Gümri : visite de la ville

CARNET ARMÉNIEN

Gümri ou Léninakan soviétique?

La pluie tombe sur Gümri. Le contraste entre les façades de tuf rose, urbaines et sophistiquées, avec leur arches, colonnes, corniches, motifs sculptés géométriques et végétaux, avec les arrières cours immédiatement derrière les beaux immeubles qui sont campagnardes, vertes, aux arbres fruitiers fleuris (cerisiers et pêchers roses), est donc surprenant. Dans ces arrières- cours, il y a des maisons basses et même des baraques de bois et de tôle, la chaussée est de terre.

Le fort et Mère Arménie

Fort de Gümri – Léninakan?

Notre première visite est pour ce fort bas et circulaire, couronnant une colline, non moins d’une sculpture de Mère Arménie qui regarde la Turquie d’un air martial. Autant la sculpture de Mère Arménie de Yerevan avait un air sympathique (de dos on pourrait croire qu’elle joue de la guitare) autant son homologue de Gümri est figée pointant le ciel d’un geste menaçant. Le fort est en chantier. Peut être que dans quelques années il sera plus intéressant à visiter.

Vieux Gümri : quand Gümri s’appelait Alexandropol…

Dans les vieilles rues de Gümri . Alexandropol?

 

Une promenade dans les vieilles rues est balisée par des panneaux très détaillés, expliquant les particularités architecturales ou l’histoire des maisons anciennes. Mais il n’est pas aisé de trouver tout ce qui est décrit. Le nom des rues a changé, les numéros ne correspondent plus et sont dans le plus grand désordre. Les histoires sont charmantes : celle de la maison dont la fontaine (introuvable) devait porter chance à un  ménage arméno-russe avec une croix russe et une arménienne… La « maison du Traité »

….Je cherche une fontaine ancienne dont la photo illustrerait mon billet sur la Fontaine D’Heghnar de Mkrtitch Armen que j’ai beaucoup aimé. Je cherche, sans les trouver, les lieux du roman. Roman intemporel, qui raconte une ville sur plusieurs collines, une ville avec un quartier arménien, un grec, un turc…ville d’avant les Russes? Ville rêvée?

boutiques et échoppes des artisans

Promenade tranquille dans les rues pavées en pente où les maisons modestes alternent avec les maisons de maître. On a joué avec les couleurs du tuf. Basalte noir et tuf rouge faisant des damiers, des colonnettes. Les arbres fruitiers ont un air printanier. Je regarde par les fentes des portails de bois, entre dans les cours…Des artisans occupent le rez de chaussée, boulangers, cordonniers, photographe à l’ancienne, imprimeur…des restaurants un peu chics coexistent avec les échoppes. Ici on a briqué la façade. Là, on a ajouté un auvent de tôle disgracieux.

sur la place de la mairie Vartam Mamikonyan

Nous garons la voiture sur une grande place occupée par de nombreuses banques et descendons la rue piétonnière qui conduit à la place de la Liberté où il y a la Mairie – toute neuve crème – et deux églises. L’une d’elle complète et très noire, l’église des 7 douleurs avec sa coupole au toit pointu tombé en 1988,  en face la Cathédrale entourée d’un échafaudage. Un panneau raconte que pendant la période communiste, la Cathédrale était une salle de concert. Il est aussi expliqué que les clochers encaissent les secousses et protègent l’église. Dans le cas de la Cathédrale cela n’a pas dû aider, les dégâts furent spectaculaires : une photo de 1988 montre un pan de mur à la place du clocher. En 25 ans les chantiers se succédèrent et s’arrêtèrent faute de crédits. L’extérieur est pratiquement complètement remonté. Tatev, la sœur de Jack nous en racontera un peu plus : le groupe de statue qui occupe le centre de la place représente le roi Mamikonian entouré de ses guerriers, au 5ème siècle . Ce soir Vartan était censé donner son nom à la place, selon le désir du maire qui portait le même prénom. Tatev nous montre aussi le Cinéma Octobre joliment rénové.

avant et après le séisme

Dans la « cour de l’église » se trouvent de magnifiques khachtkars, l’une des stèles représente le séisme du 7 décembre 1988. Les stèles sont dans el style de la ville de Djura. – très belles.

