28 – Santo Antao _ Ribeira da Torre

CARNET DU CAP VERT 2002

Nous avions prévu de monter au cratère mais les nuages cachent les sommets. La « petite mousson » se prépare. Drôle de mousson qui ne donne qu’un fin crachin pendant quelques minutes. Juste suffisante pour humidifier l’air, pas assez pour laver la poussière. Rien à voir avec celle d’Asie !
L’aluguer nous emmène à Ribeira Grande. Le chauffeur  prétend qu’on ne trouvera rien pour Xoxo et fait le taxi privé pour 700$ (c’est archi-faux, on verra des aluguers toute la journée).
Nous descendons au pied de l’aiguille volcanique fine et verticale comme une tour : est-ce elle qui donne le nom à la ribeira ? Nous sommes venues ici avec Gabriel mais j’avais bien envie de me promener dans cette vallée exceptionnellement arrosée : le chemin est même inondé.

Miracle de l’eau dans ces îles arides. Dans les flaques, des gyrins tournoient à grande vitesse, auto-tamponneuses brillantes aquatiques qui filent. De grosses libellules rouges volettent. Dans les nombreuses citernes cimentées s’ébattent des grenouilles bruyamment. Le chemin pavé monte jusqu’à un hameau perché puis continue dans les bananeraies  jusqu’à un autre, sans fin. Au fur à mesure qu’on monte, les bananes laissent la place à la canne. Sur les petites terrasses, on a planté du manioc avec les cannes. Puis apparaissent les haricots-congos qui forment ici de très gros arbustes presque des arbres. Le manguier donne une belle ombre pour se reposer.

Rencontre sympathique : un jeune homme m’adresse la parole en français :  » je m’appelle Pierre, Pedro, et vous ?« . Son compagnon, sourd muet, me tend une mangue toute astiquée que je refuse. J’ai laissé le porte monnaie à Dominique. Pedro a envie de me raconter sa vie : sa mère demeure en haut dans un village, invisible dans la montagne. Son père est décédé trois mois auparavant. Il monte couper la canne et entretenir les culture de sa mère : « mon patron m’a donné des petits jours pour aider ma mère« . Il fait à pied les 19 km qui séparent Cova où il vit avec ses cinq enfants. Je lui aurais donné 20 ans. Je lui souhaite bon courage. On se serre la main. Il est tout content d’avoir bavardé en chemin. J’emporte avec moi son  histoire triste et émouvante.
Nous repassons devant la piscine. Des grenouilles qui flottent le ventre en l’air, crevées. Cela me paraît bizarre. En regardant mieux, je découvre qu’elles sont accouplées. Le mâle beaucoup plus petit est cramponné sur le dos de la femelle énorme et gonflée sous le poids du mâle. Ils chavirent tous les deux. Je ramasse un caillou et leur jette. Ils esquissent des mouvements de brasse maladroite sur le côté. Ils sont donc bien vivants. Mais une nuée de têtards attaque un cadavre déjà à moitié décomposé. L’accouplement les épuise-t-il au point de les faire mourir ? Dans le ruisseau les pontes forment de minces rubans d’œufs alignés en guirlandes.
Nous nous installons sur un mur cimenté à l’ombre, je peins les sommets pointus au loin, les villages perchés, les terrasses, au premier plan, les grosses feuilles des bananiers et des ignames. En face, une cascade, de temps en temps on libère un bouchon de terre dans une levada, l’eau ruisselle sur une terrasse. Des fougères délicates poussent sur les murs. Dominique descend un peu plus bas devant une jolie trapiche entre de gros rochers. Exceptionnellement, cela sent bon la mélasse. Je suis déçue par la peinture et m’applique au dessin.


Arrêt dans les bananiers au bord d’un ruisselet puis pique-nique en haut d’une murette sous un arbre à pain. Il fait bon.
Le retour est un peu long le long de la route au fond du lit de la rivière crevée de carrières de graviers. Les pick-up et les Hiace soulèvent de la poussière. Nous rencontrons un vieil homme portant une sorte de corde tressée. Nous avions remarqué au marché de telles cordes suspendues avec les saucissons. Je lui demande ce que c’est : du tabac.
Tout à coup, nous entendons parler français, une Capverdienne d’Aulnay sous bois et ses deux filles nous rejoignent. La mère est très bavarde, fière de son village et de son île. Les deux adolescentes ressemblent à nos pires élèves : déplaisantes, râleuses. Le chemin est trop long ; visiblement elles n’apprécient pas la promenade à pied.
Après la douche, lessive à la Capverdienne : dans des bassines avec la planche de bois et le savon bleu. L’eau sale est récupérée dans une autre bassine. On n’a pas le droit de la jeter. Sert-elle pour d’autres usages ? En tout cas, nuitamment et illégalement, elle est balancée dans la rue.

arbre à pain et son fruit

Nous nous reposons, allongées sur le lit. Dominique se lève brusquement et fonce à la fenêtre. Il manque une de ses vieilles Addidas Nastase, introuvables ! Crevées, grisâtres et puantes (garées sur le rebord de la fenêtre pour éviter d’être asphyxiées). Qui a pu voler une seule chaussure ? Et surtout celle là ! Je file à la cuisine exposer le problème à Fatima. Signe de croix, elle sort illico et raconte à qui veut l’entendre l’histoire de la godasse disparue.
Tout le monde est sur le pas de la porte, Fatima, ses bonnes, les jeunes qui réparent une mobilette, les menuisiers qui travaillent de l’autre côté de la rue… Fatima hèle les enfants qui traînent. Nous regardons sous le camping-car poussiéreux et rouillé qui est le domaine réservé d’une chatte noire maigre et hargneuse. Pas de chaussure. Dominique exhibe la deuxième tennis, minable.
C’est une blague, tout le monde en convient. Les enfants cherchent. Dominique en envoie un grimper sur le toit du mobilhome. Puis, idée géniale : nous offrons une récompense à qui la rapportera.
C’est un jeune menuisier qui a l’idée de regarder sous l’essieu du camper. Je sors un paquet de chewing gum qu’il partage avec les enfants. Maigre récompense, nous nous ravisons et lui offrons un fanta au bar.
Happy end. Nous en rigolons rétrospectivement des heures après, regrettant de ne pas avoir pris la photo de la vieille godasse, du vieux camping car et de tout le quartier sur le pied de guerre.

27 . Santo Antao – Paul – Passagem

CARNET DU CAP VERT 2002

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Nous profitons du premier aluguer qui emporte les touristes au ferry pour aller à Ribeira Grande (50$) où un autre HIACE nous conduit à Paul (50$) en suivant la corniche. Nous devenons expertes en taxis collectifs. Au passage, nous traversons Synagoga, vilain village de parpaing, qui n’a que son nom d’attrayant. Sur une pointe se trouvent les ruines de ce qui a été une synagogue puis une léproserie, rien à visiter.
Paul est un gros bourg le long d’une plage où déferlent des vagues impressionnantes, une poste, un dispensaire, une promenade aménagée sur le bord de l’océan.
Dans la ribeira règne une grande activité : on extrait des galets et du sable du lit de la rivière, à sec. On tamise sur place sur de la tôle percée à la main placée sur des chevalets. Des hommes transportent de grosses pierres à bras. Il semble que la moitié des hommes en activité sont des maçons !
La route pavée quitte le lit de la rivière pour s’élever vers de jolis villages avec des maisons soignées et bien crépies.

chaumières
chaumières

De part et d’autre de la route, on remarque de nombreuses chaumières très jolies sous des cocotiers et des arbres à pain. Les étables pour des petites vaches noires et blanches, les abris pour les chèvres et les cochons sont coiffés de paille. Près des maisons, des installations pour la distillation de la grogue sont repérables aux grands tas de feuilles de cannes séchées et à la fumée qui s’échappe de l’alambic.
Les cultures sont florissantes dans cette vallée, la canne pousse drue et très haute. Des hommes la récoltent à la main avec des machettes. Ils travaillent en groupe, alignent les cannes débarrassées de leurs feuilles et font des sortes de fagots que les femmes transportent sur leurs têtes. Les enfants, en vacances, circulent un tronçon de canne à la main, mâchonnent et crachent.

