Athènes : Musée Cycladique- En conclusion du voyage….

CARNET DES CYCLADES

3 idoles cycladiques

Mardi 3 juillet : Retour à Athènes

Le taxi pour Merichas vient nous chercher à 15h30 alors que le bateau part vers 18h pour le Pirée ;Dionysos Solomos est très en retard. Il fait très chaud dans le hall où on attend le ferry, le soleil cogne

La nuit est tombée quand nous arrivons au Pirée vers 22h. Le taxi emprunte une route un peu détournée par le périphérique sur le conseil du GPS. Il est 23h quand nous arrivons à l’hôtel Economy.  Nous retrouvons nos habitudes. Demain sera notre dernier jour en Grèce.

Mercredi 4 juillet : dernier jour à Athènes

idole cycladique

Il est logique de conclure ces vacances dans les Cyclades par une visite au Musée Cycladique 

 3200-2000 av. JC  « Early cycladic »

Dès le Néolithique on a vu circuler l’Obsidienne de Milos, quels étaient donc les premiers bateaux ?  Il semble qu’ils étaient de type canoë, de 15 à 20 m de long avec 20 à 25 rameurs et qu’ils pouvaient parcourir une distance journalière de 40 à 50 km.

Les figurines étaient-elles peintes ? Oui, les yeux, les sourcilson a retrouvé des traces d’oxydes de fer, ocre et cinabre mais aussi azurite et malachite .

A quoi seraient ces figurines ? trouvées dans les tombes on pense que c’étaient des objets rituels.

grande idole cycladique

représentaient-elles les figurines ? Les figurines féminines les plus nombreuses (90%), bras repliés représentaient peut-être la fertilité. Quelques figurines représentaient des femmes enceintes. Elles sont présentées au musée verticalement mais elles étaient probablement couchées (d’après la position des pieds) les bras repliés suggéraient la mort. Je remarque un étonnant porteur de coupe (2800-2300) sans attributs sexuels. Il y avait aussi quelques représentations masculines. En plus des figurines féminines variées, des récipients de marbre représentent des animaux (cochon, oursins ou plat des colombes.

petitcochon de marbre

Comment étaient faites les figurines ?

Pour sculpter une figurine de marbre :

  1. Traçer sur le bloc de marbre
  2. ôter le matériel en trop avec des outils à percussion faits d’émeri
  3. limer avec des outils de pierre
  4. inciser avec des pointes aiguës d’obsidienne et d’émeri

La salle du fond présente des « géantes » de 60 cm à 1 m.

A la fin de cette période, vers 2000 av JC : l’apparition de la marine à voile demandait d’autres ancrages, d’autres ports se développent. Développement d’autres formes en céramique. Egalement des mouvements de population et des changements climatiques

2000-1600 : Civilisation Minoenne. Les Palais Crétois furent bâtis autour de 2000. Apparition d’une écriture Linear A

1600-1200 : civilisation mycénienne Linear B. Le commerce devient extensif jusqu’en Italie. Les mycéniens avaient des sanctuaires mis leurs croyances s’exprimaient mieux dans les cérémonies funéraires représentées ici

musée cycladique chevaux

1100-700 Période géométrique : fin de l’âge de Bronze marquée encore par des mouvements de population les Doriens du Nord vers le sud.

Création des premières villes, l’alphabet grec fut adopté vers 800 av JC. L’état-cité prend sa forme définitive.

