LIRE POUR L’ITALIE

Pour l’écriture de son chef d’œuvre, Les Fiancés, Manzoni s’est livré à une préparation documentaire . L’Histoire de la Colonne Infâme devait figurer dans ce très gros bouquin, l’auteur a décidé d’en faire une œuvre à part entière.
Claudialucia avait organisé une lecture commune des Fiancés de Manzoni ici
Milan, 1630. une épidémie de peste s’abat sur la ville. On cherche des coupables. Deux hommes ont été vus en train de recouvrir les murs de leur quartier d’un liquide jaunâtre qui aurait pour but de répandre le mal. On les arrête. Ils sont soumis à la torture et mis à mort en place publique; Sur l’emplacement de la maison détruite de l’un d’eux, afin que tous se souviennent, on érige une « colonne infâme »
C’est donc l’histoire du procès des « semeurs de peste ». C’est aussi un pamphlet condamnant la torture. C’est aussi un réquisitoire contre une justice qui ne cherche pas la vérité mais qui cherche à punir des coupables, à tout prix. Dans la préface, Eric Vuillard écrit :
« La Colonne infâme c’est J’accuse écrit par un Italien dans la première moitié du XIXème siècle »
Je pense à Zola, à Voltaire… Mazoni n’est pas le premier à avoir étudié ce procès. Avant lui, Pietro Verri (1728-1797), économiste et philosophe avait dénoncé l’usage de la torture.
Pietro Verri s’était proposé, comme l’indique le titre même de son opuscule, de tirer de cette affaire un
argument contre la torture, en mettant en évidence que celle-ci avait pu extorquer l’aveu d’un crime
physiquement et moralement impossible. L’argument était probant, comme était noble et humaine la
thèse défendue.
Récemment, Sciascia a apporté un regard contemporain dans l’Apostille qui est passionnante et surtout ne pas négliger. C’est la partie la plus percutante du livre parce qu’il nous renvoie à des préoccupations plus proches de nous.
nous pouvons vérifier la justesse de la vision manzonienne en établissant une analogie entre les camps d’extermination nazis et les procès contre les propagateurs de la peste, leur supplice, leur mort. Lorsque l’historien Fausto Nicolini (que nous aurons plusieurs fois l’occasion de citer pour son livre La Peste et les Propagateurs de la peste [Peste e untori, 1937])
Ce livre assez court(185 pages) est dense. Le texte revient avec insistance sur toutes les étapes du Procès, les tortures mais aussi les espoirs des promesses d’impunité données aux accusés pour qu’ils dénoncent des « complices », toutes les failles juridiques (mais je ne suis pas juristes, j’ai donc eu du mal avec celles-ci).
Mais cela n’est pas nécessaire : car, même si toutes avaient été scrupuleusement remplies, il y avait dans ce
cas précis une circonstance qui rendait l’accusation radicalement et irrémédiablement nulle : le fait qu’elle
eût été conçue à la suite d’une promesse d’impunité. “À celui qui révèle des noms dans l’espoir de
l’impunité, que celle-ci soit accordée par la loi ou promise par le juge,
Il faut parfois s’accrocher pour saisir les nuances et les circonstances historiques : à Milan, le pouvoir était encore espagnol.
Une lecture un peu ardue mais tellement passionnante!





Roman historique, roman romantique, roman fantastique dans l’inspiration de Walter Scott. Fjords et montagnes de Norvège comparables aux lacs écossais!
