Agave
Agave

La route pavée monte vers Passagem. Nous faisons des haltes fréquentes sous les manguiers et les arbres à pain qui sont de grands arbres dispensant une ombre épaisse et fraîche. Sur les bords de la route, canalisée dans les levadas, suintant des roches, en piscines dans des citernes rectangulaires, en flaque dans le lit du ruisseau, partout comme un miracle, la présence de l’eau. Ce sont les ignames avec leur beau feuillage vert vif qui sont les plus gourmands. Les bananiers paraissent plus vigoureux qu’ailleurs. Les régimes sont de belle taille, ce qui n’empêche pas les femmes de grimper allègrement la côte, un régime en équilibre sur le petit coussin porté sur leur foulard. Elles se prêtent simplement à la photo. Notre étonnement les fait rigoler, cela leur paraît si naturel de porter de 35 à 50 kg, pieds nus sur les sentiers grimpant vers leurs maisons.
Dans le fond de la vallée, autre occupation : la lessive. Des draps, couvertures serviettes ou vêtements sont étendus directement par terre sur les galets ou les graviers.

Etranges fruits
Etranges fruits

Les sujets de photo ne manquent pas : fleurs de cactées ou de frangipanier, fruits, maisons couvertes de chaume, sans compter les petites filles qui réclament « photo, photo ». Un hameau aux chaumières basses dispersées parmi de gros rochers nous paraît spécialement joli. Nous y pénétrons et les habitants doivent retenir leurs chiens.
Une petite fille offre des mangues. J’en prends 4 et lui donne 40$. Elle n’avait rien demandé. C’est la saison de la cueillette des mangues, les enfants ramassent celles qui sont tombées, mais elles sont cueillies avec des petits sacs pour éviter qu’elles ne s’abîment. Pas d’échelles. Un homme et son fils grimpent dans un immense manguier. Nous ne les aurions pas remarqués si le jeune ne nous avait appelé « bonjour !« . On cherche celui qui nous interpelle. Il est très haut dans le manguier et saute de branches en branches aussi lestement que les macaques de Tarrafal.
Au loin, sur les terrasses, les hommes binent la terre avec des binettes à très court manche.
Les pick-up montent et descendent, chargeant des sacs de mangues, les fagots de canne. Le poisson est aussi vendu sur la route ? Tandis que je dessine et que Dominique observe la cueillette des mangues, nous voyons passer une assiette de maquereaux.
Cette route est très animée, à côté de ceux qui travaillent aux champs, de celles qui portent ou qui lavent, il y a aussi une pléiade d’enfants qui vont, viennent, nous rendent visite, sont assis sur le parapet. Certains jouent à l’awélé, d’autres aux cartes, deux au baby foot.
Une vieille femme nous tient compagnie tandis que je peins. Attend t-elle l’aluguer ? Elle lui fait signe mais ne monte pas. Surveille t-elle la cueillette des mangues ? Elle parle toute seule, peut-être récite t-elle des prières ?
A Passagem, le jardin tropical est décevant, la piscine est vide. Avec ses bougainvillées, il n’est pas plus fleuri que les maisons aux alentours… Nous nous rapprochons de la muraille rocheuse haute de plus de 1000 m. Le paysage devient plus austère, les terrasses de canne moins fournies, les arbres plus dispersés. Nous redescendons tranquillement, le ciel se couvre. Quand nous pique-niquons quelques gouttes tombent. Le pique-nique est écrasé, les bananes sont en purée peu ragoûtante, Dominique renonce à son sandwich. Le ciel est maintenant tout gris, peut-être allons-nous avoir de la vraie pluie ?
Nous trouvons tout de suite un aluguer direct pour Ponta do Sol à Paul (100$). Deux femmes très pittoresques montent à Ribeira Grande. Elles balancent sur la galerie leurs cuvettes en plastique contenant des carottes, puis bavardent très fort. Elles descendent en même temps que nous sur la place de Ponta do Sol. L’une d’elle nous parle en français. Elle l’a appris à Paris Saint-Germain : « très chic, très cher« . Elle est vêtue d’une minijupe vert brillant d’un  T-shirt de basket et d’un bandana aux couleurs américaines. Nous l’interrogeons. Elle peut porter jusqu’à 35 kg : « cela tient tout seul », puis elle s’éloigne en parlant toute seule. Nous la retrouvons chez Fatima chez qui elle livre ses carottes.
Les nuages sont très bas, la lumière est sinistre : grosse déprime.
Fatima nous fait dîner à 19h30 de poisson bouilli plein d’arêtes. Après le dîner, promenade nocturne. Tout le monde est dans la rue, surtout les enfants et les jeunes. La ville s’anime. Nous restons sur la belle place écoutons les frondes des palmiers qui claquent au vent.

26 .Santo Antao – Fontainhas et baignades

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Au petit déjeuner nous retrouvons une famille française qui était avec nous à l’hôtel Che Guevara .  La femme parle portugais et profite de toutes les opportunités pour rencontrer des gens. Ils nous découragent d’entreprendre la descente de Cova, très longue et très pénible d’après eux.

10 heures – peu tard pour commencer la promenade – Sous le ciel couvert nous ne pensons pas être gênées par le soleil.
Le sentier monte entre le cimetière et les porcheries (odeur infecte) .  Au-dessus du cimetière catholique, dans un enclos, se trouve  le petit cimetière juif. Rien à voir avec les nouveaux chrétiens ou les Marranes (je lis en ce moment une biographie de Christophe Colomb). Les tombes datent du XXème siècle.

