Complexe du Musée de la Ligue de Prizren et Mosquée Gazi Mehmet Pacha
La Ligue de Prizren est à l’origine de l’indépendance de l’Albanie.
Le traité de San Stefano (30 mars 1878) concluant la guerre entre l’empire russe et l’Empire Ottoman fut signé dans la banlieue d’Istanbul et eut pour conséquence la création de la Bulgarie et l’indépendance de la Serbie et du Monténégro. La Bosnie Herzégovine devient autonome.
Le Royaume Uni et l’Autriche Hongrie s’y sont opposés trouvant ce traité trop favorable aux Slaves. Quatre mis plus tard, le traité de Berlin (13 juillet 1878) fit la révision du Traité de San Stefano. La thrace et l’Albanie restent ottomanes. L’Autriche-Hongrie obtient le droit d’occuper la Bosnie Herzégovine.
La Ligue de Prizren demandait l’autonomie de l’Albanie.
combattant de la Ligue de Prizren
Le complexe de la Ligue de Prizren comprend un petit bâtiment d’un étage consacré aux documents sur la Ligue de Prizren, une place ronde entourée de bancs et un groupe de maisons ottomanes. Quand j’arrive, je crise un groupe de soldats ou plutôt de soldates en tenue de camouflage avec des insignes de la KFOR et des drapeaux allemands cousus sur les épaules. L’entrée au complexe coûte 1€. Aucune explication disponible dans une autre langue que l’Albanais. En dehors d’un panneau que je recopie :
« Dans la Résidence du gouvernement Provisoire de la Ligue Albanaise de Prizren a été situé le Musée de la Ligue lequel renfermait de nombreux documents originaux. Le 27 mars 1999 à 22h50 le Musée a été frappé par des obus de mortier des forces serbes détruisant les originaux. Le 30 mars les forces serbes à l’aide d’une excavatrice nt brisé les traces du bâtiment et les statues d’Ymer Prizeni et d’Abdyl Frashëri. Reconstruction en Novembre 1999 »
A l’étage dans la première pièce, on a placé la Carte de l’Albanie (1877-1881) : à l’Albanie actuelle s’ajoutent une grande partie du Kosovo au-delà de Pristina, l’Epire avec Joanina et Preveza et une partie du Monténégro jusqu’à Kotor. Des photos de combattants moustachus portant fez et même caffyah sont exposées. Certains sont en uniforme, d’autres en redingote européenne, d’autres ont des pantalons blancs, ceintures et gilets brodés, l’un d’eux morte même la fustanelle. Dans la seconde pièce, on voit de nombreux fac-similés de documents diplomatiques calligraphiés en albanais, Français ou allemand. Je reconnais la signature de Bismarck. En turc, différents sceaux et cachets. On peut aussi consulter un article du New York Times et admirer une collection de sabres et fusils.
Il me faut faire un travail d’historienne, moi qui n’y connais rien. En l’absence de guide touristique, je n’ai rien pour m’appuyer. Heureusement, à l’hôtel, il y a la WIFI, avec le smartphone, je peux confirmer mes hypothèses et compléter mes « découvertes ».
1878 : formation de la Ligue de Prizren : un texte en français daté mai 1878(2 mois après le traité de San Stefano)
« Nous avons appris avec une profonde douleur que certaines parties de notre contrée habitée par les Ghègues seront annexées par la Serbie et le Monténégro ou par la Bulgarie…. »
J’ai déjà vu au Musée Historique de Tirana les portraits d’Abdyl Fäsheri etd’Ymer Prizreni (président de la Ligue de Prizren) ainsi que de Toptani dont on a vu la Maison Toptani à Kruja. Je reconstitue le puzzle de l’histoire Albanaise….
Musée Ethnographie: les costumes fin 19ème début 20ème sont présentés dans des vitrines, albanais et macédoniens, avec une collection de braseros, d’aiguières et de plats métallique avec des couvercles, des plateau servant de tables basses et des kilims à fond dominante rouge.
A l’étage, une collection de tableaux illustre le thème de l’indépendance albanaise. Tableaux modernes sans dates, les auteurs me sont inconnus. Témoignages et illustrations, la qualité esthétique n’a pour moi aucune importance. Des sous-verres protègent des dessins très réussis.
La mosquée Gazi Mehmet pacha (16ème siècle) est grise à l’extérieur, précédée d’un auvent de bois, très belle à l’intérieur, vaste et décorée. C’est là que se réunit en juin 1878, la Ligue de Prizren.
Des camionnettes apportent des cartons de nourriture pour l’Iftar. Elles portent les noms d’organisations caritatives turques, et certaines portent même un drapeau jordanien u palestinien, étrange retournement des charités !
Le ciel est très menaçant. Je passe sans m’arrêter devant de très belles maisons peintes en jaune et rentre vite fait par l’avenue Adem jJabari, l’artère qui passe devant le Hammam et la Poste, bordée de boutiques d’habillements un peu luxe, robes de mariées ou robes longues au bustier très décolleté.
Je termine l’après midi sur la terrasse de l’Hôtel dans le parfum des pétunias. Il y a aussi un fuchsia et des géraniums maigrelets.
C’est l’Odyssée de Lazare, routard, à travers les Balkans, qui tente de rentrer chez lui à Paris et dérive jusqu’à Odessa. Lazare, 25 ans, est un roadie : il conduit la camionnette et porte les amplis d’un groupe de rock, les Brutes de Luxe, dans une tournée qui démarre au Festival de Sarajevo et qui devrait les conduire à Zagreb, Budapest, peut être Prague. Une aubaine pour ce chômeur, sans qualification particulière dont la seule ambition est de payer le loyer de sa chambre.
A Sarajevo la camionnette disparaît, volée sans doute. L’autocar vers Paris est complet, l’avion trop cher, Lazare tente le train jusquà la côte dalmate et de là, le ferry pour l’Italie. Dans le train, Gerd , lui raconte les îles aux eaux turquoises de l’Adriatique. Arrivé à la côte « il pouvait prendre le ferry pour l’Italie, un bateau appareillait ce soir, ou un bus pour le nord. Il pouvait aussi rejoindre les îles de Gerd, une petite vedette bleue partait dans vingt minutes ».
