La Fissure – Carlos Spottorno – Guillermo Abril – Gallimard bandes dessinées

Classé BD Doc., je l’ai emprunté à la médiathèque sans l’ouvrir. Format BD bros album de 170 pages. Une claque!

J’attendais une bande dessinée, point de dessins : des photos. Soigneusement encadrées de noir, disposées comme les vignettes d’une bande dessinée. Si le sujet n’était pas aussi grave, on penserait à un roman-photo. Plutôt un photo-reportage. Très belles photos, très travaillées. Noir et blanc ou sépia avec des plages colorisées. Le gris domine ou le marron, avec des personnages colorés, des plages vertes de l’herbe parfois….Et le thème récurrent des hommes en route, des barbelés, des miradors.

Publié en Espagnol en 2016, ce reportage glaçant est prémonitoire. Il annonce les guerres actuelles, les faiblesses de l’Europe, ses fissures.

« Cela fait quelques temps que nous y réfléchissons. En suivant la frontière extérieure, la grande fissure, nous avons trouvé des dizaines d’entailles  dans le rêve européen. C’est l’immense faille des réfugiés, les brèches du nationalisme, la fermeture des frontières et l’ombre du Brexit ; le populisme et l’islamophobie, la crise qui a opposé le Nord et le sud, la f^lère d’un bloc de l’Est qui considère Bruxelles comme la nouvelle Moscou, les cassures de la Syrie, de l’Orak, fr la Lybie. Et puis il y a la Russie, une énorme crevasse sur laquelle nous voulons à présent nous pencher »

Le livre rassemble plusieurs reportages des journalistes espagnols, Carlos Spottorno, photographe et Guillermo Abril, grand reporter pour El Pais Semanal en divers points brûlants des frontières de l’Europe : Mellila et sa haute barrière que les Africains sautent. Passages de Syriens de Turquie en Europe, à Lesbos, en Thrace et en Bulgarie.

Lampedusa : ils rapportent un reportage de l’Opération mare nostrum sauvetage en Méditerranée de bateau de migrants. (2014)

Ils suivent les colonnes de migrants à travers la Hongrie, la Serbie, la Croatie, toujours des barbelés à franchir!

La deuxième partie de l’ouvrage les conduit plus au Nord et plus à l’Est : Pologne, Lituanie, Estonie, Finlande aux frontières de la Russie alors que la première guerre d’Ukraine fait rage au Dombass, avec l’annexion de la Crimée et l’intervention de Poutine en Syrie. La  présence des réfugiés est toujours là mais la menace se fait plus précise : Kaliningrad, Narva et même au delà du cercle polaire.

Les fissures dans la glace de la banquise symboliseraient elles  ces cassures   préfigurant les conflits d’aujourd’hui?

Pour mourir, le monde – Yan Lespoux

BOOKTRIP EN MER

Hors délai pour le BOOKTRIP EN MER je remercie tous les marins du Challenge de m’avoir donné envie de lire ce livre : Claudialucia, keisha, fanja

Les aventures et les naufrages ont accompagné ma semaine à Arcachon et dans les Landes du Médoc . Le décor, dunes, marais et forêts, était planté sous mes yeux. J’ai adoré la petite maison d’Hélène la sorcière:

Les pins, ici, sont plus clairsemés, et après eux apparaît une maison étrange. Elle est faite de planches grossières et de poutres, de pièces de bateaux, et son pignon tourné face à l’ouest a presque disparu sous le sable qui s’amoncelle. On pourrait monter cette dune pour marcher sur le toit où une cheminée dégage une fumée grise rabattue par le vent. Derrière, le haut d’un pin fourchu émerge d’une autre colline de sable, et plus loin on peut voir des troncs morts. Des têtes d’arbres auxquelles s’accrochent encore quelques aiguilles marron sortent du sol. Tout un monde semble avoir été englouti,

Le naufrage de la caraque portugaise en janvier 1627 sur les côtes du Médoc a vraiment eu lieu et a été documenté, c’est un fait historique même si l’ouvrage est une fiction. 

Même si le Royaume du Portugal est tombé sous la tutelle de l’Espagne, même si la domination de la flotte portugaise est contestée sur les mers par les Anglais et les Hollandais il reste assez de fierté à Dom Manuel de Meneses, le Capitaine-mor, pour engager la flotte portugaise dans des aventures sur tous les continents connus alors : Europe, Afrique, Indes, Brésil.

« Il allait donc falloir se préparer à un combat déséquilibré et, éventuellement, pensa Fernando, prier pour trouver un morceau de bois auquel s’accrocher si le bateau venait à couler. Le genre de prière qu’il était plus facile de voir exaucée que celle qui aurait consisté en un apprentissage accéléré de la natation. Car si les prêtres enseignaient la prière et organisaient même des concours en la matière pour tuer l’ennui et détourner les hommes du jeu, si les officiers enseignaient le maniement du mousquet pour les mêmes raisons, si les soldats comme Gonçalo Peres vous enseignaient un peu malgré eux qu’il fallait toujours se tenir sur ses gardes, il ne venait à l’idée de personne, en embarquant pour un voyage de six mois sur des océans déchaînés, de vous apprendre à nager. »

Nous suivons les aventures de deux amis Fernando et Simao, soldats engagés en partance pour Goa, puis celles de Diogo, le fils de Nouveaux Chrétiens de Salvador de Bahia et de son ami Ignacio, indien Tupinamba, réunis après la prise et l’incendie de  Sao Salvador de Bahia par la flotte hollandaise et enfin la cavale de Marie, la landaise, qui a assassiné à Bordeaux un jeune noble qui voulait abuser d’elle.