Je me suis moins intéressée à la période classique ou romaine.

george condo

Les 3ème et 4ème étages sont fermés.  Dans un autre bâtiment : Exposition de l’artiste contemporain George Condo né en 1957 New Hampshire

George Condo

 

 

 

 

 

 

La Verrerie – Mènis Koumandarèas

LIRE POUR LA GRECE

Koumandarèas est l’auteur d’un charmant livre Le fils du concierge

que j’avais bien aimé. La Verrerie est de la même veine quoique, plus long et plus abouti. La Verrerie est un magasin de luminaires à Athènes situé dans le quartier de l’Usine à Gaz encore en activité, tenu par un couple Bèba et son mari Vlassis. Quand ils étaient jeunes Béba et Vlassis étaient militants. Au début du roman, c’est un couple tranquille qui s’ennuie un peu, vie une vie tranquille avec deux amis célibataires un peu décalés. Vacances à Nèa Makri, samedi soir au restaurant La  Petite Friture, une vie un peu monotone que des tournées chez les fournisseurs en province, Lamia, Patras, Volos ou Thessalonique tendent de ranimer. Parfois Bèba va seule dans une pâtisserie, elle est séduisante et le sait.

Il semble que rien ne peut se passer. Et pourtant Vlassis est hospitalisé, victime d’une grave dépression. Bèba se trouve un amant. Spyros et Vassos se retrouvent aux commandes de la Verrerie. Croyant faire des affaires, ils mènent le commerce à la faillite. Bèba, tentera de sauver son entreprise. Malgré tout, c’est une femme énergique!

C’est donc surtout le portrait de cette femme courageuse. Les personnages secondaires ne sont pas négligés. C’est aussi le portrait d’une époque, de la  Grèce sous la botte des colonels.

C’est un livre tout en finesse. D’où vient son charme? difficile à dire et ce charme opère. Une lecture bien agréable!

 

 

Offshore – Petros Markaris

LIRE POUR LA GRECE

Je lis avec toujours grand bonheur les polars  de Petros Markaris pour le plaisir d’un bon polar, bien sûr., il n’est pas obligatoire de connaître Athènes et  la Grèce pour suivre l’intrigue bien conduite.

Je me suis attachée au Commissaire Charitos, humain, perspicace, mais surtout tenace, qui ne lâche pas l’affaire même si, plus haut,  on lui intime l’ordre d’abandonner. J’ai vu Katarina, sa fille, se marier, faire carrière comme avocate et juriste, Adriani, sa femme, parfaite maîtresse de maison, mitonner ses petits plats pour réjouir sa famille, même dans les moments les plus difficiles. J’ai suivi Zissis, l’ancien communiste, toujours au service de la bonne cause… Tous ces personnages racontent une Grèce actuelle, plutôt traditionnelle pour Adriani, plus moderne pour Katarina et son mari, aux prises avec la Crise. Comme souvent, l’auteur de polar fait mieux sentir le quotidien que le sociologue ou le journaliste.

Justement! quand Offshore débute, la Crise est terminée!

Par quel miracle économique, le salaire des fonctionnaires est-il augmenté? L’optimisme gagne les consommateurs. Les voitures ressortent et les embouteillages de fin de week-end paralysent les routes comme au bon vieux temps d’avant la Crise.

Ainsi commence le roman, dans l’enthousiasme béat de la Croissance retrouvée. Sauf que les homicides suspects se succèdent : Lalopoulos, impliqué dans des affaires de pots de vin, de marinas et de blanchiment d’argent est une victime bien ordinaire et l’affaire ne semble pas très compliquée. la seconde victime est un armateur, gros poisson, cet assassinat est une affaire plus délicate.

« C’était qui ce Hardakos? – L’un des grands armateurs que nous ayons; Enfin, façon de parler. Ce n’est pas nous qui ‘avons, mais les Anglais.[…] -On se tue à réclamer les marbres d’Elgin aux Anglais. C’est nos armateurs qu’on devrait récupérer. Si nous avion deux sous de cervelle, c’est ça qu’on leur proposerait : gardez les marbres, rendez les armateurs »

Mais quand on trouve mort un journaliste qui, justement enquêtait sur ces disparitions, ces meurtres qui s’enchaînent embarrassent la hiérarchie et Charitos est démis de l’enquête…..Je n’en dirai pas plus.

Roman prémonitoire! En Grec, Offshore est paru en 2016. Les Panamas papers sont parus presque en même temps!

