10ème jour : Epidaure

CARNET PÉLOPONNÈSE ET CRETE 1999

 

voie sacrée et Propylées

Baignade du matin

Nous n’avons pas pu renoncer à la baignade du matin. C’est vraiment un moment privilégié : il n’y a personne dans l’eau sauf les pêcheurs sur leurs embarcations à rames. L’eau est lisse complètement transparente. Avec le masque, nager prend un nouvel intérêt. Chaque jour, je découvre une nouvelle variété de poissons, de nouvelles couleurs, de nouvelles rayures. Ils sont paisibles, broutent le fond de l’eau. Dominique me montre comment observer en s’accrochant à un rocher. J’ai l’impression d’être tombée à l’intérieur de l’aquarium :  abondance de vie insoupçonnée. Le rocher est tapissé d’anémones de mer au contact bizarre quand je les frôle. Les poissons sont très nombreux.  L’un d’eux a des couleurs très vives : vert, orange, jaune. J’ai pris de l’assurance avec le masque. J’économise mes gestes. Je flotte entre deux eaux, quasiment immobile .C’est très reposant.

Théâtre d’Epidaure

 

Théâtre d’Epidaure

Pour arriver à Epidaure, le matin nous avons le soleil dans les yeux. La route était plus belle vendredi soir ; le parking est déjà occupé par de nombreux cars quand nous arrivons. Nous suivons donc un groupe francophone dans le théâtre. La guide dessine sur le sable des triangles isocèles pour expliquer les calculs d’acoustique des architectes. Il y a 12000 places ? Démonstration : le bruit d’un papier froissé, d’une pièce, s’entend du haut des gradins. Puis elle donne rendez-vous à ses ouailles 10 minutes plus tard dans le car. Nous sommes délivrées des groupes dès que nous dépassons le musée

Restauration de la Tholos

Le travail des archéologues ou des tailleurs de pierre : anastylose.

Le site d’Epidaure fait l’objet de restaurations importantes. Plusieurs équipes d’archéologues, des tailleurs de pierre, des maçons, des terrassiers travaillent à remonter la Tholos, rotonde très curieuse figurant au sol une sorte de labyrinthe avec plusieurs cercles de colonnes et de murs . Les colonnes ont disparu mais on remonte les murs avec les blocs pris sur le site. Comme il manque de nombreuses pièces, des artisans façonnent de nouveaux blocs dans lesquels s’imbriquent les vestiges retrouvés. On utilise les techniques en vigueur au IV° siècle, les burins, coins marteaux et les matériaux trouvés sur place : du calcaire rose très dur. Bien sûr il manque la patine, mais c’est un des principes de la restauration : on doit pouvoir faire la différence entre l’authentique vestige et ce qui a été rajouté, sans que l’oeil ne soit choqué, la restauration doit rester visible.

Le calme et la paix qui avaient tant impressionné Miller sont troublées par tous ces travaux, les bruits des pelles, des marteaux, des chaînes et des poulies. Mais c’est un joyeux bruit. C’est fascinant de voir les archéologues, plans et calques en main, retrouver l’emplacement précis d’un tout petit bloc tout cassé qu’on aura enserré dans un gros parallélépipède de calcaire frais dans lequel on a sculpté un vide. Et tout s’encastre. De grosses mâchoires en fer suspendues à des chaînes ne doivent pas différer beaucoup des engins de levage antiques. Seule concession au modernisme : un pont roulant permet d’aligner les gros blocs. Peut  être existait il aussi ?

Pèlerins d’Asclépios

Nous ne croiserons que trois personnes sur la grande place. Nous prenons notre temps pour lire que les serpents d’Asclépios étaient gardés dans la petite Tholos. Nous retrouvons les thermes grâce au système de canalisation des eaux et aux rigoles d’évacuation des eaux. Les abatons sont étonnants : ce sont  les dortoirs où étaient logés les pèlerins d’Asclépios. Après avoir été purifiés et avoir jeûné ils dormaient là et faisaient des rêves qu’ils faisaient interpréter par les prêtres d’Asclépios. Ici ce n’était pas Lourdes, mis plutôt Freud. . L’endroit paraît très indiqué pour envoyer une carte à Roberte.

Bois sacré

Nous trouvons la Voie Sacrée et les Propylées à l’entrée du sanctuaire. Le charme d’Epidaure, c’est son site boisé. Dès l’Antiquité, il y avait un Bois Sacré. Nous nous trouvons à l’ombre de très grands pins qui embaument. Dans les zones très visitées on a planté des rangées de lauriers roses, magnifiques très touffus, j’avais oublié leur parfum. Quand la chaleur est intense, les vapeurs exhalées par les pins, les cyprès, les lauriers roses épaississent l’air d’un parfum presque suffoquant. Je retrouve ici les odeurs d’Israël. Des images très nettes surgissent un court instant. Peut être est ce aussi une des magies d’Epidaure que de faire émerger des rêves ou des images de l’inconscient ? Pour moi, point de sommeil à l’abaton, il suffit les senteurs.

Pour le pique-nique, nous avions repéré à l’aller une petite chapelle blanche au dessus d’un village. Nous la retrouvons assez facilement. Une piste sablée très raide mais en bon état. Je suis un peu déçue parce que la « vieille chapelle » est toute neuve et que les tuiles rouges qui couvriront la coupole blanche ne sont pas encore posées mais sont empilées à proximité. Pour ce qui est de déjeuner, l’endroit est idéal, la vue est dégagée. Il y a longue table et des bancs, un robinet et de l’eau fraîche. De notre perchoir nous voyons encore des ruines d’une cité mycénienne, nous observons les cigales.

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

2 réflexions sur « 10ème jour : Epidaure »

    1. @ claudialucia : les touristes arrivent en car, on les mène au théâtre, on jette une pièce ou on froisse un papier, après avoir testé l’acoustique, dix minutes de photos et rendez vous au car!

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