Fernando et Simao, après leur engagement comme soldats tenteront leur chance dans le trafic des diamants. Histoire de tigre dans la jungle, prisons de l’Inquisition..

Ignacio et son arc, Diogo seront engagés par le Capitaine-mor à la suite d’une expédition des flottes portugaises et espagnoles pour déloger les Hollandais de Salvador de Bahia.

Voyages au long cours, naufrages, batailles navales et aventures sanglantes sur terre. C’est un roman d’action, picaresque, historique, très bien écrit et très distrayant!

 

 

Hommage à la Catalogne – George Orwell

PARTI1936 – 1937 GUERRE D’ESPAGNE

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C’est un témoignage, un récit très personnel, qu‘Orwell livre de son engagement (décembre1936-été 1937) publié au printemps 1938.

Je crains de n’avoir pas su exprimer l’importance qu’a revêtu pour moi ce temps passé en Espagne. J’ai évoqué des événements mais comment transmettre l’impression qu’ils m’ont laissés ? Tout est étroitement mêlé à des visions, des odeurs, des sons que les mots sont impuissants à retranscrire : la puanteur des tranchées, les levers de soleil dans les montagnes s’étendant à perte de vue, le claquement glacé des balles, le rugissement et la lueur des bombes ; la lumière claire et froide des matins de Barcelone, le bruit des bottes dans la cour des casernes, en décembre, quand les gens croyaient encore à la révolution ; les files d’attente pour les repas, les drapeaux rouge et noir et les visages des miliciens espagnols ; surtout les visages des miliciens – des hommes que j’ai connus sur le front et qui sont maintenant dispersés je ne sais où, certains sont morts ou ont été blessés au combat, d’autres sont en prison, j’espère que la plupart sont sains et saufs. Bonne chance à eux tous ! Je souhaite qu’ils gagnent la guerre et chassent les envahisseurs étrangers, les Allemands, les Russes et les Italiens. Cette guerre, dans laquelle j’ai joué un rôle bien inutile, m’a laissé un certain nombre de mauvais souvenirs mais je n’aurais souhaité la rater pour rien au monde. Page 229 

A son arrivée à Barcelone, en décembre 1936, Eric Blair  rejoint les Milices et le POUM (Parti Ouvrier d’unification Marxiste) , un peu par hasard, il aurait pu aussi bien rejoindre les Brigades Internationales (communistes) . Sans avoir analysé les forces en présences, sans idéologie préconçue. Pour soutenir les forces antifascistes. 

Ayant été policier en Birmanie, dès son arrivée, il se trouve opérationnel sur le front en Aragon. Ses camarades des milices sont inexpérimentés, souvent très jeunes, sans uniformes et surtout sans armes, quelques fusils hors d’usages, des grenades plus dangereuses pour le lanceur que pour l’ennemi.

L’égalité sociale entre officiers et hommes était le principe sur lequel reposait l’essentiel. Tout le monde,
du général au simple soldat, touchait le même salaire, mangeait la même nourriture, portait les mêmes
vêtements …

milices étaient l’ébauche provisoire d’une société sans classes

Il découvre la Révolution, la fraternité de la société sans classe, l’égalité dans le dénuement. Guerre de positions. Le souci est de trouver du bois pour se chauffer plus que de déloger les positions franquistes. Guerre étrange où l’absence d’armement les obligent à des stratégies dignes des Monty Pythons :

Faute de pouvoir tuer l’ennemi, on lui criait dessus. Cette méthode militaire est si singulière qu’elle
mérite d’être expliquée.

Parfois, au lieu de crier des slogans révolutionnaires, il disait simplement aux fascistes que nous étions
mieux nourris qu’eux. 

Pas d’héroïsme, de la camaraderie. Empathie envers ces espagnols si sympathiques. Récit souvent humoristique. Orwell excelle à nous faire entendre les bruits de la guerre, onomatopée, fracas des grenades. je n’aime pas trop les romans de guerre, ce récit dénué de fureur me convient bien.

Au fil des mois, des semaines, une armée républicaine s’entraine et s’arme. Les combats se précisent. Devant Huesca, Blair est blessé à la gorge, à quelques millimètres près la carotide aurait été touchée. 

A Barcelone, au printemps la situation a changé. L’ambiance de fraternité révolutionnaire a laissé la place entre les suspicions, les luttes de factions entre anarchistes et communistes

« Le danger était simple et lisible : c’était l’antagonisme entre les anarchistes et les communistes, entre ceux
qui souhaitaient que la révolution suive son cours et ceux qui voulaient la freiner ou l’arrêter.