Non loin de là, on entre dans le marché. Les étals les plus photogéniques sont ceux des conserves colorées, de viande séchée, de charcuterie de saucissons et pastramis rouges. Vendus avec les épices, les semences : graines de carottes, de chou-fleurs, de melons ; les haricots noirs et blancs, mouchetés roses, sont-ils à manger ou à semer ? Il y a même de l’encens à brûler avec les graines.

au marché : épices et graines

Nous achetons plusieurs mélanges d’épices très odorants après les avoir gouté : de couleur orange avec du sésame, rouge avec des paillettes dorées, basilic violet et une plaque de framboise en pâte fineséchée pour 1000dram.

Gümri: chez Gohar et Mouchegh : recette des dolmas, soirée en chansons

CARNET ARMÉNIEN

cuisiner les dolmas

Nous logeons chez les parents de Jack, sur une belle artère du Centre-ville. Nous passons devant des casernes russes construites en belle pierre, qui semblent encore occupées. L’huisserie est toute neuve. Un détachement marche en rang sur le trottoir portant une sorte de toile en toile couleur jute (que nous avons vu en Lettonie dans la Prison militaire de Liepaja). Russes ou Arméniens ? Tout le quartier semble russe : le cyrillique remplace l’écriture arménienne. Un magasin porte même l’enseigne CCCP en grosses lettres rouges. Voyage dans le temps ? la frontière turque est à quelques pas d’ici.

Au centre de Gümri, la chaussée est en meilleur état avec quelques trous, sans plus. Les larges avenues sont construites de beaux bâtiments. Certains sont neufs, d’autres plus anciens. Arches, façades sculptées, des corniches ornées, 3 étages. Le père de Jacques nous accueille sur le trottoir. Les parties communes de l’immeuble ont connu des jours meilleurs, un coup de pinceau s’imposerait. Les balcons sont renforcés par de la tôle. Solidité de ces immeubles anciens ou hasard de la structure du sous-sol, ce quartier ne semble pas avoir trop souffert du séisme.

L’appartement est très haut de plafond, il possède de grandes fenêtres. Les pièces sont de belles dimensions. Elles sont très claires et très agréables. Les meubles de bois verni sont dans le style des années 50 ou 60  – périodes fastes. Notre hôte était ingénieur. Son usine a fermé à cause du séisme. Il n’a jamais retrouvé une position équivalente en Arménie et a dû travailler en Russie . Deux machines à coudre industrielles occupent un coin de la cuisine. On demande:

Êtes vous couturière ? »

– »Non !» sur un ton indigné.

Le père montre des chaussettes. Méprise. Je crois que les machines les reprisent, je montre mon pantacourt préféré qui a bien besoin d’être reprisé. « Non » Ces machines fabriquent les chaussettes et ne les reprisent pas. Machines bien inutiles.

La communication est un peu compliquée : quelques mots d’allemand,-un dictionnaire  Français-Russe sur la table, des dessins sur mon cahier,  des gestes. La mère de jack a autrefois appris le français qui revient en mémoire au cours de l’après midi. Le soir, elle construira des phrases entières correctes. On feuillette le dictionnaire et finalement on se comprend très bien.

Dolmas arméniennes

 Au programme : cours de cuisine. Confection des dolmas arméniennes, différentes des grecques ou des libanaises, dans des feuilles de vigne. On utilisera des feuilles de chou et cela ressemble plus aux sarmalés roumains  qu’aux feuilles de vignes que je connais.

A notre arrivée, la viande a déjà été hachée, mélangée avec des oignons. La dame hache au couteau sur une planche à découper en verre, des oignons verts, de la coriandre en gros bouquet. Elle ajoute du concentré de tomate, du piment, du paprika et du poivre. Elle émiette des feuilles de ce basilic violet séché. Un verre de riz trempe dans une écuelle en attente. On en versera tout le contenu (riz+eau) dans la bassine de viande. On farcira aussi des courgettes évidées. Dans un faitout il y a de l’eau qui bout pour blanchir le chou qu’elle effeuille encore chaud et cru. . Il reste à rouler les dolmas en enlevant les trop grosses côtes puis les ranger soigneusement au fond du faitout et placer les courgettes farcies sur le dessus. Le tout est bien tassé. Une assiette retournée appuie sur les farcis et assure la cohésion. A chaque étage et dans les courgettes elle met des portions généreuses de beurre. Les légumes vont mijoter dans une sauce tomate diluée, à feu doux jusqu’au dîner.

L’intérieur des courgettes est mélangé à des oignons verts, de la coriandre, de la sauce tomate et du beurre, poêlé pour faire une « salade » chaude.

A 19h, on goûte les dolmas. Je me préparais à les couper au couteau et fourchette ; la dame me montre qu’il faurt prendre un morceau de lavache – pain mince comme une crêpe – y insttaller la doma avec un peu de tomate et concombre et rouler le tout.