Et pour une coïncidence, ce n’est pas la seule. « La Grèce est sortie de la Crise! » a-t-on pu lire récemment dans la Presse. Sortie, peut être mais exsangue! La TVA à 24% sur les denrées alimentaires, cela plait peut être aux créanciers, moins au consommateur!

Et si on veut continuer le jeu des ressemblances : que dire de ces politiciens quadragénaire du mouvement ETSI qui ont quitté tous les partis, ni-droite/ni-gauche…jeunes affranchis de toute idéologie….qui subventionnent les entreprises , mais pas les retraités…

« tu as des nouvelles pour les retraites? demande Zissis-« elles attendront. On dit qu’on va d’abord stimuler les investissements, pour doter la croissance et l’emploi, quant aux retraites on verra plus  tard. »[….]-« Lambros, toi qui as tout vu et tout vécu, lui dis-je plaisantant à moitié, as-tu découvert quelque part d’où vient l’argent? » – « Toi qui es chrétien, tu ne devrais pas me poser cette question, » répond-il sérieusement – Pourquoi? – « parce que les Écritures saintes ne cessent de répéter qu’on n’a pas besoin de savoir. « crois et ne cherche pas » qu’est-ce que cela veut dire? crois que tu vas recevoir et ne te demande pas d’où. Et « Donne-nous notre pain quotidien »? Seigneur, donne-moi à manger, peu m’importe où tu trouveras mon pain demain …. »

Non seulement Markaris décrit avec vivacité le quotidien des Athéniens, mais il le fait avec humour, et j’ai beaucoup souri et même ri.

 

 

 

 

Athènes : Lykaion et Musée Benaki

CARNET DES CYCLADES

Athènes néo-classique :le Musée Bénaki

20 minutes pour arriver au Musée Bénaki : par Syntagma puis Vassilis Sophias. Je passe devant l’Ambassade d’Egypte, l’Institut culturel français, italien…je me régale d’affiches, d’expositions et de concerts, Debussy… Le Musée Benaki est très bien logé dans un hôtel particulier le perron donne sur un jardin planté d’orangers avec une pergola de bougainvillées. Il n’ouvre qu’à 10h alors que mon téléphone magique avait annoncé 9h. Toujours sur Vassilis Sophias, le Musée Cycladique ouvre aussi à 10h.

Lykaion

De l’autre côté de l’avenue, le Lykaion est un site archéologique dans un jardin assez ombragé et agréable. Le site n’est pas spectaculaire : un quadrilatère en creux. Des vitres protègent les fouilles. De jeunes oliviers, des fenouils libèrent leur arôme. Le site fut découvert en 1996 lors de la construction d’un centre d’art contemporain (abandonné après identification du Lykaion).

Les panneaux explicatifs détaillés parlent à mon imagination :

Le premier gymnase date du 6ème siècle. Des terrains de sports étaient situés près de l’Ilyssos, non loin de l’Olympéion. Une photographie ancienne de 1910 des rives de l’Ilyssos montre un paysage bucolique. On retrouve des fossés de drainage et des canalisations antiques L’eau était indispensable pour les soins du corps partir de.  A partir du 5ème siècle il existait des bains publics, mais de dimensions restreintes Les bains ne devinrent populaires qu’à l’époque hellénistique.  Le plus grand bâtiment était la palestre, vaste cour presque carrée entourée de portiques, autour, des pièces fermées : éphebéion, Elasthesion ( ?) .

lykaion fleuri

C’est ici que fut lue l’œuvre de Protagoras comme Platon l’a rapporté. Le site était fréquenté par Socrate. Platon y a établi l’Académie, Aristote, le Lycée. D’après Aristophane et Xenophon, le terrain d’entrainement des hoplites. Un panneau dédié à Aristote nous apprend qu’il entra à l’école de Platon et y resta jusqu’à la mort de ce dernier en 347. Aristote marchait avec ses élèves (péripato). Après la mort d’Alexandre (323av JC) le climat d’Athènes lui devint hostile et Aristote retourna à son lieu de naissance en Chalcidie.