Fontainhas
Fontainhas : village perché sur une arête

Le chemin côtier, nettement au-dessus du rivage, domine Punta do Sol. La vue est très belle. Entre temps, les nuages ont disparu. Après un tournant,  le village de Fontainhas est accroché à mi-pente avec ses maisons peintes de couleurs vives, ses fleurs au dessus d’une petite ribeira toute pimpante. Les terrasses sont cultivées de canne à sucre, le fond du ruisseau est occupé par des petits champs d’ignames formant une mosaïque vert très vif, chaque parcelle étant séparée par de petites murettes, rubans allongé s’étalant jusqu’à une petite plage de sable gris dans une crique abritée entre des falaises rouges et noires. Cette eau calme me donne envie de me baigner. Quelques cocotiers et de beaux arbres à pain complètent le tableau.
Fontainhas est fleuri de bougainvillées d’un flamboyant. Ce village perché sur une arête est minuscule mais possède une grande école peinte en jaune et deux mercerias signalées par de discrets écriteaux. Un escalier traverse une rangée de maison mettant définitivement fin à la circulation automobile.

les petites terrasses , citerne et levada
les petites terrasses , citerne et levada

Le chemin longe la ribeira puis retrouve la mer. Une petite descente et une grande montée. Nous ne sommes pas seules : un groupe de femmes et des enfants vont à pied au village suivant : Corvo, portant de lourds paquets sur la tête. Elles nous dépassent avant le col.
Au tournant, un éperon rocheux vertical, une cheminée volcanique forme un mur jusque dans l’eau, cap pointu. La vue est spectaculaire : Ponta do Sol , au loin, avec sa piste d’aviation, porte-avions conquis sur la mer et son port minuscule. De l’autre côté du col, une pente sèche où zigzague un sentier pavé soigneusement et protégé par une murette. Dominique se pose mais cela me démange de continuer le sentier côtier jusqu’à Corvo dont nous apercevons les premières maisons.

Punta do sol village et aéroport
Punta do sol village et aéroport

Je m’accorde une demi-heure pour poursuivre mon exploration, descends facilement assez loin pour découvrir une étroite vallée, avec un ruisseau, un ruban d’ignames, des terrasses de canne et la suite du village. Complètement isolé : on n’y parvient qu’à pied, peut être en barque. Cependant depuis 1999 l’électrification a été achevée. Je remonte plus facilement que prévu. Nous déjeunons rapidement. Le ciel est sans nuage, le soleil tape dur, pas d’ombre, il fait vraiment très chaud.

Dominique redoute le retour avec la grande montée aux heures les plus chaudes de la journée. Elle part en avant plutôt colère, me reprochant mes expéditions. Nous croisons une famille qui monte des caisses de bière, des bouteilles de Coca-Cola, des jus de fruit. Il y a sans doute un bar à Corvo ravitaillé à pied. J’achète de l’eau fraîche à Fontainhas dans une loja, prétexte pour trouver un aluguer. L’épicière propose de téléphoner à Punta do Sol pour en faire venir un.
Un pick up est arrivé sans qu’on le remarque. C’est une camionnette de l’aide alimentaire du PAM (Programme Alimentaire Mondial). Un jeune homme parlant très bien Français nous explique qu’ils distribuent de la nourriture aux plus défavorisés : un sac de farine de maïs, un broc de haricots, une bouteille d’huile. Des femmes et enfants viennent à la distribution. On coche des noms sur une liste. Tout se passe très vite. Le pick-up repart chargé à ras bord de tous ceux qui veulent profiter de l’occasion.
A notre retour,   Fatima fait la sieste sur le divan de l’entrée. Aujourd’hui, elle est très causante. Comme nous lui racontons notre journée et que je lui montre les babioles que nous avons données aux petites filles, elle appelle Alicia et lui donne un sachet contenant des élastiques décorés pour attacher les cheveux qu’Habiba m’a vendus le jour de la fin des cours.
Alicia,  la jeune fille qui sert les repas, longues jambes miel,  n’a que douze ans ; elle est orpheline. Fatima l’a recueillie il y a trois ans et elle travaille à la pension. Je demande si elle va à l’école. Fatima me rassure, ce sont les vacances.

Punta do Sol : port
Punta do Sol : port

J’ai bien envie de me baigner. Le sentier côtier m’a frustrée. Après le port, il y a une petite plage, des rochers plats, une sorte de piscine naturelle d’eau très calme avec un peu de sable gris. Beaucoup d’enfants y barbotent. Je demande conseil à Fatima. Est-ce raisonnable d’y aller ? Elle m’encourage vivement. Puis-je me mettre en maillot ? Au Cap Vert les femmes restent le plus souvent en short et en T-shirt mais je n’ai pas envie de mouiller mes affaires. Nous avons emporté le minimum, le reste est resté à Mindelo. Pas de problème pour le maillot. Les enfants ne sont pas seuls. Il y a des adultes, des mères surtout. Je me trempe. Il fait frais, agréable, mais il y a trop de monde pour nager. Les enfants essaient de capturer de petits poissons. Après une courte baignade je remonte.
J’ai l’agréable surprise de retrouver Judith et Philippe, les Allemands de Fogo, qui viennent d’arriver mais repartent déjà demain.

Nous allons sur le port pour voir le coucher de soleil. Le petit port est protégé par une jetée qui a dû avoir des jours meilleurs si on considère le beau dallage, les escaliers et les grosses boules de pierre qui ornaient la rambarde. Dans la rade, l’eau est calme. Les barques sont tirées à sec sur le ciment, bien alignées. Nous découvrons  la falaise où nous étions ce midi. Des nuages couvrent les sommets, dommage pour la photo qui aurait été belle ! Le ciel a l’air dégagé vers l’Ouest, peut-être aurons-nous Le coucher de soleil des vacances ? Nous attendons, contemplant les rangées de vagues qui se brisent dans une belle couleur turquoise. la mer scintille d’or le soleil pâlit puis s’enfonce dans une brume invisible où il disparaît.

25. Premières visites de Santa Antao avec un chauffeur

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Au petit déjeuner, j’ai résolu l’énigme du pain : on n’en trouve jamais dans les épiceries pourtant, il existe une boulangerie industrielle  dans chaque île. On se demandait bien où on pouvait se le procurer . Ce matin tout le village défile chez Fatima, un torchon à la main pour acheter des petits pains. Les dépôts de pain se trouvent dans des lieux inattendus !

8h, ponctuel, un grand HIACE (15 places) rouge nous attend. Au volant, Gabriel, métis très clair, jeune grassouillet, en jeans. Il parle beaucoup moins bien français qu’on ne  l’avait cru hier, il est ravi que je comprenne un peu le Portugais. A moi donc de faire les efforts de conversation si nous désirons une visite commentée. A Fogo, Albino avait été un guide remarquable mais il était polyglotte ? le prix a aussi augmenté .

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Ribeira : fermer perchée

Pour arriver à Ribeira Grande nous roulons sur quatre kilomètres de corniche au dessus d’une mer agitée de belles vagues blanches. Il n’y a pas de vent du tout, par jour de tempête cela doit être impressionnant !

Ribeira Grande est une agglomération assez laide. Impossible d’en saisir le plan de prime abord : nous passons par une ruelle devant un petit marché, arrivons sur une rue commerçante avec des banques le bureau de TACV, deux hôtels minables. Plus loin un quartier plus moderne, un marché africain installé dans des baraques de tôle grise, beaucoup d’aluguers, un garage. Gabriel stoppe au garage pour voir le loueur de voitures, peine perdue, tous ses véhicules sont occupés. Peut être, n’inspirons nous pas confiance. En voyant l’état des pistes, je le regrette moins.

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Ribeira grande : canne à sucre

Le minibus s’engage dans la Ribeira Grande, vallée assez large et cultivée surtout de  canne à sucre, de manguiers magnifiques, je découvre les arbres à pain. Parmi les légumes du dîner, j’avais trouvé une tranche verdâtre d’un légume inconnu un peu farineux au goût situé entre la patate douce et l’artichaut. Fatima m’avais expliqué que c’était le fruit de l’arbre à pain. Ces arbres sont très grands aussi hauts que les manguiers mais plus larges avec de belles feuilles découpées très décoratives et des fruits vert clair hérissés de piques.

