4heures du matin, je remets le masque et les bouchons d’oreilles (pochette-cadeau d’Air France sur le vol Paris-Cotonou). L’ hôtel, Liberty 3 est situé sur une artère bruyante et très éclairée. Même la nuit, les véhicules klaxonnent sans arrêt.
5H50, réveil. Les valises bouclées à 6H10.
6H30 petit déjeuner, surtout des fruits. Les plats chauds sur les réchauds à alcool sont à peine tièdes, la soupe figée.
7H départ à pied vers le Café Hahn
7H30,première installée dans le car, au premier rang, vue panoramique. Qu’attend-on ? Des retardataires s’installeront encore à 8H30. Enfin, le car s’ébranle, pour aller…au bout de la rue, faire un premier tour de quartier. Il manque quelqu’un. Puis à la station service, puis, à la gare routière. On embarque encore des passagers à 9 H.
La circulation est dense, la sortie de HCMV, interminable. Nouveaux quartiers :des barres de quinze étages, des tours de 30. Les immeubles sont neufs, certains inachevés. La nationale 1 est bordée de toutes sortes de constructions sur une cinquantaine de km. Des villes se succèdent avec d’énormes églises de ciment, le clocher souvent séparé, d’innombrables bancs alignés à l’extérieur pour la messe.
Le long de la route, des garages, des échoppes sous des tôles plus ou moins rouillées, des marchandises diverses. Nous ne trouvons la campagne qu’après le premier arrêt-pipi sur une aire de service des cars vers 10H30. Le car roule à 50 km/h avec des pointes à 60, jamais plus .
Les bornes kilométriques, les mêmes qu’en France, portent des indications lointaines Hanoi 1700km, Hué 807km. La ville la plus proche est Pham Thiet dont nous n’avons jamais entendu parler. Le car passera-t-il par Dalat et les hautes montagnes ? Ou suivra-t- il la côte ? Sur le bord de la route, des vendeuses de fruits sont installées devant des pyramides de ramboutans hérissés de piquants mous orange à rouge. Leur pulpe ressemble à celle des litchis, en moins parfumée. Je reconnais les hévéas à leurs cicatrices sur les troncs. Je n’en avais encore jamais vus. Au sol, du manioc ou autre chose pas un cm qui reste nu. Du vert partout.
Les deux voies du milieu sont pour les autos, deux autres voies sont réservées aux motos. Les paysans utilisent le bas côté pour faire sécher de longues feuilles qui deviennent très blanches et dont ils font des bottes. Peut-être des feuilles de canne ? Des collines pointues se profilent dans la brume. Les rizières sont vert fluo exactement comme la carte postale du Vietnam tel que l’on l’imagine, avec des paysannes aux chapeaux coniques.
Près de Pham Thiet : nouvelles cultures. Des plantes grasses poussent verticalement sur de gros poteaux de granite, puis, retombent en parapluie très fourni: plantes du fruit du dragon à l’écorce rose fuchsia et à la forme bizarre. La fleur jaune est très décorative. Toute l’activité agricole tourne autour du fruit du dragon que l’on récolte dans de gros paniers ronds. Sur une moto, on en charge quatre ou cinq paniers. Dans le port de Pham Thiet, bateaux de pêches, très colorés.
Le bus a quitté la Route Mandarine pour la route côtière. Arrêt déjeuner à Mui Nédans le restaurant du Café Hahn, l’entreprise qui gère l’Open tour. Peut être le déjeuner est il compris dans le prix du ticket ? D choisit un sandwich-club et moi une soupe de fruits de mer. Une vietnamienne assise à notre table a commandé du riz frit aux fruits de mer sentant l’ail qui me fait envie. La soupe est fade. Côté plage, des resorts, des bungalows, plus ou moins luxueux, plus ou moins bétonnés. De l’autre côté, des dunes spectaculaires. 200km séparent Mui Né de NhaTrang. Au moins 4 heures de route. Le car a perdu les trois quarts de ses passagers à Mui né. Le chauffeur se permet des extravagances sur la route côtière (80 km/h, virages coupés). Nous retrouvons le Vietnam de carte postale avec ses rizières et ses sommets bleutés. Je m’assoupis .
La nuit tombe quand nous arrivons à NhaTrang.
Nha Trang : villas Bao Dai
NhaTrang by night
Le chauffeur du taxi nous mènant aux villas Bao Dai, parle foot. Nous : « Zidane bad ! », lui: « Thierry Henry, Vieira, bons joueurs, et Platini aussi. ». A la réception de l’hôtel Bao Dai, personne ne nous attend. Nous n’avons pas de vouchers.
Je sors le « Roman » concocté par l’agence Nostalsia puis mon passeport. L’hôtesse reconnaît mon nom. Une réservation a bien été faite. La dame ouvre la villa. Notre chambre n’a pas de fenêtre. Une vitre communique avec l’entrée si bien qu’il faudra fermer les rideaux. Nous sommes anéanties. Nous attendions beaucoup de ces villas au décor enchanteur et nous voici dans un placard ! Pour une nuit ce serait parfait, mais nous restons trois jours. D laisse éclater sa colère bien que tous les livres l’interdisent, recommandant de rester zen dans toutes les circonstances. Si notre interlocuteur perd la face – nous prévient–on – la situation ne peut qu’empirer. Pour couronner le tout, deux cars ont apporté une cargaison d’estivants installés en rond autour d’un feu de camp. Un animateur, avec un micro et des baffles géants, organise une sorte de « Jacques à dit » géant. Tout le monde lève le bras droit, avance d’un pas, frappe dans les mains…cela fait beaucoup de bruit. Sur la plage, il y a karaoké. Comme la voie est occupée par le feu de camp, le porteur ne prend pas les valises. C’est complet !D explose à la réception. J’essaye de négocier une autre chambre. Demain, peut-être, se libérera une chambre avec vue, mais il faudra payer un supplément. L’hôtesse n’ose pas prendre d’initiative. Elle parlera plus tard à sa chef.
Je retrouve D descendant les marches du restaurant, d’excellente humeur. La dame du restaurant parle français. On nous apportera le dîner dans la chambre, des fruits de mer : calamars sautés aux légumes et calamars au caramel, soupe de crabe aux asperges. La soirée se termine mieux qu’elle n’avait commencé.
CNN retransmet en direct la séance à l’ONU concernant l’intervention d’Israël au Liban. L’Ambassadeur d’Israël justifie longuement l’entrée de Tsahal au Liban en citant un parlementaire libanais « la Syrie a donné les ordres, l’Iran les armes, le Liban n’est pas capable d‘empêcher le terrorisme ».
Même taxi qu’hier : un vieux tacot sans clim, deux chiens hochant la tête et QuanAm dans du plexiglas. 2$ pour le ferry. 7H40 l’hydroglisseur arrive. 480 000 dongs pour les deux allers-retours.
Croisière sur la Rivière de Saigon
L’hydroglisseur est fermé, il n’y a pas de pont. Sur une plateforme, deux places debout à l’extérieur. La croisière se déroule sous un soleil radieux sur la Rivière de Saigon. Le port d’HCMV se trouve en pleine campagne dans un décor de palmiers d’eau. Les grues des docks sont floues dans la brume. De grands bassins s sont aménagés pour la pisciculture. Comme à Canthô, la végétation luxuriante cache les habitations que l’on devine derrière les palmiers. Des antennes de télé dépassent la cime des arbres.
Une centaine de kilomètres séparent HCMV de Vungtau, par la route, difficile d’évaluer les distances sur l’eau. L’hydroglisseur file, le voyage dure 1H20.
arrivée à Vungtau
Je commence à bien saisir ce qu’est un delta avec les immensités recouvertes d’une forêt humide sillonnée de canaux. Pas de rizière visible, pas de village. Seulement les palétuviers avec leurs racines aériennes. Gros bateaux qui remontent vers Saigon, petites embarcations des pêcheurs. Les bateaux déglingués amarrés en ligne à des bouées servent d’habitations. Une passerelle relie les embarcations ;
L’orphelinat de Vung Tau
La Rivière devient très large, des collines se profilent. C’est Vung tau. On ne sait plus bien où finit l’estuaire et où commence la mer. On sent des creux, le bateau se balance, nous approchons du but.
Taxis et motos attendent les voyageurs;
– « To the beach ! Cheap ! ».
– » Non, c’est l’orphelinat qu’il nous faut! »
Au vu de l’adresse, le chauffeur demande 2 $. Ce n’est pas loin. Il nous dépose devant une porte métallique bleue. On entre, des enfants, les murs du hall d’entrée sont peints de couleurs vives, animaux et personnages comme n’importe quelle école maternelle, il y a trois balancelles chromées. Des tout petits, des adolescents, un adulte qui ne comprend pas ce que nous faisons ici, nous conduit au bureau où une jeune fille aimable officie devant un ordinateur. Elle comprend un peu l’anglais, un peu seulement. Je dévide mon histoire :
-« Ma sœur donne de l’argent aux « enfants des rizières » pour un petit Bao qu’elle parraine qui devrait être ici »
la jeune fille ne comprend rien. Elle ne connaît pas les « enfants des rizières » ne connaît pas de Bao. Elle nous montre un banc,
– « Asseyez vous, attendez, la directrice va venir ! ».
Nous préférons aller dans la rue faire des photos des enfants. Ils sont ravis de se voir sur le petit écran de l’appareil numérique. Ils posent, se poussent, se font les cornes – comme tous les enfants du monde. Certains sont très vifs, d’autres timides. En dehors de problèmes de peau, ils ont l’air bien nourris. Après la séance photo, je repasse les photos et j’ai l’idée de leur montrer l’avion. L’avion plait beaucoup. Je montre Saigon, la statue d’HôChiMinh, cela les amuse mais ils veulent revoir l’avion.
