Les plages au sud est d’Himarë et le village perché de Qeparo

CARNET DES BALKANS/ ALBANIE 

Porto Palermo

Les élections

Grande animation au centre-ville ! On vote aujourd’hui .Depuis le début du séjour nous avons vu les banderoles et les affiches du parti à la rose rose-violet. Un très gros 4×4 porte une affiche de l’OSCE  qui vérifie que les élections se passent bien. C’est frustrant d’être témoin d’un évènement politiaus et de ne comprendre ni les partis en présence ni les enjeux. A la télévision, lundi matin, nous apprendrons que le Parti Socialiste rose a largement emporté la majorité.

Kalimera !

Le petit déjeuner est servi au café en face. Je peux commander mon café. Les vieux messieurs discutent entre eux e grec ; Le plus vieux parle de Melbourne, je m’amuse à les écouter, j’oublie que nous sommes en Albanie et pas en Grèce. Le Supermarché vend de l’Ouzo et de l’eau minérale grecque, le sac plastique est aussi imprimé en grec.

Porto Palermo

Agave

Porto Palermo  est la jolie baie entre Himarë et Barsh. Sur les pentes  poussent des agaves merveilleusement verts.  Une petite île reliée à la terre par un tombolo de sable renforcé par des roches porte une forteresse construite par Ali Pacha .Entre l’île et la colline une digue en ciment fait un petit port de pêche. Deux petites plages portent quelques parasols. A une extrémité, un peu en hauteur est installée une taverne que nous avons remarquée hier et où nous nous sommes promises de revenir La vue est parfaite, je prends mon temps pour dessiner le paysage. Dans la baie voisine, s’ouvre un curieux tunnel, une base secrète  pour les sous marins ?

Tunnel? base navale?

La forteresse d’Ali Pacha est beaucoup plus petite que je ne l’imaginais de loin. La plaque à l’entrée est gravée en Grec « Ali Pacha construisit ce château en 1804 avec l’aide des ingénieurs français ». son plan est triangulaire, une tour à chaque sommet, au centre à l’intérieur une rotonde, en haut une terrasse triangulaire porte une petite maison à toit de lauze. Dans la rotonde, l’exposition raconte la vie d’Ali Pacha illustrée par des gravures d’époque avec un portrait de Lord Byron.

  • Ali Pacha est né en 1740 à Tépéléné
  • 1798 -1812 , profitant des guerres napoléonienne, il met sous sa coupe les pachas de la région
  • 1812 – 1817 Alliance avec les féodaux contre la sublime Porte , relation du Pacha avec les grandes puissances
  • 1821 Ali Pacha est assassiné à Ioaninna

Ce n’et pas la seule forteresse d’Ali Pacha, nous en avons vu une autre en face de Butrint


Barsh

petite plage de Porto Palermo

Les petites plages de Porto Palermo sont très mignonnes mais nous préférons retourner à Barsh sur « notre » plage. Les « baigneurs du dimanche » que nous redoutions ne sont pas au rendez vous ; Ils sont restés avec les élections. Nous sommes pratiquement seules sur la plage en dehors d’une famille qui était déjà là hier. Pour déjeuner, un bar (sea-bass) et des légumes grillés courgettes aubergines poivrons tomates avec un trait de vinaigre balsamique pour le décor et le goût. Le pain est aussi servi légèrement grillé avec de l’huile d’olive et du thym.comme il n’y a que nous au restaurant le barman choisit l’accompagnement musical qui devrait nous plaire : musique cubaine.

 

Nous restons jusqu’à 16h à profiter de la plage, rien que pour nous. Episode tragique : on a fait prendre un bain au bébé-chien, sans doute pour le rafraîchir. Il s’est noyé. Après des efforts de secourisme les gens du restaurant sont arrivés à le ranimer. Tout le monde était secoué.

Qeparo

une vache dans les rues de Qeparo

Qeparo est un village perché haut dans la colline. La petite route est très escarpée mais surtout très étroite et sinueuse carrossable, elle est cimentée. Si on devait croiser un véhicule la marche arrière serait bien périlleuse.  Comme c’est l’heure de la sieste nous ne rencontrons qu’une seule voiture juste avant l’arrivée au village. Au retour, on laissera filer une grosse Mercedes. Les Albanais apprécient ces très grosses et très vieilles voitures, comment manœuvrer de tels tanks ? Il faut être albanais.

Qeparo : lauriers roses

Le village est encore habité, même si accéder est un exploit pour nous. Une vieille dame qui tricote devant sa porte me demande « Pou pais ? », il me parait normal de lui répondre en grec. Les porches des maisons sont encadrés d’un bel arc roman en pierre calcaire taillée soigneusement. Les murs en moellons plus grossiers sont badigeonnés de chaux ; les lauriers roses sont magnifiques. Tous les bords de la route en sont fleuris.

De retour à Himarë  je réalise le projet de m’installer à la terrasse d’un beau café pour écrire ; je commande un café frappé avec du sucre et du lait (il ne faut se priver de rien) , il  arrive dans un verre XXL,  la mousse onctueuse ne retombe pas. Il est parfait. Quand Dominique arrive pour le dîner, je n’ai pas faim du tout. Le café frappé à 19h30 n’était pas une bonne idée. On renonce donc au restaurant et s’assoit sur un banc sur la promenade regarder les étoiles et surtout les reflets des lumières sur l’eau du port.