Les maisons sont perchées sur des pentes incroyables, parfois sur des arêtes vives où il y a tout juste la place de construire une maisonnette. Elles sont toutes très fleuries. Les fleurs d’agave –ou de sisal- donnent du pittoresque aux photos. Les plus anciennes sont en pierre noire couvertes de paille (cela se dit pareil en Portugais), les plus soignées sont peintes en blanc, rose ou vert vif, la plupart sont en parpaing.

Cha de igreija : terrasses
Cha de igreija : terrasses

Les hommes façonnent sur place  les briques de parpaing en tamisant les graviers ou le sable prélevés dans le fond de la ribeira en faisant des trous disgracieux. Des cadres métalliques percés de trous faits à la main servent de tamis primitifs. Ils mélangent au ciment le gravier sur le bord de la route et remplissent des moules rudimentaires. Les parpaings sèchent, alignés. Peut être les maçons sont ils des professionnels mais il semble que chacun construit avec l’aide de sa famille ou des voisins sa maison, rehausse d’un étage, rajoute une pièce, tout en habitant les pièces terminées . Cela confère aux villages un aspect inachevé, de chantier perpétuel. Quand il y a du travail aux champs ou du grogue à distiller, quand il n’y a plus de sous, le chantier s’arrête et la maison reste en attente… Les harmonieuses maisons basses aux frontons portugais se transforment en immeubles à étages avec des terrasses hérissées de ferrailles qui dépassent et rouillent, d’escaliers qui ne mènent nulle part . Les animaux, eux, sont logés dans des abris traditionnels souvent arrondis, muret de moellons grossier avec un toit de paille couvrant à moitié l’ouverture ronde.

Les nuages , accrochés aux sommets se détachent. Il fait beau .. Je dois me gendarmer pour ne pas tout prendre en photo . Gabriel s’arrête volontiers (quand la route le permet) Une excursion en voiture est une sorte de torture pour le photographe. Vu de mon siège un cadrage me plaît, descendue sur la route, je ne le retrouve plus. Le premier plan a disparu . dans le viseur, le sujet paraît lointain. et quelconque .

Cha de igreija village
Cha de igreija village

La route s’élève vite à flanc de la montagne. Nous passons devant notre première trapiche (distillerie de grogue) Demi tour à Garça de Cima ..

Point de vue magnifique sur Horta da Cima, village au fond d’une vallée très verte. Puis descente en lacets rapide, la route devient piste et plonge dans un canyon étroit : scènes de western : un cavalier sur un magnifique cheval marron, encore plus insolites ces deux colporteurs très noirs sans doute sénégalais tenant un portoir sur lequel sont accrochés des montres des lunettes, des bricoles, un bandana stars and stripes. Je ne suis pas assez rapide pour sortir l’appareil-photo, dommage …

Pour atteindre Cha da Igreja, le minibus gravit une pente incroyable, nous faisons silence, chauffera ou chauffera pas ? Bravo Toyota! le Hiace est monté sans encombre . J’en fais part à Gabriel qui dit que les Peugeot sont bonnes à Sal ou à Sao Vicente mais qu’elles n’auraient pas supporté l’ascension . Il me montre le thermomètre du compteur.

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Dans la canne à sucre toute une troupe est occupée à construire une levada. J’ai oublié de parler des levadas que nous suivons dans le paysage depuis Ribeira Grande. Certaines sont suspendues sur des ponts très fins  Elles ne ressemblent pas à celles de Madère : ce sont des rigoles d’une vingtaine de cm de largeur et de profondeur avec une fine bordure de ciment de chaque côté . pas de chemin qui les accompagne comme à Madère .Comment travaillent les levadeiros chargés de leur entretien ?

Après la campagne riante, nous traversons une ribeira, et arrivons au village de pêcheurs de Cruzinhas da Garça : un port minuscule abrité par un gros rocher, quelques barques à quai . le village est gris parpaing, noir basalte, très sale et très misérable. La mer envoie des paquets d’écume. Gabriel  propose une promenade à pied. Distribution de crayons . Je descends seule au port . Sur le rocher humide grouillent des dizaines de tout petits crabes.

Nous repassons par Cha da Igreja, le soleil est déjà haut, la lumière moins belle.

Trappiche
Trappiche

Coculi : nous nous engageons dans une petite ribeira cultivée, nous visitons une trapiche. Un jeune commente la fabrication de l’Agua Ardente. La canne est écrasée entre des rouleaux (moteur électrique) le jus arrive dans des barriques stockées dans un appentis. .  Pendant la fermentation, de grosse bulles soulèvent la surface. du liquide grisâtre  .Elle dure plusieurs semaines puis on distille dans alambic primitif. Un four alimenté par des paquets de feuilles de canne chauffe une sorte de chaudron (un bidon métallique) le refroidissement s’accomplit le long d’une gouttière creusée dans du bois où coule l’eau  . Au bout d’un vulgaire tuyau en plastique noir (comme les tuyaux d ‘irrigation) on récupère l’agua ardente. Comment échapper à la dégustation et à l’achat ? le plus simplement du monde : j’explique qu’il est beaucoup trop tôt pour boire et que l’alcool à jeun nous assommerait par cette chaleur (je mime) . je renifle la grogue :cela sent très bon . Ils n’insiste pas du tout. De toute façon la grogue est dans de grosses barriques, si nous avions voulu en acheter il aurait fallu apporter notre propre bouteille.

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Ribeira Grande : bananeraies

Gabriel nous conduit jusqu’au dernier village au bout de la route, croisant des enfants qui sortent de l’école portant leurs cahiers, les objets confectionnés pendant l’année, cartons, tableaux de nouilles ou de coquillages, boutures dans des pots de conserves. C’est le jour des vacances, ils lancent des vivats qui doivent dire que l’école est finie.

Dominique essaie de photographier une petite fille portant une belle bouture sur sa tête, ses copines sont jalouses et se placent devant elle. On a bien du mal à les disposer pour que la « vedette » soit visible.

Nous descendons la piste à pied  .Gabriel nous attend plus bas avec ses copains de la distillerie. Nous déjeunons sous un manguier, à nos pieds une petite levada  . Des gamins nous importunent ‘ »money «  la grande sœur ou la mère les éloigne. Spectacle inattendu : un âne s’est échappé, descend la piste au grand galop poursuivi par un gamin pieds nus.

Sur le gué cimenté, plein de bouteilles de bière cassées, le Hiace se retrouve avec un  pneu crevé. Heureusement Ribeira Grande est toute proche . Gabriel porte le pneu au garage et nous en profitons pour aller changer de l’argent à la banque.

Le ciel s’est couvert, il fait tout gris .

Dernière expédition : la petite Ribeira de Torre qui aboutit à la Ribeira Grande encore plus verdoyante que les autres . Des bananeraies se pressent sur ses flancs . dans son creux, coule de l’eau qui arrose des ignames . les arbres à pain sont encore plus majestueux, je crois reconnaître un avocatier. Fin de la ballade sous un tout petit pic, une aiguille volcanique ( ?) comme un obélisque

Notre lampe de chevet est inénarrable : sur un socle de laiton, la lampe est en porcelaine, un bouquet de fleurs en plastique orange sert d’abat jour . Pas d’interrupteur, quand on tape faiblement sur le socle, la lampe s’éclaire faiblement, au deuxième coup, elle s’éclaire bien, au troisième coup tout s’éteint. D’où provient cette merveille ?

