Hué : : Tombeaux des empereurs

CARNET VIETNAMIEN

 

Hué mausolée Minhmang

Faux départ

Le rendez vous de l’excursion en bateau est à 7H45. Nous attendons au débarcadère, cela nous paraît être du dernier chic. On vient nous chercher, mais…à moto. D est formelle : elle ne montera pas sur une moto. Jamais ! Je lui objecte qu’elle l’a bien fait en Afrique. Rien à faire. Les Vietnamiens ne comprennent pas. La moto c’est naturel pour eux. Tout le monde se déplace ainsi, jeunes, vieillards, bébés. Une famille entière en brochette…La jeune fille de la réception est furieuse contre nous. Nous ne sommes pas coopérative. Elle non plus !

Et voila notre journée sur la Rivière des Parfums fichue ! Je suis consternée. Est-ce qu’on ne pourrait pas aller au débarcadère en taxi ? Trop tard. Il reste une solution. Mais cela va vous coûter cher ! Pour 500 000VND, nous pouvons louer une voiture avec chauffeur. Le prix est encore raisonnable. De toutes les façons, il faut sauter sur l’occasion. Quand va-t-il venir ?

L’hôtesse nous intime l’ordre de nous asseoir sur les fauteuils du lobby. Elle est dépassée par les évènements. Un groupe part en excursion. Un autre arrive avec ses bagages. Le personnel du Riverside est tout sauf efficace – aimable le plus souvent – mais pas du tout dégourdi. L’hôtel trois étoiles a perdu l’étoile du milieu qui est tombée du mur. La lessive a mis deux jours à revenir! (La machine à laver est en panne, ils l’ont porté à la laverie). Le restaurant tout à ait quelconque pratique des prix exorbitants. Et la souris de l’ordinateur fait des caprices.

Voiture avec chauffeur

Hué mausolée Minhmang2

Au lieu d’attendre la voiture sans rien faire il serait plus avisé de préparer l’itinéraire. Par chance, le guide du groupe francophone attend ses clients dans le hall. Nous faisons appel à lui. Il nous conseille trois tombeaux joignables sans problème en taxi.

Notre voiture est noire avec des vitres fumées, Mazda.  La clim à fond donne une température polaire. Il y a même un vaporisateur de parfum là où on a l’habitude de trouver des bouddhas verts ou des animaux qui hochent la tête. Le chauffeur est très stylé. Il parle un peu anglais. Pas assez pour soutenir la conversation ou commenter le paysage. Il a très bien compris ce que nous voulons faire.

Mausolée de Minh Mang

Hué mausolée Minhmang : cour des salutations

Nous commençons par le tombeau de Minh Mang, le plus éloigné (3 étoiles au guide Evasion) Il est situé en pleine campagne. C’est un plaisir que de regarder le paysage, les crêtes des montagnes qui s’échelonnent dans le lointain, les villages enfouis sous une végétation abondante, bananiers, manioc, soja, jardins de légumes et arbres fruitiers. Le long de la route, on vend toutes sortes de fruits : énormes jacques, bananes, oranges à la peau verte,  ramboutans, longanes, mangues, papaye et même des grenades.

Hué mausolée MInh Mang lac de la Lune

L’empereur a choisi un site magnifique. Il s’est appuyé sur le relief existant en modelant à son gré le cadre naturel. Passant sous un portique, on entre dans la Cour des Salutations bordée de deux files de statues 1 éléphant, un cheval et des mandarins aux fines barbes et aux costumes ouvragés. Une longue allée monte au pavillon de la Stèle. De chaque côté, un lac dans son écrin de pins. Une grande sérénité se dégage de ces pièces d’eau. L’allée se poursuit dans le prolongement de la stèle jusqu’à un pavillon carré rouge : le Pavillon de la Grâce Immense, entouré du lac de la Clarté Pure. Toujours en enfilade, la Porte Hoan Trach mène au Lac de l Lune Nouvelle. » Ce petit lac est en forme de croissant il entoure le tumulus impérial (le soleil) marquant la séparation entre le monde des vivants et le monde des morts. » (guide Evasion). Bassins et jardins dessinent l’idéogramme « Longévité ».

Les arbres sont magnifiques. La présence de l’eau, des végétaux, l’harmonie entre les constructions et la nature font de ce mausolée un endroit absolument charmant. On oublie la dimension funéraire pour ne retenir que l’ensemble parfait. Encore que, parler de nature, doit être nuancé. Les lacs sont artificiels, les arbres élagués artistiquement. La nature est drôlement sophistiquée !

Tombeau de Khai Dinh

Hué mausolée Khai Dinh

Le mausolée de Khai Dinh (1916-1925) est complètement différent. Mélange de style oriental et occidental (Hachette Evasion). Tout ce qui était harmonie et bon goût, accord avec l’environnement, sérénité au tombeau de Minh Mang, tout est oublié. Il ne reste que la pompe et le faste. La matière – le béton- n’a aucune allure. L’ensemble tient du monstrueux calvaire –quel chemin de croix que les 139 marches raides et hautes !- gris, lourd et pompeux. Les dragons manquent d’humour, les mandarins de l’Esplanade  des Salutations sont raides et ennuyeux, ils ressemblent aux poilus des monuments aux mots de la guerre de 14 des places de village !