La riviera albanaise de Sarandë à Himarë

CARNET DES BALKANS/ ALBANIE

 

Riviera albanaise

La route longe la côte de la Riviera albanaise. Premier détour à Kakomë suivant un panneau « monastère », la route est large, bien goudronnée mais elle est barrée par un portail fermé. au bout, une très jolie baie. Interdite ? Pourquoi ? Des carcasses de béton abandonnées suggèrent une opération immobilière mais peut être autre chose ; Le café du gardien est encore sur la table, preuve que le site est surveillé. J’emprunte allègrement un chemin de terre et découvre le monastère de Kakomé fleuri de lauriers roses ? Il me faut passer devant un alignement de ruches et une bergerie. Je n’ai pas peur des abeilles mais qui dit bergerie, dit chiens….

Les chèvres sur la route

Le troupeau occupe la route, il y a des centaines de chèvres : vison du Tour de France en peloton serré. Sauf que les chèvres ne sont pas pressées, elles grignotent debout grignotant des branches à plus de 2 m de haut sur les arbres au bord de la route.

On se rapproche de la mer à Lekovë, de la route nous voyons deux jolies plages, une petite séparée de la grande par une butte surmontée par une chapelle blanche à la coupole bleue. On se croirait en Grèce. La route qui descend du village de Lekovë serpente dans maquis. Première baignade dans une eau tiède et limpide.

La seconde sera sur la plage de Barshi , le village est en hauteur sous une citadelle qui coiffe la colline. Bien qu’il fasse partie des « villages perchés à visiter » nous le négligeons pour nous précipiter à la plage que nous parcourons dans toute sa longueur avant d’élire « Luna Mare » tout neuf avec un joli restaurant s encadrées de claustras en bois clair et tables assorties,  une estrade de bois recevra en saison des musiciens et sur la plage, des parasols de paille avec des lits de bois classiques mais aussi d’énormes coussins de billes, rouge, orange ou beige, tout neufs. Ces lits de plage, version coussins sont très confortable, on peut s’y nicher, s’y coucher, lire mais ils ne sont pas adaptés au service d’un repas chaud et impossible pour moi, d’écrire. Prétexte commode pour retarder l’écriture du Journal de bord – après trois semaines assidue, j’ai un coup de mou – je préfère la lecture de F. Maspéro dans Balkans-Transit que j’ai lu à l’occasion du voyage en Bulgarie et que j’ai téléchargé dans la liseuse pour une seconde lecture.

La baignade est idéale, la limpidité de l’eau est extraordinaire, elle est fraîche mais pas trop. Trois bouées jaunes balisent mon parcours. J’aime bien donner des objectifs à mes trempettes. C’est donc une très belle journée de plage 500 lekë pour un parasol et deux lits. Au restaurant il y a du calamar : grillé entier pour Dominique, excellents et risotto-calamar, je suis un peu déçue j’attendais d’autres fruits de mer en accompagnement. Le risotto est très bon ils n’ont pas lésiné sur le caciocavallo.

Riviera albanaise

Vers 16h, après deux chapitres de Balkans-transit et de nombreuses trempettes nous reprenons la route pour découvrir notre Hôtel à Himarë. Himarë est plutôt un village et une petite station balnéaire(cela change de Sarandë) . Personne n’a entendu parler de l’Hôtel British ni chez les marchandes des petits markets assises, devant leur étal de bouées, serviettes et maillots de bain, ni dans les restaurants. On sillonne la ville en voiture, puis à pied. Je finis par trouver : bâtisse d’un étage, rouge sang (couleur maison des cantonniers en Italie). La réception dans l’entrée est un comptoir bas et un banc en skaï, notre hôtesse, en bermuda, ne fait aps très « pro ». Elle note ses réservations sur un cahier au stylo à bille. L’informatique est pourtant arrivée jusqu’à l’entrée (il y a une boutique d’opérateur téléphonique dans la maison) mais pas la Wifi dans la chambre.

Notre chambre est à l’étage, avec la mezzanine on pourrait coucher à 6, la salle d’eau a des carreaux violets une douche sans rideau. Le frigo est efficace. La télévision ne capte que les chaines albanaises, avec des efforts,  peut être grecques…Le climatiseur est débranché. La dame fait des acrobaties pour la brancher, mais la télécommande est capricieuse. Seule originalité : une belle terrasses pour étendre le linge, il fait très chaud, la lessive est un plaisir.

« Sleeping pause », Himarë ne s’éveille qu’après 19h.  Notre hôtel est très bien situé presque sur la promenade, où sont installées les terrasses des cafés, restaurants, « fast-food grecs » avec gyros et souvlakis, des pizzerias, un glacier le long de la belle plage Spilé qu’il faut prononcer à la grecque et non à l’anglaise « spail » jusqu’à ce j’arrive à la grotte (spilé) . Elle a été découverte par des archéologues, son occupation est antérieure au Néolithique. La légende locale dit même qu’il s’agirait de la Grotte de Polyphème. Corfou est tout près, Céphalonie et Ithaque ne sont pas loin , nous sommes en pleine Odyssée !