 

24 – . Le ferry de Santo Antao – Arrivée chez Fatima

CARNET DU CAP VERT 2002

 

Punta do Sul
Punta do Sol

Le vent s’est levé hier dans l’après midi et a soufflé toute la nuit. La mer sera-t- elle agitée pour la traversée ?En tout cas, je me lève tôt, ce n’est pas le jour d’être en retard. A 7h25, tout est prêt pour le départ, Elisabeth nous fait un petit déjeuner rapide, pas de café ni de Thé, pas de pain frais non plus, c’est trop tôt .A la place un  croque monsieur au fromage, délicieux . Dominique  est hantée depuis quinze jour par cette traversée – nous voulons être les premières pour choisir nos places, il faut donc arriver tôt ! Elisabeth nous emmène à bord de sa petite Suzuki.

Déjà 14 caddies chargés attendent devant le nôtre à la gare maritime, je me précipite et monte la première à bord du ferry .Nous nous installons à l’avant sur le pont du haut. Nous avons la surprise de retrouver Daniel, le jeune qui nous avait été confié à Orly, il nous a gentiment saluées.

Le bateau prend de travers les vagues avec de beaux creux. Des giclées d’embruns inondent le pont du bas. Nous fixons la mer et l’île de Santo Antao qui s’approche, sans un regard pour les autres passagers derrière nous. Les poissons volants sont au rendez- vous. La traversée dure une bonne heure . La croisière aurait été  très agréable sans l’idée que les Capverdiens ont le mal de mer. Je n’ai rien remarqué jusqu’au moment de descendre.

Santo Antao : carte
Santo Antao : carte

Sur le bateau  les « adjudants » des aluguers recrutent des passagers. L’un d’eux prétend nous avoir déjà vu dans l’avion et propose de nous prendre jusqu’à Punta do Sol pour 350$.A la descente du bateau à Porto Novo, un autre se présente comme le représentant de Fatima et baisse le prix jusqu’à 300$ . Nous le suivons avec une famille française avec deux petites filles.

Le trajet est spectaculaire : la route s’élève très rapidement dans un désert de pierres . Près de la crête, une surprise : une vraie forêt de grands pins, des cyprès, des eucalyptus magnifiques et d’autres essences. Cette verdure est insolite et réjouissante.  Arrêt à Cova pour  le cratère de l’ancien volcan, cirque profond cultivé de petits champs et de jardins.  La route de Corda emprunte une arête rocheuse avec des précipices des deux côtés de la route étroite,. Impressionnant surtout d’imaginer comment elle a été construite et pavée à la main. On n’ose pas se demander ce qui se passerait si une voiture surgissait en face. Le chauffeur klaxonne à chaque tournant. Le klaxon suffit à déclencher une chute de pierres et le Hiace se trouve caillassé . Heureusement les valises , sacs à dos et ballots divers sur la galerie amortissent les chocs.

Route de corda
Route de corda

Comme le minibus est plein de touristes il y a des arrêts photo.

Entre Cova et Ribeira Grande, la montagne est entaillée de ribeiras et sculptée de terrasses. les maisons sont accrochées sur ces pentes abruptes.

Après ce voyage époustouflant, le minibus traverse un village fantôme  et s’arrête devant une bâtisse jaune derrière un camping car rouillé immatriculé en France. On nous débarque dans un couloir sombre . Une femme allongée sur un canapé se lève et nous montre notre chambre et la salle de bain de l’autre côté du couloir ? L’accueil est minimal . parle-t-elle mal français ? Peut-être dérangeons nous ?

La chambre est  décevante : la fenêtre, perchée tout en haut, a vue sur le camping car . C’est propre et correct, mais nous séjournons six nuits. De retour de promenade, allons nous rester enfermées dans cette cellule ? Dominique déprime sérieusement .  Nous avons été mal habituées : balcon à Santa Maria, courette rua Banana, terrasse sur mer à Tarrafal, chambres magnifiques à Sao Felipe et Mindelo. On nous avait prévenues que le confort serait rudimentaire mais on ne s’attendait pas à cela.

Je n’ai qu’une hâte , sortir et explorer le village .

Punto do Sol
Punto do Sol

La mer est à 20 m.

Malheureusement, c’est dimanche, le village est vide sous la chaleur de midi. Nous croisons un couple de touristes blonds arrivés par le même bateau qui ont l’air aussi perdus que nous. La moitiés des mercerias sont fermées aujourd’hui.  Nous visitons celles qui sont sur notre chemin (il y en a beaucoup), toutes sur le même modèle, quelques conserves, du thon, de l’huile, jamais de pain . Après avoir visité trois boutiques nous avons rassemblé les ingrédients pour un déjeuner acceptable : des bananes, yaourts, de la mimolette et des biscuits secs, genre choco BN sans le chocolat.

La place, au centre, est plus pimpante : la Poste est neuve, un beau bâtiment administratif peint en jaune, un petit snack moderne à l’enseigne Coca Cola et surtout un beau jardin public ombragé de palmiers de toutes sortes, tamariniers, cocotiers, fleuri d’hibiscus et d’arbustes colorés, crotons coléus et d’autres. Nous nous installons sur un banc à l’ombre, les frondes des palmiers claquent dans le vent. C’est un endroit très agréable pour un pique-nique.

Quand nous retournons chez Fatima, nous sommes ragaillardies, le Mercalm et le voyage nous avaient complètement abruties. Dominique aimerait changer de chambre pour avoir au moins de la vue. Ce n’est pas possible. Fatima nous annonce que nous pourrons utiliser la terrasse, mais elle ne peut pas nous la montrer maintenant pour des raisons mystérieuses ( c’est la sieste, elle n’a pas envie de monter les deux étages).

Après la sieste nous sommes d’attaque pour une promenade en direction de Fontainhas sur la route ( !) chemin côtier en balcon au dessus de l’océan.

Nous avons des projets, demain nous prendrons une voiture avec chauffeur, après demain randonnée à pied, ensuite nous louerons une voiture … L’optimisme est revenu.

La carte Téléfacil fait encore parler d’elle. Sans avoir jamais appelé en France voilà qu’elle est déjà vide ! 1500$ sont partis à Sao Felipe en un seul coup de fil sur le portable de Bettinho . Dominique ne peut pas appeler ses parents de la cabine. Fatima connaît Téléfacil, après dîner nous appellerons du bar.

La salle à manger est remplie et nous demandons à dîner chez nous dans la chambre. Le poisson est cuisiné avec des carottes, des choux des tomates des poivrons avec comme d’habitude du riz. C’est trop copieux comme d’habitude. Nous n’arrivons pas à identifier le poisson. Cela fait du bien de trouver des légumes ! Je félicite Fatima pour les carottes.

 

23 . Sao vicente une journée tranquille à Mindelo

CARNET CAP VERT 2002

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Journée lessive, avant de découvrir une autre île, il faut remettre de l’ordre dans nos affaires. C’est agréable d’utiliser un bac à linge même si on économise l’eau.