Sur une moto, arrive une petite dame menue, casquette et masque. Ce n’est pas Madame Le Thy Trang Dai qui parle le français. la dame écoute à peine mon boniment. D’ailleurs elle comprend très peu l’anglais « No baby Bao ! ». J’ai l’impression qu’elle va nous ficher dehors. Probablement, elle nous prend pour des femmes en mal d’enfants qui veulent voler le petit baby Bao.
les enfants de vungtau
Nous n’allons quand même pas remporter le jeu de quille et les bonbons. J’installe les quilles en triangle « Bowling ! » dit l’un d’entre eux. Ils connaissent le jeu mais n’osent pas jeter la boule pour faire tomber les quilles. Un grand s’en charge. Personne ne veut jouer au bowling. Un gamin effronté s’empare d’une quille et fait une démonstration d’art martial (lequel ?). Les quilles font de magnifiques massues. C’est beaucoup plus drôle comme cela. Chacun en empoigne une. Ils miment des combats. Dans la rue, les plus grands on inventé un jeu : ils ont superposé des cartons et une pierre et tentent de toucher la pierre avec leurs tongs. Pieds nus, au milieu de la rue, claquettes à la main, ils lancent les chaussures. Personne n’y arrive. Tant pis ! Ils reforment le rang de l’autre côté. Nous n’avons plus rien à faire ici.
Plage
Nous allons donc à la plage. D’abord à pied en suivant une belle corniche pavée d’un damier rose et noir en granite, tellement brillant qu’on s’y voit comme dans un miroir. La mer bat les rochers en dessous de la balustrade. De l’autre côté de la rue : de belles maisons, des restaurants, des hôtels. Un taxi s’arrête à notre hauteur, puis deux motos. La plage est distante de 4 km, de l’autre côté du Cap. Pour 2$ le taxi nous conduit à la grande plage de sable.
Les Vietnamiens aiment sans doute venir à la plage en famille et ne redoutent pas la promiscuité. Contre la digue, sous une bâche, on a entassé des dizaines de transats en tissu rayé, séparés seulement par des petites tables de plastique bleu. Une sorte de tente sous forme de pyramide donne de l’ombre à une vingtaine de chaises longues qui se touchent. Assorties aux tables, des corbeilles de plastique bleu. Des cantines sont associées à chaque installation de plage mais on n’y vend ni nouilles ni sandwiches. Il me semble d’abord qu’on n’y vend rien du tout. Je remarque ensuite les viviers où grouillent crevettes et crabes. Les paniers bleus sont pour les carapaces des crustacés qu’on fait cuire sur des réchauds. Comment réchauds et glacières sont ils arrivés là reste un mystère. Les vietnamiens n’ont pas de voiture, ils sont soit en moto soit en taxi.
Nous louons deux chaises longues et un parasol pour une somme dérisoire (48 000dongs), dans une rangée où il n’y a personne. Le plagiste agrafe le billet sur la toile, preuve que nous avons bien payé. Tout est bien organisé ici ! il y a des douches(payantes, 8000 dongs = 0.4€), des toilettes par dizaines. Il est hors de question de se changer sur la plage. Ce serait très mal vu. Pratiquement personne n’est en maillot de bain. Les gens se baignent tout habillés. Les hommes en bermuda et T-shirt, les femmes en costume-pantalon, le même qu’en ville, les ados en jeans à la mode serré. Cela doit être horrible quand le jeans colle à la peau. Les seuls « costumes de bain » sont des ensembles avec jupette à volant. Pudeur ou peur du soleil ? Des femmes sont masquées avec des masques de fantaisie à ramage ou à fleurs.
Quand nous nous rhabillerons, nous comprendrons le bien fondé des vêtements dans l’eau. Restée sagement sous le parasol, je suis cuite comme un homard sur les cuisses et les épaules. Je me suis brûlée pendant la baignade. Debout à jouer avec les vagues, je ne sentais pas la morsure du soleil. La prochaine fois, j’imiterai les autochtones pour ne pas renouveler l’expérience !
A treize heures, notre heure, la faim se fait pressante. Les viviers sont vides, les paniers pleins de carapaces. Les Vietnamiens ont fini leur repas depuis longtemps ; j’erre comme une âme en peine. Après un bon quart d’heure, je croise une vendeuse de crevettes en brochettes, prix touriste 10 000 dongs, la brochette. Au restaurant, sur le parking, in ne vend ni sandwiches ni plats à emporter mais la dame me rappelle, elle veut bien me faire une omelette. Les crevettes sont délicieuses. Combien de fois, dans combien de pays, nous avons rêvé de manger des crevettes à la plage ?
Brusquement, le ciel s’assombrit. Les plagistes ferment parasols et auvents. En quelques minutes, la plage est désertée. Presque personne sur le parking. Nous nous engouffrons dans le dernier taxi avant que d’énormes gouttes ne s’écrasent sur le pare-brise. Une violente averse de mousson ! La route est inondée. Le taxi croise à très petite vitesse. Nous soupçonnons qu’il le fait exprès pour faire tourner davantage le compteur ;
Au débarcadère, tout le monde est à l’abri. Pas d’hydroglisseur. La tension monte d’un cran. Si la mer est mauvaise, le retour risque d’être un cauchemar avec les passagers qui vomissent Si cela ne se calme pas, nous serons coincées ici. Je n’ai pas pris assez d’argent pour payer le taxi ou l’hôtel.
La grosse pluie s’est arrêtée en moins d’une heure. Des autobus nous emmènent de ‘autre côté de Vung tau (occasion de voir la ville) au port pétrolier. Nous embarquons directement dans l’estuaire, la rivière de Saigon est encore plus tranquille que ce matin. Le soleil est revenu. Nous nous installons au balcon. La croisière continue. Arrivée somptueuse sur Saigon toute illuminée.
Taxi jusqu’au Musée d’Histoire de HCMV 26000 dongs, rapide, climatisé mais rien de comparable avec la promenade en cyclo. Ce musée se trouve dans un pavillon un peu vieillot avec patios et jardins. Nous passons devant les trois Bouddhas, d’hier, d’aujourd’hui? de l’avenir. Puis, une salle d’apparat avec de beaux meubles laqués et incrustés de nacre d’une très grande richesse. On déambule par ordre chronologique de la Préhistoire au XIXème siècle. On zappe la Préhistoire, 1000ans d’occupation chinoise, la Révolte des Sœurs Trung. Puis les dynasties se succèdent. Dans les vitrines, des batailles mémorables sont reconstituées, batailles avec fortifications, batailles navales, envahisseurs chi ois pris au piège dans un défilé. Je suis toujours incapable de réciter dans l’ordre les Ly, les Lê ou les Tran. Les chronologies indigestes des livres commencent à se préciser. On ne dispose que de peu de repères pour se rapprocher de l’histoire occidentale. Les vitrines sont vieillottes, un peu rébarbatives mais en trois langues. Les plus beaux : les grès Chams, la matière est belle, le travail raffiné. J’y suis bien plus sensible qu’aux autres objets.
Jardin botanique
la taille des bonsaïs au jardin botanique
Le Musée d’Histoire se trouve dans le jardin botaniquequi cumule la fonction de zoo. Le zoo est navrant, les cages sales et exiguës. Les arbres sont d’une taille impressionnante/leur nom est indiqué en latin mais ils appartiennent à des familles que je ne connais pas, sauf les albizzia. Le charme du jardin réside dans les collections de bonsaïs extraordinaires. Je n’en ai jamais vus d’aussi beaux. Nous assistons aux soins : deux jardiniers, avec des ciseaux à bois et des gouges, sculptent le tronc d’un vieil arbre, enlevant les écorces mortes, grattant, évidant le tronc en faisant des trous pour exagérer l’aspect de l’arbre creux. Des fils métalliques courent pour guider les branches. Un arbre complètement défeuillé porte quatre pansements verts. Que cachent ils ? Des greffes ?
consulat français.
-« aucun intérêt? »
– « Si ! Justement, j’ai reçu un SMS cette nuit d’Elisabeth me donnant le numéro de téléphone de la personne qui s’occupe de l’adoption et qui connaît l’orphelinat de Vung tau ».
Il faut faire vite avant que les bureaux ne ferment. Je marche vite à l’avant-garde. Traverser la rue est une aventure. Il semble que nous y arrivons plus facilement aujourd’hui. Peut être avons-nous perdu l’appréhension d’aborder le flot des motos, peut être y a-t-il moins de circulation dans ce quartier.
A l’entrée du consulat, on demande nos passeports. Ils sont à l’hôtel, heureusement on a les photocopies. Et cela marche, on nous donne un badge. Les bureaux du consulat sont spacieux, climatisés. Une note à motif tricolore annonce que les résidents doivent se munir d’une invitation pour la Garden Party du 14 Juillet. Et oui ! Nous sommes en France ! La dame est très aimable, elle nous encourage à aller à Vung tau et nous conseille d’offrir des jeux aux plus grands . « Tout le monde pense aux petits ! Surtout les adoptants qui veulent un bébé. ».
A la Poste
La Poste de HoChiMinhVille
Nous téléphonerons à la Directrice de l’Orphelinat de la Poste. C’est un plaisir d’utiliser les belles cabines de bois rouge surmontées d’horloges à l’heure de Moscou, Séoul, Londres…D me prend en photo justement dans la cabine « Pretoria », comme fait exprès !
Parcs et jardins
Saïgon est une ville très verte, très aérée avec des parcs et des jardins. Nous profitons de l’ombre de ses vieux arbres. A peine assises, le vendeur de cocos arrive avec son balancier. Dans un plateau, des noix de coco taillées en un cylindre terminé par une petite pointe. Dans l’autre, une glacière. Le vendeur décapite la noix et attend que j’aie bu le jus pour découper 4 quartiers. L’erreur était de ne pas demander le prix avant: 40 000 dongs c’est vraiment exagéré !
Jus de coco
Nous rentrons en passant le long du Parc de la Réunification(fermé pendant la pause de midi). Au marché, je découvre les gargotes. On peut s’asseoir autour d’un comptoir soit emporter une barquette. Je commande des brochettes avec des nouilles, du soja et de la salade, des cacahouètes pilées, du piment et la sauce qui va avec. La dame me poursuit dans tout le marché pour glisser le sachet de sauce qu’elle a oublié de me donner. C’est un geste qui me touche.