Dans les cafés on parle grec. Boit-on du raki comme les Albanais ou de l’Ouzo ? Il y a même une place Omonia comme à Athènes. Les agences de voyage vendent des tickets pour Athènes, Corinthe en autobus.

Nous dînons à la pizzeria Sol e Mar en regardant passer les familles avec les poussettes, les vieux et leurs cannes,  jeunes gens et jeunes filles. Himarë est une station familiale loin du tourisme de masse international. Affirmation qu’il convient de nuancer : les plaques d’immatriculation des voitures sont serbes, albanaises, grecques ou kosovares, touristes  balkaniques que je n’arrive pas à différencier des habitants.

Saranda

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Le nom, Saranda (40 en grec) fait référence au monastère des 40 martyrs de Sébaste que nous avons cherché partout sans le trouver.

Saranda est une grande  station balnéaire avec beaucoup d’immeubles et une promenade en front de mer. Notre hôtel Brilant est situé en deuxième ligne, son ascenseur panoramique en verre bleu se voit de loin ainsi que la curieuse loggia à facettes (comme un brillant ?) où est servi le petit déjeuner. L’hôtel a un parking, le lobby est aux standards internationaux.

Beaucoup de plages de Sarandë sont privées. La plage publique est  sous la promenade piétonne. J’y fais un tour pour me rafraîchir, sans enthousiasme.  Sarandë est vraiment très bétonnée, nager en regardant les immeubles est moins plaisant que dans la verdure.

Après les heures chaudes (sleeping pause) nous allons chercher le Monastère des 40 martyrs(40 soldats romains à qui on a fait passer la nuit dans le lac gelé de Sébaste).

Le château Lëkursi

Le Château de Lëkursi au sommet de la plus haute colline, construit au 15ème siècle gardait la baie. C’est maintenant un restaurant, une bonne route arrive aux  remparts. La vue sur Corfou est magnifique dans la lumière du soir.

Panorama sur Sarandë

Pour dîner nous avons envie d’un restaurant de poisson « sur le port ». Nous traversons donc la ville dans les embouteillages dans des quartiers assez sordides puisque la corniche est piétonnière. Le port de pêche est complètement déserté à la tombée de la nuit, vide ; les restaurants sont bien là mais pas pour les touristes. Autre port : celui des ferries pour Corfou. L’entrée est réservée aux véhicules qui embarquent. De restaurant, nenni. Une rue semble arriver à la promenade : cul de sac il faudra faire une longue et périlleuse marche arrière ;

Au loin, Corfou

Tout près de l’Hôtel, au bord de la plage, une très belle pizzeria a installé ses tables près de l’eau. Il fait nuit. Les lumières de la ville se reflètent dans l’eau ; Corfou scintille au loin. Deux bars diffusent de la musique , ambiance discothèque, lumières colorées, sur l’estrade on danse déjà, l’autre envoie des pinceau lumineux ; il y a même au loin, un feu d’artifice. Pizza et légumes grillés. Nous prenons tout notre temps pour savourer cette soirée délicieusement fraîche et gaie.

Saranda by night

Le petit déjeuner de l’Hôtel Brilant est servi au 5ème étage dans la loggia de verre en forme de cristal à facettes. Il est un des plus variés et mieux présentés du voyage : feuilletés salés et sucré, pastèque, melons et fruits confits.

Avril brisé – Ismail Kadaré

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C’est une relecture.

J’avais été éblouie, foudroyée par cette tragédie. J’en avais gardé une immense envie d’aller voir ce pays des Aigles, survivance  du monde antique, Homère ou Sophocle, Shakespeare d’Hamlet ou de Macbeth….

Nous revenons d’Albanie. Certes, je n’ai pas vu ces tours de claustration qui m’avaient tant impressionnée dans le roman. C’est plutôt en Grèce dans le Magne que je les ai imaginées. En revanche, des maisons fortifiées avec meurtrières et abris souterrains, nous en avons visitées et on peut les imaginer comme lieux de ces vendettas sans fin.

La relecture a été aussi impressionnante que la découverte.

Dans une époque intemporelle, qui ressemble au Moyen Age,  un avion d’une ligne régulière  relie Tirana à une capitale étrangère.  Les références au roi Zog permettent de situer l’action dans les années 1930.

Pendant de nombreux siècles, du temps des Ottomans, un code avait réglé la vie des montagnards albanais: le Kanun.  Il fixait aussi bien des détails de la vie quotidienne comme la politesse en entrant dans une maison étrangère, la transmission et le bornage des propriétés, le devoir d’hospitalité que le prix du sang dans les cas d’homicides, de blessures et de vendetta.

