Visiter une exposition comme jouer à faire des paires!
Les arbres bleu Klein rencontrent la forêt aux arbres bleus de Fernand Léger. Tout au long de la visite, je continue le jeu des correspondances
Arman – Birds (1981) accumulation de pinces métalliques formant une nuée d’oiseaux, murmuration solide
Birds d’Arman figure près de la Composition de deux oiseauxde Fernand Léger. Correspondance, dialogues anachronique : Léger est mort en 1955, il n’a pu voir les oiseaux d’Arman. Et pourtant cela fonctionne très bien
Fernand Léger : composition avec deux oiseaux (1940)
L’exposition Tous Léger propose un dialogue entre l’école des Nouveaux Réalisteset l’œuvre de Fernand Légerqui a ouvert la voie en peignant la réalité urbaine dans sa trivialité. La première partie est consacrée aux Cinq Eléments : Air, Eau, Feu, Terre auquel on ajoute la Couleur. Fernand Léger enregistre les mutations de l’époque moderne tandis que les Nouveaux réalistes poussent la critique de la surconsommation, de l’obsolescence programmée, la gestion des déchets.
La vie des objets
May Wilson : Untilted
Ces accumulations de d’objets du quotidien May Wilson correspondent à cette critique comme les objets piégés de Spoerri, l’accumulation des pinces métalliques d’Arman et les ciseaux de Niki de Saint Phallepris dans le plâtre
Niki de Saint Phalle Ciseaux/ Fernand Léger
« pour moi la figure humaine, le corps humain n’ont pas plus d’importance que des clés ou des vélos. C’est vrai. Ce sont paour moi des objets valables plastiquement et à disposer selon mon choix »
« il n’y a pas de beau catalogué, hiérarchisé. Le beau est partout, dans l’ordre d’une batterie de casseroles sur un mur blanc aussi bien que dans un musée… »,
Fernand Léger
Lichtenstein Interior with chair
Fernand Légera séjourné longtemps aux USA et a exercé son influence sur Lichtenstein
Lettres – tampons – affiches
Cette section s’organise autour de Métro Arts et Métiers de Villeglé qui trône au centre de collages encadrés par les tampons et cachets d’Arman
Fernand Léger – L’Homme au chapeau bleu
Continuons le jeu des paires avec le Chapeau bleu de Spoerri cachant les œufs d’un éventuel larcin qui correspond au tableau de Fernand Leger
Martial Raysse Nissa Bella
toujours le jeu avec Nissa Bella de Raysse avec le Petit témoin au visage vert de Niki de Saint Phalle
Niki de Saint Phalle Le petit témoin
Acrobates et cyclistes rapprochent Niki de Saint Phallede Léger
Léger a beaucoup peint des cyclistes célébrant ainsi les congés payés.
Niki de Saint phalle : Footballers
La couleur dans l’espace est le thème de la dernière salle où les oeuvres monumentales de Fernand Léger sont confrontées au Jardin des Tarotset au street-art de Keith Haringtandis que Miles Davis très coloré tient la vedette.
En février 2017, j’ai eu le plaisir de passer 3 jours à Menton chez des amis à l’occasion de la fête des Citrons. De ce court séjour, très dense, je n’avais pas fait de billet de blog. Notre visite récente à la Maison de Cocteau à Milly-la-Forêt m’a rappelé celle au Musée Cocteau de Menton. J’ai retrouvé les photos et en voici quelques unes !
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Je viens de lire que ce musée de Menton était fermé depuis 2018 . J’ai donc eu de la chance de la visiter!
Depuis que j’ai lu Les Pierres Sauvages de Fernand Pouillon j’ai eu envie de visiter Le Thoronet, abbaye dont le roman raconte la construction. Dernièrement, j’ai croisé le travail de Fernand Pouillon à Meudon-la-Forêt, Marseille et au château de Belcastel en Aveyron .
