CARNET DU MEZZOGIORNO (SICILE)

L’excursion est bien organisée. Une navette vient nous chercher à 7h dans le virage juste à côté du cancello. Au port, à Tropéa, notre bateau n’est pas encore là, il est pris d’assaut dès son arrivée pour occuper les sièges du pont découvert. Nous trouvons des banquettes bien rembourrées en bas ; Dominique sera bien à l’ombre et je bougerai tout le long de la traversée.
Trois îles au programme : Vulcano, Lipari et Stromboli.

Nous quittons Tropea , ses falaises et son église sur le rocher, le navire vire au large. Presque deux heures en pleine mer sans rien à voir ? Rien, si ! La guide crie d’excitation « Delfini ! » Je monte sur le pont. Toute une troupe de dauphins, je n’en ai jamais vu autant, ils sautent, font des pirouettes avec un mouvement d’ensemble, une véritable chorégraphie. Ils suivent longtemps le sillage du bateau et sautent dans l’écume. Evidemment, je ne réussis pas à les filmer, il y a toujours une tête, un bras, une perche à selfie dans le viseur. Ces selfies sont vraiment ridicules. Que des adolescentes prennent la pose, c’est de leur âge. Quand il s’agit de Russes largement ménopausées, mais très apprêtées, qui se recoiffent et minaudent et qui s’échangent les clichés sur leurs téléphones, c’est affligeant. Parmi les passagers, il y a un bon tiers d’Allemands, autant de Russes et le reste des Italiens et de rares Français. Le voyage est commenté en Italien d’abord, puis en Anglais, en Russe et enfin en Français. La guide francophone, Manuela, est très sympathique et vient souvent prendre de nos nouvelles.
Un peu avant 10 heures, nous approchons de Vulcano et de Lipari qui sont voisines. Vulcano est un volcan, de son cratère blanchi on devine des fumerolles. Ses roches sont très colorées, rouge, jaune mais aussi turquoise et vert.

1h30 d’arrêt sur Vulcano. Au choix, des bains de boue chaude (+ de 35°C) 3€ l’entrée et 1€ jeton pour la douche ou une baignade gratuite sur la plage de sable noir. Je choisis la boue (j’aurais trop regretté se ne pas avoir sauté sur l’occasion) ; Un bassin contient une eau boueuse agitée de bulles, jacuzzi naturel. Seules les têtes de baigneurs émergent, ils ressortent couverts de boue(c’est le but de garder cette boue le plus longtemps possible, elle est censée guérir les affections rhumatismales ou dermatologiques). Pour simplifier les déshabillages je décide de me baigner en slip et soutien-gorge blancs, ils seront sales et gris de toutes les façons. La boue est vraiment diluée, rien à voir avec Lidia en Macédoine. Ce n’est pas une expérience exceptionnelle. Je respire les émanations sulfureuses et m’attarde devant les dépôts de soufre puis fils me débarrasser de la boue sous la douche. Je me suis rhabillée trop tôt : il existe un accès à l’eau de mer par des rochers noirs fumants ; J’aurais pu également me baigner dans la mer.

Quand j’arrive sur la plage noire, c’est trop tard. Je me contente de marcher les pieds dans l’eau. Le sable noir est recouvert par des graviers beiges par endroits. Avec ses installations de plage trop nombreuses, elle a perdu de son charme. Je flâne dans la rue pleine de boutiques qui proposent des blocs de soufre, des pierres ponces, de l’hématite et des bombes, ou plutôt des géodes coupées en deux. Galerie marchande sans intérêt qui vend aussi t-shirts, paréos et chapeaux pour les touristes imprévoyants. Je regarde avec envie le cratère fumant au-dessus du port ; pas le temps de s’approcher, il faut déjà remonter à bord.

15 minutes de traversée entre Vulcano et Lipari où débarquent les passagers qui n’ont pas payé le supplément « tour de l’île »(10€). A petite vitesse le bateau s’approche des rochers spectaculaires dressés en pleine mer comme des colonnes géantes (60 m pour la plus haute) , ou rougeâtres de lave solidifiée en formes bizarres qui permettent d’imaginer un profil ou un cheval…couleurs changeantes passant du rouge au noir avec des traces vertes. Devant une petite arche un beau voilier blanc a jeté l’ancre. La piscine de Vénus est une piscine naturelle d’eau turquoise, on raconte qu’Aphrodite, après avoir trompé Héphaïstos, y aurait retrouvé sa virginité. Le petit tour enchanteur a duré une heure.
Escale d’une heure et demie à Lipari pour déjeuner ou visiter la ville. Sur le port on trouve bars et terrasses des restaurants. La capitale de Lipari est une vraie ville. La rue qui monte à l’acropole est construite de belles maisons de pierres avec des porches sculptés et des balcons aux ferronneries arrondies pour les robes à paniers des belles dames , nous sommes bien en Sicile ! Le symbole de Lipari est un cercle de fer forgé aux coins des balcons avec deux épées normandes qui se croisent et coupent les vents.