Avril Brisé est l’histoire d’une vendetta. Le 16 mars, Gjorg tue Zef, dans les règles et obtient une trêve de 30 jours. Le 17 avril, la bessa expirera et il sera alors poursuivi par la famille de Zef. Voici l’explication du titre : le mois d’Avril sera ainsi coupé en deux:

« dehors régnait mars, mi-souriant, mi-glacé avec cette dangereuse lumière alpestre qui n’appartenait qu’à lui. Puis viendrait avril, ou plutôt sa première moitié seulement. […]Avril, dès maintenant, s’enveloppait pour lui d’une douleur bleutée….Son avril inachevé…. »

Pendant le mois qui lui reste à vivre normalement, le meurtrier doit payer le Prix du sang à un prince mystérieux, régler ses comptes, terminer les travaux en suspens…Gjorg ira à la découverte du monde, à pied, sur le Plateau autour de chez lui. En route il rencontre un couple de la ville, un écrivain et sa femme en voyage de noces. L’écrivain s’intéresse aux traditions, au folklore, liés au kanun. Leur voyage leur semble romantique.

« Ses amis l’enviaient en lui disant : tu vas t’évader de l’univers de la réalité pour gagner celui des légendes, l’univers de l’épopée proprement dite que l’on trouve rarement dans notre monde. Puis venait l’évocation des fées et des oréades, des rhapsodes, des derniers hymnes homériques du monde et du Kanun, terrible mais si majestueux…. »

Bessian, l’écrivain explique à sa femme que dans ces contrées l’hospitalité est sacrée, l’hôte a le statut d’une semi-divinité?

Apercevant le ruban noir qui marque les meurtriers, ils leur semblent arriver dans le pays de la mort:

« Oui, reprit-il, nous sommes entrés dans le royaume de la mort comme Ulysse, à cette différence près qu »Ulysse dut descendre pour l’atteindre, alors que nous devons monter. »

Quand ils rencontrent Gjorg, porteur du ruban noir, livide, il leur semble rencontrer Hamlet

« Hamlet a été poussé à al vengeance par le fantôme de son père, poursuivit Bessian, enflammé. Mais sais-tu quel fantôme terrible se dresse devant le Montagnard pour le pousser à se venger. »

Cependant Kadaré ne se contente pas d’écrire une version moderne d’une tragédie antique. Il livre aussi par l’intermédiaire de personnages comme l’Intendant du Sang, chargé de prélever l’impôt du sang, ou du médecin  qui expertise les blessures, une analyse économique, marxiste, de ce sombre commerce. Il n’est plus seulement question d’honneur de famille mais aussi d’une sinistre comptabilité. La vendetta comme le règlement d’une dette.

« en d’autres termes, comme je vous l’ai dit au début, souvent derrière le décor quasi-mythique, il faut rechercher l’élément économique. Vous m’accuserez peut être de cynisme, mais à notre époque, le sang, comme tout le reste, a été transformé en marchandise »

L’arrivée de la jeune femme de l’écrivain dans un monde strictement masculin est un élément de déstabilisation. On sent que le monde millénaire des montagnes est bientôt gagné par la modernité des villes.

 

Butrint

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Butrint presqu’île verdoyante entre mer ionienne et lac

Nous arrivons trop tôt à Saranda,  la chambre n‘est pas prête.

Nous filons donc à Butrint, à 17km au sud. La route passe entre une colline et le lac où on élève moules ou huitres( ?).

11h est la pire heure pour arriver à Butrint  qui est le site le plus fréquenté d’Albanie. Les touristes viennent aussi  de Corfou, ou de bateau de croisière.

La tour Vénitienne à l’entrée du site

Je me faisais une joie de flâner sur la presqu’île verdoyante, d’évoquer le souvenir d’Enée ou d’Andromaque, ou du Normand Guiscard.

Malheureusement, je dois subir  le groupe francophone  dont le guide n’arrive pas à se faire entendre entre plaisanteries gauloises ou séniles

-« je préfère Parkinson à Alzheimer, je préfère renverser mon pastis que d’oublier de le boire… »

me voici loin de Racine ou de Virgile !  De très vieilles dames peinent sur le sentier

« dans le catalogue, on n’avait pas demandé d’être en bonne condition physique… »

Le guide germanophone tonitruant a sa  manière de chasser l’intruse (moi) qui essaie d’accéder aux explications en anglais. Il se plante devant le panneau. Je pourrais l’écouter mais les Allemands font photos sur photos, de vrais Japonais ! Troisième groupe – anglophone – avec une guide charmante qui brandit un drapeau albanais.

Si je veux faire des photos sans figurants, il me faut ruser entre ces trois groupes. Bouleversant ainsi la chronologie du parcours.

On reconnait les différentes époques aux matériaux employés, grosses roches polygonales pour la Grèce archaïque(6ème siècle av JC)belle pierre  de taille calcaire claire pour la période classique ou hellénistique, mélange brique et petits moellons , romain puis byzantin. Normands et Vénitiens utilisaient la pierre bien taillée.

Dans le Parc National de Butrint, les végétaux sont étiquetés. J’apprends enfin le nom latin de l’arbre de Judée : Cercis siliquastrum.

Le petit théâtre grec est bien conservé mais les Allemands me dissuadent d’y passer plus d’instant. Juste le temps de voir gravé sur ses murs les noms des esclaves affranchis. J’ai vu ces listes à Delphes autrefois. Les archéologues en apprennent beaucoup sur la démographie de même sur le statut d es femmes : habilitées à Butrint à libérer des esclaves.