50 km entre La Môle et le Thoronet en passant par Cogolin, au pied de Grimaud perché sur s colline, à travers les forêts autour de la Garde-Freinet ravagées par un incendie en 2021. Les troncs des chêne-liège sont noirics mais les arbres s’en sortent, les pins et les autres arbres ont disparu tandis que la broussaille, les arbousiers et les bruyères grandissent. Je scrute avec attention la régénération de la végétation. Nous traversons la Plaine des Maures au creux des collines qui n’est pas plate du tout mais couverte de vignes gentiment penchées. L’autoroute passe dans la plaine, nous l’emprunterons samedi.
L’Abbaye du Thoronet est à l’écart du village du Thoronet, bien cachée en creux dans une forêt de chênes. Le clocher dépasse à peine et on ne le remarque qu’en quittant le site. Une allée dallée conduit à l’enceinte. Une grille contemporaine de mailles carrées en bois marque la clôture. Plus aucun moine n’occupe l’abbaye depuis 1791. C’est un musée de la RMN. Remarquée par Prosper Mérimée, elle est inscrite à la Liste des Monuments Nationaux depuis 1840.
En attendant la visite guidée devant l’église, je convoque mes souvenirs de lecture des Pierres Sauvages. Sobriété de l’église, pas le moindre décor, même pas un porche à étudier. Sur la façade occidentale, une petite porte étroite et basse pour les convers. De l’autre côté la grande « porte des morts ». Un très vieil arbre. Je découvre encore les arches et la galerie du cloître aux arcades parfaitement nues. Sans guide, la visite aurait été courte. J’aurais écouté le murmure de l’eau du lavabo. J’aurais cherché les angles pour le cadrage du clocher dans les arcades géminées. J’aurais admiré le calme, l’harmonie qui se dégage de l’ensemble. J’aurais peut être trouvé des ressemblances entre ces murs parfaits et les façades de pierre de Meudon-la-forêt ou de Marseille réalisée par Pouillon.
A 10h30, la guide nous entraîne dans le cellier autour de la maquette de l’abbaye. Sans préambule, elle affirme que nous sommes dans le plus bel endroit du monde et qu’elle va nous montrer des merveilles. Il faut quelques efforts aux visiteurs pour voyager dans le temps, endosser la coule blanche des cisterciens du XIIème siècle qui ont construit le monastère et adopter leur schéma mental, essentiellement religieux mais aussi très savant. Pour atteindre cette conscience, il convient de détruire tous les préjugés concernant le Moyen Âge, évacuer les images grossières véhiculées par le film « les visiteurs » et se situer dans le contexte historique.
Si on adopte ce point de vue, l’évènement fondamental de l’époque serait la Réforme Grégorienne (du nom du pape Grégoire VII (1073-1085) affirmant l’indépendance du clergé par rapport au pouvoir laÏc particulièrement vis-à-vis du Saint Empire Romain Germanique. Accessoirement, le célibat des prêtres est affirmé. La lutte contre la Simonie : le trafic des charges ecclésiastiques et celui des reliques.
Comme conséquence de cette réforme, l’Abbaye de Cluny devient immensément riche et puissante. Par réaction à cet enrichissement, Robert de Molesme et Saint Bernard ont fonde les abbayes de Cîteaux et de Clairvaux en se basant sur la règle de Saint Benoît : affirmant pauvreté, humilité et travail manuel.
On distingue alors les moines noirs, les Clunisiens, et les moines blancs cisterciens. A côté des moines, les convers revêtaient un habit marron de bure et pouvaient être barbus. Les fondateurs du Thoronet s’installèrent d’abord à Tourtour au sommet d’une colline ce qui ne correspondait pas avec le principe d’humilité, ils ont préféré descendre dans le creux du Thoronet au cœur d’une forêt, cachés près des deux ruisseaux. Après le choix de l’emplacement, la construction a pris plusieurs dizaines d’années, toujours régie par la Règle de Saint Bernard afin d’atteindre la perfection. Parmi les moines, se trouvaient des érudits, un astronome, un herboriste, le maître d’œuvre. Ils ont cherché la « quadrature du cercle », le cercle symbolisant Dieu et le carré, le monastère.