Plusieurs jours, Lazare vit en Robinson, pêchant des oursins, observant les oiseau du maquis, sentant la présence rugueuse des écorces de pin.
« C’étaient de petites choses infimes mais elles prenaient une importance solennelle. Il aurait fallu les consigner quelque part car les idées se dispersent quand on voyage, on passe de l’une à l’autre, sans cérémonie beaucoup se perdent en route…. »
Il lui vient l’idée décrire au dos de la carte de l’Europe, des poèmes adressés à Elena – Penelope restée à Paris – de petits souvenirs qu’il ne veut pas oublier. D’où le titre de Cartographe.
Au hasard des rencontres, Lazare exerce sa profession de roadie : un orchestre campagnard l’embarque à la Fête du Printemps des paysans de l’île où il fait bombance. Il a goûté la vie de nomade et hésite à embarquer sur le ferry qui le ramènera chez lui. Il fait du stop jusqu’au Montenegro se laisse envoûter par la musique des Tsiganes.
« Elles sont là, les choses qu’on doit raconter. a fleur de peau, comme les empreintes digitales… »
Une bande de Serbes l’invite à boire. Trop tard pour le ferry! Il rencontre Nina. Le prochain ferry ne part que dans une semaine. Le plus court serait de passer par l’Albanie. Au port de Dürres il y a une liaison quotidienne.
Les idées reçues sur l’Albanie : accidents de la routes et vendetta, se vérifient dans les aventure de notre Ulysse ainsi que l’émigration par hors bord vers l’Italie. Le pécule que Lazare gardait pour payer son retour s’amenuise. Heureusement, il redevient roadie avec un petit orchestre de Tiranaqui anime des mariages. les affaires marchent bien. Et les voilà arrivés en Macédoine... A Skopje, il prendra le car d’Eurolines…dans deux jours il sera à Paris! Sauf qu’il perd son porte-feuille! le voilà avec juste quelques lekë en poche.
En auto-stop il arrive à Sofia, hébergé par Mira…s’enfuie, le périple continue en Roumanie, puis en Ukraine. Ulysse se clochardise, la suite devient franchement glauque….je vous laisse découvrir.
Un livre pour m’accompagner dans les Balkans, lecture facile, peut être un peu trop. Les clichés abondent. Cet Ulysse roadie vit dans l’univers rock, musique et bière. Ne pas en attendre trop …
A l’arrivée à Fierze, de grosses gouttes s’écrasent. Le ciel est noir. L’orage éclate. A Bayram Curri, de véritables rivières de boue s’écoulent dans les rues. Heureusement, nous sommes précédées par un petit car blanc qui nous trace la route puisqu’on ne voit plus rien, ni les trottoirs, ni les obstacles éventuels. Quand nous prenons la route de montagne qui grimpe dans la vallée de Valbona,la pluie cesse. On devine des névés sur les sommets.
L’agence a réservé dans l’auberge qui se trouve au bout de la vallée. Le chemin passe le torrent à gué. Nous nous garons devant un chalet pimpant précédé par deux autres maisons de bois. Des Hollandais occupent les fauteuils sous un auvent, de grosses couvertures sur les genoux. Dans le bâtiment qui sert de restaurant, d’autres touristes boivent des bières. Je suis trempée. Le responsable est un moustachu poivre et sel, vêtu d’une polaire, à l’allure de montagnard, bourru.
« Nous avons une réservation » – je hasarde timidement. Aucune réponse ! Il ne me calcule même pas. Je retourne sous la pluie chercher le Road book pour lui montrer notre réservation. Pas plus de réaction. Il téléphone. Je suis transparente. Je retourne à la voiture ; aucun effet. Quel accueil !
Au bout d’un long moment, enfin, le moustachu daigne expliquer qu’un couple est arrivé avant nous; il a confondu et leur a donné notre place. Un ami va le dépanner. Demain, il y aura de la place.
L’ami arrive immédiatement. C’est un grand type jovial qui rigole. Nous suivons son véhicule jusqu’à une clairière non loin de la route. Où est la maison ? Elle est un peu plus loin, on peut l’apercevoir. Il faudra monter dans sa voiture avec une famille albanaise avec deux enfants.
L’orage a fait sauter l’électricité. Nous sommes trempées et gelées. Arrive un jeune couple. On nous demande de céder la chambre avec un lit double. Nous nous retrouvons dans un dortoir avec une norvégienne et une danoise tête-bêche dans un seul lit. Devrons nous aussi dormir ainsi ? Dominique proteste. Nous n’avons plus l’âge des colonies de vacances. Nous avons payé pour avoir une chambre ! Le jeune couple ira au dortoir et leur petit chiot restera dans le couloir.
Le moral est au plus bas.
Börek maison tout juste sorti du four
Notre hôtesse est voilée. Son hidjab est très couvrant ; bien sûr, ils font Ramadan. L’Albanie est à l’est. Il fait nuit tôt. Ils dîneront à 8h15. Nous pouvons attendre. L’atmosphère se réchauffe pendant la préparation du dîner. Mère et fille parlent très bien anglais. Elles nous montrent la cuisson du börek dans le four. Doré, gonflé, il est très appétissant, fourré aux épinards (enfin, pas tout à fait des épinards, dit la fille) ?
A table on a servi un petit bol avec de la soupe avec de petits morceaux de veau, des carottes, pommes de terre, oignon, poivron, vermicelle (délicieuse), un plat de salade, tomates concombre avec un grand morceau de fromage frais, et bien sûr le börek ! Ce n’est pas tout, il y a aussi des côtelettes d’agneau. Un festin !
Après le dîner on se couche sous la couette bien chaude tandis que les Albanais regardent la télévision.
Dimanche 10 Juin : Valbona
Au matin, le ciel est parfaitement dégagé. Il fait très frais. Les filles nordiques rejoindront à pied la Vallée de Teth (3 heures pour monter, 3 heures pour descendre) une très grosse randonnée avec le paquetage. Elles savent voyager léger !