Pour que la Généralité, contrôlée par le PSUC, puisse sécuriser sa position, il fallait d’abord désarmer les
ouvriers de la CNT. »

Les sièges des différentes organisations deviennent des bastions à défendre, une guerre civile fait rage autour du Central téléphonique, des barricades barrent les rues. Le POUM est interdit. Ses membres accusés de trotskisme et même de connivence avec les fascistes. Autant les combats contre les franquistes paraissent éloignés presque irréels, autant les luttes fratricides sont présentes.

La sortie de Barcelone est pénible. Pour ne pas être arrêté, Eric Blair avec ses compagnons doivent fuir leurs hôtels et lieux de réunion pour dormir dehors. Ils tentent d’adoucir le sort d’un camarade emprisonné. Puis dès que leurs papiers sont en règle Eric Blair et sa femme Eileen passent la frontière.

A la suite de ce récit, deux épilogues analysent la situation politique.  Intéressant, son témoignage ne concorde pas forcément avec les commentaires de la Presse en Angleterre et en Europe.

Franco n’était pas strictement comparable à Hitler ou à Mussolini. Son soulèvement était une mutinerie militaire soutenue par l’aristocratie et l’Église pour l’essentiel, surtout au début, il s’agissait non pas tant d’une tentative d’imposer le fascisme que de restaurer la féodalité.

Il n’y eut pas seulement une guerre civile en Espagne mais aussi le début d’une révolution. Et c’est précisément ce que la presse antifasciste étrangère passa sous silence ; le problème fut réduit en une équation simpliste, « fascisme contre démocratie »,

Il revient sur l’interdiction du POUM et sur le rôle de l’URSS

 l’expulsion du POUM de la Généralité catalane, a été faite sous les ordres de l’URSS.

Donc, grosso modo, l’alignement des forces était le suivant : d’un côté, la CNT-FAI, le POUM et une partie des socialistes, partisans du contrôle ouvrier ; de l’autre, les socialistes de droite, les libéraux et les communistes, partisans d’un gouvernement centralisé comme d’une armée structurée, hiérarchisée.

Toutefois, s’il est très hostile envers les journalistes qui ont relayé les consignes de l’URSS, il est beaucoup plus nuancé vis à vis des combattants des Brigades Internationales.

les communistes des Brigades internationales que je rencontrais de temps en temps, ne m’ont jamais traité de trotskiste ou de traître ; ils ont laissé ce privilège aux journalistes à l’arrière. Ceux qui ont écrit des pamphlets contre nous et nous ont diffamés

Dans la lecture de L’invisible madame Orwell de Anna Funder, l’épisode espagnol de Orwell et de sa femme Eileen m’avait interpelée. Evidemment dans la recension d’Orwell, Eileen n’est citée qu’en passant, et en passant sous silence son action à Barcelone. La militante n’étant décrite que comme une épouse soucieuse de fournir des cigares et des vêtements propres. C’est agaçant mais cela ne retire rien à la puissance du témoignage. 

Ribera au Petit Palais – Ténébres et Lumière

Exposition temporaire jusqu’au 23 février 2025

Saint Jérôme et l’ange

Jose Ribera (1591 -1652) est né en Espagne, il arrive à Rome en 1605 juste avant la fuite du Caravage en 1606, en 1616 Ribera part à Naples. 

Plus sombre et plus féroce que le Caravage, sa peinture est présentée comme « ténébrisme et extrême férocité du réalisme ».

Allégorie des cinq sens : l’odorat

La présentation du Petit Palais adopte l’ordre chronologique, avec les premières salles de sa production romaine puis napolitaine. On entre dans la première salle tendue de rouge où sont accrochés de grands portraits de philosophes, mendiant et deux tableaux des Allégories des cinq sens. 

Un philosophe

Le philosophe ci-dessus est un  modèle que le peintre fera souvent figurer dans ses compositions : avec son crâne chauve, rond, ses oreilles décollées. Je m’amuse à le chercher et à le retrouver au cours de l’exposition.

Une autre série est celle des Apostolados, les Apôtres, même format, même posture sur un fond le plus souvent très sombre avec un éclairage oblique.

Saint Barthélémy (je retrouve le chauve)

De grands tableaux sur des thèmes religieux sont très construits, éclairage clair-obscur caravagesque

Le Reniement de Pierre

le Reniement de Pierre me fait penser à un  tableau de Caravage à Saint Louis des Français.

Jésus et les docteurs

A côté des grands tableaux religieux, une série de portraits des Apôtres, un cycle des saints martyrs  et des Philosophes. Les grands penseurs sont représentés en haillons témoignant peut-être de la richesse intérieure contrastant avec l’aspect extérieur.

Esope

Ribera s’intéresse aux marges de la société, prend pour modèle la plèbe napolitaine, une gitane, les scugnizzi de Naples.