Le Thoronet Lavabo
Pour avoir conscience de leur démarche, il convient de « s’orienter » c’est-à-dire chercher l’Orient. En bon modernes, nous avons une boussole pour indiquer le nord. Les cisterciens cherchaient le soleil levant à l’équinoxe du printemps (d’où l’importance de l’astronome) . A l’Est, la lumière, la réflexion, l’activité intellectuelle des moines, la galerie Est est celle des moines tandis qu’à l’Ouest, l’Occident (occidere : faire périr) c’est la galerie des frères convers ces auxiliaires ayant la charge des travaux des champs. A l’netrée du cloître, le sol était empierré grossièrement dans la cours empruntée par les convers ta&ndis que le cloître est dallé et carrelé soigneusement.
Dans le cloître, la guide noud initie à la symbolique des nombres. est Dieu, l’occulus qui surmonte les arches, arches géminées pour le 2, le 3 est important, c’est la Trinité, visible au sol avec les trois travées de dalles encadrées par le carrelage. Le 4 est le carré, carré du cloître, 4 parties du jardin (comme celui des Ryads) . 3+4 donnent 7, encore un chiffre magique, 7 jours de la semaine, 7 péchés capitaux. 3 X4 = 12, 12 heures, 12 mois, 12 apôtres, 12 côtés à la margelle du lavabo. Pour dessiner le Maître d’œuvre plante son bâton, 1coude, = 1 empan =1 pied + ??? = 1.55 m. le bâton du Maître d’œuvre planté à l’équinoxe servira à s’orienter.
Pour obtenir le 5, la conférencière manipule un visiteur en lui faisant jouer l’Homme de Vitruve (anachronisme Leonard de Vinci l’a dessiné en 1490, donc bien plus tard) Le 5 représente Lhomme ou les 5 doigts de la main. Mes collègues visiteurs, devenus moyenâgeux comptent les portes, les marches, additionnent, retranchent….
Pause devant l’entrée de la SalleCapitulaire d’où vient l’expression « voix au chapitre ». on y lisait un des 73 chapitres de la Règle de Benoît. 5 x 73 = 365 jours. Chaque année revoyait 5 fois la lecture de la règle. Et nous voici adeptes de la numérologie ! Alors que les ornements sont rares (quasi-inexistants) la sculpture d’une pomme de pin, d’un trèfle à 3 feuilles et d’un autre à 4 feuilles, et d’une langue bifide à l’entrée de la Salle Capitulaire nous interroge. La pomme de pin qui garde serrée ses écailles mime le geste de la prière, la langue fendue symbolise les paroles qui peuvent le bien comme le mal. Les deux trèfles (3+4) sont les 7 péchés capitaux< ;
Fin de la visite à l’église. Actuellement elle est ornée de deux statues, à l’origine elle était vide. Cette église possède une acoustique exceptionnelle. Selon la guide, seul le Taj Mahal la surpasserait dans la réverbération. Les moines l’ont construite en se basant sur le nombre d’or mais cela ne suffit pas pour justifier cette acoustique inimitable. On suppose donc que les pierres chantent. Pour apprécier cette acoustique la guide nous demande de fermer les yeux et de faire silence ? Puis la musique résonne et nous entoure. Est-ce un enregistrement ? j’ai une angoisse : j’ai oublié de fermer mon téléphone, et s’il sonnait ? je suis si obsédée par cette crainte que je le sors discrètement, l’ouvre et le rend muet. Pour ce faire, j’ouvre les yeux et vois la guide qui se déplace dans le transept et le chœur. Elle chante le Salve Regina et c’est magique. La visite a duré plus d’une heure, pendant une heure nous avons voyagé 800 ans en arrière .