Feric a fait des crêpes qu’on tartine de confitures de prunes. Toujours la salade tomates concombres avec une grosse part de fromage. « Thé de la montagne » : dans la casserole infusent des herbes que je n’arrive pas à identifier. Albania Tradition recommande dans le Road book une randonnée au sommet de la montagne (900m de dénivelée) et un pique-nique. Arben me conseille plutôt deux promenades, une le matin et une l’après midi qui me permettront de déjeuner le midi avec Dominique.
J’ai laissé mes chaussures de marche dans la voiture. Faric m’accompagne : au bout du pré derrière la barrière en bois , la rivière est enjambée par une passerelle. La voiture est là, tout près. Le torrent roule une eau claire, couleur menthe glaciale. Les pluies diluviennes d’hier ne l’ont pas troublée.
la rivière Valbona
Sous le soleil, la maison d’Arben et de Faric est un véritable paradis. Dans le creux du pré se déploient en éventail les rangs serrés de pommes de terre, puis les haricots et tomates qui ont de gros tuteurs , enfin les poivrons, devant le maïs et en bordure les oignons. A cause de l’altitude, les légumes n’ont pas encore fleuri. Arben doit acheter tomates et concombres au village.
Le dépliant plastifié du Parc National de Valbone (excellente carte au 1 :17.000ème, avec les courbes de niveau) comporte 10 circuits commentés pour les randonneurs non accompagnés de guides. Je choisis le Circuit de la Galerie 1.7 km, 2heures, 910m-1120m – marques rouges. La Galerie correspond à un forage exploratoire à l’exploitation de la bauxite. Départ à la passerelle d’Arben et Faric.
Comme la balade n’est pas longue, je prends le temps de boire un café turc en compagnie de Feric. J’ai du mal à trouver les marques rouges derrière la maison d’Arben. Les herbes embaument, elles ressemblent à la sarriette en version géante. Le sentier déjà escarpé me conduit à une pente très raide et à un sentier couleur rouille (débris de l’exploitation minière ?) Avant d’essayer de grimper, je me choisis un solide bâton. Sans lui, je n’aurais jamais réussi et je commence à appréhender la re-descente plutôt dangereuse. Après les cailloux, le sentier se faufile en forêt entre les hêtres et les charmes dont le feuillage a prématurément roussi à cause d’un gel tardif, il y a trois semaines au mois de mai. Un nouveau feuillage vert tendre repousse. Les crosses des fougères-aigles ne sont pas encore déployées en larges ailes. Il y a beaucoup de fleurs : des églantines presque rouges aux larges pétales rose vif, des géraniums bleus, des fleurs jaunes non-identifiées. La montée bien raide s’achève là où des poutres noircies sont entassées (j’avais cru voir de loin des tables à pique-nique) Le sentier change de direction et arrive à une tranchée verticale, un ruisseau à sec peut être, Les marques rouges sont remplacées par les rouges et blanches des GR. J’ai bien trouvé le chemin de la descente, tant mieux, je ne descendrai pas la pente qui me faisait peur ! En effet, le sentier est beaucoup plus facile. J’arrive au pont sur la rivière. Pur boucler le circuit il faut marcher sur la route, passer devant l’ancien moulin au beau toit de lauzes.
déjenuenr sur la terrasse
Pour déjeuner Faric a mis les petits plats dans les grands. Arben a pêché deux truites minuscules dans la rivière, cuites à point, servies avec des frites. Dans le saladier, tomates et concombres comme d’habitude. Dans une coupelle, une spécialité : du maïs pilé avec du fromage qui a l’aspect et la couleur de la polenta mais qui est différente pour le goût et la texture. C’est une pâte assez sèche. On retrouve le grain de maïs et non pas la semoule. Le fromage est intimement mélangé. Dans un bol, une épaisse crème aigre battue avec du yaourt destinée à accompagner le maïs. J’y découvre deux écorces arrondies d’un poivron jaune pâle qui a parfumé la crème, légèrement acide, sans doute mariné.
les eaux turquoise du petit lac Xhemas
Nous avons déjeuné sur la terrasse sous le soleil. Comme souvent, en montagne, les nuages ont bourgeonné vers midi ; à 15h le ciel est couvert. C’est donc tête nue et sans eau que j’entreprends ma seconde promenade : n°2 du dépliant : Lac Xhemas (850 m 45 mn altitude 740m-790m) Le point de départ est un bon kilomètre plus bas sur la route goudronnée. J perds patience et la quitte un peu trop tôt vers les maisons d’hôtes et hôtels de Valbona qui donnent l’impression d’un « quartier » urbanisé quand on arrive de la montagne sauvage. Le balisage est défaillant. En cherchant bien je trouve les marques. C’est un paysage très différent de chaos rocheux, de vieilles maisons envahies par les fougères et les vieux hêtres moussus. Le petit lac dans les roches calcaires, enchâssé dans une dépression glaciaire( sans doute karstique) e a une eau turquoise, limpide. Aux abords du lac, des accents familiers : on parle hébreu, deux retraités bien sympathiques. Leur voiture est à la sortie du sentier. Comme le soleil tape dur, je saute sur leur proposition de me remonter chez Arben. Lecoin leur plait beaucoup.
pour cuire le fli sous les braises
Feric nous fait visiter le nouveau bâtiment abritant la nouvelle cuisine, la salle à manger pour les touristes avec une belle cheminée et son four à pain. A l’arrière, un feu de bois permet de confectionner le plat traditionnel : le Fli. Pour nous faire plaisir elle va le confectionner pur nous. Tout d’abord, Arben a apporté une brouette entière de bois, fagot et grosses branches. Il faut allumer le feu à l’avance pour avoir des braises que Feric pose sur un couvercle métallique (genre couvercle de lessiveuse). Elle graisse un grand plat rond métallique (le même que celui du börek) et apporte deux casseroles. Dans l’une une pâte à crêpe sans les œufs, dans l’autre un mélange d’huile, de beurre et de crème. Le plat à börek est sur un support métallique. Faric dépose une couche de pâte fine qu’elle étale bien puis pose le couvercle chaud. Elle renouvelle l’opération avec l’autre pâte qu’elle étale à la louche bien régulièrement puis va chercher le couvercle avec un gros bâton. Elle répète l’opération une vingtaine de fois, une épaisse couche de pâte à crêpe, une de crème. A la fin elle remet des braises sur le couvercle et laisse cuire 20 minutes supplémentaires. Quand le plat sera refroidi et transportable, Faric découpe des losanges dans le gâteau, la croûte est sèche, les couches du dessous sont moelleuses comme des crêpes et l’ensemble constitue un gâteau feuilleté, très bon.