Au dîner, on mange les dolmas dans une assiette.

En attendant le dîner, pendant que les dolmas mijotent. Nous partons pour un tour en ville. Rapide tour en voiture parce qu’il pleut et que cela a fait nettement baisser la température.

Le dîner est joyeux. La dame chante en arménien et en français. On chante aussi. On filme.

monastère de Marmachen

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Le monastère de Marmachen dans le creux du vallon

 Le monastère de Marmachen se trouve à une quinzaine de km de Gümri vers le Nord Ouest tout près de la frontière turque. La route traverse des zones de ruines et à  proximité du site un dépotoir, sacs en plastique volants et gravats. La route devient une piste pleine de trous qui descend en lacets.

Nous avions imaginé un  monastère perché sur une colline comme les autres vus précédemment. Marmachen est niché dans un creux. Marmachen se mérite. La descente sur la route défoncée en épingles à cheveux est une épreuve. Mieux vaut finir à pied. Tout à coup, les coupoles émergent d’une floraison blanche et rose. A l’arrière, un petit canyon, un ruisseau qui a créé en aval un petit lac, plus loin paissent des troupeaux dans une prairie vert vif. Un coin de paradis après l’enfer du séisme. Deux églises : une grande et une petite qui se ressemblent ; un mur circulaire comme une tholos, à l’intérieur, comme à Garni : une église à plan cruciforme très ruinée.

Marmachen avant l’orage

Des noirs nuées d’orage s’accumulent. Les bergers à grands cris rassemblent leurs troupeaux. Le vent se lève. J’avais envie de dessiner. Nous avons juste le temps de rentrer en voiture ; une grosse goutte s’écrase sur le pare-brise. C’est l’averse, courte mais drue. Quand nous atteignons la ville la pluie a cessé.

Arrivée à Gümri

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A l’entrée de Gümri, d’autres monuments de style soviétique : une colonne géante à section carrée très haute et très large porte l’étoile rouge. En face des statues à taille humaines : trois travailleurs peints en gris mais déjà atteints par l’érosion.

La traversée de Gümri tout au moins de ses quartiers périphériques, laisse une impression étrange. La chaussée est complètement défoncée. De nombreux immeubles sont en ruines ; Abandonnés après le séisme ? D’autres, dans le voisinage sont habités. Difficile de comprendre. Certains quartiers sont rasés. Des gens habitent dans des sortes de baraquements. Le séisme a eu lieu en 1988, il y a maintenant 25 ans et les plaies sont encore béantes. Nous avons déjà traversé une zone sinistrée par un séisme à Izmit (Turquie), un an après le tremblement de terre. Des immeubles étaient effondrés  comme  des châteaux de carte à côté d’autres intacts. A côté des ruines, on a construit de belles maisons de pierre aux façades finement ciselées et des bâtiments de verre.

 

sur la route vers l’ouest : d’Haghpat à Gümri

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Complexe industriel à Alaverdi

Quittant le village, nous passons sous les « arcs de triomphe » du gaz, tuyaux jaunes faisant de hauts coudes à chaque intersection pour laisser passer les camions. Les compteurs individuels sont dans la rue et les petits tuyaux passent par les jardins. Repassant sur la même route qu’hier, nous découvrons entre Haghpat et Sanahine, perchée sur une butte, une forteresse. La vallée est occupée par les complexes industriels qui rouillent et se ruinent. La route franchit la rivère à Alaverdi ; Un téléphérique monte d’Alaverdi à Sanahine.

A Toumanian, la vallée est aussi encombrée d’usines en ruine ainsi que Vanadzor. Cette désindustrialisation spectaculaire est attristante. Que sont devenus les ouvriers ? Cette industrie lourde des années communistes était-elle viable ? Est-ce la fermeture des frontières, des approvisionnements, des marchés qui a causé cet effondrement ? J’ai oublié sur le moment le séisme de 1988.

la récolte des « asperges »

Après Vanadzor, la route M3 continue vers l’ouest. A droite, les montagnes sont très pelées, l’herbe, rase, pas un arbre, pas un buisson. A gauche, vers le sud, il y a des villages et des arbres en fleurs. La route évite Spitak par un tunnel moderne et bien éclairé. Nous entrons dans la Province de Shirak. Nous traversons alors une plaine où l’herbe est très verte et  constellée de fleurs blanches. Deux femmes courbées déterrent avec un grand couteau des plantes. Ce sont des tiges très blanches puisque enterrées qui portent des feuilles dentées, épaisses brillantes. Elles sont très gentilles, acceptent de se faire photographier : la plus jeune enlève le foulard et libère une belle chevelure brune et brillante. Difficultés pour communiquer. J’appelle Jack avec notre téléphone arménien, passe l’appareil à une des femmes afin qui’il nous donne le nom de la plante énigmatique. Il traduit spontanément « asperge », « non ! les asperges, nous les connaissons ! » Il fera une recherche plus poussée sur Internet et rappelle : c’est une plante endémique qui ne pousse que dans certaines régions d’Arménie .