Acropole
Sur l’acropole est construit le château médiéval et une grande église baroque. Je monte l’escalier théâtral jusque la cathédrale baroque en peinant un peu sous la chaleur de midi. Dans un jardin sont exposés les sarcophages antiques grecs ou hellénistiques. Un site archéologique livre des ruines grecques ou romaines. Différents bâtiments du château sont occupés par le Musée Archéologique : salles de Préhistoire, salles grecques et romaines, salle consacrée à la Géologie de l’île. Cela me passionnerait mais la billetterie est déserte. A un homme qui passait par là, je demande si le musée est ouvert ou fermé. Geste d’impuissance « pomeriggio… »

La plupart des passagers sont allée au restaurant, je rapporte au bateau deux arancini. Comme il reste encore un petit quart d’heure je m’installe pour un café et mange une délicieuse glace pistache-citron. Il me faut courir avant que le marin ne retire la passerelle.
1h10 entre Lipari et Stromboli en longeant un moment Panarea (l’île de la jet-set) qui a donné son nom à notre bateau « Magic Panarea ». Face à l’île deux îlots rocheux. Je ne veux pas rater l’arrivée au Stromboli et monte sur le pont supérieur. Il approche , j’ai déjà pris une bonne dizaine de photos et j’étais d’abord impressionnée par ce cône parfait avec un cône plus récent emboîté ; quand soudain un panache s’élève : une éruption ? Je suis toute émue. J’avais presque oublié que Stromboli est un volcan actif ! Je guette les projections ; Une colonne de vapeur d’eau blanche s’élève, parfois une petite émission grise.

En bas, Dominique profite de l’écume du bateau an premier plan pour faire des photos superbes.
En s’approchant encore, on voit une face gris plus foncé, pierrier géant des émissions récentes pas encore érodées. Je suis toute excitée. Sur les côtés la végétation a colonisé la pente et les coulées anciennes.

1h30 à Stromboli. L’ascension compte 3h à la montée et 2 à la descente, il faudrait rester une journée entière ou passer la nuit. Je visite donc le village de maisons blanches, cubiques avec des lauriers roses et des bougainvillées débordant des murs. Enseignes colorées. On se croirait dans les Cyclades. Tourisme de passage, tourisme sportif, vulcanologie. Ailleurs on louerait des voitures, des vespas ou des quads, à Stromboli on loue des chaussures, des bâtons de marches et des casques (j’avais oublié les bombes). L’église est baroque et toute blanche.Nuages baroques, lustre ,quel luxe pour une si petite paroisse. Les putti musiciens sont groupés par trois au sommet des chapiteaux, nous sommes bien en Sicile !

Plage de galets noirs, à structure spongieuse comme de la ponce ou des scories arrondis par la mer mais peu confortable pour s’asseoir, encore moins pour marcher pieds nus. Il me reste une bonne demi-heure pour nager dans une eau d’une transparence exceptionnelle, à l’ombre du volcan elle parait bleu foncé.

1h30 pour rentrer au port qui passent très vite à trier nos nombreuses photos. L’équipage annonce au micro la répartition des passagers dans les navettes et les cars qui nous ramènent aux différents hôtels. C’est vraiment très bien organisé !
De retour au gîte sous une très belle lumière, je guette le coucher du soleil. Et le voilà encore : le Stromboli ! La visibilité est parfaite ; je retourne à la nuit tombée, espérant un feu d’artifice du « phare de la Méditerranée » mais c’est vraiment trop loin.
La boue est efficace si tu choisis un enveloppement du corps et que tu restes allongée une demi-heure ! Sur les rhumatismes je ne sais pas, mais sur la détente c’est génial ! Tu as dû voir des paysages splendides ce jour-là, dommage que tu n’aies pas pu faire l’ascension.
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@Aifelle : c était vraiment la croisière express. Cela donne envie de revenir
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