Cuire le fli : première couche
Faric est restée plus de deux heures à manipuler des braises. Elle a tant transpiré qu’elle a besoin d’une douche. Elle revient avec ses cheveux bouclés humides lâchés. Comme nous sommes entre filles elle restera dévoilée sauf pour aller prier. Nous attendons 8h15 pour dîner ensemble. C’est un repas de ramadan bien copieux. Comme nous avons déjeuné à midi, nous y faisons honneur plus par politesse et gourmandise que par faim.
Repas de fête pour ramadan
Nous avons vraiment apprécié l’accueil de cette famille qui ne s’est consacrée au tourisme que depuis quelques mois et aimerions que le blog leur apporte des touristes. Je peux donner leurs contacts si vous êtes intéressés par un séjour!
Initialement, nous devions partir à 5h30 pour le ferry de 9 heures. L’agence a finalement réservé sur le bateau de midi. Cela nous arrange bien : nous pouvons profiter du petit déjeuner somptueux de l’Hôtel Panorama – mention spéciale pour le strudel aux pommes, noix et raisins – et les pommes dauphines. Les fruits rafraîchis, quetsches et pêches, sont maison et non industriels.
Nous faisons confiance à Madame GPS pour passer par un chemin caillouteux. Pour gagner quelques kilomètres Mme GPS nous envoie par des raccourcis hasardeux. Cette fois-ci, la route est longue sans voir le goudron. Étrangement, des belles maisons sont construites, on passe devant une épicerie, les enfants avec leurs cartables vont à l’école. Il existe donc des villages à l’écart des routes carrossables ! Un homme au volant d’une Range Rover s’arrête pour nous dire qu’il faut faire demi-tour : avec notre Clio, nous ne passerons pas.
Nous nous retrouvons une heure plus tard à notre point de départ à Kruja et décidons de ne plus se fier au GPS mais de suivre à la lettre les indications du Road Book qu’Albania Tradition a fait pour nous avec cartes et commentaires. Tout serait simple sans les déviations en centre-ville pour cause de marché, de chantiers, de contournement des agglomérations, sur des chemins de terre. A nouveau, nous perdons du temps et avons peur de nous égarer.
L’itinéraire emprunte une « autoroute » qui traverse la plaine côtière, par Lezhe et Shkoder. Il faut la quitter juste avant Shkoder en direction de Vau Dejes d’où part la route de Koman. Sur l’autoroute, nous regagnons un peu de temps perdu. Elle se transforme en deux voies ordinaires avant Lezhe. Je suis bien trop occupée à suivre la carte pour faire mes inventaires habituels de cultures, végétations, habitations. En dehors des stations service vraiment très nombreuses, pas d’enseigne de marques connues, certaines abandonnées, des grands restaurants routiers, il ne me reste aucun souvenir particulier de ce paysage de plaine.
Après Vau Dejes la route longe un lac de barrage aux eaux lisses et peu profondes enchâssées dans des montagnes arides et pierreuses – paysage très paisible après la grand route animée. Pour Koman, une seule route indiquée d’abord 30km. Comme il est 11h, nous prenons notre temps. Au début, la chaussée était en bon état en corniche au dessus du lac. Quand elle s’élève dans la montagne , le revêtement se dégrade, les nids de poules sont énormes. Nous n’arriverons pas à 11h30 pour l’embarquement. Nous n’arriverons peut être même pas à midi – heure du départ. Impossible d’aller plus vite. Il semble que les kilomètres sont beaucoup plus que 30, 35 km annoncés !Dans ces conditions, nous ne pouvons pas profiter du paysage et encore moins faire des photos.
11h50, il reste encore 4km avant Koman.
Koman est un lieu bizarre au milieu de nulle part. Un camp de camping – qui peut y venir camper ? ceux qui ont loupé le bateau ? Un chantier. Pas de bateau ni de port. Un mur de béton barre la vallée. Où est donc le port ? Au chantier, un vigile en uniforme marron nous indique la route qui monte vers la montagne ;
Il ne reste plus que 5 minutes !
On fait demi-tour, cette piste caillouteuse monte en tournant le dos au lac. Sûrement le vigile n’a rien compris. Si ! si ! C’est bien la route vers le ferry (trageto). On remonte sans conviction. La route bifurque, on se trouve à l’entrée d’un tunnel. Il est déjà midi quand on s’y engage. Le tunnel est long. Encore loin de la sortie, on s’immobilise à la queue d’une longue file de voitures à l’arrêt. Devant : deux gros autocars. Je descends aux nouvelles et pour acheter les billets.
koman : embarquement des derniers véhicules sur le hayon
Le bateau est encore à quai. Il reste de la place pour les voitures. On embarque d’abord les cars. Je tente ma chance:
-« j’ai une réservation !j’ai une réservation ! »
Le marin me tend sa liste écrite au stylo à bille:
-« cherchez votre nom ! »Je ne le trouve pas, rien à faire
-« Pas de problème ! » rétorque le marin.
Quand, finalement, la file se met en mouvement, il reste tout juste une place pour la Clio rouge. Entre temps on nous taxe 2€ « pour le tunnel ». Pas de ticket ni de talon. C’est sans doute une arnaque. Après toute cette course, nous sommes devant le bateau, nous n’allons pas faire des histoires pour 2€ ! Dominique trouve son prénom à l’envers de la liste. Je n’avais cherché que les noms de famille. On paie 31€. Les marins casent la voiture tout au bout. Ouf ! Le ferry peut appareiller, nous sommes à bord ! Un très gros SUV rempli de Chinois se pointe, on nous fait manœuvrer. L’arrière dépasse. Est-ce bien raisonnable ? Il suffit de ne pas relever le hayon. Et comme il y a encore un peu de place horizontalement, on y case une Mercedes noire étincelante et même une autre Mercedes au pare-brise étoilé remplie de bidons. Les policiers arrivent. Tout leur paraît normal. En revanche au bar au dessus du bureau des tickets, des chants résonnent « avanti poppolo… ». Un énergumène au fez blanc décoré de l’aigle bicéphale se démène avec ses compagnons de beuverie.
