TOILES NOMADES
Attention! 2h53, impatients et pressés s’abstenir!
Le film démarre avec une lenteur calculée, exaspérante, autant pour les protagonistes de l’histoire que pour les spectateurs. C’est voulu, puisqu’il s’agit d’un repas de famille, commémoration du patriarche défunt, sans cesse retardé. D’abord le pope n’arrive pas, puis les incidents se succèdent. Et pendant que la chorba et les sarmale mijotent, les hommes parlent entre eux, les femmes à la cuisine. Grand déballage: le scandale explose avec l’arrivée de Tony, un des beaux frères.
Roman familial d’une famille nombreuse où règne la mère endeuillée sur les fils et belles-filles . Roman familial ou ballet? la caméra va de groupe en groupe . Elle s’attarde sur le couple de Lary et sa femme qui rêve des marchés flottants de Bangkok et file en douce à Carrefour, très agaçante, bourgeoise dans le genre mégère, puis sur le duo que forme Lary et sa mère, très proches. On trouve les frères dans une discussion surréaliste autour des thèses complotistes expliquant le 11 septembre jusqu’à l’arrivée du pope qui réunira toute la famille pour la bénédiction. Dès qu’il quitte l’appartement les échanges aigre-doux entre un jeune couple et leur bébé occupent la scène. Les protagonistes sont nombreux. Au bout d’une heure on arrive à peu près à les identifier…on s’attache aux personnalités si diverses qui s’affrontent.
Tragi-comédie, Lary entre fou-rire et larmes, personnalise l’atmosphère en même temps tragique et loufoque, hystérie et tradition mêlées.
Lecture ethnographique aussi, pour moi qui connais mal la Roumanie, d’une tradition orthodoxe : cérémonie commémorative des 40 jours pour libérer l’âme du défunt, coliva, chants et prières, cadeaux et aumônes aux voisins. Un détail m’a intriguée : la présence supposée du mort : un costume sur son lit que bénit le prêtre et qu’un fils devra porter au repas.
Lecture politique: dans les conversations les non-dits s’accumulent. L’amie de la famille, ancienne communiste, subit les reproches d’une jeune femme, et ne se prive pas de répondre. Sous-entendus autour du 11 septembre, de Bush, de la guerre en Irak : chacun des frères envoie des signaux que l’on peut interpréter comme autant de critiques de la vie politique roumaine. Silences, passivité envers les autorités, peur, même. C’est un peu obscur pour moi.
Tromperies et adultères sont déballés très crûment, si je m’en tiens aux sous-titres.
Sans parler de la violence routière autour d’une place de parking.
Un film foutraque et barré, comme souvent les romans roumains. 3 heures ou presque où on ne s’ennuie pas du tout!
C’est une découverte de la Roumanie, certes. Mais il me semble, d’après ce que tu en dis, que l’on y retrouve une constante déjà vue dans d’autres films (et pièces de théâtre) qui montrent un repas familial : le linge sale lavé en famille, les échanges acerbes, les liens du sang compliqués?
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@Claudialucia : le déjeuner de famille qui tourne mal est en effet un classique. Dans Sieranevada il y a en prime les coutumes orthodoxes et surtout un regard décalé sur le monde, bien mondialisé, mais avec des sous-entendus roumains
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« Roman familial ou ballet? » .D’apres moi, c’est plutot la vie reele d’une large famille roumaine. Mais ici , « Familia » est seulement : maman, papa, enfants.Et quand on parles des tous les autres autour de la « familia » on utilise la denomination « neam »(Rou) ou « rude »(Rou) .
A l’exception d’un costume et d’autres choses, dans certaines zones de Roumanie, on prevoit un place libre a la table et un plateau en plus a table…
… » la violence routière autour d’une place de parking… » La vraie probleme de Bucarest est comment garer plus de 2 milions voitures sur seulement 200 000 places de parking… La seule possibilite est de construire des « blocks de parking » avec plusieurs etages ou de construire des nouveaux parkings soutteraines, car a present il n’existe pas aucune autre possibilite.
« Silences, passivité envers les autorités, peur, même. » Silence parce que les autorités les ont déçu, pasivite parce-que les autorités incapables les demandent toujours leur « sacrifice » et parlent depuis toujours de la « generation de sacrifice » qui doit se sacrifier pour « le futur brillant du pays »(un « concept » de Ceausescu 🙂 ) sans pretendre ou demander rien, ni meme au sujet de l’incapcite, stupidite, corruption, erreurs des…. »élus »: Leur attitude et message « subliminal » veut dire: « Sacrifiez-vous, roumains, car nous sommes tres « busy » a remplir nos poches et a nous enrichir sans meme bouger un seul doight! » .Pasivite a cause du fait que tout le monde sait que ce que les « élus » ont promi avant les elections va rester au niveau des … »Paroles, paroles! » 🙂 Peur…: C’est parce-que les « dossiers » (de presque chaque personne), qui ont ete faites avant 1989 par la Securitate, existe encore… et si quelq’un devient plus « vocal » que necessaire et « derange » certains « élus »…son dossier complet et/ou une partie de ce dossier est soudain publie par une certaine partie de la presse asservi… Resultat: La vie de la personne est detruite et ils ont reussi de lui « fermer la bouche » pour toujours…
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@George : merci pour votre regard roumain. Tout de même plus de 25 ans ont passé depuis le départ de Ceausescu, les dossier sont encore dangereux?
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assez tentant pour le côté un peu déjanté
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@dominique : pas qu’un peu déjanté, beaucoup!
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Les dossiers d’avant 1989 sont a Bucarest, a la: C.N.S.A.S.(Conseil National pour l »Etude des Archives de la Securitate). Chaque personne qui veut savoir si elle/il a un dossier a CNSAS, peut demander de voir, lire et/ou recevoir une copie du dossier. Mais, pour la plupart des gens il y a une question similaire avec la fameuse: « To be or not to be »….: « Ouvrir ou pas ouvrir la boîte de Pandore? » Pour savoir quoi? Car j’ai compris qu’il est impossible de savoir/de voir qui a ecrit les dénonciations. Et que dans certains situations, (pour réaliser qui est le dénonciateur) il faut savoir et/ou se rappeler exactement ce qui c’est passe en cours d’une certaine jour, et/ou a un certain moment, il y a 35 , 40 ou 50 ans… Combien des gens en sont encore capables de se rappeller et /ou de memorer tous ces types des details et des choses pour realiser qui etait pres d’elle/lui, qui l’a entendu parler « contre le regime » ? Par exemple, si un ex-mari ou ex-epousse a ecrit (apres le divorce, pour se venger) un dénonciation sur le comportement intime de l’autre, ca se trouve aussi dans le dossier et peut etre publie soudain dans un journal, si il est « necessaire » pour certains a faire du mal, car « the end justifies the means », n’est-ce pas?
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