Une journée splendide s’annonce. Allons à la mer !
Randonnée Visorando : de Vieux salins à Hyères à La Londe-les-Maures (10.5 km – 3 h)
Le sentier longe les vieux salins : eau lisse, bleue entourée de salicornes roses presque rouge. Les salicornes deviennent rouges quand elles se gorgent de sel mais alors elles ne sont plus comestibles. Des flamants roses arpentent le bassin, ils marchent très lentement déroulant leurs longues pattes roses avec précaution. Une aigrette blanche est très active. Dans les buissons des passereaux volètent. C’est un beau parcours mais un peu trop fréquenté.
A Miramar, le petit port de La Londe-les-Maures je marche le long de l’eau sur le sable mouillé. Un tour sur le port à reluquer les menus des restaurants et brasseries. Un pont enjambe le fleuve Maravenne, je continue sur la plage de l’Argentière jusqu’au parking. H15, 8000 pas. Il est midi, les promeneurs déjeunent et j’ai la voie libre pour un retour très agréable.
Bormes-les-Mimosas
le village de Bormes les mimosas
Bormes-les-Mimosas est un village perché à flanc de colline. On monte au village sur une pente très escarpée par des virages très serrés. Arrivée au vieux village, le plus raisonnable serait de laisser la voiture au parking Saint François (payant). Dominique a préféré se garer à l’écart sur la route. A l’intérieur du village, la circulation est réservée aux riverains.
Je découvre d’abord la Chapelle Saint François-de-Paule, moine calabrais qui aurait délivré le village de la Peste en 1481. La chapelle fut édifiée en 1560. Elle est accompagnée d’un grand cyprès.
En face, l’esplanade des boulistes occupe une terrasse d’où l’on jouit d’un beau panorama sur la mer et le village ancien. Les maisons colorées s’étagent comme dans un amphithéâtre. Au fond de l’esplanade, une vieille tour ronde est l’ancien moulin à farine. Dans un coin, la Mairie, et juste derrière le Parc Gonzalez.
Le Parc Gonzalez est consacré à la flore australienne. Jardin imaginé par Gilles Augias. Il fut aménagé en 2003, 1000m3 de terre végétale fut amenée puis on construisit des terrasses. La situation du parc étant brûlante, un paillage d’écorces de chêne-liège broyées recouvre toute la surface pour limiter l’évaporation et la croissance des adventices. Le sous-sol constitué de Gneiss de Bormes, de Schistes et micaschistes, sol acide et schisteux, où poussent arbousiers, bruyère arborescente et chêne-liège, bien drainant convient parfaitement au mimosa.
parc Gonzalez fleur australienne étrange
C’est un dépaysement total dans ces fleurs inconnues aux noms exotiques Gravillea, Banksia,Melaleuca, fleurs aux structures étranges, petits tubes enroulés, poilues. Pétales ou étamines, pistil ? les bourdons s’y reconnaissent et butinent sans relâche.
Bormes les Mimosas parc Cigalou terrasse
Le Parc du Cigalou es sous le parc Gonzalez il a une très belle terrasse bordée de balustres de pierre sous de grands palmiers avec une belle vue sur toute la baie.
Eu creux du vieux village, la place du marché avec ses platanes bien élagués, les façades roses orangées des boutiques, Maison de la Presse, Office de Tourisme d’un côté et en face, un hôtel avec sa rangée de cinq hauts palmiers. Invisibles d’abord les ruelles de l’anciens village descendent sous l’Eglise Saint Trophyme. La rue principale réunit des boutiques pour touristes, savonnerie, lavande, souvenirs (haut de gamme). Perpendiculairement, des ruelles en pente. L’une d’elle a un nom amusant « rompi-coui ». Un peu plus haut, la « draille des bredouilles » se cache à l’extérieur des murs et permettaient aux chasseurs à la gibecière vide de ne pas essuyer les moqueries des villageois. Encore plus haut, le château est perché sur la colline.