Musée HoChiMinh
Le vent s’est levé très rapidement et a apporté de gros nuages noirs. Il fait déjà beau quand nous repartons en taxi pour le Musée HoChiMinh. La vieille maison coloniale a été si bien rénovée qu’elle paraît toute neuve : grosse maison carrée sur trois niveaux, belles baies s’ouvrant sur des balcons. Mais le site enchanteur vanté par le guide a fait place à un chantier. Le cours d’eau qui se jetait dans la Rivière de Saigon a disparu sous le travail d’engins de nivellement. Un énorme bateau de croisière bouche la vue sur la Rivière.
Une exposition de photos compare le Saigon colonial à HCMV d’aujourd’hui. C’est très intéressant de voir les bâtiments coloniaux dans leur cadre initial : la double rangée d’arbres de la rue Catinat, l’Hôtel de Ville dans son écrin de verdure. Le centre de Saigon était caché sous les arbres.
A l’intérieur : des photos d’HôChiMinh, quelques fac similés de journaux, du courrier, sa machine à écrire. Rien n’est organisé pour les touristes. Heureusement pour nous HôChiMinh a beaucoup écrit en français !j’ai lu avec beaucoup d’intérêt le courrier adressé aux communistes français et au Kominterm. Toute une page d’histoire. Cela me rappelle le petit musée Che Guevara à la Havane. HôChiMinh, comme Guevara étaient des figures de mon adolescence. Combien de fois ai-je gueulé « HôHôChiMinh ! » dans les manifestations ! Comme Guevara, disparus avant que le communisme ne sente le roussi – dans leur pureté révolutionnaire. Rien qu’on ne puisse leur reprocher. D n’a pas partagé ces souvenirs soixante-huitards et n’est pas émue comme moi. Mais je contiens mes sentiments, un pincement pour ma jeunesse envolée plutôt que pour la Révolution rêvée !
Je suis sidérée par le spectacle d’une femme en oraison devant la statue du leader, des offrandes, de l’encens comme dans une pagode. La pièce ressemble au sanctuaire d’un temple. Des écriteaux exigent le silence. Le culte de la personnalité apparaît ici dans toute sa déviance ! Sans parler du dernier étage où des enfants ont fait des dessins ou des mosaïques en grains de riz.
Petit déjeuner tardif. Des hommes d’affaires de Canthô déjeunent au restaurant de l’hôtel. La clientèle de 7heures, est différente de celle de 6. A 7 heures, c’est costume, chemise blanche impeccable, cravate pour les hommes, jeans serrés, talons aiguilles pour les femmes. Et même ordinateur, puisque l’hôtel est WIFI.
Riziculture
Retour à Saigon, par un temps magnifique, le paysage est beaucoup plus riant qu’à l’aller (il pleuvait). Dans les rizières, grande activité. Sur le bord de la route, toute une file de sacs de riz rouges, et une sorte de tapis sont déposés faire sécher la récolte (je n’ai pas compris de quoi). Le riz est mûr, on le récolte à la faucille. De grands tas de paille brûlent. Les cendres serviront d’engrais. D’autres champs sont inondés. On y a repiqué des pousses vert tendre. Dans le delta on fait trois récoltes, c’est peut être ce qui explique que plusieurs stades différents coexistent. Notre guide nous explique la riziculture. Dans le delta où le sol est très fertile, on sème à la volée. Ailleurs, il faut « piquer » pour semer. La récolte est familiale. Après la Réunification, l’Etat a essayé de collectiviser la culture du riz. Mais cela a échoué, on a supprimé les coopératives et rendu les rizières à l’exploitation familiale. Le guide paraît tout à fait critique vis-à-vis du communisme en milieu agricole.
Du pont suspendu sur le bras antérieur (ou principal) du Mékong, on domine la plaine. Partout des arbres : des vergers. Je reconnais les manguiers mais ce n’est pas la saison des mangues.
récolte du riz
jardin
A mi chemin, le chauffeur s’arrête dans un « jardin » aménagé avec des restaurants, des cafés, des boutiques de friandises. Nous visitons un petit zoo mal fichu et rouillé peuplé d’un python, de quelques tortues, d’un couple de singes agressifs à qui on a retiré le petit – tout malheureux dans une grande cage – plus loin. Beaucoup plus intéressants : les bonsaïs de grand format – ou arbustes taillés – dans de grosses potiches. Ce qu’on appelle ici jardin est très loin du jardin européen. Le naturel n’a que peu de place. Entre les bassins, des petites îles surmontées de montagnes artificielles peuplées e pagodes en céramiques et de personnages. Les petits ponts arqués enjambent des ruisseaux qui coulent sur le ciment. Les arbres en terre portent des pots criblés de trous où poussent des orchidées. Malgré le ciment, malgré les cages, l’endroit frais, ombragé est charmant. Un cuisinier prépare de grosses boules de riz qui gonflent jusqu’à atteindre la taille d’un petit ballon sous les baguettes du spécialiste.
bonsaïs
Je crève d’envie d’acheter les nems emballés dans les feuilles de bananes en paquets cubiques. Le guide est formel « cela vous rendra malade ». Je craque pour des rouleaux jaunes formant une grappe accrochée au guidon d’un vélo. A l’intérieur : du riz à la banane. Même pour un estomac occidental cela ne doit pas être bien méchant !
petits paquets comestibles
Retour à Liberty3, la nouvelle chambre est plus petite que la précédente mais mieux équipée : il y a un coffre pour notre « trésor ».
Après un petit déjeuner copieux, on peut se contenter de bricoles à midi .
Pagode de l’Empereur de Jade.
la pagode de l’Empereur de Jade
2h, nous avons réservé deux cyclos pour aller à la Pagode de l’Empereur de Jade. Les hôtesses de la réception conseillent plutôt le taxi. Par la vitre, les cyclos nous font signe. Ce serait malhonnête de prendre un taxi sous leur nez. Nous fixons le prix à l’avance 10 000VND chacune. C’est deux fois plus cher que le taxi mais tellement plus agréable ! Nous avons le cyclo le plus neuf de Saigon – tout chromé – tout brillant avec un large siège. Je pensais qu’on n’en fabriquait plus ! Il faut faire intégralement confiance au cyclo même quand il prend des initiatives étranges comme rouler à contre-sens avec toutes les motos qui nous arrivent en face. Au feu, il se positionne à l’avant de la ligne des motos qui lui laissent courtoisement la priorité. Au carrefour, c’est la folie avec tous ces véhicules qui nous frôlent et nous coupent la route. Sentant mon appréhension, le cycliste me rassure : »je pédale depuis vingt ans et je n’ai jamais eu d’accident ». Si la rue est tranquille, les deux cyclopousses roulent de front. Nous avons tout le loisir de détailler les anciennes maisons coloniales, les buildings en construction, les avions américains exposés. Au retour, on verra le lycée de Marguerite Duras, le palais de la Réunification, le jardin botanique. Et toujours sous un soleil agréable.
les toits de la pagode vernissés
Le Temple de l’Empereur de Jade est un temple taoïste chinois précédé de deux cours. La pagode est un édifice compliqué, rouge sang, surmonté de portiques, de corniches, de personnages de céramique tout à fait charmants, des jeunes femmes portant un vase, des dragons biscornus. Ceux qui gardent l’entrée, juchés sur l’auvent ont leurs yeux exorbités, montés sur ressorts, réellement sortis des orbites !Des balustres surmontent un autre toit. L’architecture est tellement compliquée que j’ai envie de dessiner. Histoire de l’observer mieux ! De petits édifices hérissent la cours dans un désordre apparent ou réel ? Un bassin contient des tortues. L’intérieur du sanctuaire est encombré et enfumé. Des pancartes permettent d’identifier les personnages géants de bois peint ou de papier mâché, à mi-chemin entre la statuaire religieuse et celle du Carnaval. Avec ces références, difficile pour moi de prendre au sérieux ces divinités. Pourtant il règne dans le temple une grande ferveur. L’encens dégage une fumée suffocante. On s’active à renouveler l’huile des lampes, à jeter les bâtons d’encens éteints, les fruits trop mûrs des offrandes, les fleurs fanées, briquer les récipients en grattant la cire qui a coulé…Un petit vieux au crâne dégarni parlant un peu français, nous accueille très gentiment. Dans toute cette agitation, des fidèles sont perdus dans leurs dévotions. Nous nous déplaçons avec perplexité dans les pièces sombres.
L’empereur de Jade, divinité principale du Taoïsme, trône au fond du temple, entouré d’une foule de personnages. Dans une autre pièce, des tablettes magnifiquement sculptées représentent l’enfer. Plus loin, des poupées de céramique habillées portant des bébés. Le vieil homme nous reconnaît et nous montre l’escalier qui mène à l’étage. De là, très belle vue sur les toitures compliquées et le bassin des tortues.
Fabrique de laque
artisanat : coquilles
Les cyclos ont insisté pour nous conduire à une fabrique de laque. A l’entrée, on nous offre des éventails et des serviettes ? Une jeune fille nous montre les étapes de la fabrication de la laque, l’utilisation de la nacre (mother of pearl – quel joli mot !), plus surprenant des coquilles d’œufs. Nous sommes bien contentes de voir arriver un car de touristes. Noyées dans la foule nous ne serons pas obligées d’acheter ! Erreur ! Les touristes sont Chinois, très bruyants et mal polis. De plus la jeune fille ne nous lâche pas d’une semelle jusque nous achetions une petite boîte carrée.
On se réveille tôt au Vietnam. Dès 5h30, les klaxons et les motos sont assourdissants.
A 6h, le restaurant est plein. Les chauffe-plats sur lampe à alcool réchauffent des plats asiatiques variés . Une serveuse prépare le Phô. Elle met des nouilles dans une petite épuisette, ajoute du soja, des oignons, plonge le tout dans le bouillon. Ensuite elle verse du bouillon dans un bol, assaisonne avec la ciboulette coupée et le coriandre, et enfin des lamelles de bœuf cru. Dans une coupelle se trouvent des copeaux de piment. Un second buffet a été dressé à l’attention des visiteurs occidentaux. Une cage de foot avec des ballons découpés dans du carton décore la salle.
– « Tu ne vas pas manger cette viande crue ! » s’exclame D qui se fait rôtir un toast et qui a mis un œuf dur sur un coquetier.