Nous visitons au Centre Culturel une très jolie exposition de Luisa Queiros, surtout des acryliques (avec jus de citron ! !) et des collages . Ce que j’avais lu sur cette artiste dans Notes Atlantiques « femme noire, fils blanc, femme blanche, fils noir »  me l’avait rendu très sympathique .Je ne suis pas déçue par son œuvre sauf que j’aurais aimé voir ce tableau qui ne figure pas dans cette exposition.luisa-queiros

En revanche l’atelier de Tchalê  et la Maison de Manuel Figueira sont fermés . Dommage ! j’avais beaucoup aimé le tableau aux Alizés à Santa Maria . Quant à  Manuel Figueira, ce que j’ai vu au marché au poisson ne m’a pas vraiment enthousiasmé, j’aurais aimé en voir plus.

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Tour au marché aux vêtements africain : les petites échoppes en ciment sont décorées d’azulejos très portugais, légendés en Anglais  rappelant le temps où Mindelo ravitaillait la flotte anglaise .. Les « rues » sont attribuées  aux pays africains. Au centre deux placette et des kiosques, des bancs, de l’ombre. les Capverdiens ont l’art d’aménager des placettes..

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Nous trouvons un jeu d’Awélé pour 1800$, c’est beaucoup moins que ce que demandait le Sénégalais de Sao Felipe, mais la boîte est moins bien sculptée. Nous faisons toutes les boutiques d’art africain avant d’en acheter un, gros et lourd pour 2000$ mais avec une sculpture originale .C’est assez curieux, il n’y a vraiment rien pour les touristes, ni cartes postales, ni souvenirs . Tous les marchands de souvenirs sont sénégalais . Les batiks sont parfois fort beaux et me tentent, les vêtements en batiks sont assez quelconques.

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A midi, belle baignade avec le masque. Dominique reste à l’ombre d’un acacia sans se mouiller.

Le soir nous répartissons les affaires que nous emmenons à Santo Antao  et celles que nous laisserons ici dans la valise.

Vers 6h, peinture sur le port.

Dîner de Cuscus : tranche de semoule qu’on mange chaude avec du beurre de fromage de chèvre et de la mélasse.

22. Sao Vicente Sao Pedro, Flamengos

CARNET DU CAP VERT 2002

les maisons colorées de Sao Pedro
les maisons colorées de Sao Pedro

La route de Sao Pedro, route de l’aéroport, asphaltée, aucun intérêt,  traverse une zone industrielle embryonnaire, puis, en ligne droite un territoire plat, grisâtre plantée  des acacias du reboisement. La plage, en revanche, est magnifique, sable blanc, mer turquoise, écume éblouissante du rouleau, obstacle impressionnant, interdisant toute baignade. A l’arrière de cette barre, la mer est d’un bleu profond lisse. Selon les guides, des tourbillons traîtres la rendent particulièrement dangereuse. La règle du jeu est ne  se baigner que si les cap-verdiens se baignent et surtout pas seules. Aujourd’hui, la plage est déserte.

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les maisons colorées de San Pedro

C’est un plaisir inouï que de marcher pieds nus sur le sable mouillé, se laisser lécher les orteils par la vague. Dominique m’attend au village  à l’extrémité de la plage. Là, quatre ou cinq barques reposent sur le sable. Sur une banquette rocheuse, des maisons pittoresques : l’une d’elles est particulièrement curieuse, ressemble à un visage avec deux yeux et le nez avec ses fenêtres carrées cerclées de vert. J’entreprends de peindre les barques et le village. Bien entendu, les fillettes de sept ou huit ans accourent  avec des garçonnets et m’entourent. Comme ceux de Cidade Velha ou ceux de Tarrafal, ils sont très sensibles aux ressemblances, peu leur importe que ce soit beau ou laid, ce qui leur plaît c’est qu’on identifie les barques et les maisons. Pour cela, ils me dictent les numéros des barques me donnent le nom des propriétaires des maisons.

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Au bout de la piste : la plage de Flamingos

Pour arriver à la plage Flamingos  juste derrière le promontoire, il faut retourner presque jusqu’à Mindelo et emprunter la piste sableuse au pied des éoliennes modernes. Le sable clair poussé par le vent du nord forme de toutes petites dunes  qui se détachent sur la roche ocre, marron et rouge nous rappelant le Sud Marocain. Nous avons confiance dans notre 4×4 et ne craignons pas de nous enliser (aventure récurrente dans nos voyages) . Ce sable est sujet d’étonnement : d’où provient il ? Sa position au nord est de l’île me suggère une origine saharienne,  peut être est il marin ? j’aimerais bien résoudre cette énigme .

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La plage de Flamingos

Cette piste aventureuse n’est pas très longue (6kmx2) mais  très amusante. On s’imagine perdues quelque part dans le Hoggar ou dans le Sahara, l’immensité en moins. De temps en temps, un arbre très vert se détache.  Comment fait-il pour être si vert ? Sans doute le lit de la ribeira contient de l’eau. Le vent lui modèle la silhouette. Arrivées à la plage, encore du sable blanc et des vagues. Le retour est aussi beau, quoique moins aventureux, puisque nous connaissons le chemin.

Pendant que je peignais, Dominique a trouvé dans le Petit Futé une plage dont le guide dit le plus grand bien. Sur la route de Lazaretto, après la zone industrielle, nous tombons au beau milieu de manœuvres militaires. Les soldats s’exercent avec des mitrailleuses lourdes sur des chariots tirés à bras. Le plus étrange est qu’ils laissent passer notre voiture en plein milieu de leur exercice . Je n’ose quand même pas prendre des photos. Moro Branco n’est vraiment pas l’endroit sympathique décrit dans le guide, accès difficile à l’eau et environnement industriel, chantier  et terrain militaire. usines

Retour vers midi au residencial , je vais seule à la plage faire une rapide mais rafraîchissante baignade.

Au fond le petit village de Salamansas
Au fond le petit village de Salamansas

Nous retournons l’après midi à Baia das Gatas, la belle piscine naturelle. L’eau est plus agitée qu’hier, plus trouble aussi. Je nage longtemps, pour les photos sous marines c’est un peu loupé. En fin d’après midi, nous remontons au Monte Verde . sous la lumière du soir, tout semble différent . la montagne a perdu ses couleurs roses et rouges, elle est marron et beige. La baie de Mindelo brille d’un éclat métallique, les crêtes sont bleutées et noyées dans la brume . On ne voit plus les autres îles noyées dans la brume. Au sommet du Monte Verde, une nappe de brouillard très dense nous engloutit, il ne reste plus qu’à redescendre.

plages de Sao Vicente
plages de Sao Vicente

J’aime beaucoup nos « révisions » : du haut du Monte Verde nous avons pu revoir tous les lieux visités : la belle plage de Calhau et ses rangs de vagues blanches, ses triangles de sable blanc sur le basalte noir, Baia da Gatas et l’eau turquoise enserrée dans les rochers, les cratères érodés et les cônes de Calhau … Nous pourrons rendre la voiture sans regret.

 

21. Sao Vicente: Monteverde et plages à bord d’une suzuki

CARNET DU CAP VERT 2002

 

Panorama du Monteverde sur la baie de Mindelo
Panorama du Monteverde sur la baie de Mindelo

La petite  4×4 suzuki est toute blanche, toute neuve, très haute sur roues comme il se doit.