Le pied-bot

 

Grand tableau en pied d’un couple de barbus, l’un d’eux est une femme allaitant un enfant. Cette femme a vraiment existé. Un autre tableau très marquant est l’enfant au pied-bot. Goût pour les infirmités, les monstruosités.

martyre de Saint Bartélémy

Ribera fut aussi un virtuose de la gravure. Certaines caricatures témoignent aussi du goût du burlesque, qui annonce Goya. Certaines études de martyres ont été croquées sur place s’inspirant  des tortures de l‘Inquisition active à Naples, alors espagnole. Un monsieur dans l’exposition a montré bruyamment sa réprobation, Non! d’après lui « l’Inquisition ne torturait pas, ne mettait pas à mort ». Saint Barthélemy après être crucifié est même dépecé, un tableau  représente l’arrachement de la peau. 

Apollo, et Marsyas

La plupart des tableaux illustrent des sujets religieux mais le peintre ne s’est pas interdit les grandes compositions mythologiques. Le supplice de Marsyas grimaçant s’apparente aux souffrances des martyrs. le Silène ivre est aussi monstrueux.

Certains tableaux sont plus clairs, plus souriants, colorés. Deux grands paysages dans les bleus sont agrestes, paisibles, de minuscules pêcheurs tirent des filets, un homme allume un feu… Décidemment, le peindre a plusieurs cordes à son arc!

C’est donc une bien belle et riche exposition. En introduction, un podcast de RadioFrance : des Midis de Culture

 

 

la Harpe et l’Ombre – Alejo Carpentier – folio

BOOKTRIP EN MER

 

Qui a conçu l’étrange projet de canonisation de Christophe Colomb ? 

C’est le procès en béatification de Colomb qui est au centre de La harpe et l’ombre. 

Trois parties à ce roman : La harpe s’ouvre au Vatican. Le pape, Pie IX, pour des raisons politiques, pense au coup d’éclat que serait la béatification du Découvreur de l’Amérique. Autrefois, jeune abbé Mastaï, il a fait le voyage au Nouveau Monde avec une mission apostolique au Chili. Il se flattait d’être « le premier pape américain, même chilien » et a commandé à un écrivain français le compte Roselly de Lorgues une biographie du navigateur. La harpe raconte, ce voyage aventureux et la découverte de l’Amérique du Sud par cet abbé italien au début du XIXème siècle. 

Cette canonisation fut relancée par un autre pape Leon XIII à l’occasion du 4 ème Centenaire  de la découverte du Nouveau Monde.

la seconde partie du livre La main est la confession de Christophe Colomb, mourant qui attend son confesseur.

Il raconte sa vie depuis son enfance dans la boutique de fromages de son père, tisserand. Ses années d’apprentissage d’abord autour de la Méditerranée, de Sicile et Sardaigne jusqu’à Chio, Chypre et Lesbos. Curieux, il s’intéresse à l’art de gouverner un bateau mais aussi à la cartographie, aux expéditions lointaines. il s’embarque avec des Portugais dans des expéditions africaines jusqu’au golfe de Guinée. Il lit beaucoup les textes des anciens. Il écoute les marins nordiques qui rapportent des expéditions Vikings au Vinland. Un riche mariage avec la fille du gouverneur de Madère lui donne accès à la Cour du Portugal. Il conçoit le projet fou de rejoindre les Indes et la Chine par l’Ouest en traversant la Mer Océane. Le roi du Portugal qui ne manque pas de hardis navigateurs plus expérimentés que Colomb n’est pas intéressé par cette idée. Colomb va alors à la Cour d’Espagne soumettre son plan. Grenade vient de tomber, les Rois Catholiques ont expulsé les Juifs et les Maures qui ont refusé de se convertir. L’Espagne est à son apogée. Isabelle écoute avec intérêt Colomb. 

Colomb raconte la traversée, la découverte des îles, les premières rencontres avec les indiens qui offrent pelotes de coton et perroquets verts….mais il remarque l’or qu’ils portent.

Ces relations de voyage sont très plaisantes.

Le retour en Espagne, à Séville et à Barcelone où se tenait la Cour est triomphal avec les Indiens, les perroquets et surtout la promesse de trouver de l’or…

« Ce que l’on me demande de façon pressante c’est de trouver de l’or, beaucoup d’or, le plus d’or possible »

L’idée d’évangéliser les populations indiennes est éclipsée par la possibilité de gagner beaucoup en vendant des esclaves. Colomb, homme d’affaire organise ce trafic. Etrangement, la cour d’Espagne met des obstacles à ce commerce lucratif. Progressivement les Indiens pacifiques et innocents sont vus comme des Cannibales

« Et comme il est évident qu’il n’est pas possible d’évangéliser les Cannibales…. »

De l’or, des esclaves, ce n’est peut-être pas le meilleurs chemin vers la sainteté?

La Troisième partie du livre : L’ombre nous ramène au Vatican, dans la basilique qui devient un Palais de Justice où l’on va instruire ler procès pour la béatification

« -Pourquoi as-tu misé sur lui? parce que nous n’avons pas un seul saint qui ait été un marin. […]les gens de mer n’ont pas un patron qui ait exercé leur métier. Des pêcheurs, il y en a beaucoup, à commencer par ceux du lac de Tibériade. mais un vrai marin d’eau salée, aucun »

Se pose la question des reliques :

« L’ennuyeux est que les gens qui roulent leur bosse et les navigateurs ne laissent pas de traces »

Le récit devient complètement farfelu avec un Colomb I, un Colomb II .