– « Et comment ! Depuis l’arrivée à Saïgon j’attendais un phô ! »
Sur le grand écran, repassent les meilleurs moments du match de la nuit, le penalty de Zidane, les tirs au but. L’Italie a gagné avec le soutien des vietnamiennes qui trouvent leurs joueurs plus sexy que les français.
sur le Mékong
les petits bateaux de détail se ravitaillent au gros bateau du grossiste
Nous rejoignons à pied le débarcadère sur la jolie croisette sur le bord du fleuve. Notre bateau bleu à proue relevée pourrait contenir une vingtaine de personnes. Le capitaine, un jeune homme maigre aux cheveux en épi, et une jeune fille en costume pantalon et chapeau pointu, forment l’équipage. Le soleil tape déjà malgré l’heure matinale. En face de Canthô, la rive du Mékong est verte, le panache des cocotiers se balance dans le vent. Nous observons le va-et-vient des bacs antiques (l’un d’eux ressemble à une cage métallique), le ballet des petits esquifs à perches croisées que le rameur actionne debout, les lourdes barges qui transportent le sable drainé du fond du Mékong, les gros bateaux ventrus…. Nous ne savons plus où donner du regard. Devant les maisons sur pilotis, des gens font leur lessive. D’autres posent des filets. Des branchages délimitent des piscicultures – un peu comme l’akadja du Bénin.
la vie à bord
Sur la rive de Canthô, une activité commerciale intense se déroule : vente de centaines de piquets de palétuviers qui servent à construire sur pilotis mais aussi à étayer des bâtiments quand le sol est trop meuble. On décharge les morceaux de bois et on les aligne comme d’énormes bûchettes. Plus loin, les gros troncs dont on fera des planches « bois ordinaire » dit le guide. Encore plus loin, des gros tas de sable tiré du lit du fleuve, qu’on décharge, stocke et revend. De gros engins sont au travail. Ailleurs, des entrepôts, des scieries, des fabriques artisanales de parpaings, des grossistes en céramique.
commerce de détail
Le fleuve immense (ce n’est que le bras postérieur du Mékong), aux eaux boueuses, dégage une atmosphère paisible. La croisière, dans la lumière du matin aux couleurs vives, se déroule tranquillement. C’est un peu la dérive du bateau fantôme. Le guide qui a regardé le match jusqu’à 3h du matin, dort, la tête contre le bastingage. La jeune fille s’est allongée sur une banquette. Le chauffeur est silencieux. Est il, lui aussi fatigué par la nuit blanche de la finale ?
Au fond du bateau nous regardons le paysage défiler. Autant le voyage en taxi fut décevant, autant la croisière nous ravit.
marché flottant
noix de coco fraîches
Juste après le pont qui enjambe le fleuve à l’entrée de Canthô, le marché flottant occupe tout le lit du Mékong. Il s’annonce par une flottille de petites barques menées généralement par une femme, sous son chapeau traditionnel. C’ est un marché de gros. Les gros bateaux ventrus sont allés loin chercher les marchandises introuvables aux alentours. Les petits sampans distribuent les produits aux détaillants. Sur chaque bateau une perche sert d’enseigne annonçant la cargaison. On y accroche une citrouille si le bateau est rempli de citrouilles, des rutabagas, du manioc. Certaines perches sont décorées de toute une série de légumes : choux, carottes, fruits du dragon, jacques…quand toutes les marchandises seront vendues, le bateau ne repartira pas à vide. Il cherchera une nouvelle cargaison.
la perche annonce le chargement : citrouilles, oignons, choux;…
A l’avant de tous les bateaux, petits et grands est peint un masque rouge avec des yeux noirs cernés de blanc. Permanence des symboles : combien de marins, de piroguiers ont peint des yeux semblables sur leurs embarcations ? Égyptiens, Portugais…Sur le toit de chaque cabine se trouve un pot où pousse une sorte d’herbe ressemblant à de la ciboulette., des fleurs, offrandes au Génie du Fleuve. Munie de cette explication, je remarque ensuite des bouquets fleuris sur les moindres barques.
Sur les flancs d’une barque sont disposées des bouteilles. « c’est la buvette ! ». je vise avec mon appareil photo. La cabaretière surgit une canette de coca à la main. Je n’achète pas le coca mais une bouteille d’eau. Un autre petit sampan se faufile chargé de pacotilles diverses « la mercerie ! ».
C’est la buvette!
Après la visite au marché de gros, la croisière continue vers un marché de détail avec beaucoup de petits bateaux plus loin en amont. Le fleuve coule dans une campagne très verte. Si on est attentif, on peut constater que la verdure cache des habitations, des cabanes sur pilotis ou au contraire des chalets coquets ornés de bois sculptés de grilles ouvragées à la place des vitres (il ne fait jamais froid). Beaucoup d’antennes de télévision. Un homme se lave dans le fleuve. J’interroge le guide :
– Ont-ils l’eau courante ?
– Pas tous. Dans les grandes jarres, ils gardent l’eau de pluie. On se lave dans le Mékong pour économiser l’eau de la citerne.
Sur la rive opposée, des bateaux-maisons, les pauvres des pauvres, gris délavés. On devine les hamacs suspendus. Dans la cabine, du linge sèche. Un homme puise l’eau directement dans le fleuve et la verse sur lui pour sa toilette matinale. Un autre rince son pantalon, l’essore en le tordant. Les plus gros bateaux ont une fenêtre ouverte sur le flanc, les plus modestes ont peint la fenêtre en trompe-l’œil ou l’ont gravée. Mais toujours les pots de fleurs, offrandes au Génie..
grossiste et petit bateau
Notre programme ne comprend que l’excursion des marchés. Comme il est encore tôt, le guide nous propose la visite d’un jardin :
-« Vous devrez payer, mais c’est une somme dérisoire !«
Le jardin est un parc d’attraction avec des bungalows, un karaoké, une jolie piscine aux formes contournées, des « îles » avec des gloriettes où l’on peut se restaurer ou boire un verre. Plus loin, les vergers de longaniers et de pamplemoussiers irrigués de petits canaux avec des nénuphars en fleurs. Des hamacs sont suspendus entre les arbres fruitiers.
jardin sur le Mékong
Le temps s’est couvert. Les premières gouttes tombent suivies d’une belle averse. Notre guide qui n’a pas un gramme de jugeotte, n’a même pas l’idée de s’asseoir à une table. Je lui suggère avec insistance. Nous commandons du thé, glacé pour lui, chaud pour moi et un coca .
Sur le bateau, la jeune fille m’a fait essayer une tenue vietnamienne, pantalon brillant rouge et veste fendue. La taille est la bonne mais l’assistance ne trouve pas le rouge seyant. La petite insiste. Elle a aussi du blanc (trop salissant). Je préférerais du bleu ou du vert. Au retour elle m’apporte les couleurs désirées. Elle en demande 10$, 8€ lui conviendrait. Comme il faut laisser 50 000 dongs de pourboire au chauffeur, le guide organise un compromis, je laisserai 10€ et elle rendra la monnaie à son frère.
Promenade à pied sur les bords du Mékong
Cet après midi : programme libre. Notre guide n’est d’aucune aide. Ayant veillé à cause du foot, il est pressé d’aller faire la sieste. Le long du fleuve, sur la rive agreste, nous avons remarqué un chemin dans la verdure. Le guide (qui a refusé de décliner son nom tout à l’heure) ne nous y accompagnera pas. Il cherche à nous dissuader :
– «C’est dangereux ! » Affirme-t-il
– Dangereux, quelle sorte de danger ? Je lui réponds, incrédule
– Des voleurs
– Des voleurs ? on n’emportera que le porte-monnaie avec très peu d’argent, pas de sac. Si on n’a rien, on ne risque rien.
– Si, vos appareils photos
– On les cachera ! »
Je ne comprends pas pourquoi il cherche à nous décourager puisqu’il ne propose aucune autre alternative. Comme il voit que nous sommes décidées à y aller quand même, il prend les renseignements pour le bac auprès du chauffeur. Le bac coûte 500 dongs (tout juste 2.5centimes d’€) et il y e a sans arrêt jusqu’à 10heures du soir. A cette heure nous serons couchées, d’ailleurs à 6H30 sont prévus les moustiques et nous nous calfeutrerons dans la clim.
L’averse menace à nouveau, j’achète une pèlerine jetable 800 dongs (0.40€), très fine, à peine plus épaisse qu’un sac en plastique pour les légumes. Elle se déchirera sûrement mais au moins, elle n’encombrera pas le sac à dos comme la cape de randonnée verte. A peine achetée, à peine étrennée. La pluie tombe dru un petit quart d’heure et le soleil revient.
Le bac nous a conduites dans un quartier très différent de ceux que nous avons visités à Canthô. Pas d’immeuble ni de rues, une ruelle cimentée court entre des maisonnettes faites de bric et de broc. On ne saura jamais pourquoi la venelle est pavoisée de drapeaux rouges. Il règne une grade animation, des files de motos passent – croisement délicat par endroits – les piétons montent sur le seuil des maisons. Sur les bords, sous des auvents, de nombreuses vendeuses proposent des légumes, des brochettes minuscules, des petits paquets emballés dans des feuilles de bananiers qui ressemblent à des paquets-cadeaux. Sur des charbons de bois, une femme fait rôtir des saucisses empaquetées dans des feuilles ; on ne voit pas les saucisses, c’est l’odeur qui les trahit.
Plus loin, des femmes découpent au ciseau les têtes de menu fretin, décortiquent des crabes rouges. Ailleurs, une autre a confectionné des omelettes très fines fourrées avec des nouilles et des fines herbes. Si c’était l’heure du repas, c’est ce que nous aurions choisi. Je passe les plus classiques sandwiches de banh my et pâté, en vietnamien dans le texte (le pain de mie se trouve être de la baguette). Dans un atelier, on empaquette de la pâte orange ( ?).
La pluie n’a pas duré mais la ruelle est pleine de flaques noires. Nous marchons l’une derrière l’autre en regardant bien où poser nos pieds. Il faut aussi prendre garde aux vélos qui nous frôlent silencieusement. Les motos, au moins, on les entend venir, d’autant plus qu’elles klaxonnent à notre approche. Des enfants accourent et nous font escorte quelques mètres. Serons nous harcelées comme en Égypte ou au Maroc ? Non ! Ils n’insistent pas. On dit bonjour aux gens qui nous regardent passer. Nous glissons un regard dans les maisons entrouvertes en essayant d’être discrètes. Les maisons sont souvent misérables, encombrées de grands lits avec parfois un hamac suspendu. Partout la télé est allumée.
