Exposition temporaire jusqu’au 26 janvier 2025

« Dans la culture populaire juive, un dibbouk désigne une âme errante qui prend possession d’un vivant »

L’écrivain An-Ski (1863-1920) s’empara du mythe du Dibbouk pour écrire une pièce de théâtre jouée à Varsovie en 1920. C’est l’histoire d’une jeune fille, Léa, possédée par l’esprit de son fiancé mort avant leurs noces.
Léa : L’homme vient au monde pour une belle, une longue vie. Mais s’il meurt avant l’heure qu’advient-il de sa vie inachevée, de ses pensées qu’il n’a pas eu le temps de mûrir. Des actions qu’il n’a pas eu le temps d’accomplir
Aux sources du Dibbouk, les expéditions ethnographiques de An-Ski pour la Société d’Histoire et d’Ethnographie fondée en 1908 à Saint Pétersbourg pour préserver la culture juive de l’Empire Russe. Altman effectua des relevés d’inscriptions, Salomon Youdovine rapporta de magnifiques clichés de Volhynie et Podolie (Ukraine actuelle).

La première version de la pièce fut écrite en Russe(1917), puis traduite en Hébreu (1918) et en Yiddish (1919). Elle fut adaptée au cinéma par Michal Waszynski (1937) . C’est cette version projetée qui accueille le visiteur de l’exposition : La jeune fille danse avec son fiancé mort avec une tête de squelette dans la « danse des mendiants »

Le tableau de Chagall des deux amants et un seul visage illustre parfaitement la possession de la Léa par l’esprit de Hanan.

Le mysticisme juif et la kabbale sont illustrées par des vitrines montrant des amulettes et des ouvrages de la kabbale ainsi que par deux vidéos d’un film évoquant un exorcisme. Pour éloigner le Dibbouk de la créature vivante, on a recourt à l’exorcisme. Dans la pièce, la jeune fille ne veut pas être séparée de son fiancé et elle se rebelle.

L’exposition présente des dessins et tableaux de contemporains de Chagall comme Nathan Altman ou Ryback dans une version cubiste.

Le Dibbouk fut mis au répertoire de Habima et joué en hébreu à Tel Aviv dès 1922 avec les costumes de Nathan Altman. Habima se produisit lors de nombreuse tournées internationales . Les affiches et les programmes sont présentées ici.

Le film de Waszynski est considéré comme l’apothéose du cinéma yiddish.
Des versions américaines ont été tournée : en 1960 Sidney Lumet l’adapte pour la télévision américaine. Bernstein et Robbins le montent en ballet (1974).
Romain Gary s’en inspire pour La Danse de Gengis Cohn (1967).
En Pologne Andrzej Wajda (1988)choisit pour prologue le poème de Ernst Bryll pour qui les juifs assassinés dans la Shoah sont les dibboukim qui hantent les polonais. 2003 Krzysztof Witkowski l’associe à une nouvelle d’Hanna Krall. 2015 Maja Kleczewska adjoint l’alliance brisée entre Juifs et Polonais. le Dybbouk est un spectre qui hante le monde contemporain.
Les frères Coen dans leur film A serious man présentent aussi le Dibbouk. C’est sur cette scène que se termine la visite.
J’ai découvert le Dibbouk avec les bd Petit vampire de Joann Sfar, mais j’ignorais qu’il s’agissait d’un mythe propre à la culture juive (j’ai pensé que c’était une invention de l’auteur 😅). Merci pour cette découverte !
J’aimeJ’aime
@sacha : mais il faut que je trouve la BD de Sfar
J’aimeAimé par 1 personne
C’est dans le tome 1 de Petit vampire, et ce sera au rayon jeunesse 😉. Il a aussi été adapté par Sfar lui-même en film d’animation (très réussi).
J’aimeJ’aime
Oui, je savais vaguement ce qu’était ce dibbouk, mais j’aime beaucoup les tableaux que tu nous montres
J’aimeJ’aime
@keisha : Chagall toujours, mais pas que!
J’aimeJ’aime
musée que j’ai visité c’est une plongée dans un culture qui m’a étonnée et tant de choses ont été détruites en Europe à cause des nazis. Je me suis sentie souvent très étrangère au mysticisme judaïque.
J’aimeJ’aime
@luocine : je suis laïque à la base, j’ai du mal avec le mysticisme mais toute cette culture mérite un effort.
J’aimeJ’aime
Je ne connaissais ni le mythe du dibbouk, ni ce film des frères Cohen. J’adore les légendes et les mythes anciens ! Je vais lire Shalom Anski. Merci !
J’aimeJ’aime
@philfff : bonne découverte mais les livres de Shalom Anski ne sont peut être pas facile à trouver.
J’aimeJ’aime
C’est passionnant ! Je ne connaissais pas et je ne savais pas qu’il y avait toutes ces oeuvres autour du Dibbouk
J’aimeJ’aime
@claudialucia : le Dibbouk c’est tout d’abord une pièce de théâtre très inspirante
J’aimeJ’aime
Très chouette expo qui m’a fait découvrir le dibbouk. J’en ai profité pour prendre à la librairie La Danse de Genghis Kohn, sacrément foutraque ! Et là je poursuis avec le recueil de nouvelles de Isaac Bashevis Singer, Le Spinoza de la rue du Marché, où le dibbouk rôde dans les mythes et légendes des petits villages d’Europe orientale.
J’aimeJ’aime
@Nicolas : La Danse de Gengis Kohn est dans ma PAL. je réfléchis à une lecture commune Romain Gary quand j’en aurai fini avec Proust.
J’aimeJ’aime