13h30, plus d’une heure après le départ prévu, le ferry s’ébranle, fait un majestueux demi-tour et retourne au port. Une camionnette débarque. Un frisson d’émotion parcourt l’assistance : un dangereux psychopathe serait à bord. Qu’attend la police pour l’arrêter ? murmure-t-on chez les vieilles dames à cheveux blancs qui parlent anglais. Le « psychopathe » s’est enfermé dans les toilettes pour femmes après avoir asséné un coup de poing au policier. Tous les marins viennent prêter main forte à la police. Sans résultat. La porte métallique est solide. Une vieille dame très digne arrive à le raisonner et lui faire ouvrir la porte. Sort le jeune qui chantait au bar, fin saoul.
Enfin le ferry peut quitter le port. Il est 14h. Deux heures de retard ; Entre temps le ciel s’est couvert, la criosière se fera sous les nuages. Le foulard turc n’est plus indispensable. Un marin apporte à Dominique une chaise. Nous sommes très tranquilles pour profiter du paysage.
Le Lac Komani est un lac de barrage sur le Drin qui en compte 3 celui de Vau i Dejes qui retient le lac que nous avons suivi jusqu’à Koman, celui de Koman dont nous parcourons avec le ferry la retenue, et en amont celui de Fierze dont le lac s’étend jusqu’au Kosovo. Comme les barrages se succèdent nous n’avons rien vu du fleuve qui se divise en deux branches , l’une se déversant dans le lac Shkoder l’autre dans l’Adriatique à Lezhe. La vallée noyée par le Lac Komani est très étroite. Les guides touristiques comparent le lac aux fjords norvégiens. Le lac s’étend sur 34 km est aussi très profond.
Parfois on navigue sur son miroir reflétant des forêts touffues, l’eau fendue par le navire fait un miroir déformant . Parfois les falaises nues forment un étroit défilé. Sur le pont supérieur règne une joyeuse ambiance de croisière ; Il y a même un DJ qui adapte la musique au paysage : passages romantiques dans le défilé, airs dansants folkloriques quand les rives s’éloignent. Tous les passagers dansent des rondes qui ressemblent à la Hora que je dansais en Israël, il y a bien longtemps. Peut être est-ce la même ? Je n’ose pas me joindre à eux, je n’ai jamais eu le sens du rythme. Jeunes et vieux, hommes et femmes font la farandole. Une grosse dame en leggings rose chair (vraiment peu seyants) mais avec une belle chevelure déployée saisit des serviettes en papiers et les agite gracieusement comme des mouchoirs.
Kruja : vue du balcon de notre chambre à l’hôtel Panorama
Notre voiture est une belle Clio rouge, le GPS connait l’Albanie.
Nous sortons facilement de Tirana par l’a route de l’aéroport et retrouvons le Sofitel délirant avec sa coupole ronde verte et ses statues monumentales en bronze qui m’évoque, je ne sais pourquoi l’Asie centrale ou la Chine. Un autre hôtel aux moellons marron singe un château fort avec tourelles et créneaux. Bizarreries architecturales !
Sofitel près de l’aéroport
Nous ratons la bretelle en direction de Kruje et arrivons dans un centre commercial. Laideur universelle des entrées des villes avec les concessionnaires automobiles, showrooms prétentieux, hangars des centres commerciaux ou artisanaux. Enfin, nous traversons une petite ville dépaysante. avec ses étals de légumes, pastèques et melons, aubergines et cerises et les friperies du marché. Nous quittons la plaine pour la montagne, la route s’élève en lacets dans une forêt et des oliveraies.
A une épingle à cheveux, une petite coupole verte surmonte un cube blanc Sari Saltik – justement au programme du Roadbook. Trois hommes sont assis devant le petit temple ; Un homme m’accompagne. Il me montre une pierre très lisse creusé d’une fente, trace du bâton sur lequel l’ermite s’appuyait. Aux murs, des portraits d’Ali, d’Hassan. Ils sont bektashis, musulmans libéraux « qui n’ont de soucis ni avec les catholiques ni avec les orthodoxes » selon le vieil homme qui me tend une coupelle que je prends pour une sébille. Je fonce à la voiture chercher de la monnaie. Erreur ! La monnaie doit aller dans une fente dans le sanctuaire ; Dans la coupelle, il y a des bonbons au café. « mais c’est Ramadan ! » je m’exclame. Apparemment, ces vieux ne jeûnent pas et ne s’attendent paas à ce que je le fasse non plus. Les bonbons c’est une récompense pour respecter leur culture. Le vieux me serre affectueusement (un peu trop à mon goût).
Selon le Road book il y aurait un très beau point de vue près de la grotte de l’ermite. On engage bien imprudemment la voiture sur une piste creusée d’ornières. La Clio est très basse, nous faisons rapidement demi-tour, mais la manœuvre est laborieuse.
Beaucoup de virages plus loin, et beaucoup de camions chargés de pierres des carrières voisines, la ville de Kruje est bâtie à flanc de colline, quelques immeubles dépassant l’étagement des maisons font tache.
ville de Kruja
L’hôtel Panorama est le plus grand établissement de la ville. Signalé par de grandes banderoles, il est facile à trouver. Ses balcons regardent la citadelle.
Deux parkings sont prévus pour les voitures de tourisme au bas de la colline. La carte « handicapés » permet d’ouvrir les bornes rétractiles barrant la vie piétonnière. Dans de belles maisons ottomanes on a installé des hôtels ou des guest -Houses. Les propriétaires se manifestent « vous avez une réservation ? » dit un monsieur « Venez donc déjeuner chez moi » dit une dame. C’est charmant, de petites terrasses sont aménagées sous des tonnelles de vigne chez la dame, sous des cannisses chez le monsieur. On regrette d’être à l’hôtel.
La tour de l’hOrloge
Je monte à la Tour de l’Horloge, tour carrée coiffée d’un toit à 4 pans, un carillon avec les cloches des églises environnantes y était installé. Il semble maintenant abandonné.