Qui connait ces herbes?

Nous passons un col à 2000m où se trouvent encore des névés. Un peu plus loin se trouve une série de monuments (tout en arménien, incompréhensible) deux colonnes, une fontaine et une stèle de basalte gris. Plus loin, un aigle sur un grand monument rouge.

Le monastère d’Haghpat sous le soleil

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le monastère d’Haghpat

La lumière très belle du matin nous invite à retourner au monastère d’Haghpat. Nous découvrons la grande fontaine (1256) toujours en fonction. Il y a même un miroir pour y faire un brin de toilette. Le fronton triangulaire est soutenu par des colonnes trapues aux chapiteaux carrés formant de belles arcades.

On entre d’abord dans le Gavit avec ses 4 très grosses colonnes. L’église Saint Néchan (Saint Signe)  fut bâtie de 976 à 991 par les frères Sembat et Gurgen, fils de la reine Khosrovanouch. Le dôme fut l’œuvre de l’architecte Tiridate d’Ani qui avait réparé celui de Sainte Sophie de Constantinople. Un balcon spécial est réservé à la famille Kiourykian. Ce matin, la lumière est superbe pour admirer les fresques du 13ème  : un Christ Pantocrator qui ressemble à celui des églises byzantines, domine dans la coupole au dessus du chœur. Dans les autres fresques on devine une Cène.

A côté de la grande, la petite église Sourb Astvatsatine est très mignonne.

Le Khatchkar où figure le Christ en croix est tout à fait exceptionnel. De plus il est coloré au rouge de cochenille. Cette cochenille aurait été très recherchée dans les cours égyptiennes à Constantinople et en Europe.

Dans la bibliothèque, les jarres enterrées m’avaient intriguée. Les panneaux officiels donnent une autre explication : dans ces jarres étaient entreposés du vin et des produits laitiers. L’atmosphère humide était favorable à la conservation des manuscrits et de la nourriture ; A chaque invasion, les moines cachaient les manuscrits précieux dans des cavernes. Au 13ème siècle les Mongols torturèrent les frères pour connaître les cachettes. Mais les moines ne donnèrent pas les « perles aux cochons ».

Dans le Gavit d’Hamzasp (1257) se réunissait l’assemblée des moines. Deux puits de lumière (erdik) éclairaient le refectoire. Le sol du Gavit est pavé de pierres tombales qui littéralement mettaient les puissants de la famille Kourikyan à nos pieds.

soirée à Haghpat chez Gayané – mystère des jarres de la bibliothèque

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coucher de soleil sur Alaverdi , vue de chez Gayané à Haghapat

Le Monastère d’Haghpat est le jumeau de celui de Sanahine. Même époque, même basalte gris, mêmes commanditaires : la reine Khosrovanouche et les princes Kyourikian- Kyourike et Sembat-  représentés tenant la maquette de l’église.

les princes Sembat et Kiouryke

Des nuages ont envahi le ciel. Le basalte se confond avec eux sur fond gris ; les photos seront ratées. Nous reviendrons les faire avec le soleil matinal. Nous ne faisons qu’un parcours rapide et superficiel sans ouvrir le Kaplanian. Néanmoins je découvre des merveilles : les fresques de l’église Saint Signe et les jarres enfouies dans la bibliothèque. Sur le coup j’imagine qu’on y a rangé des livres et des manuscrits. Mais c’est peu pratique, comment les récupérer ensuite ? Kaplanian suggère qu’on y aurait mis des braises pour chauffer. Hypothèse encore plus hasardeuse. Pourquoi tant de jarres ? Devait-on zigzaguer entre les trous ? Y avait-il un plancher ? sans parler du risque d’incendie.