Et dans ces controverses, s’interpose Marx

« Selon Marx, l’or est une chose merveilleuse. Celui qui en possède aura tout ce qu’il désire. Grâce à l’or même les âmes peuvent entrer en paradis »

au Tribunal, » le procès qui s’engageait magnifiquement » tourne à la farce. intervention de Léon Bloy, l’éternel irascible, hurlements, insultes, c’est hilarant. Surtout n’abandonnez pas le livre avant la fin.  Très réussie. 

Un podcast RadioFrance  raconte en 5 épisodes les voyages de Christophe Colomb l’envers du décor

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-christophe-colomb-l-envers-du-decor

 

Castres – Musée Goya – Musée Jean Jaurès

CARNET OCCITAN

Castres : les bords de l’Agout

C’est avec un plaisir renouvelé que nous parcourons la N612 d’Albi à Castres (47 km) dans la lumière du matin bien que nous ayons fait le même chemin hier. Collines arrondies, douceur du relief, bosquets d’arbres, double rangée de platanes. Avec quelques cyprès on se croirait en Toscane. Et toujours les montagnes bleutées à l’horizon.

Si Albi est une ville rouge, de briques, de construction homogène, Castres est plutôt blanche camaïeu de gris et de beige, belle pierre calcaire pour les demeures bourgeoises. Beau jardin Le Nôtre, avec un théâtre rococo à l’italienne blanc de stuc comme une pâtisserie. Au fond du jardin le classique Palais épiscopal dessiné par Mansart en pierre blonde loge l’Hôtel de Ville et le Musée Goya. Un peu plus lion une balustrade longe l’Agout dont l’autre rive est bordée d’un alignement de maisons colorées aux balcons de bois à encorbellement : anciennes maisons des tisserands, tanneurs et teinturiers qui s’ouvrent directement sur la rivière.

Ce matin, la Place Jean Jaurès est occupée par le marché à mon retour, à midi les restaurants et cafés ont sorti tables et chaises sur les terrasses, je remarque la statue de Jean Jaurès qui est le grand homme de Castres.

Pour rejoindre le Musée Jean Jaurès je passe par des rues piétonnières commerçantes et bien animées. Cela m’amuse de passer par la Rue Emile Zola pour arriver place Flaubert. Pas ou peu de touristes, une petite ville du midi authentique.

Musée Goya

Goya : Corrida

Le Musée Goya est spécialisé dans la peinture espagnole. C’est un musée très moderne, très vaste installé dans le Palais Episcopal, rénové récemment réouvert seulement en avril 2023. Un soin particulier a été apporté à la climatisation (portes qui s’ouvrent devant chaque visiteur et se referment rapidement) et à l’éclairage. Le trésor du musée, Les Caprichos de Goya, gravures sur papier, sont très fragiles.

Picasso Corrida

Au rez-de-chaussée, 3 salles sont dédiées aux expositions temporaires : « Goya dans l’œil de Picasso » (jusqu’au 1er Octobre 2023) . Picasso connaissait très bien l’œuvre de Goya. Tous deux éprouvaient la même fascination pour la tauromachie. Deux salles présentent des gravures des deux artistes. Les sections sont titrées en Espagnol : Suertes, Arena, Muerte, Monstros

Goya chimère

L’expression de la Mort est présente dans l’œuvre des deux artistes. La « Nature Morte à Tête de mouton » est – selon le cartel – « le reflet des horreurs de la guerre. Picasso et Goya ont créé des êtres hybrides, dévorants témoins de leurs angoisses existentielles « 

A l’étage, les collections permanentes d’Art Espagnol sont présentées chronologiquement. Dans al salle du Moyen Age, je suis éblouie par le Retable du Maître de Riofrio. Je passe vite devant les peintures religieuses, reconnais un Velázquez : Portrait de Philippe IV en chasseur. Murillo : La vierge du Rosaire. Une salle entière est occupée par les énormes tableaux de Pacheco : le Christ servi par les Anges et un Jugement dernier avec les têtes des élus formant des nuages baroques et un enfer très pittoresque. Une autre salle est réservée à l’influence des peintres italiens sur la peinture espagnole, en particulier Le Caravage. J’ai bien aimé les statuettes du Massacre des Innocents de Matera comme des personnages de crèche populaire. Je traverse sans m’arrêter les salles des Natures mortes ou de la peinture religieuse pour arriver au fond du couloir aux salles consacrées à Goya. Deux huiles intéressantes : un Autoportrait avec des lunettes et la très grande toile La Junte des Philippines (320×433).

Goya Deplumados

Les Caprichos sont conservés dans une pièce noire. Les gravures ne restent pas longtemps dans les vitrines éclairées, six mois tout                au plus avant de se « reposer » de longues années. Un professeur est entouré d’étudiants. Je profite de cette visite guidée. Le conférencier insiste sur l’aspect subversif des Caprichos qui critiquent la société espagnole. Gravures au vitriol qu’il publiait lui-même. Quand la protection de Manuel Godoy en 1808 lui fait défaut l’Eglise Catholique et l’Inquisition sont une menace pour les gravures que Goya ne peut plus diffuser et qu’il doit détruire. Il offre les plaques au Roi pour les mettre à l’abri j’ai beaucoup aimé l’humour corrosif, la série des ânes avec leurs litres critiques. J’ai admiré la finesse des figures ? Peut-on parler de caricatures ? Malheureusement l’assistance est nombreuse et j’ai peu de temps pour avoir un peu d’intimité avec les œuvres.