Un petit troupeau de moutons à la laine épaisse et propre, déambule dans les herbes odorantes ;
Plus bas se trouve le « château de Skanderbeg » entre guillemets parce que terminé en 1988 à l‘initiative de la fille d’Enver Hoxha. Bâtiment de pierre claire. Le donjon carré porte l’aigle bicéphale, ses fenêtres sont en arcades romanes. Il est flanqué d’un côté d’une terrasse de l’autre de trois pavés en escalier. C’est un monument assez harmonieux qui ne ressemble pas du tout à une citadelle médiévale. L’intérieur est un mausolée ou plutôt un cénotaphe. Dès l’entrée on découvre un groupe sculpté dans du calcaire blanc : Skanderbeg et ses compagnons. Deux gardiens illyriens sont postés à la porte de la salle suivante. Au fond, une fresque illustre une bataille opposant Pyrrhus aux Romains. (Bénéventum 275 av JC ou Héraclée 280 av JC ?). Les objets sont bien présentés : monnaie illyrienne, bouclier rond, un casque, des jambières….D’autres salles racontent Kruja au Moyen Âge, puis les conquêtes ottomanes. Une salle est couverte de fresques réalisées en 1882 par trois artistes différents.
Skanderbeg et ses compagnons
Les répliques des armes de Skanderbeg portent la devise INPERATOREBT
Jesus Nazareth Principe Epire Roi Albania Terreur des Ottomans.
Le casque porte la dépouille d’une bête à cornes. La suite du musée présente des souvenirs de Skanderbeg, le plus souvent des fac-similés de textes diplomatiques, des gravures du héros, des tableaux modernes, des bustes géants. Je me lasse vite.
Musée ethnographique de Kruja : maisonToptani
Le Musée ethnographique, en revanche est une véritable merveille. Il est aménagé dans la très belle maison de la Famille Toptani – construite en 1764, solide maison blanche à étage avec des escaliers extérieurs.
Au rez de chaussée, le berger logeait au dessus du troupeau dans une sorte de mezzanine ou cabane en bois sous la maison. On voit le billot du boucher, l’alambic et une cuve pour refroidir la rakia, un moulin à farine, un pressoir à huile, la fabrication des chapeaux et des fez…
costumes des albanaises
A l’étage vivait la famille des propriétaires. Comme dans les Maisons-musées que nous avons visitées en Bulgarie les pièces sont réparties autour de l’entrée avec le salon des femmes et le salamlik, le salon des hommes. Dans le salon des femmes sont exposés des costumes d’une finesse inouïe. Le salon des hommes est plus vaste, plus décoré avec de belles fresques, des armes, des pipes et de plus belles armoires aux découpes caractéristiques à la silhouette d’un flacon élégant. Des ouvertures en hauteur permettaient aux femmes et aux enfants de surveiller les réceptions sans être vues. Comme en Bulgarie, on mangeait sur des tables basses rondes presque des plateaux posés au ras du sol. Les cheminées ont leur manteau métallique arrondi, peint en blanc et stuqué. La famille riche possédait un petit hammam avec une coupole ajourée et des bancs de marbre. Une salle contenait le métier à tisser.
salamlik
Nous avons déjeuné au restaurant Merlika sous les canisses en bordure de la falaise avec une merveilleuse vue sur la montagne blanche qui a valu son nom à l’Albanie. Pizza pour Dominique et salade grecque pour moi(pas d’olives) un verre de blanc et du café 1700 lekë(12€) . Nous prolongeons l’après midi sur la terrasse jusqu’à ce que le soleil tourne et qu’il n’y ait plus d’ombre.
Notre chambre à l’Hôtel Panorama est agréable, le balcon est à l’ombre et donne sur la tour de l’Horloge et la citadelle.
Un fin minaret effilé comme un crayon se trouve à une vingtaine de mètres. J’aime cet appel à la prière qui me transporte en Orient alors que nous sommes à un jet de pierre de l’Italie.
Kruja restaurant Merlika
Le vieux Bazar est u marché touristique dans une rue ondulante qui épouse une courbe de niveau. Des maisonnettes de bois aux toits de tuile sont accolées ; les toitures se chevauchent presque. La rue est dallée de galets ronds très lisses et très glissants. Une rigole court au milieu de la rue ; Proposés à la vente, des tapis avec beaucoup de rouge, des motifs imitant l’aigle albanais. Les kilims me font bien envie comme les chaussettes multicolores en jacquard jolies mais bien rêches et peu confortables. Tissées sur places, nappes et écharpes. Ce qui me plairait c’est un moulin à café ancien en cuivre.
au bazar de Kruja
Comme nous avons bien mangé au restaurant, nous nous contentons d’un börek aux épinards et un au fromage en regardant la lumière changer, le soleil se coucher et les monuments s’illuminer.
Bonne introduction au voyage : le Musée Historique va nous donner des pistes!
Malgré le chantier le Musée est ouvert. (200 leke). La façade est très réussie. Commandée par Enver Hoxha, elle fut inaugurée en 1981, représente « l’élan du peuple albanais vers son indépendance et son identité ». Au centre, Mère Albanie est encadrée par un ouvrier communiste et un partisan. Les autres personnages sont un guerrier illyrien, deux combattants de Skanderbeg, l’écrivain Naim Frasheri et des partisans armés. L’œuvre communiste originale fut remaniée en 1992 et 2011.
L’Histoire de l’Albanie commence à la Préhistoire
25.000 -12000 : grotte de Trenit Korça
7000 – 3700 : Néolithique poteries et statuettes anthropomorphes, certaines statues féminines me font penser aux idoles cycladiques.
1050 – 500 : Âge de Bronze : parures avec fibules, céramiques sophistiquées rappelant les vases grecs, pétroglyphes avec des silhouettes anthropomorphiques très géométriques.
Antiquité Grecque et Romaine
3ème siècle av JC l’Etat illyrien alliés aux Macédoniens guerroyaient contre les Romains.
Invasions barbares et époque byzantine
Après les Avars, le Huns, les Slaves déferlent sur les Balkans. Les 3 états illyriens dans l’empire byzantin gardèrent leur originalité ethnique. Durant l’époque byzantine de très nombreuses fortifications et châteaux forts protégeainet le territoire contre les envahisseurs
11ème/12ème siècle : des révoltes éclatèrent dans Byzance. Le royaume bulgare étendait sn pouvoir. 1016, défaite des Bulgare par les Byzantins.