Sophik, prévenue par Jack, rencontrée à la buvette nous conduit à notre gîte « chez Gayané » bien signalé comme hôtel dans tout le village. Une grande maison crépie  et quatre petites en pierre claire, encadrent le jardin. Des tables de bois sot protégées par des auvents. C’est là que nous dînerons. Notre chambre est simple mais avec tout le nécessaire (TV-satellite) climatisation inutile au mois de mai, une salle d’eau avec eau froide et eau chaude. En été la piscine doit être très agréable.

Trois femmes font la cuisine dans une pièce ouverte sur l’extérieur. Je pensais me joindre à elles puisqu’un cours de cuisine est au programme de la soirée. Elles ne l’entendent pas ainsi et m’invitent à boire un verre dans le jardin. J’ai tout de même l’occasion de les voir hacher les orties pour la soupe à mains nues. Je demande à l’une d’elles si cela pique. Elle me tape le bras avec une poignée d’orties. Oui ! Elles sont bien urticantes comme les nôtres ! Le bœuf mijote pour le dîner. Problème de communication : elles sont bien trop occupées pour essayer les gestes et les dessins.

Le dîner est servi à 19h30(après il ferait nuit et trop froid). Sur la table deux salades : une verte et concombre malossol accompagné d’une herbe dans la saumure, fenouil peut être. La soupe aux orties est servi avec de l’œuf battu et des pommes de terre. La viande est servie sans sauce juste avec les pommes de terre. Viande et patates sont fondantes imprégnée de paprika et parsemées de coriandre hachée très parfumé. Tisane mais pas de dessert !

Alaverdi – Sanahine – crevaison…

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monastère de Sanahine

Le monastère de Sanahine

Le monastère de Sanahine se trouve sur l’autre rive de la rivière que l’on traverse à Alaverdi dont Sanahine est une banlieue perchée. Barres roses, paraboles à tous les étages, larges rues vides aujourd’hui dimanche. Le monastère est situé en hauteur. Je grimpe un escalier où les marchandes de souvenirs et de chaussettes ont étalé leurs marchandises (il y en a de magnifiques et je regrette mon achat de Noradouz).

 

Un rideau de grands tilleuls cache l’ensemble monastique. Je suis étonnée par els proportions énormes par rapport aux petites églises arméniennes dont nous avons l’habitude. Le campanile carré (1211) est aussi inédit. Il est surmonté d’un tambour couvert et d’un toit pointu en parapluie couvert de tuiles. Une grande croix rouge en pierre sculptée, de petites fenêtres carrées ou à ogive, ou arc roman décorent la façade de la tour carrée ; Le porche est gardé par deux oiseaux : faucons ou colombes ? la tête est cassée, je ne le saurai jamais. Je suis étonnée de la taille du Gavit (narthex) soutenu par des colonnes trapues très ornées toutes différentes formant trois travées.

 

Sms : Dominique m’appelle. Une roue à plat ! Le chauffeur d’autres touristes l’a remarqué.  Diagnostic: la valve s’est coincée dans l’enjoliveur. Ce n’est pas grave. Pas besoin de mettre la roue de secours. On cherche un garage « MOIKA », écrit en cyrillique, ouvert le dimanche. Pas de problème : il y en a un à la sortie de Sanahine dans le tournant de la route d’Alaverdi. Le mécano est sympa. A peine un quart d’heure, il demande 1000dram (2€) on lui en laisse 2000 comme l’a suggéré Jack au téléphone.

 

Je remonte visiter le grand Gavit, la bibliothèque et les niches où s’asseyaient les étudiants écoutant le discours du maître dans la galerie. Enfin, derrière la petite église Saint Grégoire  portant une rosace en entrelacs sur le porche.

le mig de Mikoyan

 

Il est trop tard pour visiter le Musée Mikoyan, fermé. J’ai juste l’occasion de photographier le Mig exposé et la sculpture. J’aurais pourtant bien aimé en apprendre un peu plus sur ces deux Mikoyan natifs de Sanahine : le politicien dont je me souviens vaguement, et l’ingénieur qui a donné son nom aux avions de chasse russes.

On reste sur la même rive de la Debed en dominant la vallée et Alaverdi au dessus de complexes industriels monstrueux. La montagne est éventrée. En face, s’échappe d’une cheminée au sommet de la montagne, un panache blanc. Exploitation du cuivre ? Mine ? fonderie ? Ce nuage semble provenir des entrailles de la terre. Inconsciemment je l’associe aux volcans dont les coulées sont bien sûr refroidies depuis très longtemps. Dépassant les zones industrielles nous remontons sur le plateau pour le village d’Haghpat qui s’étage tranquillement à flanc de coteau .