Une large partie du Musée est consacrée à la peinture espagnole moderne et contemporaine. Je reconnais un Picasso, Tapiès, bien sûr mais je n’ai plus la disponibilité pour faire connaissance avec des artistes moins connus. Découvert un sculpteur intéressant : Pablo Gargallo dont j’ai aimé son Hommage à Chagall

Jean Jaurès

Je n’aurais pas quitté Castres sans une visite au Musée Jean Jaurès après avoir visité la mine de Cagnac-les-mines (Carmaux prévu demain) et avec Germinal comme livre de chevet. Le Musée Jean Jaurès est un musée à l’ancienne ; beaucoup de panneaux noir et blanc avec des extraits de journaux, des documents photographiques, même son bulletin scolaire à Castres et des papiers au lycée d’Albi où il enseignait la philosophie ; des caricatures aussi de toute la classe politique alliés ou adversaires. Je m’intéresse au personnage d’Emile Combes « le père Combes ». Une vitrine entière est consacrée à l’Affaire Dreyfus. Une autre, plus étonnante, présente ses positions anticolonialistes. De nombreux documents sont photocopiés à destination des visiteurs : j’emporte une feuille racontant son action pendant les Grèves de Carmaux (1893), grève des mineurs (1892-1893) et des verriers (1895)

La virulence des attaques es journaux de Droite et leurs caricatures est étonnantes. Tableaux de ses partisans carricatures d’opposants. Il faudrait tout regarder. Voilà que le musée ferme à midi, on ferme. Ce sera plus un pèlerinage qu’une visite d’étude

l’autre moitié du monde – Laurine Roux – les éditions du sonneur

ESPAGNE

merci à Eva pour ce cadeau et à l’éditeur !

Un beau livre, beau papier, édition soignée, avec, en couverture la belle photographie de la file des paysannes  récoltant le riz de l’Ebre (à y bien regarder il y a des hommes aussi). Une belle écriture  libérant parfums et saveurs des fruits et de la cuisine de Pilar. Repas mijotés, ou pain à la tomate, pêche mûre ou grenade qui gicle…les odeurs de vase aussi, tout un  monde de serpents, d’anguilles, de sang.

L’autre moitié du monde, est elle composée des femmes, ou des paysans? Ou est-ce tout simplement le mot d’amour d’Horacio pour Toya, l’autre moitié de son monde de ce combattant anarchiste dans la guerre d’Espagne? 

Toya, tout juste sortie de l’enfance, vit librement dans le marais. Petite sauvage, elle ne va pas à l’école, trop jeune pour travailler la terre, elle chasse les grenouilles, ramasse les palourdes, et parfois aide Pilar, sa mère à la cuisine du Château. Cette insouciance de l’enfance contraste avec la misère qui enchaîne les paysans au dur travail des rizières, sous le joug des Ibanez. La Marquise Serena, impitoyable maîtresse des paysans, son mari, militaire qui ramène la troupe pour mater les velléités de révoltes,  Carlos, le fils oisif, dégénéré, imbu de son droit de cuissage sur toutes les femmes à sa portée, élevant des chiens féroces.

Les femmes sont les premières victimes de leurs abus : Alejandra pendue au figuier. On devine facilement l’auteur du crime. Pilar qui se vide de son sang après un avortement. Ce deuxième décès  déchaîne la colère des paysans : grève générale!

Le roman ne se déroule pas au Moyen Âge comme les Ibanez le croient encore, mais au début des années 30. Les idées républicaines, anarchistes ou communistes se sont répandues, des syndicats sont actifs, les travailleurs s’organisent avec la CNT, en Catalogne et à travers l’Espagne.se mettre en place les forces en présence dans la Guerre civile, les coups d’état des militaires avec la complicité de l’Eglise. On voit aussi les communautés anarchistes inventer un nouveau mode de vie, on devine les antagonismes avec les communistes.

L’enthousiasme et les premières victoires des combattants font place à la répression féroce. Même les nouveau-nés ne seront pas épargnés. Il faudra plusieurs décennies pour solder la vengeance de Toya qui vit avec ses fantômes.

Lu d’un trait, ou presque.

 

Gaudi à Orsay

Exposition temporaire jusqu’au 17 juillet 2022

affiche

Gaudi m’a surprise et bluffée en Espagne. Il y a presque 50 ans à Barcelone, et je n’ai pas oublié le Park Güell ni la Sagrada Familia. Plus récemment à Comillas, Astorga, Leon, j’ai été étonnée par la variété des réalisations, aussi bien l’exubérance Art Nouveau, l’utilisation de matériaux différents, de styles variés, du gothique au mozarabe, des courbes Art nouveau des balcons comme des vagues, ou des grottes, céramiques colorées du Park  Güell à l’austère pierre d’Astorga….