Après quelques centaines de mètres, la densité des habitations diminue, le ruban de ciment court entre le fleuve et les jardins. Les maisons sont cachées dans la verdure. La circulation des motos se tarit. Le soleil est revenu. La promenade devient très agréable.
La végétation est très variée : cocotiers, bambous, des arbres que nous ne connaissons pas, des lianes à grosses clochettes jaunes ou bleu pâle. Dans le fleuve, des jacinthes d’eau (mais aussi des détritus). Les chiens vaquent librement. Ils ne sont pas agressifs. Heureusement que l’épidémie de grippe aviaire est terminée ! Poules et poussins divaguent. Un vieil homme en pyjama promène son coq. Quelques instants plus tard, sur une moto, un jeune homme porte un autre coq comme on prendrait un enfant. Celui là n’est pas destiné à la casserole ! Sous trois mues en bambou, encore des coqs magnifiques aux plumes étincelantes. Leur propriétaire, un homme aux cheveux longs à allure de pirate, capte notre regard. D’un geste, les deux pouces s’opposant, il nous explique que ce sont des coqs de combat. Il est très fier que nous prenions en photo ses champions. Sa maison bleue, en retrait, surplombant un petit canal, est très jolie. Il prend la pose sur la minuscule terrasse. J’avais l’intention de dessiner les maisons sur pilotis et les embarcations sur le Mékong. Il faut trouver une place pour s’asseoir. Avec la foule et la pluie, ce n’est pas facile. Quand finalement, nous faisons halte sur le rebord d’un embarcadère en ciment, il n’y a rien à dessiner. Dessiner demande plus de temps, de disponibilité. Une promenade ne suffit pas. Il faudrait revenir.
Le long du fleuve, dans un enclos délimité par une palissade métallique peinte en vert, au dessus du portail en lettres latines « Bismilla el Rahman… » : Un cimetière musulman, les tombes envahies par les herbes folles. D’où sont venus les musulmans ? On n’a pas vu de mosquée à Canthô.
La Route Mandarine(RN1)l ’artère principale du Vietnam est une route à péage pour les voitures. Les motos ne paient rien.
Urbanisation galopante de Saïgon – 8 millions d’après le dernier recensement – sûrement beaucoup plus. Pour loger tous les gens affluant de tout le pays, il faut construire des immeubles. On draine les marécages, on aplanit, on dame le terrain. Des immeubles monstrueux sortent de terre comme des champignons. Constructions d’Etat – de mauvaise qualité selon notre guide – et construction privée. Dans la même logique, sur les bords de la route, slogans révolutionnaires et publicités géantes.
Arrêt pour les lotus en fleurs. Un petit garçon se précipite nous offre un bouquet. Je le photographie et nous lui donnons 5000dongs.
temple cadaoïste
intérieur du temple caodai
Le temple Cadoaïste, sur le bord de la route, n’est ni très grand ni très beau. Occasion de rencontrer un culte qui rassemble deux millions de fidèles dans le sud du Vietnam. Religion pour les uns, secte pour les français, secte militariste pour les communistes. L’extérieur est très coloré. Dans le vestibule, sur une affiche étrange Victor Hugo est en compagnie de sages orientaux. Le cadoaïsme est un curieux syncrétisme. Au fond du temple, dans un fronton, l’un au dessous de l’autre figurent Bouddha, Mahomet, Jésus Christ et Lao Tseu encadrés par deux Génies taoïstes, un mandarin chinois et Bodhisattva en jaune. Au dessus de l’autel, dans un triangle : l’œil, le gauche, celui qui connaît le cœur et le cerveau et celui qui ne doit pas mentir. Devant l’autel deux grues (le bonheur) perchées sur des tortues (longévité). Les prêtres assistent à quatre offices par jour, les fidèles à deux seulement. Hommes et femmes prient dans des travées séparées, les prêtres sont au milieu de la nef. Les Cadoaïstes ont levé une armée contre le communisme. Ils furent donc réprimés pendant la Réunification, les pagodes transformées en bibliothèques. Après la politique d’Ouverture, pour donner des gages de liberté de culte vis-à-vis des Américains, on a ré-ouvert les temples.
Entrée temple caodai
Rizières
Nous avions imaginé une promenade dans une campagne vert fluo à damier de rizières, peuplée de paysannes sous leur chapeau conique, et, si possible, quelques buffles. Les rizières sont bien vertes. Des tombes badigeonnées de blanc se trouvent au beau milieu des rizières.
Malheureusement, le plus souvent, la route Mandarine est bordée de villages, d’échoppes, de restaurants pour routiers. Certains sont équipés de hamacs suspendus pour le repos des chauffeurs. Des entrepôts, nombreux masquent la campagne. Une séparation en ciment au milieu de la chaussée a pour but d’éviter les accidents de la route, très nombreux. 35 millions de motos circulent au Vietnam (80 millions d’habitants), presque une moto pour deux. Comme on peut s’asseoir à deux, voire à trois, ou même à quatre, sur une selle on peut imaginer que tout le Vietnam est motorisé. Aujourd’hui, dimanche, nombreux sont ceux qui sont rentrés dans leur famille dans le Delta et qui rentreront ce soir à Saïgon. Nous verrons deux accidents.
A 60 km de Saïgon : Mitho
Mitho temple bouddhique
A l’ occasion de la visite de la belle pagode, notre guide nous instruit dans la connaissance du Bouddhisme. Au Vietnam, une pagode est consacrée uniquement à Bouddha, les temples abritent d’autres divinités ou des Génies. Le Vietnam sous la double influence de la Chine et de l’Inde, Indochine, est le seul pays de la région où sont présentes les deux versions du Bouddhisme : le Bouddhisme de grand véhicule venant de Chine majoritaire et le Bouddhisme de Petit Véhicule, plutôt indien, répandu chez les Khmers et en Thaïlande. C’est ce qui explique que nous n’ayons rien reconnu dans les temples et pagodes de Cholon. Dans le Grand Véhicule, Bouddha est vénéré et représenté sous trois formes : le Bouddha d’hier, jeune, celui d’aujourd’hui et celui de demain, bedonnant et souriant. Dans les pagodes du Grand Véhicule, on voit la représentation de l’Arbre de Bouddha avec ses sept étages de bras représentant les 7 avatars ou 7 réincarnations. Dans le Petit Véhicule il n’existe qu’une seule représentation de Bouddha. La vie des moines, selon les deux interprétations est très différente : les moines du Grand Véhicule portent trois costumes différents, jaune pour la prière marron pour sortir et un dernier gris. Leurs épaules sont couvertes. Dans le Petit Véhicule, la robe safran laisse une épaule découverte. Les bonzes du petit Véhicule mendient chaque jour leur nourriture en portant leur bol. Ils mangent ce que les fidèles leur ont offert. Ceux du grand Véhicule cuisinent pour la communauté et sont strictement végétariens. Dans les pagodes du Grand Véhicule, les troncs sont bien en évidence, dans le Petit Véhicule où les bonzes vivent d’aumônes on ne doit pas voir le tronc. Dans le Grand Véhicule on peut rencontrer ensemble Bonzes et bonzesses pas dans le Petit. Enfin da&ns le GV les bonzes consacrent leur vie à l’état monastique. Les Khmers et les Thaïs envoient leurs enfants pour une période de trois ans et l’état de bonze est temporaire.
Un gong appelle les bonzes à l’office. Ils ont revêtu leur tenue jaune et se réunissent autour de tables dressées comme pour leur repas dans la partie « enfer » de leur temple. Plus loin, là où se trouvent les statues vénérables est la partie « paradis ». Il nous faudra encore maintes visites guidées avant que nous nous y retrouvions dans un lieu de culte oriental. Au moins nous avons compris certaines différences entre le bouddhisme vietnamien et celui de la Thaïlande. En dehors des considérations théologiques, la pagode de Mitho est très décorée dans les teintes beiges avec des mosaïques pastel.
Lorsque nous retrouvons la voiture, les enfants nous attendent. Imprudemment, je leur avais lancé « later » pour me débarrasser de la vendeuse de chapeaux et de la petite fille aux cartes postales. Elles me rappellent « later », je dois tenir parole. Le chapeau me con vient tout à fait : beige, aéré, un peu cloche, tricoté, pas trop grand pour un prix minime (3$=45 000VND) c’est une aubaine. Pour 1$ j’achète également 10 cartes postales que la petite fille recompte en français.
L’Ile de laTortue
les fruits des jardins du Mekong
Nous laissons la voiture sur le bord du Mékong pour emprunter un bateau à fond plat. A bord, le capitaine, sa femme, leur fils, et un petit chien. Avec notre guide, cela fait beaucoup de monde pour deux passagères seulement. Selon le guide, c’est un bateau de l’Etat. Sans nous, le marin serait au chômage. La traversée du Mékong, ou plutôt d’un de ses bras, dure un bon quart d’heure. On m’offre une noix de coco que je siffle avec plaisir. Dominique fait cadeau d’un mini accordéon au petit garçon.
Sur l’île de la Tortue, un chemin dallé nous mène entre vergers et étals de souvenirs puis aux tables aménagées pour la dégustation des fruits. L’endroit est aimablement décoré de fruits. J’observe le jacquier qui porte ses gros fruits attachés au tronc. Nous avons vu de belles portes en jacquier, j’avais imaginé un très gros arbre. Dans des palanches, des ananas, je me fais tirer le portrait portant la palanche. On nous apporte tout un assortiment de fruits tropicaux : papaye épluchée, ananas découpé avec des festons, longanes, litchis, ramboutans, petites bananes, et fruits du dragon en quartier. Je suis surtout curieuse de goûter ce dernier. Il est aussi joli à l’extérieur avec sa pulpe blanche et ses pépins noirs dans l’écorce rose fuchsia. Dans une petite coupelle : du sel rougi par du piment, on trempe une rondelle d’ananas. Le sel fait ressortir le goût, c’est délicieux !