Nous faisons trois fois le tour de Mindélo avant de réussir à en sortir en nous aventurant dans les quartiers des collines, misérables ( beaucoup moins qu’à Praia). Le centre de Mindelo est petit mais nous découvrons une ville  étendue.

A la sortie de la ville : le désert est rouge, orange, ocre, mauve, marron . Dans le lit des ruisseaux des arbustes très verts différents des acacias défeuillés que nous avons vus ailleurs.

La route pavée a deux voies séparées par un pavage blanc, la signalisation routière est présente. Sao Vicente est décidément une île moderne !

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monteverde

 

Nous grimpons des lacets serrés le long d’une paroi verticale pour arriver au sommet du Monte Verde. Malgré son nom, il n’a rien de vert, comme le Cap Vert d’ailleurs, excepté les touffes de sisal portant de longues hampes fleuries et les petites taches jaunes des lichens. Nous admirerons le panorama sur la baie.

Le ciel est gris, couvert. Le plafond nuageux coupe la dernière ligne des crêtes. Dès qu’on s’élève au dessus de la baie de Mindelo on comprend que la dernière barre rocheuse est une île. La baie est  plus ouverte que nous ne le pensions hier. Le bras de mer qui sépare Sao Vicente de Santo Antao est étroit, lisse, bleu profond.

A mesure qu’on avance dans la journée, les nuages se dispersent. Les sommets déchiquetés de Santo Antao apparaissent, coupés de banc d’ouate qui s’effiloche. En dessous du sommet, un âne chargé de feuillages vient à notre rencontre, la montagne n’est pas aussi désertique . Des terrasses minuscules sont soigneusement binées . J’admire la ténacité de ceux qui les ont construites et qui continuent à les cultiver. Cultiver quoi ? mystère !  A la veille de la saison des pluies, tout est prêt pour les semailles. Au sommet du Monte Verde des antennes sont gardées par des soldats qui nous escortent vers le meilleur point de vue. Luxe inouï ! Nous avons la radio dans le 4×4 et captons RFI.

Au sommet du Monteverde sisal et terrasses
Au sommet du Monteverde sisal et terrasses

Descente vers la mer : les nuages se sont dissipés, il fait un temps magnifique, frais grâce au vent . Ne pas s’y fier, c’est ainsi qu’on attrape des coups de soleil.

Près de l’eau, deux cratères anciens ont été arasés par l’érosion, il ne reste plus que deux cercles noirâtres sur un sol clair.

Carte de Sao Vicente
Carte de Sao Vicente

Détour par Salamansa, gros village très misérables, certaines maisons sont peintes de couleurs très vives, jaune, vert. Les enfants en vacances depuis peu, traînent partout.

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Une piste longe la côte. Sur les rochers, des enfants pêchent de gros poissons. Le rivage est plein de coquillages cassés, certains atteignent une quinzaine de centimètres de long, malheureusement aucun intact.

Plus loin, des hérons gris se détachent sur la roche rouge orangé.

Baia das Gatas
Baia das Gatas

Baia des Gatas est une  plage célèbre pour son festival de musique. au mois d’Août.  Une grande estrade et des poubelles (luxe ici !) ont été installées. Elle est bordée de quelques villas blanches . L’eau est très calme, limpide, d’un turquoise pastel dans les piscines naturelles . La baignade est sans risque. L’eau est très peu profonde; il faut aller loin pour avoir assez d’eau pour nager. Heureusement, j’ai mon masque . Des coraux blanchâtres(morts) font de jolis oreillers sur lesquels furètent plusieurs sortes de poissons : un régal ! ! j’ai l’impression de me trouver dans un aquarium tropical. Comme la baie est protégée par une jetée et des bancs de rochers, je peux faire du surplace, ce qui était difficile à Tarrafal.

Je retourne à l’eau à trois reprises.

Il ne serait pas prudent de rester des heures entières à la plage sans ombre, même si nous ne souffrons pas de la chaleur.(Au retour au Residencial Che Guevara nous serons bien rouges )

 

Pendant la baignade, une bonne douzaine de planches à voile sont apparues, venant de la mer, sans doute de Calhau.  Nous décidons  de nous y rendre. Sur la carte c’est tout près, une piste contournant le Monte Verde devrait nous y conduire.

La première tentative pour trouver la piste tourne court : quelques dizaines de mètres et nous aboutissons dans la cour d’une ferme. La deuxième route nous mène au pied du Monte Verde dans une petite ribeira (lit d’un oued à sec) cultivée avec soin. Le lit de la rivière est barré par des digues cimentées, des terrasses de bonne taille et de bonne terre sont cultivées à l’ombre de beaux palmiers. L’eau est pompée grâce à une éolienne à nombreuse pales en tôle selon un modèle ancien. Des puits circulaires entourés de murets de pierre sont de taille imposante, deux à trois mètres de diamètre, de là sort tout un système de tuyaux.

Au pied du Monte Verde, une plus grande exploitation avec des serres et sur des terrasses une irrigation goutte à goutte. Fin de la piste. Nous n’arriverons pas par là à Calhau . toutes les personnes interrogées sont formelles, le raccourci indiqué sur la carte n’existe pas, il faut retourner à la Cidade.

Nous ne regrettons pas notre équipée dans les terres : les paysages sont magnifiques, toujours des crêtes des pics déchiquetés à l’horizon les collines rouges et les oasis minuscules.

oasis?
oasis?

A Mindelo nous trouvons facilement la route directe qui passe par deux grandes ribeiras avec des palmiers, des éoliennes et des jardins de légumes, salades, choux, oignons. Est ce la présence de la grande route droite ?La largeur des ribeiras, tout simplement l’habitude ? c’est moins charmant que sur la petite piste .

Calhau est un village plutôt laid : quelques maisons prétentieuses, du parpaing, un grand terrain de foot, quelques barques de pêche.

La plage est gardée par deux cônes noirs, volcans plutôt récents d’après le bon état de conservation, l’un d’eux est éventré : carrière de scories pour le parpaing.

Des panneaux portant des mises en gardes polyglottes et rouillées nous accueillent : « plage dangereuse, praia perigosa… ». D’imposants rouleaux se déversent sur plusieurs rangs d’écume blanche dans une eau verte sur une longue plage de sable blanc qui s’accumule à la base de la falaise de basalte noir formant parfois de petites dunes. Triangles blanc éclatant sur un mur noir, ce sable blanc est un mystère pour moi.

 

20. Sao Vicente – Mindelo

CAP VERT 2002

Mindelo front de mer
Mindelo front de mer

La place Amilcar Cabral ombragée est ornée de deux petits kiosques, l’un ouvert, – kiosque à musique -, l’autre original, sert de buvette.

De la place, part une artère commerçante avec les principales banques et TACV. Plus loin, à angle droit, la Rua Lisboa avec le marché aux légumes, des célèbres cafés et le Palais du Peuple peint de rose et joliment décoré.

La maison de Cesaria Evora

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Tout le monde connaît la maison de Césaria Evora un peu plus haut près du Lycée.

C’est la maison la plus importante de la rue, deux étages, crépie de neuf en jaune, mais fermée de barreaux  aux fenêtres.