Mausolée Khai Dinh cour des salutations

Mais nous n’avons pas gravi tous ces escaliers pour rien. L’intérieur du Temple de Culte, bâti au sommet est décoré de mosaïques particulièrement réussies. Le baldaquin de béton est couvert de mosaïques colorées. C’est presque baroque, en tout cas peu banal. Les motifs floraux subissent une influence Art Déco. Je passe outre l’interdiction de les prendre en photo.

Hué mausolée Khai Dinh fleurs Artdéco

11heures, heure du déjeuner vietnamien. Avant que les étals de fruits ne soient repliés, il est temps d’acheter un  pique-nique. Le chauffeur m’accompagne, j’achète une livre de ramboutans, un fruit du dragon et six bananes. Très obligeant, le chauffeur insiste pour que la marchande pose ma marchandise sur la balance. Mauvaise pioche ! il y avait 600 grammes de ramboutans,  la fruitière en enlève une poignée !

Mausolée de Tu Duc

Hué mausolée Tu Duc

Le troisième tombeau est celui de Tu duc (1847-1883). Fin lettré, Tu Duc venait écrire des poèmes et admirer les fleurs rares et les oiseaux dans de petits chalets sur pilotis installée sur une pièce d’eau, maintenant fleurie de lotus. Une allée sinueuse en fait le tour. Des pins antiques et des frangipaniers vénérables donnent une fraîche ombre. Nous montons ensuite l’allée qui mène au monument funéraire. Toujours les étapes imposées : le Pavillon de la Stèle, la Cour des Salutations, enfin le Tertre Royal entouré du Mur Précieux, protection contre les mauvais esprits.

Hué mausolée Tu Duc

Un charme spécial émane des vieilles constructions qui n’ont pas encore été rénovées. Les tuiles on perdu leur lustre, installées en rang serré. La mélancolie sied particulièrement bien à cet empereur poète. Pendant que je dessine le pavillon de bois sur les lotus, je remarque des enfants nageant à demi nus dans le bassin. Peu après, un homme crie, lance des pierres. Que chasse-t-il ? Les enfants qui sortent des tiges en portant les fruits du lotus et qui fuient pieds nus. Que vont-ils faire des lotus ? Ils mangent les graines. Font mine d’escalader le mur et se cachent pour retourner à l’instant.

pagode

 

Notre dernier arrêt est une pagode situé non loin de là : Pagode Tu Hieu. Ici, pas de visiteurs. Près de l’entrée, une jolie pièce d’eau où fleurissent lotus blancs et nénuphars mauves. Une allée monte vers la pagode. Dans un beau parc, à l’ombre d’un vieux banian aux racines aériennes enlacées et de frangipaniers odorants, de jacquiers, nous trouvons une table de pierre et des tabourets. L’endroit est offert pour un pique-nique frugal de fruits.  La voix mélodieuse d’un bonze nous accompagne. Dans la pagode, de nombreuses femmes et quelques enfants sont allongés tan dis que le bonze assis chante. Dorment elles ? C’est l’heure de la sieste. Ou sont elles plongées en prières.  Les bâtiments du monastère sont ouverts. Comme deux autres touristes accompagnées d’un Vietnamien entrent, nous nous enhardissons à les suivre. Les habits jaunes sèchent sur des fils. Des petits bonzes et des bonzesses, crâne rasé et habits gris arrivent. D’autres, toujours en gris ont gardé leur chevelure. Ils se laissent volontiers photographier. Plus loin, un terrain de handball (ou de foot) une salle de classe. La pagode semble héberger une école. Plus bas, près de l’eau, un bonze en habit marron lit, installé dans un  hamac entouré d’enfants qui s’amusent autour de l’eau.

De retour à Hué

Nous sommes un peu saturées de visites. Notre chauffeur, très aimable nous accompagne pour nos courses en ville. Comme le photographe ne demande qu’une heure pour faire les tirages, nous visitons encore une pagode près du marché : Dieu Dé. Ici, aussi des prières, encore des femmes de tous âges qui s’agenouillent, se prosternent tandis que le bonze chante. Cette pagode est située près d’un canal aux eaux très vertes dans un quartier calme tout près de l’agitation du grand marché.

Vers 16H nous nous installons à la terrasse de l’hôtel en bordure de rivière pour écrire et ranger les photos. Nous en avons maintenant plusieurs centaines. Si nous attendons notre retour en France pour les classer nous ne reconnaîtrons plus rien !

 

Bruyante soirée

 

20H30,Dans la chambre contiguë  nos voisins font un karaoké privé. Ils ont dû apporter le lecteur de DVD de chez eux. Cela fait un  bruit infernal. On n’entend même plus TV5 .La dame de l’étage qui vient nous apporter les T-shirts propres constate le vacarme. Quelques minutes plus tard le téléphone sonne à côté. Les voisins font cesser le tapage. Nous sommes même gênées. Il n’est pas dix heures. La réception appelle ensuite chez nous pour savoir si nous sommes satisfaites.

 

 

Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

Une réflexion sur « Hué : : Tombeaux des empereurs »

  1. J’aurais sûrement aimé tous les lieux que tu as visités, mais nettement moins l’intendance ! C’est compliqué dis donc le tourisme dans ce pays-là, il faut avoir la santé ..

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