Un petit orchestre et des jeunes filles en ao dai blanc nous font entendre des chansons du Delta. Nous traversons les vergers de longaniers. Nouvelle dégustation : du miel qu’on sert avec du thé dans de tout petits verres. De minuscules kumquats sont pressés pour aromatiser le thé. Une jeune fille ouvre la ruche et me propose de sortir le python de sa cage pour me le mettre au cou. Je refuse, j’ai déjà sacrifié à cette expérience. Dans une assiette des amuse-gueules : graines de lotus et gingembre confits, chips de bananes, nougat à l’arachide. On se laisse tenter par les graines de lotus et par le gingembre.
Le retour à l’embarcadère se fait dans de petites barques menées par des paysannes dans de petits canaux tortueux serpentant entre les palmiers d’eau.
Sadec, la ville de Marguerite Duras
les briqueteries près de Sadec
Nous quittons la route Mandarine, toujours aussi fréquentée et construite sur ses bords pour Sadec, la ville de Marguerite Duras. Dès que nous sortons de la route principale, la circulation se complique. La route est en chantier, pleine de nids de poules. Nous traversons de nombreux cours d’eau : canaux et arroyos. « Le canal est droit, l’arroyo sinueux » explique le guide. Le long du canal, de curieux dômes rouge : les fours des briqueteries. Dans cette cuvette du Mékong, l’argile abonde. On utilise l’écorce de riz comme combustible abondant et bon marché qui arrive par bateau directement de l’usine où le riz est décortiqué.
l’école de la mère de Marguerite Duras
L’école de la mère de Marguerite Durasest toujours une école primaire. Le décor n’a pas changé. Sur la grille rouillée, un tableau noir à l’ancienne annonce quelque chose aux parents d’élèves, calligraphié à la craie blanche. Sans doute la mère de Marguerite Duras rédigeait ses annonces aux familles sur le même tableau. Malheureusement, aujourd’hui c’est dimanche et les grandes vacances ont commencé au Vietnam. Nous ne verrons donc que la cour et le bureau. Le concierge ne prendra pas l’initiative de nous ouvrir une classe. Si nous étions passées à une autre période nous aurions rencontré les enfants de la classe francophone. La mère de Marguerite Duras possédait une jolie villa un peu plus loin occupée maintenant par une section de la police économique. On ne visite pas. Le taxi ne se déroute pas. Quitte à ne voir que des extérieurs, on aurait pu faire le détour ! Nous sommes ravies de ce pèlerinage. India Songest notre « film culte » de notre jeunesse. J’ai lu avec plaisir « Barrages contre le Pacifique » juste avant notre départ. La biographieécrite par LaureAdler m’a donné envie de voir les lieux de son enfance et de relire ses œuvres.
Il fait gris et lourd. La pluie se met à tomber. Nous sommes réveillées depuis 5 heures. Il est 14H. Je lutte contre le sommeil, bercée par la voiture. Je voudrais ne rien rater de l’excursion mais cette RN1 n’a, décidément rien de passionnant !
Nous traversons le bras antérieur du Mékong sur un bac. Nous l’avons déjà franchi sur un beau pont suspendu ce matin. Je préfère le bac.
Canthô
pagode khmère de Cantho
– 16H : arrivée à Canthô (prononcer Cantheu), capitale de la province, 1 million d’habitants, en pleine expansion. D’énormes superficies ont été nivelées et tassées, des zones industrielles flambant neuves attendent d’être occupées. Le Vietnam industriel remplace les rizières déjà invisibles de la RN1. L’image romantique du petit pays rural, David contre le Goliath américain, est un peu écornée. Le « petit pays » est aussi peuplé que l’Allemagne sur un territoire équivalent à celui de l’Italie. La densité Delta est forte et la croissance industrielle est rapide.
Nous visitons une pagode Khmère, c’est un temple d’importance mineure, surtout l’occasion de voir une pagode du Petit Véhicule et de réviser les différences énoncées par le guide ce matin. Je reconnais la parenté de silhouette avec les pagodes de Thaïlande et la robe safran des bonzes.
la corbeille : le luxe!!!
L’ Hôtel Saigon Cantho, 3 étoiles, occupe l’angle d’une rue tranquille à deux blocs du Mékong. C’est à un hôtel pour hommes d’affaires. On nous offre le verre de bienvenue. La porte de notre chambre ouvre sur un mignon lac avec des plantes vertes, un jet d’eau, une fausse montagne avec une pagode de 7 étages en céramique et de vrais poissons, au milieu d’un patio autour duquel l’hôtel est construit. La chambre est immense, beau mobilier de bois sombre, tissu beige au motif floral sur le dessus de lit et les rideaux assortis. Des lampes de chevet montées sur un bras en laiton pliant. Dans un coin, un canapé d’angle autour d’une table carrée porte une théière et des tasses. Sans parler des jolis accessoires de toilette dans la salle de bain, du peignoir d’éponge…Il faut être aussi ploucs que nous pour se charger d’une trousse de toilette : on nous offre peignes, brosses à dents, cotons-tiges nécessaire à coudre, à reluire les chaussures. Il y a même un ticket pour un sauna gratuit (le massage payant). Bien entendu, l’hôtel est Wifi. Si jamais on a oublié son ordinateur, il y en a un à disposition dans le hall .
Promenade en cyclopousse
Dans les rues de Cantho
C’est un cyclo à moteur qui nous embarque sur les coussins de skaï, notre guide face à nous. La circulation est très fluide. Nous goûtons au calme provincial après la cohue saïgonnaise. Peu de curiosités notables à Canthô, ville moderne. Le marché couvert ressemble à celui d’HCMV, l’hôpital occupe un bâtiment colonial. Nous passons devant un supermarché, on nous montre même l’Aqualand local. Des attroupements de motos devant les centres d’examens où on passe l’examen d’entrée à l’Université (aujourd’hui dimanche !). On se laisse brouetter Le guide nous montre les cafés équipés de télévision en prévision de la finale de la coupe du Monde de foot : France/Italie que les foules vietnamiennes regarderont de 1 à 3 heures du matin.
J’essaie le sauna. Quelle idée bizarre de retourner transpirer alors qu’on a eu chaud toute la journée ! Mais je n’ai jamais été au sauna. A mon âge, cela manque à mon expérience. J’aurais dû prendre au moins de la lecture. On s’ennuie dans la petite cabine lambrissée.
On frappe à notre porte pour nous apporter une corbeille de fruits en vannerie. Un personnage de fil de fer portant le chapeau typique se tient debout sur une barque.
7ème étage: 2 buffets sont dressés. Le premier, asiatique, propose de la soupe au crabe gluante et des herbes, du riz sauté aux œufs-petits pois et lard, du poulet aux légumes sautés.. Le second buffet correspond aux goûts européens : toasts de pain blanc, croissants et viennoiseries, céréales jus de fruits, fruits frais coupés en tranches.
Toujours avide d’exotisme, je me compose un repas vietnamien, imitée par D qui me laissera ses raviolis aux crevettes, pimentés.
Nos commensaux sont hollandais (un groupe arrivé en car) et des touristes asiatiques. Quatre dames, la cinquantaine, habillées comme des poupées ou des adolescentes : jeans très court sous deux épaisseurs de robes vaporeuses aussi transparentes que fleuries avec dentelles et volants. Elles sortent de leurs minuscules sacs à main des carrés de tissus, petits foulards ou grands mouchoirs, et réservent ainsi leurs place. Arrive une famille, grand-mère frisottée, enfants terribles aux bonnes joues et jouets en plastique(gros pistolet à eau). Tout ce monde ignore superbement les foulards nordiques (Japon ? Corée ?) et s’installe autour de la table carrée. Les dames en fleur reviennent avec leurs assiettes et s’arrêtent interloquées : « sorry ! « . Surprise : la famille décampe. Autre surprise : ils se parlent en anglais.
Cholon
Sur les toits d’un temple à Cholon
Le portier appelle un taxi et fixe le prix avec le chauffeur. Pour Cholon ce sera 45000 dongs (3US$). Le taxi a un compteur et la clim. Il se faufile dans un océan de motos. Je guette les idéogrammes chinois de Cholon, le quartier chinois.
A 9h, sous un beau soleil : notre première pagode, Thien Hau. A la grille deux femmes brandissent des bâtonnets d’encens. Devant notre refus, elles n’insistent pas. Le portail décoré est surmonté de personnages en céramique bleue encadrés par des dragons sur un toit de tuiles vernissées.
A l’intérieur, le rouge domine, piliers rouges, rubans de papier rouge ornant les murs. Un Chinois, très aimable, rondouillard, nous accueille:
le temple vu de la rue
– « D’où venez vous ? – de France ! – mais nous sommes voisins, je viens de Londres UK ! ».
Comme nous, il est touriste, l’avais pris pour un guide ! Il nous explique que le temple est consacré à la déesse de la Mer. A l’envers du portique d’entrée, la déesse survole une mer déchaînée où sont ballottés des navires sur des vagues au graphisme compliqué. Une cours, sorte d’atrium, est couronnée d’une frise de personnages de céramique bleue – légendes confucéennes – lit-on dans le guide Evasion. Nous n’en saurons pas plus, dommage ! Toute cette foule aimable et variée m’intrigue. Au fond, trois autels avec d’autres divinités : le dieu du Bonheur Ong Bon. Nous cherchons le général Quan Công avec son cheval Rouge. Grandes statues grandeur nature. Nous ne savons plus où donner de la tête. Il faut aussi admirer les piliers décorés, les portes ouvragées, les gros chaudrons…Des fidèles se promènent d’une statue à l’autre, agitent des bâtonnets d’encens, saluent les mains jointes. Nous avons déjà vu les offrandes d’encens en Thaïlande. Là bas, le culte paraissait plus calme, plus serein. Ici, la ferveur se traduit par des mouvements énergiques et répétés. Du plafond pendent d’étranges serpentins d’encens qui ressemblent à des nasses. Avec les rubans rouges cela fera une photo superbe !
Je regrette notre ignorance. Des fresques peintes en relief racontent des histoires que nous ne savons pas lire…
Encens!