12ème/13ème arrivée des Normands puis des Hohenstaufen jusqu’à la mort de Manfred en 1266 Les Anjou soumettent l’Illyrie jusqu’en 1272
13ème/14ème : les familles albanaises administrent la région . Une reconstitution de la citadelle de Berat illustre cette époque.
1354-1402 conquête ottomane.
14.5-1468 Skanderbeg et sa famille Kastrioti ont régné sur l’Albanie. Toute une salle du Musée est dédiée à Skanderbeg avec une grande statue, une fresque et des armes d’époque, parfois des fourches de bois.
Les salles suivantes illustrent une époque nettement postérieure :
Renaissance Nationale : de la fin du 19ème siècle à l’Indépendance en 1912. Une série de photographies sépia ou Noir et blanc montrent des moustachus portant le fez et parfois la fustanelle. Un luxe de détail en albanais sans traduction rend la visite monotone pour les non-albanais qui ne connaissent rien de ces combattants.
Une salle est consacrée au Roi Zog, puis un « couloir anti-fasciste » mériteerait sans doute plus de traduction. En revanche la belle salle rouge des icônes retient plus mon attention, mes préférées sont une Dormition de la Vierge et un Saint Dimitri entouré de saynettes vivantes.
La mosquée et l’Horloge
place Skanderbeg
La petite mosquéeEt’hem bey est à côté de la Tour de l’Horloge, tour carrée surmontée d’un toit à quatre pentes. Vide, un escalier métallique permet d’accéder à la terrasse d’où il y a une belle vue.
La mosquée est peinte de motifs floraux ou de paysages de campagne ou de villes. Il faut se déchausser pour entrer dans al salle de prière. Je déplie mon voile turc de Beysehir. Grand sourire de l’assistance, un peu clairsemée malgré le Ramadan. La coupole est peinte de guirlandes de fleurs. La salle est exigüe. Elle est charmante avec son balcon pour les femmes.
LA
Promenade Boulevard Deshmoret e Kombit
Ce matin Armand avait désigné le long boulevard Deshmoret e Kombit (avenue des Martyrs) comme Les Champs Elysées de Tirana. C’est une promenade agréable et facile pour terminer l’après midi, partant de la place Skanderbeg entre les ministères. Bordé d’espaces verts, les pins parasols magnifiques lui donnent un air d’Italie (à la suite des ministères italiens), il est agrémenté de monuments divers : Une bizarre sculpture métallique en ferraille d’un japonais, en face un monument des lettres formant le nom de Tirana peintes de blanc, rouge noir un peu à la manière d’un Dubuffet. La Pyramide « mausolée d’Enver Hoha » fut inaugurée en 1988 pour son anniversaire posthume de 80 ans. Avec ses triangles rayonnant elle est en piètre état portant des antennes pour téléphones mobiles et des peintures comme des tags.
La pyramide
J’ai bien aimé les vendeurs de livres qui exposent les ouvrages les plus variés, manuels scolaires de mathématiques, albums pour enfants, le Théâtre de Sophocle et Le Petit Prince, pour ce que j’ai reconnu.
La rivière Lana coule dans un canal cimenté, elle est vraiment très petite.
Le boulevard se termine dans un cul de sac formant la Place de Mère Théresa. Au fond un grand bâtiment à étages a une silhouette sévère. Le Musée Archéologique est précédé d’une colonnade à piliers carrés, mussolinienne ou stalinienne ? Le troisième côté de la place est un institut artistique d’où s’échappe de la musique classique.
Après une bonne douche , nous terminons l’après midi sur la terrasse encadrée de verdure de l’hôtel puis allons dîner un peu plus loin dans la rue, dans un restaurant qui a affiché sur sa façade, ses plats sous forme d’images. Le patrontrès aimable, parle anglais. Nous commandons quatre köfte (25 leke chacune) une salade de concombre tomates, olives et oignon. Les légumes sont d’une fraîcheur et d’un goût incomparable. Ils semblent frais cueillis du jardin. Le pain est en petites miches rondes sans croûte dans laquelle on a incisé une croix. Nous avons aussi commandé ce que nous croyions être de la sauce au yaourt mais qui se révèle être du ragoût avec de petits morceaux de viande dans une sauce blanche.
Les nuages cachent la Champagne. Des montagnes enneigées émergent, nuages comme des grumeaux dans un paysage fantastique. Suisse ou Italie ? Je reconnais le Delta du Pô, la lagune de Venise. A peine quelques minutes pour traverser l’Adriatique, les îles croates s’égrènent, les montagnes calcaires ont des formes bizarres. Mur vertical entaillé. L’avion perd de l’altitude au dessus des bouches de Kotor, fjord bleu profond, toits rouges. On arrive à Tirana par la mer après avoir survolé une lagune ou un marais. A l’aéroport, les formalités de police sont interminables. Devant les tapis des bagages, une dame nous fait cadeau d’une pièce pour prendre un caddie. Mauvaise surprise : une roulette de ma valise est cassée.
Armand d’Albania Tradition venu nous accueillir parle vraiment très bien français. Je lui soumets une batterie de questions, pratiques comme les horaires des repas mais aussi une littéraire : je suis en train de lire La Provocation de Kadaré. Quel est donc cet ennemi à la frontière, en 1960 qui menace l’Albanie ? Réponse d’Armand, c’est la paranoïa du Dictateur qui voyait des ennemis partout. Un autre témoignage de cette paranoïa est la construction de bunkers comme des champignons.
Skanderbeg dans les palissades et échafaudagesplace Skanderbeg
La place centrale de Tirana, la Place Skanderbeg est en chantier. On a banni les voitures pour la daller. Elle est comprise entre le Musée d’Histoire surmonté d’une mosaïque colorée, l’Opéra, la petite Mosquée d’Et’hem Bey. A son extrémité en demi-lune, des ministères furent construit par des architectes italiens à l’initiative du roi Zog, jaune et rouge sang (couleur maison des cantonniers en Italie) persiennes vertes à l’italienne, colonnes plaquées et têtes casquées.
