CARNET SARDE
Est-ce un roman policier?
Certes, il y a d’abord un disparu, une femme qui attente à ses jours, un autre disparu, un enfant….Nous suivrons l’enquête que mènent les autorités. Les autorités? Le Maréchal, un gendarme piémontais dans un village de la campagne sarde est un parfait étranger, il ne parle pas la même langue, se heurte à l’omerta et se trouve plus souvent moqué que de raison.
Ça suffit, maréchal ! Vous espérez quoi ? À part le fait qu’ils sont de l’Ogliastra ou de la Barbagia… vous
voudriez quoi ? Qu’ils vous disent que c’est leur cousin qui a volé des brebis ? Ici, ils sont tous parents. Au pire,
ils se les volent entre eux, les brebis. À Pâques, ils mangent celles qu’ils ont volées à Noël et à Noël celles qu’ils ont volées à Pâques. Ils s’invitent entre eux, ça leur évite de s’entretuer.
Une chronique villageoise?
Le petit village est presque coupé du monde à l’heure où l’homme pose son pied sur la lune. Ses habitants vivent dans la misère :
Plus que d’omerta, c’était question de misère. Les enterrements coûtaient cher, et un bandit en cavale qui disparaissait sans laisser de trace rendait un double service à sa famille : il alimentait l’espoir qu’il était encore en vie, et, par conséquent la légende de son impunité, véritable rente à durée indéterminée[…] en ne se faisant pas retrouver il permettait aux siens et surtout à l’église de réaliser des économies substantielles….
A Telévras, le médecin est vétérinaire, et le curé Don Cossu sont les notables avec l’instituteur, un propriétaire terrien, le chauffeur de l’autocar….En dehors de la mortalité non élucidée, les évènements les plus notables sont les parties de chasse au sanglier et les soirées à boire le vin local : le cannonau ou d’alcool loccal plus fort le fildeferru.
Le sanglier est une prière. Avec les chiens c’est un rosaire. Sans chiens, un Te Deum. Sans chiens, de nuit et
illégalement, c’est l’Hosanna. C’était, à peu de chose près, l’incipit du texte contenu dans le cahier noir à liseré rouge, qu’il avait provisoirement intitulé Théologie du sanglier (selon Cossu don Egisto). Une œuvre unique, écrite sous forme de journal intime qui, en d’autres temps, eût été vouée au bûcher.
Ce sont donc les écrits de Don Cossu qui ont donné le titre au livre. Don Cossu est un jésuite lettré, humaniste qui essaie de donner une bonne éducation à Matteo, le fils d’un bandit, et véritable prodige, et Gesuino, incapable de s’exprimer à l’oral qui a une vocation d’écrivain.
Baisser le rideau de fer d’un bar à Telévras, sans rien dire à personne, à huit heures du matin, signifiait deux
choses : soit la Russie avait envahi la Sardaigne et il fallait aller festoyer sur la place publique, soit il était arrivé quelque chose de vraiment, de terriblement grave.
J’ai beaucoup ri et j’ai apprécié la couleur locale alors que j’ai lu ce livre en Sardaigne. Les nombreuses phrases en sarde ajoutent encore à la saveur du livre. La construction un peu compliquée avec des sauts dans le temps m’a un peu perturbée, mais pas plus que cela!
Une lecture très dépaysante!
La couverture est assez marrante, elle aussi.
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@Aifelle : la couverture correspond à l’ambiance du livre : déjantée
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