejoints par un autre groupe. D’un côté, les cordes de l’autre les percussions. Un dragon de tissu, comme ceux du Carnaval, fait irruption sur la scène, puis un quatre. Je suis un  peu déçue. Je n’imaginais pas des personnages de foire dans un spectacle de cour. Ma déception est de courte durée. Les deux ou trois danseurs qui actionnent les dragons dansent à la perfection. Les chenilles qui me paraissaient lourdaudes sont mues par une chorégraphie sophistiquée. Brusquement un troisième personnage est expulsé ? C’est le Bébé Licorne qui s’éveille à la vie (je n’avais pas reconnu la Licorne mais c’est écrit dans le programme). Des danseuses sont cachées derrière des éventails de gaze verte aérienne. J’essaie de filmer. C’est pour moi une nouveauté. Le spectacle se termine par une autre danse : danseurs et danseuses portent un lotus rose translucide contenant une vraie bougie allumée. Des pyramides se défont et se reconstituent.
J’ai perdu le Petit Futé. Dommage, il était très bien !

Hué citadelle chaudrons

Temple des générations
Il ne reste plus grand-chose de la Cité Pourpre Interdite, une vaste pelouse où évoluent des éléphants pour le plaisir des visiteurs. Plus loin, à l’écart le Temple des Générations, solennel est impressionnant. Il contient les tablettes de dix membres de la dynastie Nguyên. Il faut se déchausser et se déplacer silencieusement devant les mânes des anciens empereurs. Malheureusement nous sommes bien ignorantes et n’arrivons pas à identifier tous ces souverains malgré leur photo. Un pavillon très calme, très coloré plus fantaisie avec des portiques garnis de clochettes et décorés de motifs charmants oiseaux et fleurs, nous a beaucoup plu. C’est l’endroit le plus frais, le moins intimidant, le moins solennel de la Cité Impériale. Nous le quittons avec regrets pressées par de préoccupations prosaïques.
Courses
Je rentre sans complexes dans le plus bel hôtel de Hué : le Saigon Morin. Nous avons pris l’habitude de visiter les hôtels : à Bangkok, l’Oriental à la Havane le Nacional…On peut y trouver des renseignements intéressants. Arrêt ensuite à l’ATM (en vietnamien dans le texte). Non loin de là, se trouve le quartier Routard avec ses agences de voyage appelées ici »Cafés », les cybercafés, les épiceries qui vendent tout ce qu’un Européen peut bien désirer en voyage. Nous pourrons nous renseigner pour les excursions en dehors de Hué.
14H, retour à Riverside,
Le ciel s’est chargé de nuages, il fait lourd. Nous faisons une sieste dans la clim. Je retourne vers 5 heures dessiner les maisons flottantes de la rivière des Parfums. Une grosse goutte et une averse me chasse mais je peux encore assiste à un coucher de soleil en technicolor sur la terrasse du 5ème étage.

Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

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