CUBA – 28 Février 2004 dernier jour du voyage

Pour aller au Callejon de Hamel, Delta nous recommande d’aller à pied jusqu’à l’hôtel Habana Libre (l’ancien Hilton) puis de prendre L jusqu’à San Lazaro . Je viens justement de lire cet itinéraire dans « La Havane Pour un Infante défunte » de Guillermo Cabrera Infante . Ce gros livre pourrait servir de guide des rues de la Havane, c’est mon livre de chevet. L’initiation sexuelle du jeune héros toutes ses dragues minables ne me passionnent pas mais je dévore ce livre comme guide touristique. Le héros promène ses conquêtes ou poursuit des inconnues selon des itinéraires précisément répertoriés. Cela donne une vie supplémentaire à la rue où nous passons. Cela me permet également de mémoriser des itinéraires.

Au bout de la 21 nous filons tout droit sur l’Hôtel National« Monument Historique »
Nous nous promenons dans les salons et les jardins. Dans une sorte de tranchée, une exposition historique : la Crise des fusées. Toujours des photos NetB avec citations sentencieuses de Marti et de Fidel. Pourtant ce n’est pas ennuyeux. Ce sont les actualités de mon enfance qui sont devenues de l’histoire. Dans un salon, des affiches rangées par ordre chronologique, de tous les visiteurs célèbres des années 30 à nos jours : Errol Flynn, Clark Gable, Fred Astaire ou Marlon Brando ne m’étonnent pas, Danielle Mittérand beaucoup plus tard non plus . En revanche de nombreux américains, acteurs ou metteurs en scène sont venus récemment : Schwarzennegger, Spielberg …Les liens entre les Etats Unis et Cuba sont bien étranges.

Nous traversons le Centre de La Havane par les calle Animas, Virtudes, Industria . Toutes sont bien délabrées aux antipodes des quartiers aisés et verdoyants du Vedado et des belles restaurations de La Vieille Havane . la misère est bien visible . Pas de restaurations, des rues entières sont fermées à la circulation.
Le callejon de Hamel est une petite rue complètement recouverte de fresques . Nous sommes habituées aux fresques révolutionnaires, les slogans ou les dessins simplistes qui occupent l’espace un peu partout où il y a un mur inoccupé . Celle du callejon de Hamel sont des fresques artistiques . Tout est peint de couleurs vives, du sol aux bidons d’eau sur le haut des toits et les murs des maisons jusqu’au troisième étage . Il y a toutes sortes d’installations : des colonnes peintes, des cadres de vélos suspendus, des grillages, des statues de style africain, . c’est aussi le haut lieu de la Santéria, culte Afro-cubain . Le dimanche, on joue du tambour et de la rumba . Des galeries de peinture sont ouvertes au public . Des poupées et animaux de papier mâché font penser aux Musée de l’Art Moderne à Vienne. Dans une sorte de citerne des tortues et un petit crocodiles sont prisonniers. Pauvres animaux ! que font ils là ? Des gamins noirs dansent. Une petite boutique d’herbes est prise d’assaut par les habitants du quartiers , aromates ? plantes médicinales ? sorcellerie ?
J’ai envie de tout photographier : les peintures murales, les colonnes, les statues qui semblent sortir du mur, les personnages pittoresques …
Nous sommes abordées par un jeune noir qui vend son CD de rumba 10 $ Nous nous laissons tenter mais nous aimerions bien l’écouter. Il nous conduit à un petit bar où il y a un radiocassette ; on n’entend rien . Il veut se faire offrir un mojito . Le mojito est fait à l’eau du robinet, sans angostura . Il est plus cher que dans le bar chic de la place San Francisco . Nous avons l’impression de nous être fait pigeonner . Espérons que le CD nous plaira ! . Nous quittons le callejon de Hamel sur cette impression déplaisante .
En route nous découvrons les marchés populaires et reprenons le même chemin qu’hier pour visiter le Musée des Beaux Arts – musée moderne très clair, très bien conçu quoique sobre .Les collections sont très intéressantes mais je les parcours au pas de charge . Dommage d’avoir prévu si peu de temps . Tout m’intéresse : les œuvres contemporaines colorées certaines plutôt naïves d’autres politiques, les œuvres anciennes du siècle dernier qui n’ont peut être pas valeur de chef d’œuvre du point de vue de artistique mais elles sont un témoignage précieux pour imaginer la vie des cubains il y a 150 ans. Paysages agrestes de plantations, vie à La Havane, portrait d’espagnols, de cubains, de Créoles … J’aimerais consacrer plus d’attention.
Quand je rejoins Dominique, elle s’est fait une belle frayeur, ne retrouvant plus la carte de crédit que j’ai avec moi . Qu’allons nous faire de ces quelques heures qui nous séparent du départ ? Nous avions tout prévu en cas de grosse chaleur : la sieste au Prado, les sandwichs etc. . Il fait très frais et nous ne sommes même pas habillées avec une petite laine . Je propose d’aller rendre visite à nos hôtes de la belle maison du Vedado 25y6 . Nous pourrions nous reposer dans le beau jardin . Un coco taxi nous y conduit donc . Les dames ont l’air contentes de nous revoir mais elles ne comprennent pas tellement pourquoi nous sommes chez elles puisque nous ne voulons pas de chambre . Je demande si nous pouvons avoir un sandwich comme la semaine dernière . C’est compliqué La dame part faire des courses elle n’a plus de pain . Nous attendons longtemps sur la terrasse . Déjà Dominique s’impatiente . La dame arrive avec un plateau avec des verres et les sandwich, elle a l’air affolée, elle en casse un verre . Il ne faut pas que nous nous installions sur la terrasse de devant « les voisins pourraient vous voir « nous allons donc derrière à l’ombre . Dominique a très froid . Je n’avais jamais pensé au fait que cela aurait pu leur causer des ennuis de déjeuner dans le jardin . Sans doute, elle n’ont pas le permis de nous faire à manger . Cela jette un froid . La dame très gentille veut nous offrir un café Dominique s’impatiente encore . Finalement nous nous sauvons presque comme des voleuses . Ce n’était pas une si bonne idée de revenir ici . Dommage
De retour chez Delta nous avons juste le temps de nous changer avant de prendre le taxi qui nous conduira à l’aéroport