Comillas  : Capricho
Astorga

je me suis donc précipitée au Musée d’Orsay et j’ai même du m’y reprendre à deux fois avant de réserver un créneau horaire (réservation obligatoire). 

« Au seuil de l’œuvre »  : en introduction nous entrons dans le vestibule de la Casa Mila de boiseries de chêne aux portes vitrées de verre cathédrale donnant de la lumière à la chapelle. J’admire la douceur des courbes du chêne poli, belle et noble matière. 

L’atelier de Gaudi (détruit en 1936), proche de la Sagrada Familia a été reconstitué avec les sculptures en plâtre et cet astucieux dispositif de miroirs permettant de réfléchir un élément sous différents angles. De très belles photographies en N&B (mais petites) montrent l’atelier quand Gaudi y travaillait.

Dans la Bibliothèque de Gaudi contient de belles « photographies de travail » ainsi que des livres qui ont inspiré Gaudi : les livres de Viollet-le-Duc : bestiaire du château d’Abadia, La Description de l’Egypte, des photographies de l’Alhambra. Ruskin et Owen Jones comptent aussi dans les sources d’inspiration : « Grammaire de l’ornementation » avec toute une déclinaison des motifs arabes. 

Gaudi à l’oeuvre montre d’abord les travaux d’études à l’Ecole Provinciale de Barcelone (1878). J’ai aimé les dessins très fins 

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ses projets pour un embarcadères ou pour un amphithéâtre universitaire sont des thèmes classiques de fin d’étude

Projet pour un embarcadère 1876

Barcelone : est une ville en pleine expansion urbaine siège de deux Expositions Universelles,  racontée avec un talent fou dans La ville des prodiges d’Eduardo Mendoza. Gaudi s’est investi dans l’Exposition de 1888 et a dessiné le Pavillon Transatlantique. A Paris, à l’Exposition de 1910 au Grand Palais,  il y eut un accrochage de photographies du Park Güell

Gaudi et Güell 

Trancadis du Park Güell

Eusebi Güell (1846-1918) industriel du textile, « dandy de la Catalogne identitaire » forma avec l’architecte un duo indéfectible, liés par la passion pour la Catalogne et la foi religieuse. Gaudi a donc dessiné pour lui le Palais Güell et le park Güell 

Fauteuils pour le Grand salon du Palais Güell

Comme souvent à cette époque, les architectes ont un souci très poussé du détail harmonisant aussi bien les éléments du décor extérieur et intérieur au mobilier assorti.

Casa Vicens

La suite de l’exposition présente les maisons conçues par Gaudi : Casa Vicens, de style mudejar, Casa Calvet et Casa Batlo qui me donnent une furieuse envie de retourner à Barcelone exprès pour les visiter.

Casa Batllo,

C’est là que l’exposition est un peu frustrante. On aimerait plus d’éléments de décor, plus de couleurs. Seule solution: le voyage réel!

Casa Vicens : grilles feuilles de palmier et jardinière

la fin de l’exposition est consacrée aux Projets religieux de Gaudi

L’abbaye Sainte Marie de Montserrate, le monumental vitrail de la Cathédrale de Majorque et bien sûr l’édification de la Sagrada Familia avec ses 18 pinacles. 

Une rétrospective comme une invitation au voyage!

En hommage à Gaudi ce curieux triptyque coloré de Tapiès.

 

Terra Alta – Javier Cercas – Actes Sud

ESPAGNE

Depuis longtemps, les blogs amis recommandent la lecture de Javier Cercas et j’avais envie de découvrir cet auteur. 

Terra Alta est une comarque de Catalogne, région viticole. Site de la Bataille de l’Ebre (juillet-septembre 1938). 

Melchor, ancien voyou de Barcelone, découvre en prison Les Misérables. Cette lecture est une révélation. A sa sortie de prison, il deviendra policier comme Javert et poursuivra les assassins de sa mère. Policier bien noté, il se distingue par un geste de bravoure lors d’une attaque terroriste. Pour sa sécurité, il est muté à Terra Alta. 

Un crime horrible y est commis. Melchor s’investit dans l’enquête qui piétine et qui est rapidement classée. Le policier ne lâche pas l’affaire, comme Javert… et décide de continuer seul contre l’avis de sa hiérarchie.

 

 » -Ecoutez, faire  justice, c’est bien. C’est pour cela que nous sommes devenus policiers. mais quand on pousse le bien à l’extrême, il se transforme en mal. C’est ce que j’ai appris au cours des années. Et autre chose. La justice n’est pas seulement une question de fond. C’est surtout. Aussi, ne pas respecter els formes de la justice revient à ne pas respecter la justice? Vous le comprenez, n’est-ce pas? 

Melchor ne dit rien ; le sous-inspecteur esquisse un sourire tolérant.