De notre gîte à La Môle au Rayol il y a une douzaine de km par le Col de Canadel et une bonne trentaine si on fait le tour par la grande route par Cogolin et la Croix-Valmer. La route de Canadel est coupée par des travaux d’Enedis. Nous voyons des cyclistes qui descendent du col.
« Peut-on passer quand même ? » je demande. D’après eux la tranchée a été rebouchée, il y aurait une petite marche mais tout à fait négligeable.
On passe. Tôt le matin, il n’y a personne. La montagne est toute fleurie de mimosas surtout du côté de la mer. C’est une merveille. Je descends à pied faire des photos et surtout profiter du parfum des mimosas. Un homme et une femme ramassent des graines de genièvre.
Jardin du Rayol flore de l’Australie : mimosas
Nous arrivons à l’ouverture du Domaine de Rayol que j’avais visité à la mi-mars, après la floraison des mimosas. Ce jardin des Méditerranées conçu par Gilles Clément est promesse d’un voyage.
En février le jardin est jaune, de mimosa et des fleurs d’oxalis pointant de coussins verts qui ressemblent à des trèfles.
Canariesavec aeoniums et dragonnier, et Californie. Je suis éblouie par les mimosas Australiens de toutes tailles, de différentes espèces, épanouis en grappe, en touffes, en inflorescences vaporeuses ou en pompons alignés, en épis fournis, en boules serrées. Tout est jaune autour de moi. Fragrances délicieuses.
Rayol : flore Amérique centrale aride
Les acanthes aux grandes feuilles découpées vernies remplacent les oxalis, puis le sol est couvert de rampante bleutée. Des eucalyptus géants terminent la perspective de marches de briques bordée de cyprès. Une colonnade délimite un palier avec une pergola et je quitte Australie et Eucalyptus pour arriver en Amérique subtropicale aux plantes très graphiques.
Chênes-liège,arbutus, petit-houx, lentisques me voici revenue en pays de connaissance en Provence. Des palmier- doums et les floraisons des oxalis tranchent avec ces plantes de maquis. Dans l’ombre profonde s’épanouissent des pervenches d’un bleu très pâle. Espace sauvage. Je suis seule avec les oiseaux.
Fraîcheur d’un vallon, deux petits ponts aux garde-corps en ferronnerie et une haie de bambous…
La rumeur des vagues m’a avertie que j’approche de la mer.
Rayol Nouvelle Zélande
Palmiers et fougères arborescentes au creux du vallon où coule un petit ruisseau ? J’arrive en Nouvelle Zélande.
Nous avons retrouvé la Plage de Cavalaire qui s’étend jusqu’à la Croix Valmer et la Plage du Débarquement. C’est une belle promenade sur la digue, chaussée à l’aller, pieds nus dans l’eau presque tiède au retour.
routes des Crêtes de Cassis à la Ciotat – déjeuner à Carqueiranne – Bormes les Mimosas
Nous quittons vers 9h Marseille d’Est en Ouest par un long tunnel payant qui débouche dans le IX ème arrondissement vers Mazargues, Cabot, Le Redon. Nous passons sous l’énorme barre blanche de la copropriété La Rouvière à la Panouse que j’avais repérée du bateau du Château d’If. Le grand rectangle blanc tranchait sur le paysage et m’avait paru monstrueux. Elle a été érigée au début des années 60 pour héberger les rapatriés d’Algérie. Un peu plus loin, sur la route de Cassis je découvre Luminy et son campus. Nous entrons dans le Parc National des Calanques aux montagnes blanches arides. Les Calanques sont inaccessibles en voiture.