Dans la même rue Nguyen Trai, le Temple Nghia an Hoicélèbre, lui aussi la déesse de la Mer. Un magnifique bateau votif très ouvragé est suspendu au portique d’entrée. A l’intérieur, les piliers de bois rouge foncé laqué et sculptés diffèrent de ceux de la première pagode.
Dans la même rue se trouve la troisième pagode. Sur le plan, les trois édifices semblent voisins, en réalité, nous avons du mal à les trouver. Moins de 1000m les séparent. Difficile d’évaluer les distances quand la marche est une véritable course d’obstacles. Le trottoir, très haut, est complètement occupé par des motos en stationnement, des étals des marchands ambulants, des cantines de soupe ou de sandwiches de baguette, ou des paniers de fruits. Quand ce n’est pas la boutique de tissus qui a installé ses rouleaux multicolores devant son magasin. Des familles prennent le petit déjeuner assis sur de minuscules tabourets. La, un mécanicien répare une moto tandis que deux ouvriers plongent une chambre à air dans une bassine. Il faut slalomer entre les différents obstacles, éviter la marchande qui transporte des victuailles dans sa palanche. S’il faut descendre du trottoir, attention aux flaques noirâtres ! La rue Nguyen Trai est en sens unique. Chaque feu rouge libère sa cohorte de motos. A l’approche du marché, ce sont les fruits et les légumes qui occupent le bitume.
Cyclopousses
Nous avons l’impression de marcher depuis si longtemps que nous avons sûrement dépassé le temple. Difficile de trouver de l’aide ! Les personnes âgées font signe que c’est écrit trop petit sur notre plan. Les prenant au mot, nous entrons chez l’opticien. Les employées sont jeunes et au moins elles ont des loupes ! Mais elles ne connaissent pas le temple. Finalement la solution est simple: l’adresse exacte figure dans le guide, il suffit de regarder les numéros et de trouver le 802.
Encore de l’encens. Beaucoup même ! Le temple est tout enfumé. La promenade proposée par Evasion comprend aussi la visite du marché, nous zappons et continuons la rue sur au moins deux kilomètres qui comptent triple avec les contournements et les descentes de trottoir.
Cette déambulation devient de plus en plus pénible. Des ampoules poussent sous nos pieds. Pour le plaisir des yeux, c’est l’éblouissement. Foisonnement des couleurs surtout quand on passe devant les boutiques d’articles de fête en satin rouge brodés et couverts de paillettes, malheureusement protégés par des housses plastiques tout à fait inesthétiques. Au coin de la rue, des motos taxi cherchent à nous prendre en charge. D refuse énergiquement de monter sur une moto. Elle a peur. De quoi ? Nous risquons bien plus un accident comme piéton quand nous traversons la rue. Les motos taxis connaissent leur métier ! (Enfin c’est relatif, nous avons été témoin de plusieurs accidents de zemidjans à Cotonou). Elle n’est pas complètement hostile au cyclopousse.
En cyclopousse
Un air de campagne
Nous sommes trop grosses pour un seul cyclopousse, les vietnamiens se tassent à plusieurs, mais il nous en faut deux. Pas de problème, le cycliste trouve un collègue. Ce sera seulement deux fois plus cher ! Comment monter sur le siège ? Le cyclo le fait basculer. Ensuite c’est très doux et tranquille. On oublie même les motos qui nous doublent à gauche et à droite. Nos deux cyclos conduisent de front pour qu’on puisse se prendre en photo. Nous nous engageons dans une ruelle très calme loin de la circulation. Seuls roulent des vélos et des charrettes à bras. Les arbres s’avancent dans la rue. Des enfants jouent. Des chiens divaguent. On se croirait à la campagne. Sur une place, sous de grands arbres, des stupas délabrés sortent d’une sorte de jungle. La pagode est plus sobre que les précédentes. Notre cyclo nous accompagne. Il nous montre une table avec théière et petites tasses. Nous déclinons cette offre. Peut être aurait-il aimé qu’on lui offre le thé ? Il nous conduit vite de bouddha en bouddha, joint les mains en prière. Un bonze parle français :
– « Quel âge avez-vous ?- il n’écoute pas la réponse – j’en ai soixante quinze ! ».
Il est très fier de son âge vénérable qui lui donne le droit de nous pétrir le bras quand il nous tend les bâtonnets d’encens que nous plantons distraitement devant la statue. Il aurait peut être été plus poli de les secouer et de les lever au dessus de nos têtes. Offrande (10 000VND), le bonze nous donne sa carte « bonne année ».
Le cyclo nous attire à l’extérieur. Je le photographie devant une divinité qui me fait penser à la Vierge, puis avec son copain et leurs engins.
Le chemin est encore long jusqu’à la pagode Giac Lam. Le cyclopousse me berce. Je ne fais même plus attention à toutes les motos qui nous frôlent. Nous franchissons un portique coloré. La pagode Giac Lam est entourée de verdure. De grosses gouttes constellent le ciment. Avant que l’averse ne forcisse nous filons nous abriter dans la pagode, très haute tour de sept étages soulignés par des balcons couverts de toits recourbés en tuiles vernissées.
A chaque étage de la tour
Une grande statue, genre Sainte Vierge, est plantée à l’entrée. C’est Quan Am dont nous lisons la légende dans le guide Evasion. C’est l‘ histoire compliquée d’une pauvre jeune fille, chassée à tort du domicile conjugal, qui trouve refuge dans un monastère en se faisant passer pour un homme. La fille de l’homme le plus riche de la région tombe amoureuse de Quan Am qui la repousse. Dépitée, cette jeune fille riche se livra à la prostitution et accusa Quan Am d’être le père de son enfant. Quan Am fut chassée du monastère et partit sur les routes avec l’enfant de l’autre qu’elle éleva.
Je me déchausse et grimpe les sept étages de la tour. A chaque niveau, une statue peinte de couleurs criardes. Un garçon et une fille révisent leurs leçons dans le calme. Des balcons on a une vue très étendue sur HCMV. Deux grandes roues de foire dépassent les toits, quelques gratte-ciels au loin, peu nombreux encore. Un gracieux dragon jaune orne chaque coin de la toiture recourbée. Une aire contient des monuments serrés en forme de pyramides, on a l’impression qu’il s’agit d’un cimetière. Un guide serait bien nécessaire ! Plus loin, un joli jardin avec des arbres taillés entoure la pagode. Là encore des étudiants apprennent leurs cours abrités sous l’auvent qui court autour du temple. De l’intérieur, un tout petit homme nous fait signe de faire le tour.
Le sanctuaire est précédé d’une salle de réception. Autour de grandes tables, sont disposées des chaises comme dans un restaurant chic. Ce mobilier de bois très sombre, verni est incrusté de nacre. Devant une porte, on se déchausse. C’est là que se trouvent les statues vénérables: un grand bouddha et plein d’autres alignés dans la pénombre.. Le petit homme montre le tronc aux offrandes. La couleur du billet que j’y glisse ne convient pas il me montre un rouge de 10 000VND. Au centre, dans un bassin, une île avec une montagne moussue avec des végétaux dégoulinant d’humidité. Deux lions de céramique verte montent la garde. A l’arrière, des tables des bancs, une salle de classe et une cuisine collective. Aux murs des peintures naïves édifiantes figurant l’enfer avec des diables aux têtes rouges brandissant des tridents et toutes sortes de tortures. Représentation fort banale pour des occidentaux.
En lion de faience!
Nous passons sans un regard pour l’immense statue blanche de Bouddha. Nos cyclos nous attendent depuis une heure, l’orage menace. Je sors ma pèlerine à l’avance. Erreur ! Le cyclopousse a une capote, un peu percée sur des montants rouillés, mais un abri efficace. Les cyclos ont monté le prix 30 000dongs (15€). Ils ne l’ont pas volé, le chemin du retour était très long.
Après la sieste nous traversons le parc au pied de l’hôtel Liberty3 pour visiter le Parc de la Réunification dont les arbres dépassent les immeubles.
A la sortie de l’aéroport, personne ne nous attend. Parmi les nombreuses pancartes notre nom ne figure pas.
La postière, en costume traditionnel, jaune P etT, téléphone au correspondant de l’agence. Explications embrouillées:
– « The driver is on the way ! »
9h30 – toujours rien ! La postière vient me chercher dans le hall de l’aérogare. L’hôtel Liberty 3 a appelé.
Nous prenons un taxi. Je suis démoralisée. D’habitude, nous nous débrouillons par nous même. Pour une fois que nous avons eu recours à une agence, et que tout semble organisé, cela se passe mal. Nous n’avons aucun voucher pour les hôtels, ni les billets d’autobus et de train. Et si nous étions tombées dans une arnaque?
Dans le taxi, je suis trop préoccupée pour faire du tourisme. Mes premières impressions de Saigon seront vagues. Une circulation infernale où certaines motos remontent le courant à contre-sens le long du trottoir. Une urbanisation anarchique. Notre taxi se faufile dans le flot des motos, très peu de voitures, quelques vélos. Je comprends tout de suite pourquoi les touristes n’ont pas le droit de conduire ici. Pour une densité de deux roues équivalente à celle de Cotonou, l’air est curieusement respirable : les motos sont neuves. Malgré cela, de nombreux motards sont masqués surtout les femmes qui ont le visage complètement protégé, leurs avant-bras sont couverts de gants à manches longues. Ces protections sont peut être anti-chute ?
hôtel Liberty3
Vu du balcon de Liberty3: le parc
Dans le hall de l’hôtel, notre guide glisse 4 billets de 50 000VND en dédommagement du prix de la course en taxi que j’ai payée en € .
Liberty3 a 7 étages et une soixantaine de chambres. Il est situé sur une grande place. Notre chambre est vaste, haut plafond bordé par une corniche soignée et des moulures sobres. Trois portes laquées vert d’eau font face à un rideau orange qui habille la grande baie et la porte-fenêtre. Sur le balcon, une poterie bleue contient un palmier et une plante rampante. Mobilier sobre – style hôtel- télé-satellite, une coiffeuse. Sonnées par la nuit d’avion et l’émotion, nous dormons toute la matinée.