Le Temple d’Asclépios (4ème siècle av. J.C.) est proche du théâtre mais plus difficile à reconnaitre ;

La ville romaine est plus facile à interpréter : thermes avec les hypocaustes, forum. Le gymnase a peut être été transformé en église.  On passe de Rome à Byzance insensiblement. Non loin du lac un le Palais triconque  occupe un vaste espace.

Baptistère

Le Baptistère rond est le monument emblématique de Butrint, photographié avec ses mosaïques sur les  dépliants et affiches., photographié vu du dessus. Latéralement, les mosaïques cachées, on distingue mal la structure circulaire, il me déçoit un peu.

La grande basilique chrétienne du 6ème siècle a perdu sa toiture mais a gardé des arches impressionnantes surtout si on les compare aux églises médiévales beaucoup plus petites.

Basilique byzantine

Une fontaine romaine a gardé ses mosaïques.

On suit ensuite les fortifications pour découvrir les portes de Butrint astucieusement construites afin qu’un minimum de défenseurs empêche les envahisseurs d’entrer : entrée très basse l’architrave forçait les guerriers à baisser la tête et interdisait toute intervention des cavaliers. La Porte du Lac est authentiquement hellénistique tandis que la Porte des Lions a été reconstruite au Moyen Age. Elle porte un bas-relief où un lion dévore une tête de taureau (Bos) rappelant la légende ayant donné son nom à Butrint, Buthrotum. Enée, voulant sacrifier un taureau aux dieux en mer, l’anikmal blessé serait venu mourir sur l’île. C’est là qu’Enée, aurait retrouvé les Troyens, Helenos ayant fondé la ville après la chute de Troie ;

Porte des lions

Un petit château se trouve sur l’acropole, on y a installé le musée. Vénitien ou Normand, ? il a été édifié en 1930 !

J’ai un peu bâclé cette visite dont j’attendais beaucoup à cause des groupes et de la chaleur. Nous savons pourtant d’expérience que les sites antiques se visitent tôt le matin !

c
Forteresse d’Ali Pacha

Il est temps de trouver une cantine ; Ce sera à Kasmil, petite station balnéaire proche du site, dans une pizzeria qui fait aussi pâtisserie. En fait les deux sont mitoyennes , nous avons préféré les tables de la pâtisserie et le patron de la pizzeria a servi le repas chez son voisin ce qui ne semble pas avoir causé de problème. Köfte et salade grecque.

L’homme au canon Dritëro Agolli

LIRE POUR L’ALBANIE 

Une vraie découverte! Le traducteur, dans la postface dit qu’en Albanie, Agolli est aussi réputé que Kadaré . Je ne sais qui me l’a recommandé. Ce tout petit livre (format 14×10, 256p) de cette jolie collection motif, est arrivé en catimini dans ma boîte aux lettres. Il aurait dû faire grand bruit avec ce titre: L’Homme au canon!

J’ai terminé il y a peu La chronique de la ville de pierre de Kadaré et voilà que ce roman lui fait écho. Il lui est contemporain et se déroule dans la courte période qui suit la capitulation des Italiens et l’occupation de l’Albanie par les nazis en 1943. Période où les partisans et les ballistes s’opposaient, où les fuyards italiens étaient prisonniers des maquisards.

A l’opposé de la Chronique de la ville de pierre, L’Homme au canon se déroule en milieu rural dans une campagne où règnent encore les traditions de vendetta entre les clans.

Les héros sont aussi très différents :  l’enfant de Gjirokastër au regard naïf  sur les choses et les gens est remplacé par  le paysan Mato Gruda, père de famille, seul rescapé de son clan, d’une vengeance. Mato Gruda est un simple paysan proche de sa mule, de son bœuf sa vache et son chien. La naissance du veau en pleine invasion allemande arrive à le réjouir malgré la catastrophe. Il parle même au blé en herbe, noyé sous la pluie d’un orage violent. L’auteur raconte la vie rurale, les travaux des champs ou de la ferme.

C’est surtout un roman d’action, comme on dirait un film d’action. Le traducteur le compare même à un western. Ecriture qui a du rythme avec des chapitres courts, des dialogues.

C’est aussi un roman d’amitié virile, amitié entre Mato et Mourad, le communiste, délégué au village pour rallier les paysans au maquis. amitié entre Mato et Augusto, son prisonnier italien, qui deviendra son complice. Les rapports homme/femmes sont aussi évoqués avec beaucoup de délicatesse. Zara, la femme de Mato et Esma la vieille tante ne sont pas des figurantes.

Que fera Mato avec le canon que les italiens ont abandonné dans la forêt pendant leur fuite? Je ne vous le raconterai pas, à vous le lire le roman! Il en vaut la peine.

De Gjirokastër à Saranda en passant par la source Blue Eye et Mesopotam

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Brume du petit matin

 

Le long de la route qui va en Grèce, les villages se blottissent à mi pente. Les noms sont grecs, les pancartes en grec, les petites églises, orthodoxes. Pour demander notre chemin, c’est plus pratique « kalimera », » Yassas », je me sens moins empruntée qu’avec un » Hi « en globish !