Cap Canaille et Cassis
Après Cassis, le Cap Canaille avec sa haute falaise se détache. On parvient très vite au sommet de la plus haute falaise de France (394 m) par des lacets serrés. De belvédères partent des sentiers dans la garrigue pour atteindre le rebord de la falaise. Vertigineux ! le romarin en fleur, les bruyères se détachent sur le bleu intense de la mer. Nous sommes passées, il y a une dizaine d’années par grand vent et Dominique avait été prise de vertige. Soit la route a été élargie, soit le temps magnifique a contribué à nous sécuriser. Après plusieurs arrêts nous avons trouvé le parcours trop rapide. Les grands pins pignons nous ont étonnées. Ils ont été plantés après un incendie en 1982. Spectaculaires aussi ces rochers, grottes, arches du côté-terre.
Nous voulions éviter l’autoroute et rester en bord de mer. Rapidement nous en avons assez de rouler dans les stations balnéaires entre feux rouge, ralentisseurs et passages-piétons nous rejoignons l’autoroute avant Bandol. Traversée en souterrain de Toulon.
Carqueiranne
Déjeuner sur le bord du port de Carqueiranne qui semble être un haut lieu de la pétanque. Côté port deux rectangles sablés entourés de planches formant des bancs. Deux hommes avec de la ficelle s’affairent à tracer les terrains, survient un troisième avec un cerceau. Au-dessus des rochers, un parc arboré est aussi dédié à la pétanque : « la Boule des pins penchés », au sol les rectangles sont très étroits et très longs délimités par des lignes blanches permanentes.
Bormes les Mimosas
Je n’ai pas emporté de documentation touristique pour le Var comptant sur celle des Offices de Tourisme. L’OT de Bormes-les-Mimosas est ouvert le samedi après-midi. Ce n’était pas vraiment une bonne idée. Ce week-end à Bormes-les-Mimosas, se déroule le Corso, la fête du Mimosa en pleine floraison. Le parking est très difficile. Le village est occupé par diverses anima tions. Trois comédiens-danseurs costumés en jaune se trémoussent. Des ateliers sous des barnums occupent la place : peinture de bouquets de mimosa pour els enfants, pompons jaunes et divers travaux manuels avec de la laine jaune (enfants + dames âgées) . Un petit marché touristique propose des spécialités locales et du mimosa. A l’Office de Tourisme les hôtesses sont débordées. Je n’en tirerai rien de bien intéressant.
Courses au Leclerc de Cogolin, immense.
notre cabanon dans les vignes
Nous retrouvons avec grand plaisir notre « cabanon dans les vignes »Je ne me souvenais pas que la chambre était si jolie avec le linge en dentelle et les rideaux à volants brodés, couette assortie, la commode ancienne et les grandes photos de cerisiers blancs en fleur.
Dimanche nous retournons à La Londe-les-Maures sur le sentier côtier de l’Argentière à Cabasson (en face de Brégançon). Sentier spectaculaire, magnifique, mais un peu trop fréquenté le dimanche matin. On y reviendra en semaine !
Je me suis précipitée hier, le premier jour de l’Exposition au MAM, 15 septembre, impatiente. Je ne pouvais pas attendre. Grand coup de cœur pour Nicolas de Staël l’an passé à Antibesau Musée Picasso . Pour l’affiche : Agrigente chère à mon cœur, véritable fascination pour la Vallée des Templesoù nous sommes retournées plusieurs fois. Enormément d’attente, et aucune déception, énormément d’émotion.
1953 Agrigente (encore)
Retour sur des tableaux connus que j’ai revus comme des amis retrouvés.
1953 Sicile
Découverte de ceux que je ne connaissais pas.
Eblouissement.
Comme il est juste ce jaune de soufre qui me rappelle les mines de soufre proches d’Agrigente peintes par Guttoso
1948 – Lavis et encre
Rétrospective chronologique qui couvre toute la carrière de Nicolas de Staël depuis ses voyages marocains (1936), ses tableaux abstraits . Ses compositions où les formes se déclinent, s’épurent, s’empâtent dans une salle appelée Condensation
1950 Composition
les tableaux sombres s’éclaircissent. les à-plats épais se fractionnent en tesselles de tableaux mosaïques,
1951 La ville blanche
Mon préféré dans la salle présentant ces Fragmentations est un bouquet de fleurs si transparentes et si épaisses que je les avais prises pour des glaçons
1952 Fleurs
Je zappe les footballers du Parc des Princes archi-connus pour m’intéresser à une série de marines et de ciels qui s’éloignent complètement de l’abstraction, petits cartons aux formats de poche ou tableaux plus grands.