Sous un ciel couvert, mais lumineux, nous partons à pied explorer les environs. Le « quartier routard », les hôtels sur la Rue Pham Ngu Lao et mini hôtels dans les ruelles adjacentes. Partout, des agences de voyage proposent des excursions, des magasins de souvenirs, des photographes, des restaurants bon marché…tout ce dont les touristes pourraient avoir besoin. Des jeunes filles transportent des piles de best-sellers : Da Vinci code, Papillon, guides Lonely-Planet.
Après avoir fait le tour du pâté de maison, nous arrivons dans un parc très vert aux pelouses plantées d’une graminée aux feuilles larges et épaisses, ombragé par de grands arbres et coloré de massifs de fleurs, amarantes à crêtes roses très roses, impatiens. Dans des poteries des topiaires très asiatiques : des arbres découpés en rondelles parallèles horizontales ou en petites boules imitant la silhouette du pin. Les jardinières, habillées de bleu arborent le chapeau conique typique.
Le Marché
le marché et les fruits exotiques
Le marché Bien Than est une belle halle coloniale. Nous y entrons par la section des vêtements et des chaussures. J’adore les ambiances de marchés, souks d’Istanbul, du Caire ou de Marrakech, marché africain de Praia ou de Cotonou. Je me laisse tenter par une bricole : un éventail à 10 000 dongs (0.5€). La jeune vendeuse fait une démonstration : le faire glisser le côté sur l’avant-bras puis casser le poignet. Les marchands de fruits ont construit des piles soignées, ramboutans hérissés pointes entre jaune, orange et rouge, longanes brunes, gros pamplemousses verts pâle comme ceux de Cuba. Les oranges se vendent vertes. De curieux fruits fuchsia ressemblent à des raves (peut être ce ne sont pas des fruits ?) Des durians spectaculaires, des anones, des goyaves…
Hôtel de Ville
l’hôtel de ville de HoChiMinhVille
A la sortie du marché nous traversons la Rue Pasteur et trouvons facilement l’Hôtel de Ville (1901-1908) style néo-Renaissance, IIIème République, très kitsch, très pâtisserie, sans grand intérêt quoique très vanté par les guides. Dans un jardin en face, Ho Chi Minh avec un enfant, une belle statue. Le vieux chef a une attitude sympathique. Toujours des petits arbres taillés dans de belles poteries. Comment les nommer ? Topiaires ? Bonsaïs ? Arbustes taillés ?
A la Poste
Poste coloniale, héros révolutionnaires
Bâtiment colonial peint en rose abricot pâle, rehaussé de stucs blancs, style pâtisserie, persiennes vert foncé, une frise Art Nouveau jaune et vert. Deux petits jardins fleuris aux topiaires bien taillés ont chacun une statue représentant un couple révolutionnaire qui se détache sur un mur portant des plaques enguirlandées honorant Joule, Ohm, Faraday, Galvani, Gay-Lussac, Ampère, Louis XI, Laplace, Descartes… que vient faire Louis XI ?
En face de la Poste la cathédrale de brique roses pseudo romane. Je n’ai que très eu de goût pour ces édifices sans aucune invention, plagiats ennuyeux.
Rue Catinat
Nous descendons l’avenue la plus célèbre, l’ancienne rue Catinat maintenant Don Khoi, les « Champs Élysées » de Saigon : boutiques de luxe, beaux hôtels, un très joli théâtre (toujours Belle Époque) genre Garnier mais petit, encadré de deux jardins agrémentés chacun d’une fontaine de marbre rouge, sur l’une un flûtiste sur l’autre un violoniste. C’est charmant ! Alors que nous allons à la Rivière, des jeunes filles proposent des soins de beauté, manucure.
Bords de la rivière de Saigon
Sur notre rive : un bel hôtel, des cafés, un jardin public aux pelouses très vertes et aux grands arbres noueux. Sur l’autre rive : des entrepôts couverts de tôles rouillées, on devine aussi des habitations.
Pas de pont, des navettes de bacs de tout gabarit. Entre les deux berges coule la rivière de Saigon, grise et boueuse charriant des branches vertes mais aussi des bidons
Un remorqueur tire deux barges vides, un gros bateau gris très enfoncé. Que transporte- t il ? De frêles barques à la proue très relevée ont perdu leur peinture. Le propriétaire a peint de beaux yeux rouges sur l’une d’elle.
Tous les bancs sont occupés : vieillards, vendeuses de livres, touristes buvant des canettes de coca…une mendiante veut se faire offrir une bouteille d’eau. Elle monte sur l’estrade du café et termine un verre oublié sur une table.
Des gouttes tombent. On s’en réjouit, imaginant que la pluie va rafraîchir l’air. Brusquement il tombe des cataractes. Un négociant en vins nous invite gracieusement à nous abriter dans sa boutique. Une jeune fille nous apporte un minuscule tabouret en plastique bleu. En un clin d’œil, les pèlerines sont déployées sur les motos. De couleurs vives quelquefois transparentes, à gros pois verts ou violets. Une visière permet de circuler à moto. L’ennui c’est que les motos éclaboussent les passants qui tentent de traverser. Nous rentrons trempées sous le soleil. Une bonne douche et des habits secs, il n’y paraît plus rien.
Dîner dans le quartier routard. D, peu aventureuse, choisit un poulet frit dans un fast food . Je tiens à l’exotisme, m’attable à une gargote pour routards, et commande un poulet aux légumes, cuit à la vapeur, insipide. Thé est à volonté et gratuit.
Première photo des vacances : l’équipage. Les hôtesses sont vêtues de la longue tunique fendue rouge au petit col droit galonné d’orange, les cheveux tirés en un gros chignon.
Ciel partiellement nuageux, survolons Reims, l’Allemagne, collines et vignobles… la Tchéquie, le paysage varie peu, peut être plus boisé, des parcelles plus petites, des ruisseaux qui serpentent…Sur l’écran, les noms de Cracovie, Lvov : ma géographie hésite. Sommes nous au dessus de la Pologne, de la Biélorussie ou de l’Ukraine ? Le relief s’est estompé, routes droites, grands champs, nombreuses pièces d’eau. L’avion vole haut, 10 600m, nous avons parcouru 1700 km.
Décalage horaire
Vers l’Est, le temps est avalé. Se forcer à dormir pour arriver en forme à Ho Chi Minh Ville. L’équipage fait régner la discipline avec fermeté:17h, heure de Paris, fermeture des volets. Au Vietnam, il est 22 heures. On se plie à cette nouvelle heure, de l’Asie du sud Est, plongée dans la nuit. Je sors mon masque et mes bouchons d’oreilles. Par miracle j’arrive à m’endormir !
Quelques réveils plus tard, l’avion vient de dépasser la Mer Noire, sur la carte Groznyï et Bakou. Le Caucase est invisible. L’avion a pris de l’altitude, plus de 11000m sandwiches . Sur l’écran, des villes mythiques : Boukhara, Samarkande, Douchanbé, l’Asie Centrale dans la nuit. Afghanistan: de Herat à Kaboul, très haut au dessus des montagnes et des guerres. Pakistan, il reste 5heures de vol. J’ai dormi 4heures. Je regarde un documentaire sur Dien Bien Phu, Geneviève de Gallard dont j’ai parcouru le livre il y a deux jours. Le ciel se découvre à l’arrivée.
LIRE POUR LE CAMBODGE (et le Vietnam, et la Thaïlande, et le Laos…)
Angkor
Après Peste&Choléra qui m’a beaucoup intéressée, j’ai cherché Kampuchéa sorti quelques mois après notre retour du Cambodge.
C’est un livre très différent, plutôt un carnet de voyage relatant une errance de Bangkok où il commence et se termine, un reportage au Procès de Douch – le tortionnaire du sinistre S-21 à Phnom Penh, et des digressions au Vietnam et au Laos.
Sur le Tonlé-Sap – Cambodge
Le titre du livre – Kampuchéa – nom que les Khmers rouges avaient donné au Cambodge – laisse imaginer une sorte d’histoire du Cambodge. Deville commence son histoire en 1860 avec la découverte d’Angkor par Mouhot. Coquetterie d’auteur, il feint de dater les évènements à partir de cette nouvelle ère, ce nous oblige à faire un petit exercice de calcul mental.
Deville joue avec le lecteur en l’égarant aussi bien dans l’espace. Il fournit des indices plus ou moins clairs, ne nomme pas toujours les lieux si bien qu’il faut deviner où se déroule l’action. Un bonne connaissance de l’Asie du Sud-Est est même nécessaire pour se repérer dans ce livre-puzzle.
L’histoire n’est jamais racontée linéairement. Des épisodes, dans le plus grand désordre chronologique, surgissent au fil du voyage, des rencontres, des digressions. On peut considérer cette lecture comme un jeu. Parfois agaçant. Ce n’est plus l’histoire du Cambodge qui est narrée, plutôt celle de l’Indochine, avec ses pionniers: Mouhot le premier, mais aussi Garnier et Lagrée qui ont cartographié le Mékong, ainsi qu’Auguste Pavie qui cartographia le Tonlé Sap et installa le télégraphe entre Phnom Penh et Bangkok, parti à dos d’éléphant. Rencontres fortuites avec Loti, Brazza ou Stanley, des plus grands explorateurs. Plus tardives avec Malraux ou Graham Green.
Morceaux de bravoures, l’entrée des Khmers rouges le 17 avril 1975 à Phnom Penh, DienBien Phu, ou la débâcle des américains à Saïgon, même les affrontements entre chemises jaunes et chemises rouges à Bangkok en 2011. On croise Sihanouk et Hô Chi Minh…. Récit cinématographique:long travelling sur Catinat à Saïgon.
Nha Trang – Vietnam
« Je vais descendre vers Danang, ou peut être à Nha Trang sur les traces du bon docteur Yersin. Par la route Mandarine ou en train, au milieu des flamboyants et des tamariniers. puis descendre à Hô Chi Minh-Ville et de-là regagner Bangkok, remonter au nord vers Chiang Mai, puis Hanoï, puis Haïphong, corir à nouveau sur la grand-roue dont le moyeu est Phnom Penh, comme l’écureuil de Cendrars dans la cage des latitudes et des longitudes, chercher une issue…. »
Rencontres passionnantes mais un peu frustrantes, à peine commence-t-on à se situer que le chapitre suivant nous emmène ailleurs.