La route grimpe pour franchir le massif montagneux; On n’a pas seulement changé de région, mais aussi de saison. Les herbes de la montagne sont desséchées, les sauges, fanées mais la colline exhale de senteurs qui me grisent. La petite route s’insinue dans une étroite vallée. Un cantonnier arrête la circulation, brandissant, à l’envers, un panneau écrit en anglais , prévenant de travaux sur la route. Vitesse maximale autorisée 10km/h. Des rectangles de goudrons ont été enlevés pour réparer les nids de poule. En attendant la réfection, de grandes portions  sont inutilisables.

Syri i Kalter

Blue eye

 

Syri i kalter, “l’œil bleu” se trouve à l’extrémité d’un joli petit lac triangulaire encaissé dans la montagne. Il est surmonté, ce matin d’un halo de brume qui se dissipe. Je remarque une curieuse installation hydraulique au niveau du barrage. Après le péage il reste un bon kilomètre de piste que j’ai cru bon de faire à pied espérant ainsi suivre le lac. Déception, la piste est séparée du bord de l’eau par des arbres touffus, la route est poussiéreuse. L’ »œil bleu » est une résurgence dans le massif karstique,  l’eau surgit à gros bouillon d’une profondeur de 45-50m, le mouvement de l’eau est fascinant comme la couleur turquoise.  Autour de la rivière, la végéation est verdoyante, presque une jungle. Un panneau signale qu’elle est fréquentée par des loups et des chacals. Nous observons plutôt de belles libellules bleues. Un restaurant a installé ses terrasses dans l’eau. Comme à Drilon, à Tushemisht,  « du temps du communisme » l’endroit était réservé aux cadres du parti. Partout, des cascades naturelles ou artificielles procurent une sensation de fraîcheur ? Il y a même des bungalows pour ceux qui souhaiteraient y passer le week- end.

Mesopotam : monastère saint Nicolas

C’est ici que la rivière Bistrica prend sa source, elle ne fait que 25 km et se jette dans la mer ionienne près de Saranda. Elle est canalisée près d’une centrale électrique. Nous la suivons et arrivons à Mesopotam dont le nom évoque la  rivière, surtout célèbre pour le Monastère de Saint Nicolas qui se trouve à l’entrée du village. Une piste de quelques centaines de mètres qui passe près du cimetière du village mène au monastère dont il ne reste debout qu’un pan d’une large tour, campanile ou tour de guet, des ruines qui correspondent peut être aux bâtiments conventuels et le katholikon. Un panneau explique que l’architecture est remarquable avec ses deux nefs accolées, ou l’on aurait célébré les deux cultes, hypothèse selon le Petit Futé de l’union des deux courants de l’Eglise, qui aurait donné le nom au village ? Les fresques célèbres sont invisibles. L’église est fermée « pour restauration » ce qui n’empêche pas le gardien de prélever 100 lekë pour qu’on ait juste le droit d’en faire le tour. Sur l’abside on voit de jolis bas-reliefs représentant des dragons sculptés dans un calcaire blanc très fin.

Chronique de la ville de pierre – Ismaïl Kadaré

LIRE POUR LES BALKANS/ALBANIE

La Ville de pierre c’est Gjirokastër que nous venons de visiter. 

Ma première visite fut bien sûr la maison de Kadaré. Ce fut une déception, on l’a reconstruite toute neuve. Le bois clair n’a pas la patine du passé. Où imaginer la citerne, la cour, dans le patio vitré?

Les images qui me sont venues quand j’ai lu le livre, ce sont celles de la Maison Skendulaj, maison vieille de plus de deux siècle, qui a conservé sa cave (abri anti-aérien), ses gouttières alimentant la citerne….peut être la maison – Kadaré originelle était moins vaste que ce palais ottoman aristocratique? Dans les souterrains de la citadelle la ville s’est réfugiée.

Chronique de la ville de pierre n’est pas seulement le guide littéraire que chaque touriste éclairé devrait emporter en Albanie, c’est un vrai coup de cœur littéraire.

C’est le regard poétique d’un enfant très imaginatif. Qui d’autre aurait pu se soucier des gouttes de pluie prisonnières de la citerne? ou des chemins mouvant dans les  hauts quartiers escarpés de la maison de son grand-père? Cette maison est l’objet d’un autre livre de Kadaré : Un climat de folie – mêmes personnages, même lieux et pourtant une oeuvre tellement différente !


C’est aussi l’évocation d’une période très troublée, 1939, Gjirokastër est occupée par les Italiens, vaincus un temps par les Grecs, puis à nouveau les Italiens qui la quittent laissant la ville aux partisans et à l’anarchie. Pas longtemps puisque les nazis arrivent. Pas de jugement définitif, l’enfant entend ses grands-mères et ses voisines, répète leurs propos. L’enfant voit construire par les Italiens un aérodrome, éprouve de l’affection pour un avion, un bombardier alors que toutes les nuits la ville est la cible des bombardements.
C’est aussi l‘éveil d’une conscience politique, l’enfant ne sait que penser, sa jeune tante a rejoint les partisans, aucun jugement, si ce n’est la peur des vieilles femmes de la cohabitation jeunes filles/jeunes hommes. Discrète évocation d’Enver Hoxha, qui est un voisin, aucune idéalisation des partisans cependant.
Evocation de la vie quotidienne et de traditions cachées, la sorcellerie était encore bien vivante en 1939, l’occupant italien en tire profit…..
Un livre que je vais garder pour le relire et le faire lire autour de moi.