1952 Ciel à Honfleur,
ou ces très petits du Lavandou
...
Surprise par une très grande composition, théâtrale, symphonique. on se croirait portée sur une scène d’opéra. Illusion. Ce sont des bouteilles
1953 Bouteilles dans l’atelier
Eté 1953, Nicolas de Staël entreprend un voyage vers le sud : Provence sur le conseil de Char, puis Italie et Sicile. je n’ai pas eu la patience de suivre la chronologie pour présenter ces toiles lumineuses.
En 1954, il s’installe à Antibes . Je retrouve les toiles mystérieuses où apparaît une femme, Jeanne, son amante. Simplification des motifs, on dirait presque du Morandi.
Anna-Eva Bergman (1909-1987) est une plasticienne norvégienne. J’ai découvert son œuvre à Antibes au Musée Picasso à côté de celle de Hartung son mari de 1929 à 1938 puis se remarie en 1957. Ils avaient également une maison à Antibes qu’on peut visiter.
Minorque 1933
Hartung et Bergman s’installèrent à Minorque. Anna-Eva Bergman dessina caricatures et dessins critiquant le pouvoir nazi et Franco
critique du nazisme
mais c’est à son retour en Norvège que dans sa série Fragment d’une île en Norvège elle s’intéresse à la nature, aux galets, aux diaclases du granite, aux textures et aux minéraux.
Composition 1951
Elle introduit des feuilles métalliques dans sa peinture, fait des recherches sur le nombre d’or, fait des recherches de style, incursion dans le cubisme avec cette recherche sur la pluie
1949 Pluie
A partir des années 1950 Anna-Eva Bergman travaille des formes observées dans la nature, construit une sorte d’alphabet de ces formes: montagne, falaises, stèles, galets…
1955der Hochschwebender
Formes, mais aussi transparences et lumière. Elle met au point cette technique très personnelle de feuilles métalliques, argent, aluminium, or et cuivre sur des supports divers, bois ou papier laissant découvrir des fentes, des failles ou des rayures ou au contraire des plis.
1960 Holme îlot
l’exposition présente deux sections : Cosmogonies, transcriptions paysagères puis Epures, captation atmosphériques. Je me promène dans un espace très lumineux, illuminé par la lumière surnaturelle du cercle arctique baigné dans la mer de Norvège, entre mer et fjords
1963 mer de Norvège
Paysages du Finmarkje navigue dans cette terre étrange, lunaire, envoûtée, dépaysée
1966 Finmark hiver
Eclairée par le soleil argenté, blafard à travers la brume entre des falaises déchirées et les reliefs verticaux des fjords.
1967 Fjord
Un voyage en terres polaires, ou peut être dans le cosmos!
J’ai découvert l’auteur, Pedinielli et sa détective Ghjulia Boccaneraà l’occasion d’un de nos voyages en Corse avec La Patience de L’immortelle ICI polar corse que j’avais bien aimé. J’avais cherché les deux premiers opus de la série qui se passent à Nice, Boccanera et Après les chiens (il vaut mieux les lire dans l’ordre). J’étais donc impatiente de retrouver Diou, son coloc Dan, son ex Santucci et leur univers, le SDF allemand muet, leur cantine favorite et les promenades en scooter dans Nice.
J’ai donc retrouvé le petit univers, fait plus ample connaissance avec Ferdi, le muet, et suivi trois enquêtes : accidents du travail sur un chantier de construction, trafic de cocaïne, et la recherche d’une Italienne présumée victime de l’attentat de la Gare de Bologne en 1980.
