Atlantique, anti-Atlas, Atlas et riads des 1001 nuits
Un épais brouillard recouvre la ville. Il fait si frais que nos paroles se condensent en sortant de notre bouche. Pour tenir dehors, j’ai enfilé la polaire achetée pour Saint Petersbourg et le gros pull irlandais. Aux pieds, j’ai les chaussons tricotés à la main en Turquie. Latifa a fait encore plus de crêpes.
Palmeraie de Tioute
Lahcen nous a prévenues: « Tioute c’est très touristique ! «
La Casbah est défigurée par un restaurant panoramique. Je m’amuse à retrouver les cours et les étable « vus du ciel » avec le même plan que les fermes de Tiouaïnane. Un garçon d’une quinzaine d’année aux couleurs de l’équipe de France, une badine à la main, nous aborde. Patiemment, on lui dit que nous ne voulons ni guide, ni âne qu’on veut seulement se promener dans la palmeraie, dessiner, prendre des photos sans se presser.
-« les gens pressés sont déjà morts », rétorque-t-il. C’est bien trouvé mais c’est un cliché qui circule beaucoup au Maroc.
Il nous menace alors des sangliers très nombreux et des serpents venimeux.
Nous éconduisons avec moins de précautions un second ânier qui a prestement escaladé les rochers. Il se plaint :
-« quels touristes ! je ne vous ai rien demandé ! », Marmonne-t-il.
Nous fuyons donc la terrasse panoramique et descendons au village.
C’est jour de marché. A l’arrière sur le « parking » les ânes sont nombreux. Pauvre petit marché ! Chacun a apporté quelques kilos de tomates, un petit tas d’oignons ou des petits pois. Il est dix heures, le marcher vient de commencer et il n’y a pas grand-chose à acheter.
Le village attend les cars de touristes. Les ânes sont alignés. Une procession montera vers le restaurant sans peur du ridicule.
Sur le parking, un petit garçon se propose comme guide. Il insiste et me suit en silence. J’invente un nouveau stratagème : à la vue d’un très joli oiseau, je sors les jumelles et fait « chut ! » à mon petit poursuivant. Il ne désarme pas. Puisque je veux des oiseaux, il va m’en montrer ! Il sait marcher sans bruit et dénicher les oiseaux. Tous les touristes sont accompagnés. Finalement Ali est intelligent, silencieux et pas gênant. Je finis par l’adopter. Il est en 6ème.
– « pourquoi n’es tu pas à l’école ce matin ? »
– « le Maître est à Taroudant. »
Il répète tous les bons mots des guides :
-« La luzerne, gasoil berbère ! L’âne pas d’assurance, jamais d’accident ! » Ou
– « la palmeraie, 20000 palmiers… »
Son père travaille sur la palmeraie, sa mère travaille à la maison mais ses trois frères sont à Casablanca et ses sœurs sont mariées. Il porte un jeans à la mode et il est vraiment petit pour les 13 ans qu’il revendique.
Je profite donc du calme de la palmeraie, du chant des oiseaux, du ruissellement de l’eau dans les rigoles. Dans les champs, le blé vert est déjà en épis. En plus des palmiers, quelques caroubiers. Cette palmeraie est très différente de celle de Tinouaïnane pourtant distante d’une dizaine de kilomètres.
Dominique m’attendait dans un champ de luzerne. Elle a trouvé un joli petit chemin entre les palmiers. L’Atlas se détache sur toute cette verdure. Nous sommes gagnées par la paix et le calme. Pourtant il faut repartir.
Epices

Latifa nous accompagne au souk pour marchander pour nous des épices. Elle demande un mélange ; 50g de cumin, de cannelle, de coriandre et nous emportons le tout pour 30dirhams.
Dîner de gala : pastilla

Notre dernière soirée est un peu ternie par la découverte de l’addition. La vie de château, nous l’avions oublié, se paie. Raisonnablement au Maroc. Mais plus que nous ne le pensions. Quand je comprends le décompte je préfère oublier le total. C’est dommage parce qu’Amina s’est surpassée. Elle a cuisiné une Pastilla dont elle est très fière. La Pastilla est pour moi un mythe raconté par les Juifs marocains. Depuis quarante ans j’en ai entendu parler sans y avoir jamais goûté. Enfin, je vais pouvoir la connaître. Amina tient à ce que je photographie le feuilleté ovale décoré au sucre glace et à la cannelle qui dessine une résille brune. A l’intérieur, un fin hachis d’amandes et de pigeon (poulet ?). L’entrée était également sucré : un bol de riz au lait et à la cannelle. Les fraises apportent un peu de fraîcheur et d’acidité à ce dîner gastronomique un peu trop doux.
Nous quitterons le riad un peu comme Cendrillon qui voit son carrosse redevenir citrouille
une Pastilla digne des 1000 et 1 nuits alors!
bonne journée!
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@eimelle : bonne journée à toi aussi!
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Un repas doux comme cela m’aurait parfaitement convenu ; Amina a raison d’être fière de sa pastilla 🙂
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