Bon, vous comprendrez. Mais n’oubliez pas ce que je vous ai dit Marin : la justice absolue peut être la plus absolue des injustices. »

Terra Alta est un roman policier très littéraire. Melchor tombe amoureux de la bibliothécaire qui lui conseille d’autres livres. Ensemble , ils relisent les Misérables (et cela me donne bien envie de le relire moi-même). J’aime que des correspondances s’établissent entre des livres, qu’elles m’entrainent très loin et qu’un nouvel éclairage me fasse découvrir des facettes d’un livre que je croyais connaître. Pour moi, le personnage intéressant était Jean Valjean et non Javert. Cet aspect m’a plus intéressée que l’enquête qui n’avance pas.

Jusqu’au final : sublime!

Juifs d’Orient – une histoire plurimillénaire à l’Institut du Monde Arabe

Exposition temporaire jusqu’au 13 mars 2022

L‘IMA poursuit avec Les Juifs d’Orient la série : Hajj pèlerinage à la Mecque et Chrétiens d’Orient, 2000 ans d’histoire avec la même ambition et la même approche chronologique dans un Orient qui s’étend de l’Atlantique à la Perse et à l’Arabie. Coexistence millénaire des Juifs et des Musulmans .

brique funéraire – Espagne IV -VI ème siècle

La chronologie remonte à la destruction du premier temple (586 av JC) et l’exil à Babylone, puis à la destruction du second temple (70)et l’interdiction  aux Juifs de vivre à Jérusalem qui devient Aelia Capitolina (130)

Des papyrus trouvés dans l’Île Eléphantine sont datés 449 – 427 – 402 av JC

Des objets illustrent l’époque romaine : lampes portant la ménorah en décor,(Egypte, Tunisie, Maroc) des ossuaires de marbre, mosaïques de la synagogue de Hammam Lif (Tunisie)  avec des inscriptions en latin. magnifique vase de Cana en albâtre.

Doura Europos traversée de la Mer rouge

La synagogue de Doura Europos (Syrie 244 -245) fut entièrement peinte à fresques sur des thèmes bibliques. On entre dans une petite salle où les photographies des fresques ont un aspect saisissant. On s’y croirait. C’est une surprise totale. Je n’imaginais pas de telles peintures figuratives. 

Doura Europos scène du Livre d’Esther

Un dessin animé montre la rencontre du prophète Mohamet avec les tribus juives de Médine qui se soldera mal.

En parallèle une peinture de J Atlan  rappelle la figure de la Kahena (reine berbère, peut être juive qui mourut en 703 dans les Aurès combattant les invasions arabes;

Dans une petite salle un documentaire nous montre la Gueniza du Caire et les  autographes de Maïmonide. C’est très émouvant de voir ces documents : en plus des écrits religieux on découvre même la punition d’un écolier qui a fait des lignes, répétant 500 fois que « le silence est d’or » on imagine le garçonnet turbulent! Dans une vitrine sont exposés des manuscrits et même celui de la main de Maïmonide (la photo était floue à travers le verre) .

Une salle reproduit la synagogue de Tolède je remarque le sceau personnel de Todros Halevi fils de Don Samuel halevi Aboulafia de Tolède. 

Souvenir de pèlerinage à Jérusalem (affiche)

Le Temps des Séfarades raconte la vie des Juifs à Istanbul avec des photos anciennes et d’amusants souvenirs de pèlerinages à Jérusalem

Istanbul, les trois religions

Le temps de l’Europe avec un grand tableau de Crémieux, des photos de classe de l’Alliance Israélite évoque l’Algérie et la colonisation française. En face des dessins et aquarelles de Delacroix, Chasseriau montre l’intérêt pour l’orientalisme. 

tikim pour la Torah

La vie des communautés juives au tournant du XXème siècle 

montre des objets venant du Maroc (vêtements, bijoux, objets)

bijouxMaroc

 

bijoux et photos du Yémen . Un film m’a étonnée : un pèlerinage  à la Ghriba de Djerba, ces Juifs semblent sortis de la haute Antiquité alors qu’il a été filmé en 1952. La Ghriba était bien vide lors de nos passages il y a 3 ans. 

Ctouba : contrat de mariage

Dans une salle, des photos de familles marocaines, algériennes et tunisiennes montrent l’exil vers la France ou le départ en Israël. Un monde disparu.

La fin de l’exposition montre la création de l’Etat hébreu et ses conséquences : départ des juifs marocains (Aliya spirituelle pour ces populations très religieuses, mais aussi émigration économique de villageois très pauvres), l’arrivée des Juifs Irakiens, accueillis au DDT alors qu’ils avaient revêtu leurs plus beaux habits. Déchirements de ces Irakiens établis depuis l’Exil à Babylone bien avant l’arrivée des Arabes.

Une vidéo très joyeuse de Yemennight 2020, Talia Collis jeunes yéménites rappeuses préparant la mariée avec le maquillage au henné, danses et musique aux paroles ironiques sur le pays où coule le miel, le lait, les dattes….j’aimerais retrouver sur Internet cette vidéo.

Cette exposition est très ambitieuse, peut être trop. Très riche en documents, peut être trop. Qui trop embrasse, mal étreint. Je me suis sentie un peu perdue dans tous ces témoignages très touchants mais pas toujours bien mis en évidence. Il y avait matière à plusieurs expositions.