« Sans collier » qui donne le titre au roman, viennent justement de Bologne
« On les appelait cani sciolti, et finalement, pour eux, c’était une gloire. Ils étaient une petite meute solide et
organique qui vivait avec frénésie »
Cette histoire bolognaise m’a plu mais le reste ronronne un peu et les bouffées de chaleur de la ménopause ne font pas avancer le récit. Les agressions dont Diou et ses proches sont régulièrement les victimes non plus : se mettre en travers des dealers ou des mafieux, a des conséquences violentes, pas un scoop.
Si un nouvel épisode paraît, je retrouverai avec plaisir mes amis niçois quand même!
Dans la même veine, allez faire un tour dans le Nice de Pinar Selekavec Azucena ICI
Pour ses études sur les minorités, arméniens et kurdes, elle a subi les persécutions du régime turc et a même fait l’objet de poursuites judiciaires dans son pays. Elle a donc fui la Turquie et réside maintenant en France et enseigne à Nice à l’Université côte d’Azur.
Le titre un peu bizarre et la figure de Nana de Niki de Saint Phalle m’ont bien plu : Zinzine féminin de zinzin, Pinar Selek n’hésite pas à féminiser cette expression rigolote. Sûr que ce n’est pas un bouquin sérieux! Plutôt une aimable fantaisie féministe, militante et joyeuse qui se lit vite et bien. lecture facile, distrayante.
le jeu parano. Le jeu pour sortir des filets des grandes entreprises. Le jeu d’installer des jardins secrets. Le jeu du Stand qui allait se transformer en une belle histoire.
Azucena nous entraîne dans Nice, loin des plages et de la Promenade des Anglais dans un quartier populaire occupé par des gens de bonne volonté.
Manu, qu’est-ce que tu penses de Blanqui ? Que vous ayez choisi cette place… C’était un chouette hasard. Notre Stand est sur une place qui porte le nom d’un révolutionnaire qui a consacré sa vie à la liberté. Bien entendu, c’est très différent. On essaie de changer le monde sans recours à la violence ni aux structures hiérarchiques.
Azucena tient un stand de paniers de légume d’une coopérative maraîchère. Parmi ses amis Alex, le Prince des Poubelles est bulgare, Gouel, Chanteur des rues irlandais, les commerçants du quartier sont impliqués, et il y a aussi les cheminots syndiqués, un certain nombre de sans-papiers qu’on devine dans l’ombre. Sans parler des chiens, avec collier mais sans laisse. Mais pourquoi les fourmis?
C’est de nous qu’ils ont le plus peur. Parce qu’on devient autonome, on s’enracine là où on se trouve et on creuse des galeries comme des fourmis. Nous restons invisibles et quand ils nous remarquent, il est trop tard. Tu crois que les fourmis peuvent tenir tête aux supermarchés, aux multinationales ?
Une vie loin du conformisme : certains sont SDF, sans domicile fixe, oui mais pas du tout clochardisés. Gouel vit dans un bateau qu’on lui prête, Azucena passe ses nuits dans le Train Bleu, le train couchette Paris/Nice avec la bénédiction du chef de train. Quand d’autres possèdent des appartements ce n’est pas pour s’y installer mais plutôt pour les vendre….Ils sont loin de la société de consommation même posséder, être le maître d’un chien, est discutable. Les trésors d’Azucena : une carte postale deux vinyles.
Si on voulait résumer en quelques mots le livre, le premier qui me vient serait solidarité. Et le second, amour, un amour sans possession, un amour qui inclut les chiens, le sentiment amoureux mais aussi la tendresse. Résumé ainsi, on se croirait presque chez les bisounours, ce serait oublier le tragique de la Guerre d’Espagne dont Azucena veut conserver la mémoire, celui du génocide arménien et tous les drames des exilés.
Et puis, il y a Leonard Cohenet Suzanne, parce qu’Azucena c’est aussi Suzanne….