Marché aux poissons

Un marché au poisson carrelé et décoré d'azulejos
Un marché au poisson carrelé et décoré d’azulejos

Nous faisons un tour au marché aux poissons pour admirer les azulejos des artistes locaux très colorés. D’énormes thons gisent par terre, sur les étals des garoupas rouges, des chinchards et des poissons de taille moyenne ressemblant à des maquereaux.

Mindelo, marché africain
Mindelo, marché africain

Plage

Située à quelques minutes de l’hôtel Che Guevara,, une mer turquoise sans vagues. Quand on se baigne, on sent quand même le ressac. Je ne me sens pas en confiance dans l’océan comme en Méditerranée. Il faut nager sans relâche pour ne pas se laisser emporter. Personne ne s’éloigne du bord, je n’ose pas nager bien loin et fais des allers retours le long de la plage. L’eau est très rafraîchissante, la baignade plus tonique que délassante.
Sieste.

Azulejos du marché africain
Azulejos du marché africain

Les informations à la télé

Depuis notre arrivée au Cap Vert, il y a près de vingt jours,  nous n’avons pas trouvé de journaux. A l’Alliance Française,  on peut  voir les informations de CFI . Le gros poste de télévision est dans la cour,en face du bar, une autre cour est protégée du soleil par une treille qui court sur un filet.Le journal de TF1 ne nous apprend rien d’intéressant, -Tour de France, lutte contre la délinquance des mineurs, inondations…

Des musiciens débarquent avec leurs instruments, les accordent pendant le journal télévisé que nous sommes seules à regarder. Une chanteuse et deux guitares commencent à répéter. C’est inattendu, très agréable. Un autre groupe avec une guitare électrique se prépare. Mindelo est la capitale de la musique capverdienne, nous en goûtons un échantillon.

19. avions inter-îles :de Fogo à Mindelo

CAP VERT 2002

la baie de Mindelo, au fond :Santo antao
la baie de Mindelo, au fond :Santo antao

On a failli acheter un awalé
Dernière promenade au marché pour éviter la persécution du vendeur de souvenirs sénégalais qui est venu nous chercher jusqu’à dans la salle à manger pour nous vendre un awalé – bien cher –, puis qui s’est installé devant notre fenêtre. Il nous a même laissé le jeu emballé sur le rebord de la fenêtre. Cette insistance nous a indisposées, -2500$-, c’est beaucoup trop cher !

On a aussi failli rater le taxi et l’avion !

Lou est d’une humeur massacrante. L’avion est avancé d’une heure. Si nous ne sommes pas prêtes dans 10 minutes, il faudra prendre un taxi. Heureusement que les bagages étaient bouclés !
Dans le pick up nous retrouvons Régine, André et leur fils. Notre «ami» le sénégalais laisse le jeu pour 2000$ à André. Après palabres, nous l’aurions bien acheté à ce prix !
Il ne reste plus  que deux places dans l’avion de Praia. André et Régine nous laissent leur tour. Ils prendront le prochain avion. Lou, pas étonnée, n’est guère causante… Elle me déçoit d’autant plus qu’elle nous a réclamé le prix des transferts au dernier moment. Ce n’était pas très délicat… Elle attend nos remplaçants sans plus se soucier de  nous.
André et son fils passent le temps en jouant à l’awélé. Si nous avions acheté un jeu, on aurait pu en faire autant.

Retour à l’aéroport de Praia

Le vol jusqu’à Praia dure 20 minutes. C’est devenu de la routine. Dommage que nous soyons assises du mauvais côté, nous aurions pu revoir le volcan.
A l’aéroport de Praia, encore trois heures d’attente! Nous pique-niquons sous « notre » acacia puis passons le temps en regardant la télévision. La télévision  m’agace, avec ses séries où tous les héros sont blancs et riches…
Vol Praia/ Sao Vicente : 50 minutes au dessus des nuages, rien à voir.
Chaque fois qu’on découvre une nouvelle île, le climat change. Nous arrivons  sous la chaleur. Un taxi nous emmène en ville sur une route asphaltée. Sao Vicente est désertique comme Sal, mais montagneuse. Décor de western ! A l’entrée de la ville : une petite zone industrielle. Nouveauté, nous sommes dans une grande ville moderne et plus ordonnée que Praia.

Mindelo : une grande ville

Mindelo est une véritable ville
Mindelo est une véritable ville

L’hôtel Che Guevara est complet. On nous place dans une petite chambre aveugle, fenêtre minuscule, cube complètement occupé par les deux lits. Heureusement, une très belle salle de bain.C’est provisoire, demain nous aurons une chambre avec vue.

Visite aux supermarchés qui contrastent avec les petites lojas de Sao Felipe. Retour au monde moderne.

Un marché au poisson carrelé et décoré d’azulejos
La ville est vivante et animée. Il y a foule dans les rues dans les magasins et les banques. La  ville est un peu désuète et décrépite,  plus urbaine que Praia :  belles maisons coloniales du siècle dernier, à balcons en fer forgé, marché couvert comme à Funchal avec trois niveaux et des petites boutiques, marché au poisson décoré d’azulejos modernes aux couleurs vives. Ici, il y a aussi un marché africain pour les habits, des petites boutiques  alignées dans des guérites couvertes, très propres, avec des décorations d’azulejos bleus portugais.

le port de Mindelo
le port de Mindelo

Retour par le front de mer. Dans l’ancien port, les pontons de ciment tombent en ruine, les ferrailles rouillées, épaves, remplaçent les anciens cargos du temps où Mindélo était un port charbonnier où les transatlantiques en route vers le Brésil faisaient escale pour se ravitailler. Les vestiges se désintègrent. Autres monuments bizarres : une sculpture représente un aigle sur un tas de fausses pierres, sur une digue mal entretenue et la réplique de la Tour de Belem cachée par des échafaudages. Quelques catamarans et voiliers de croisière mouillent, regroupés au milieu de la baie.
Promesse de coucher de soleil,  englouti par un banc de nuages comme à Tarrafal, le gros ballon jaune disparaît avant de rougir.

La lumière est très belle. Je tente des photos. C’est à ce moment que je me rends compte de la beauté du site. Baie fermée de toutes parts (où est l’océan ?) par des monts mauves à l’heure du couchant, avec des formes étranges. La ville s’étage sur des collines, cubes colorés aux teintes vives. On n’a pas hésité à utiliser des oranges vifs et du turquoise soutenu ou du violet.
Le  « ferry »de Santo Antao le 21 a mauvaise réputation. Patrick nous a raconté en plaisantant que les Capverdiens sont malades avant même de monter sur le bateau. Dominique est hantée par cette traversée et cherche à y échapper. Peut-être existe-t-il un avion ?  Pas si idiots que cela, les Capverdiens ! Le rafiot à quai, par une mer d’huile, tangue abominablement. Il faudra prendre du  Mercalm.
Nous dépassons d’énormes silos pour découvrir la plage de sable blanc. A cette heure-ci, comme à Tarrafal, elle est remplie de sportifs qui font des exercices divers, jogging, pompes, assouplissements, jeux de balle… les Capverdiens entretiennent leur corps.
Le residencial Che Guevara est tout proche de la plage. Nous rentrons à la tombée de la nuit, commandons du thon grillé et du riz pour moi, un yaourt pour Dominique. Je mange donc seule le thon grillé délicieux assaisonné d’huile avec de l’oignon et de la coriandre hachée devant les informations à la télé capverdienne.