Pejë : Le Patriarcat de Pec et le monastère de Decan

CARNET DES BALKANS/KOSOVO

Pec Patriarcat

le Patriarcat de Pec (nom serbe de Pejë).

Le Patriarcat de Pec est construit à l’écart de la ville, proche de la vallée de Rugova où des ermites étaient venus s’installer dans des grottes. Un mur hérissé de barres de fer protège le monastère. Une guérite habillée de filets de camouflage (interdit de photographier) est à l’entrée. Des policiers nous demandent nos passeports avant de lever la barrière. On a l’impression de passer une frontière : d’avoir quitté le Kosovo musulman pour une contrée étrangère (Serbie orthodoxe ?). Après le pillage et le saccage des lieux de culte orthodoxes, le Patriarcat comme le monastère de Decan et une église de Prizren, sont mis sous la protection de l’UNESCO sur la liste du Patrimoine en Péril.

Ce monastère devint le siège de l’Archevêché et du patriarcat serbe e 1346, 1463 1557 et  1776.

Derrière ses murs nous découvrons  un groupe d’églises peintes en rouge sang adossées les unes aux autres, percées de belles fenêtres, parfois géminées à l’italienne, un jardin et un très vieil arbre étayé : le mûrier de Saint Sava (1169-1236).Selon la légende, Sava aurait rapporté une pousse de la Terre Sainte . .  L’archevêque Arsène fit construire l’église des Apôtres au 12ème siècle. Nicodème er ajouta l’église saint Dimitri, Danilo II celle de la Vierge en 1330

Nous sommes accueillies par des moniales tout de noir voilées à l’air sévère. Pour le prix de l’entrée(2€) un audio-guide est prêté. Malheureusement, le commentaire s’attache surtout aux particularités architecturales, à l’histoire des évêques qui se sont succédés plutôt qu’aux fresques. Il y en a tant qu’on ne sait où donner de la tête. Il faudrait passer des heures pour les déchiffrer toutes. Pourquoi ne pas s’y attarder ? Si ce n’était une vieille sorcière, habillée en nonne, qui nous poursuit en agitant bruyamment une sébile et qui surveille que nous ne prenions pas de photos (photos interdites). J’aimerais examiner les icônes grecques de l’iconostase et elle me presse d’aller ailleurs.

Monastère Decan

A 12 km, sur la route de Gjakové, se trouve le fameux monastère Decan. Autant il est facile de parvenir au village, autant il est difficile de trouver le monastère établi  à l’écart. Un seul panneau très discret l’indique (éclipsé par le feuillage d’un arbre d’alignement). Les passants interrogés font mine de ne pas comprendre. Pourtant le mot « manastir » devrait convenir. On se perd dans la campagne pour se retrouver au village une seconde fois.

Pas étonnant que les habitants ne nous l’indiquent pas : il est gardé par la KFOR. Il faut donner nos deux passeports aux soldats autrichiens qui nous donnent en écahnge un billet « visiteur » et qui conservnet les passeports toute la durée de la visite. On ouvre ensuite une grille qu’on refermera dans mon dos. Photos interdites comme au Patriarcat de Pec. Dehors, comme dedans. Je n’ai pas envie de désobéir, je me sens surveillée par les soldats. Deux d’entre eux déambulent sur mes talons. Un homme poivre et sel, croate, l’autre est une grande blonde costaude suédoise. Ils communiquent en anglais. Un pope survient. Jeune, ouvert, sympathique. Le militaire et le pope se congratulent en serbo-croate, puis le pope fait une visite guidée en anglais à l’attention de la suédoise. Je me joins à eux.

Le monastère est construit en belle pierre blanche par le roi Stefan (1327-1330) sa décoration est datée 1350. L’intérieur est une splendeur, l’ensemble des fresques est d’une cohérence remarquable puisque elles on été peintes en 8 an, à l’exception de l’iconostase macédonienne baroque dorée.

Decan : fresques

Le pope nous fait remarquer certaines fresques: le calendrier perpétuel avec la succession des saints à fêter, la représentation des conciles du début de l’Eglise Byzantine : les orthodoxes portent une auréoles, les hérétiques, non. Une litière avec un soldat illustre la conversion de Paul, inévitable : Constantin et Hélène…Autrefois, ce monastère très riche contenait de l’or. Le pope nous en montre une trace sur le sol et les marbres précieux, l’onyx.

Le soldat croate demande la permission de faire quelques photos. Le moine, ferme les yeux en réponse. J’en profite.

Je récupère les passeports. Ces deux visites sous la protection de la KFOR rappellent que le problèmes entre Serbes et albanais n’ont pas tous été résolus.

Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

6 réflexions sur « Pejë : Le Patriarcat de Pec et le monastère de Decan »

  1. Je savais que les relations étaient tendues dans ces régions là, mais les sites sous protection militaire, je ne me rendais pas compte. Dommage pour les visites et les photos.

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  2. Bonjour Marianne, nous prévoyons une semaine en Albanie avec incursion au Kosovo.
    C’est le moment de lire plus en détail tes carnets de voyage.
    Je suis impressionnée par les surveillances militaires.
    Je comprends pourquoi le passeport est indispensable.

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  3. oui, très court, mais nous sommes un groupe de 28 : tous des amis ou connaissances.
    En Albanie, il est prévu :
    _Saranda, le genre de tourisme de masse que je déteste,
    -Berat,
    -Le lac Koman,
    Peja (pas encore trouvé dans tes carnets)
    et Kruja

    au Kosovo, que j’attends vivement après t’avoir lue :
    _le patriarcat de Pejë,
    -et le monastère Decani.
    Avec ce même groupe, on était allés au Montenegro.

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    1. Pejë et Peja c’est peut être la même chose, les noms se déclinent en albanais. Saranda est une station balnéaire comme une autre mais il ne faut pas la bouder: juste à côté : Butrint vaut le voyage (tellemnt qu’on y vient de Corfou, éviter les heures d’affluence c’est galère, préférer tôt le matin ou sur le coup de 13h quand tout le monde est au restaurant.

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