La citadelle de Gjirokastër

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La Tour de l’Horloge

17h30, je monte à la citadelle. Occupée depuis l’Antiquité elle a été fortifiée par Ali Pacha. Ce personnage peu sympathique a fasciné Lord Byron et inspiré Alexandre Dumas qui s’est intéressé aux guerres d’indépendance grecque.

Souterrains de la citadelle de Gjirokastër

Ces fortifications sont gigantesques. Dès la porte on entre dans des galeries souterraines. L’une d’elle éclairée abrite des pièces d’artillerie. L’autre, plus haute est vide, je l’emprunte pour aller visiter les tombes des derviches bektachis dans un jardin vert et fleuri. Seul endroit sympathique et tranquille.  Le Musée de l’Armée  se trouve au fond de la galerie éclairée ; musée de l’armée et prison ne me disent rien du tout. Tant qu’il s’agit de fusils d’apparat plaqués de nacre ou de poignards filigranés, je suis admirative ; La collection de canons, mitrailleuse et autres armes lourdes encore en état de fonctionner ne m’inspirent pas. De plus il faut payer un supplément et le musée ferme bientôt.

Je me contente d’une promenade sur la terrasse beaucoup plus attrayante que les souterrains sinistres ; la lumière est belle, le panorama dégagé.

Nous nous faisons une fête de dîner sur la terrasse du restaurant Kodra en face recommandé par le Petit futé ; la vue est somptueuse, d’ailleurs on y tourne une vidéo avec une actrice. En revanche le service est calamiteux ; Je commande des Köfte, on apporte des brochettes de poulet, Dominique? un risotto aux légumes? il arrive des spaghettis aux fruits de mer.  Après une longue attente ! Nous aurions aussi bien fait d’acheter des yaourts et de les manger sur notre terrasse !

Gjirokaster : les maisons musées

CARNET DES BALKANS/ALBANIE

A l’entrée du défilé

Tout d’abord on suit la Vjosa puis coupe la montagne par un défilé. A l’entrée du défilé une forteresse en ruine monte la garde. Puis la route décrit une large boucle pur rejoindre la grande route qui vient de Grèce.

Au début du mois, les champs et les jardins étaient verts. Trois semaines ont passé, c’est lété. Maïs et haricot ont grandi. On moissonne le blé. De nombreux troupeaux, tous gardé par un berger, traversent les chaumes.

Gjirokastër se voit de loin

Gjirokaster se voit de loin avec la citadelle perchée sur son rocher ; C’est facile de trouver la vieille ville, il faut viser la Tour de l’Horloge. A mi-pente, nous dépassons notre hôtel, l’Hôtel Kalami 2en montant la route de la citadelle. Tout d’abord, on se trompe et on s’engage sur une chaussée pavée qui en fait le tour mais qui n’a qu’une voie. Les résidents (et les touristes téméraires) sont plus nombreux qu’on ne l’avait prévu. Croisement impossible : machine arrière  et manœuvres difficiles. Tout le monde est patient mais c’est une conduite stressante. Retour vers l’Hôtel.

Kale’mi2 vu de la Citadelle

L’Hôtel Kalemi 2 est une maison de pierre traditionnelle au beau toit de lauzes dont l’avant toit dépasse de près d’un mètre les murs. Des étais de bois foncé s’appuient sur les murs blanc. Au 2ème étage (3ème en Albanie), nous choisissons la chambre la plus proche de la terrasse qui a une belle vue sur les toits,  la citadelle et la montagne. Notre chambre a 6 fenêtres basses et deux autres en hauteur avec des croisillons, dentelles blanches aux rideaux. La salle de bain est impeccable ; A la climatisation nous préférons les courants d’air. Très chic !

Notre chambre à Kalemi2

La maison de Kadaré est ma première visite. Pour moi, c’et une évidence. Tout ce que je savais sur l’Albanie,  c’est Kadaré qui me l’a appris et qui m’a donné envie de venir ici Dans Un Climat de folie , il raconte sa ville et sa maison. Hélas, la maison a brûlé, on en a reconstruit une neuve à la place. Beaucoup trop neuve. Dallage gris très contemporain, bois clair, trop clair. Le puits se trouve dans l’entrée fermée. Au rez de chaussée trois salles blanches vides, on y a exposé les couvertures des livres de Kadaré format géant, une exposition photos et une exposition de tableaux d’un peintre de la ville. A l’étage, on a meublé les pièces pour leur donner une ambiance de « maison ». Je ne suis pas convaincue. Tout cela est impersonnel. Ce n’est pas une maison d’écrivain, je ne vois ni bureau ni bibliothèque . Kadaré écrivait-il au café, comme son recueil de nouvelles Café Rostand laisse l’entendre ?

