Atlantique, Anti-Atlas, Atlas et riads des 1001 nuits

De l’extérieur, le Riad M’Haïta, ne paye pas de mine. La rue est étroite, des boutiques miteuses jouxtent une mosquée moderne.
Une porte métallique peinte en bleu et un écriteau. Quand on la pousse, on découvre le riad : un jardin planté d’orangers en fleurs, un pamplemoussier chargé de fruits, des hibiscus rouges, des fleurs jaunes, une rangée de cannas. Tout autour, un damier noir et blanc cassé par une fine frise qui souligne les recoins. Le bas des murs d’habitation est carrelé de bleu et blanc avec des motifs végétaux et compliqués surmonté d’une rangée de petites bouteilles réversibles. Au-dessus le mur est blanc. Portes et fenêtres laquées de bleu marine. Tables et guéridons sont carrelés de bleu et blanc. Les chaises sont en fer forgé très sobre et très moderne.
Dans un recoin, un salon de rotin près d’une cheminée rehaussée construite en briques. Notre chambre donne sur le jardin. Elle est aussi dans une harmonie bleue et blanche. Deux lits avec des couvre-lits à rayure, un kilim bleu rebrodé au mur, une belle lanterne. Sur chaque lit, un peignoir blanc.

La cuisine et le salon qui occupe le fond du jardin sont dans des teintes rouge et blanc. Un très beau pavé, brique jaune et noir. Deux banquettes recouvertes de tissus à rayure noire beige et brun clair surmontées d’un kilim berbère jaune orangé avec des motifs animaux stylisés d’une grande beauté. Deux lanternes suspendues à des lampadaires de fer forgé bornent le salon avec la belle cheminée surmontée d’une hotte arrondie peinte en rouge. De l’autre côté : la salle à manger blanche et rouge. Grande table laquée de blanc découpée par un chemin de table à larges bandes rouges. L’escalier très sobre sans rampe est brun rouge. Un pilier est souligné d’un carrelage rouge et blanc.
L’étage, une jolie terrasse et des chambres de rêve, baldaquins, et carrelage. La dernière a même son hammam privé. Comme nous sommes seules à occuper le riad nous y aurons accès.
Je suspends ici la description minutieuse de chaque pièce. L’énumération des splendeurs serait fastidieuse. Nous vivons dans un palais. Pour nous seules. Latifa est la Gardienne de ce palais. C’est une petite dame voilée de blanc en robe de lainage bordeaux tricotée avec un petit tablier blanc de soubrette et un visage souriant. Comme nous sommes les seules hôtes du riad, elle sera entièrement à notre service. C’est une situation inédite pour nous. Qui n’avons jamais eu de domestique sauf une femme de ménage à Madère, une heure par jour, qui ne sachant que faire chez nous avait plié nos vêtements dans l’armoire ce qui nous avait plus gêné que plu.
Latifa nous fait visiter toutes les pièces puis nous propose un thé ou un jus de fruit. Elle cueille les pamplemousses sur l’arbre et revient avec une cruche et des grands verres. Nous lui avons demandé des salades pour midi et commençons à savourer la vie de château assises dans les fauteuils de rotin du salon de jardin.
Il fait plus chaud à Taroudant qu’en montagne. Nous quittons avec plaisir jeans et polaires pour des tenues légères. Latifa tire le rideau blanc suspendu à une tringle torsadée pour faire de l’ombre à la table extérieure. Elle apporte deux saladiers : concombres à la crème et salade marocaine de tomate, poivron oignon. Elle a ôté la peau des tomates et a coupé très fin tous les ingrédients .J’essaie de deviner l’assaisonnement : persil, sel poivre, citron. Le parfum exotique vient du cumin. Il faudra s’en souvenir pour parfumer une salade originale. Nous trempons notre pain tout frais et tendre dans la sauce. Je ne sais pas si cela se fait dans un riad mais c’est si bon ! Latifa a saupoudré les tranches d’orange avec de la cannelle.
Comme nous en sommes au café, Lahcen propose ses services comme guide. C’est un colosse brun qui parle très bien le français. Il a été mécanicien à Paris place Clichy. Nous préférons découvrir seules la ville. Mardi il nous conduira dans son village. Il nous montre les statuettes africaines et nous parle du riad. C’est une maison de famille. En quelque sorte, cela me fait plaisir. Nous avons envoyé les chèques à des banques parisiennes et j’étais un peu contrariée que notre argent ne profite pas à l’économie marocaine. Dans le Métro parisien, des affiches invitant à investir dans l’immobilier à Marrakech m’avaient consternée. Au moins, les propriétaires n’ont pas que des intérêts financiers ici, ils ont aussi une histoire personnelle à Taroudant. Selon Lahcen, le riad original a été coupé en deux. C’est ce qui explique la construction en L de la maison et les deux carrés plantés. Dans les riads que nous avons visités le plan était immuable : quatre massifs. Les deux autres carrés se trouvent donc de l’autre côté du mur chez les voisins. Pour vérifier cette théorie je monterai sur le toit et découvrirai les plates-bandes manquantes ainsi que les jardins intérieurs des autres voisins. Ce quartier, extérieurement sans prétention, cache de jolies demeures ; comme souvent au Maroc les murs extérieurs ne laissent rien deviner.
Je suis totalement d’accord avec cet article.
Avec mon mari nous y sommes rester que 3 jours, j’aurai voulu y rester le double voir plus. C’est véritablement un palais : la décoration des pièces est magnifique, le jardin est somptueux. Et que dire de Latifa, une perle (et une excellente cuisinière !)
J’ai également beaucoup aimé la visite du village (une excursion à ne pas rater).
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