Pluie et Vent sur Télumée Miracle – Simone Schwarz-Bart – Le Seuil

LIRE POUR LA GUADELOUPE

Dépaysement total!

« Tout contents qu’ils fussent de la nouvelle, les nègres étaient encore dans l’expectative, hésitaient à se réjouir
vraiment, attendaient d’avoir le cabri et sa corde en main pour s’éviter la peine d’avoir affûté en vain leur
poignard. Et comme ils épiaient voici ce qu’ils virent : Toussine coupait les herbes folles
[…]
les nègres attendaient encore pour se réjouir, la regardaient faire, de loin… Ils songeaient à la Toussine
d’autrefois, celle en haillons, et puis la comparaient avec celle d’aujourd’hui qui n’était pas une femme, car
qu’est-ce qu’une femme ?… un néant, disaient-ils, tandis que Toussine était tout au contraire un morceau de monde, un pays tout entier, un panache de négresse, la barque, la voile et le vent, car elle ne s’était pas habituée au malheur. Alors le ventre de Toussine ballonna, éclata et l’enfant s’appela Victoire, et c’était ce que les nègres attendaient pour se réjouir. »

Télumée m’a emportée dans sa case de planches juchée sur 4 pierres, au bord de la forêt non loin des champs de cannes. plongée dans l’inconnu d’une végétation tropicale  d’orangers à colibris, canne congo, cochléarias, makanga, malaccas, mombins, mahoganys, courbarils....Il faudrait que j’emporte cette liste dans un jardin botanique pour vraiment voir à quoi ces végétaux ressemblent . Le décor est exotique avec des parfums, des odeurs inconnus, une cuisine dont j’ignore les saveurs.

Le style de Simone Schwarz-Bart est différent de tout ce que je connais, imagé, riche de mots inconnus. Je découvre une langue qui ne m’est pas familière avec des tournures étranges, que je comprends (mais pas tout) d’une grande richesse et qui me transporte ailleurs. Ne pas tout comprendre, deviner, me ravit, un peu comme ces films en VO que j’écoute avec attention mais où des phrases entières m’échappent. Je suis sous le charme.

« Man Cia chère, à quoi peut bien ressembler un esclave, et à quoi peut ressembler un maître ? – Si tu veux voir un esclave, dit-elle froidement, tu n’as qu’à descendre au marché de la Pointe et regarder les volailles ficelées dans les cages, avec leurs yeux d’épouvante. »

Je découvre un monde, une histoire, héritage de l’esclavage qui  poursuit les gens à travers les générations.

Des personnages hors du commun me séduisent!

Une très belle lecture!

Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

4 réflexions sur « Pluie et Vent sur Télumée Miracle – Simone Schwarz-Bart – Le Seuil »

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