maison d’Enver Hodja

La maison d’Enver Hoxha est au dessus de celle de Kadaré ; je monte une ruelle très en pente entre des murs d’où déborde de la végétation. IL ne faut pas  demander la maison d’Enver Hoxha mais le Musée Ethnographique. On utilise le mot « dictateur » ou « du temps du communisme ». On ne nomme pas le diable, un peu comme à cuba où personne ne prononçait le nom de Fidel préférant faire le geste de la barbe. J’entre dans le Musée ethnographique par une entrée sombre avec des jarres géantes genre pithoi antiques. Trois mitrailleuses et un  canon sont en batterie, dans la cour, encore de l’artillerie. Ambiance ! A l’étage, la gardienne tricote, elle encaisse les 200 lekë, ouvre un guide touristique en anglais à la page du musée. Je déambule dans les pièces meublées avec les banquettes basses, la vaisselle métallique ciselée, les cheminées ottomanes. J’ai déjà vu plus beau et plus authentique ! Les costumes sont très beaux. En quittant le musée, je vois deux portraits d’Enver Hoxha, un jeune, l’autre en uniforme de commandant et des peintures qui le représentent peut être ? Ici aussi, la maison a été détruite et reconstruite. Pour l’authenticité, vous repasserez ! D’ailleurs quelqu’un a-t- il envie de faire revivre le « dictateur paranoïaque » ?

Maison Skandouli

Maison Skandouli

S’il ne fallait visiter qu’une seule maison-musée, la plus intéressante est certainement la Maison Skandouli ! D’abord, elle est authentique. Ensuite, elle est très belle et très ancienne. Elle est habitée et a gardé son âme. Enfin, la visite est guidée par le propriétaire, Monsieur Skandouli qui la commente en Français (ou en Grec ou Italien) pour l’anglais ce sont ses enfants. Sa famille occupe la maison depuis 9 générations. Il en a été  chassé au temps du communisme. En 1989, on y a installé le Musée Ethnographique, en 1993, la famille y est retournée ? Je l’écoute avec ravissement parce qu’il raconte vraiment très bien.

avant toits

C’est une habitation mais aussi une forteresse. Monsieur Skandouli montre les meurtrières dans les murs. Elles ont la particularité d’être obliques, le gardien invisible est invulnérable. Au rez de chaussée une pièce à coupole est un « bunker » . L’épaisseur des murs est impressionnante.

Au niveau de la cour, les arches sont très hautes pour permettre aux chevaux d’entrer. Les pièces voûtées servent de magasins. Une pièce est plus basse : c’est la pièce froide grâce à l’épaisseur des murs et grâce à la citerne qui maintient la fraîcheur même au creux de l’été. On peut y garder les denrées périssables.

A l’étage, au-dessus de la citerne, se trouve la cuisine avec l’eau courante sur l’évier. L’évacuation des eaux usées est prévue. Cette maison jouit de tout le confort. M. Skandouli détaille toutes les astuces, il montre le système de récupération de l’eau de pluie.

salon d’été

Pour assurer la séparation des femmes on a prévu des escaliers dérobés, des galeries avec des moucharabiehs, des placards à double entrée afin de renouveler la literie des invités sans être vue.

Une autre manière d’assurer la discrétion : les latrines, un trou dans le parquet fermé par un cache de bois, possèdent une entrée et une sortie. Pour éviter d’ouvrir la porte des toilettes pour sortir on peut faire le tour.

Le confort et l’hygiène sont très sophistiqués. Chaque chambre possède son hammam, qui a aussi des doubles portes.
La maison possède 9 cheminées. Le nombre de cheminée est un marqueur  du statut social.

salon d’hiver (pour les hommes)

Comme en Bulgarie, il existe un salon d’hiver et un salon d’été. Le salon d’été est  aéré et ouvert sur le panorama tandis que le salon d’hiver fermé possède une merveilleuse cheminée peinte. De même, on a conçu des chambres d’hiver et des chambres d’été. Le salon le plus prestigieux où se déroulaient les réunions familiales et les mariages possède une estrade réservée aux dignitaires, le reste de la famille s’installe sur des banquettes un peu plus basses. Les motifs de bois sculptés sont les roses et le grenades (symbole de fécondité) les fresques sur les murs reprennent les thèmes floraux et partout on voit la grenade.

Des baguettes de châtaignier servent de joints dans les murs de pierre espacés d’un mètre, c’est une astuce parasismique : les baguettes assurent de la souplesse à la construction en cas de tremblement de terre. La maison a résisté plus de 300ans dans cette zone sismique.

J’ai du mal à retrouver l’Hôtel. Les ruelles tortueuses forment un labyrinthe dans lequel je m’oriente mal. Suivant des pancartes « Kalemi » j’arrive en haut de Gjirokaster  à l’autre hôtel Kalemi ? Là, on me dit de m’orienter avec le minaret de la mosquée puis de descendre.

maison Zateki

La Maison Zateki se trouve au dessus de la ville, presque dans la campagne. Elle est immense et se voit de loin. Deux tours pas tout à fait symétriques sont reliées. A la base par une partie blanche où s’ouvrent les grandes fenêtres rectangulaires, une frise de triangle de pierre décore cette jonction.

salon d’apparat

Je retrouve les mêmes agencement des pièces qu’à la maison Skandouli. Des affiches explicatives remplacent l’accueil du maître de maison. Le salon d’apparat est encore plus luxueux mais la visite est moins intéressante.

Je rentre aux heures chaudes prendre une douche et faire la sieste. La sieste est vraiment nécessaire sous ce climat.