Petite mosquée peinte
Près de la mosquée, il y a une église, un peu plus loin, la cathédrale orthodoxe. Le Ramadan vient de commencer. J’avais peur que cela nous gène pour manger. Aucun risque, nous rassure Armand. Si la population est officiellement musulmane, les Albanais ne pratiquent pas. Dans la première journée je verrai tout juste une demi-douzaine de femmes voilées. Les autres sont en tenue légère puisqu’il fait 31°C.
Hôtel Comfort – Rruga Fortuzi a une terrasse couverte encadrée par deux murs végétalisé : du lierre, de a vigne vierge du chèvrefeuille et bignone y grimpent tandis laurier-palme, olivier et même un épicéa ont été taillés pour avoir un port vertical. Des pots de céramique vernissée (mais vides) sont accrochés pour apporter leur touche de couleur. Le mobilier est moderne avec des fauteuils en faux rotin gris. Les nombreux consommateurs de tout âge, hommes, femmes, enfants mélangés, sirotent des cafés ou boivent des bières.
Notre chambre est confortable. Elle a une grande salle de bains mais aucune vue.
Première course : la banque ou plutôt le guichet automatique. Celui de la Société Générale d’Albanie traduit les instructions en Français, mais il faut faire une curieuse manipulation pour demander des billets de 500leke, comme je ne comprends pas et qu’il m’en faudrait beaucoup pour obtenir les 30.000 leke que j’ai commandé, je renonce.
La pyramide
A Tirana, on ne risque pas de mourir de faim. Je trouve des Beureks aux épinards feuilletés triangulaires excellents et des roulés au fromage, un peu mous moins bons que les épinards. Les terrasses des cafés et des restaurants sont très animées. Conjugué avec le prix modique des consommations, Il ne faut pas s’en priver(un café 0.70 leke, O.5€). L’embarras est de choisir : des parasols bleus foncés, pour être bien à l’ombre, la WIFI, un endroit stratégique face au Musée Historique.
Trois micro-romans, annonce l’éditeur. quelle différence entre un micro-roman et une nouvelle?
Ce recueil est du point de vue chronologique hétéroclite, Un climat de folie, le premier a été rédigé en 2004 tandis que Jours de beuverie est une oeuvre de jeunesse publié en 1962.
J’ai lu, il y a maintenant bien longtemps Avril Brisé que j’ai tellement aimé que je l’ai offert, Le Palais des rêves, Le Pont aux trois arches, Le Général de l’armée morte sont toujours en bonne place sur mes étagères. A la veille d’un voyage en Albanie, j’ai voulu découvrir d’autres oeuvres de Kadaré.
Un climat de folie ne m’a peut être pas éblouie comme les précédents mais j’ai beaucoup aimé les deux premiers micro-romans, peut être moins Jours de beuverie.
Un climat de folie est un livre très personnel puisque l’auteur – enfant au regard naïf – raconte un épisode de la vie de sa famille. C’est un roman burlesque. Chaque personnage est affligé de sa folie douce spécifique dans une Albanie communiste où règne une folie politique : le Parti Communiste est à la fois au pouvoir et interdit donc clandestin. Le roman se déroule au moment précis où le parti émerge au grand jour. J’ai retrouvé le même comique burlesque dans les romans roumains, et peut être n’est-ce pas un hasard. Dans l’interview télévisé d‘Un livre Un jour, (voir ci-dessous) Kardaré dit :
« dans l’empire communiste le tragique et le grotesque vont ensemble »
La Morgue est aussi un roman exploitant cette veine. Un sous-lieutenant au physique rébarbatif, épouse la fille noble de la beyleresse, ci-devant reléguée dans une province reculée. Ce mariage va entraver la carrière du marié, comme une tache sur son dossier. Renvoyé de l’armée, employé comme simple comptable dans un entrepôt de bois de chauffage, le héros va tenter de regagner les faveurs de la hiérarchie au prix de compromissions, faveurs en nature, flatteries… une critique encore grotesque de cette société albanaise sous le communisme.
J’ai moins accrochéau Jour de beuverie, les beuveries des deux étudiants à la recherche d’un manuscrit bien innocente mais qui éveille les soupçons.
Après la Grèce, la Croatie, la Roumanie, la Bulgarie et la Turquie, il m’est venu l’envie de compléter l’exploration des Balkans vers l’Albanie.
L’agence locale albanaise qui nous a construit le circuit, nous a proposé des incursions dans les pays voisins, Monténégro, Kosovoet Macédoine… Si bien que le carnet qui s’ouvre ne sera pas Albanais, ni Yougoslave (cela n’existe plus) et se retrouve balkanique pour englober tous les pays que nous nous proposons de visiter.
Qu’allons nous découvrir? Je ne sais pas encore. En un mois nous aurons le temps de voyager à petite vitesse.
Comment préparer? pas facile de trouver les bons guides, bons ou mauvais, il n’y en a guère en dehors du Petit Futé qui a le mérite d’exister. L’agence nous promet un road-book de 80 pages. Je leur fais confiance.
Préparer avec de la littérature?
Kadaré bien sûr, 1est un écrivain prolifique, je pourrais lire ses oeuvres pendant tout le mois. Mais il me faudrait une valise-bibliothèque, les éditeurs ne sont pas pressés de numériser les livres qui existent en collection de poche.
J’ai élargi le périmètre à toute l’ancienne Yougoslavie et trouvé un autre écrivain majeur Ivo Andric (prix Nobel 1961) et c’est une belle découverte.
Je vais relire le livre de Maspéro :Balkans– Transit, relecture donc mais tout à fait appropriée.
Milienko Jergovic est Croate, Ruta Tannenbaum se déroule à Zagreb, c’est un peu éloigné….
Et j’en ai d’autres dans la valise, mais pas trop!
Donc, pour un bon mois, le blog sera en pilotage automatique, de nombreux billets sont dans les tuyaux. Rythme un peu ralenti. Je lirai sans doute vos commentaires sur le smartphone quand il y aura de la Wifi, mais il n’y en aura pas partout, et hors de l’Union Européenne, le roaming est un gouffre financier, je ne promets pas d’y répondre.