 

 

Odzun dégustation de miel et de tisanes

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Miel, menthe, confitures..

Nous avons rendez-vous avec un apiculteur du village pour une dégustation de miel et de tisane. Jack au téléphone nous a dit : « cherchez une porte verte, on vous fera signe ! ».

La table est dressée sous l’abricotier. Les enfants apportent une belle nappe et de la vaisselle fine de porcelaine. Dans une coupelle : des fruits confits que je ne reconnais pas, boules violettes de la taille d’une petite prune. Je suis surprise de la consistance très ferme. Je découpe le fruit en deux hémisphères et découvre un motif compliqué qui ne m’avance guère ; La dame a une idée : elle appelle Jack au téléphone pour la traduction. Ce sont des noix ! J’identifie alors les cerneaux. La coquille n’est pas encore durcie : sans doute de très jeunes noix. Conquises, on achète un pot à la dame. Elle a apporté du beurre râpé (sans doute congelé) du pain frais pour la dégustation de miel. La tisane est de la menthe.

Plus qu’une dégustation (rien de commercial) c’est une rencontre. Le monsieur parle Russe – mais pas nous – il a quelques rudiments d’allemand appris pendant son service militaire en DDR de 1977 à 1979. J’essaie de lui expliquer que nous sommes professeurs. Le mot allemand lui est inconnu. Je dessine une classe, le tableau… sans succès. En revanche, quand je prononce  le mot « professeur » tout s’éclaire. On communique avec des dessins sur mon cahier, des chiffres. Le monsieur voit très mal. Les produits chimiques de pulvérisation (la dame sort l’engin) l’ont blessé aux yeux. La visite se termine par un tour de jardin. On regarde de loin les ruches. Ici aussi le muguet fleurit pour le 1er mai. J’essaie de lui expliquer la tradition française du muguet du 1er mai. Il nous en offre de petits bouquets.

De Dilijan à Odzun

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le petit car jaune avec sa bouteille de gaz

Départ tardif. Les employés de Paradise Hotel n’arrivent qu’à 9h et le petit déjeuner est servi à 9h15. Un énorme 4×4 nous bloque dans le parking. Le chauffeur arrive, sans se presser, colosse russe à la mesure de sa machine.

La route M8 suit un vallon boisé.  Nous retrouvons les écriteaux de la route de la Soie. Dans la région de Lori, nous traversons des alpages, prairies où vaches et chevaux paissent en liberté, non loin il reste quelques névés.

Vanadzor est une grande ville, la 3ème d’Arménie. Tours et barres roses sont bien rouillées. Les bus roulent avec des grandes bouteilles de gaz comprimé sur le toit.

La route M6 de Vanadzor à Tumanian est enserrée dans une vallée très étroite entre la rivière tumultueuse Pambak et la voie ferrée qui court sur d’impressionnants ponts ferroviaires repeints en rouge. Quelques cafés, deux hôtels, pas un village. Le revêtement de la route est crevé de nids de poules. La route tortille. On n’avance pas bien que les distances soient courtes. J’ai hâte d’arriver quelque part. Depuis Vanadzor affleure du granite plus ou moins altéré. Une énorme coulée de basalte, juste avant Toumanyan modèle le paysage. La route la franchit par trois tunnels. Les prismes se superposent. Plusieurs coulées s’empilent- volcanisme spectaculaire !

Odzun

La rivière Debed a creusé une vallée très étroite entre des versants à pic. Les villages sont construits sur le plateau. La route « serpentine » (selon Jack) monte en lacets serrés au village d’Odzun.

Odzun église

Nous trouvons une église très ancienne (580) très grande massive, avec une grande coupole. Nous avons peu le loisir de l’admirer : en restauration, elle est entourée d’un échafaudage métallique. Les tailleurs de pierre découpent des dalles à la scie circulaire dans une poussière et un bruit désagréable. Nous parcourons d’un regard distrait les anges du décor et les ornements végétaux de feuille de vigne et de grappe de raisin autour du porche. Des fleurs bleues poussent sur ls murs de la galerie extérieure à arcade le long de la  nef.

la stèle d’Odzun

Un monument énigmatique : la stèle d’Odzun (7ème siècle) est posée sur un piédestal de six marches très hautes. La stèle rectangulaire est percée de deux fenêtres allongées où sont suspendues deux colonnes de roche verte au grain très fin gravées. Selon nos guides y figurerait la conversion de Tiridate. Je n’ai pas reconnu le roi avec sa tête de sanglier comme sur la miniature du Matanadaran.