Il y avait également un sanctuaire d’Apollon : Apollo Lykieos.

Musée Benaki

Exposition Joan Fermor

Exposition temporaire The Photographs of Joan Leigh Fermor

Joan Leigh Fermor, née en 1912, photographe a rencontré Paddy Fermor au Caire en 1944 après des missions à Alger et à Madrid. Elle a cessé la photographie dans les années 60 sauf pour prendre en photo leur maison de Kardamyli ( Magne). En 1996, Joan et Paddy Fermor ont fait donation de la maison à la Fondation Benaki.

Cette visite est une promenade merveilleuse dans les paysages de la Grèce encore intacte des années 50. Elle livre aussi des photos de vacances. On croise Margot Fonteyn…

Le 3ème étage du Musée Benaki est dédié aux Guerres d’Indépendance de la Grèce au 19ème siècle

Exposition Guerres d’indépendance de la Grèce

Des tableaux montrent les massacres de Chios, l’évacuation de Parga (1819, CF Ali Pacha), Missolonghi où est mort Byron. Certains sont   peints par des artistes connus -Vernet ou Scheffer – ou inconnus (de moi,  par des artistes locaux et il y a  même des peintures populaires naïves. Grands  portraits d’hommes en costume oriental, fez rouge et turbans, fustanelles ou costumes européen. Batailles  navales qui me rappellent le musée de Kotor vu l’an dernier.

musée Bénaki : costumes

De grandes vitrines contiennent des mannequins présentant les costumes folkloriques parfois très variés de l’Epire, la Thrace, la Macédoine ou des îles. Les personnages sont mis en scène devant des paysages d’époque. Je suis émerveillée par la qualité des reconstitutions, l’abondance des collections. Je filme et oublie de prendre des notes. Comment décrire toute cette accumulation de meubles, gravures, panneaux peints, broderies, assiettes…Des salons entiers sont remontés avec meubles, boiseries et plafonds (un peu comme en Bulgarie), murs peints, cheminées ottomanes, tables basses, cuivres….

musée Bénaki

Une église entière a été remontée avec son iconostase. Aux murs, une collection d’icônes. Ma préférée est l’Adoration des Mages. L’Hymne acathiste ressemble à une bande dessinée rouge et dorée d’une infinie finesse.

Musée Bénaki : art populaire

Au rez-de-chaussée : Antiquité et période Byzantine

Après les visites dans les étages, ma concentration s’est émoussée. Je note les éléments les plus spectaculaires qui m’ont étonnée :

Un epitaphios, sorte de linceul pour le Vendredi Saint brodé de croix dorées et de fils d’argent est un véritable trésor.

Les portraits du Fayoum.

Je passe blasée devant la vaisselle antique peinte, j’ai eu mon content d’Antiquité sur l’Acropole hier !

Musée Bénaki : antiquité

Il faudrait revenir.Comment suis-je passée toutes ces années à Athènes sans visiter le Musée Benaki ?

Le Musée de l’Acropole

CARNET DES CYCLADES 

Musée de l’Acropole

Ma première visite ne m’avait pas convaincue. Peut être à cause de l’interdiction de photographier, pour le blog, c’est frustrant ? Le vieux Musée Archéologique me plait davantage.

Les pentes de l’Acropole

Une salle sombre et en pente présente les objets retrouvés justement sur les pentes de l’Acropole. Dans les vitrines se trouve principalement de la vaisselle et divers objets de terre cuite, même des jeux, poupées et osselets.

Les sculptures et objets sont regroupés selon les différents sanctuaires aux abords de l’Acropole : la Maison de Proclos (437-485 après JC) était un temple miniature. On y pratiquait des sacrifices : on y a trouvé des ossements de porcs le couteau et la table sacrificielle (une sorte de cube creusé en sa face supérieure décoré de bas-reliefs.

Une colonne avec un serpent supportant un homme raconte le culte de Heroon Blauto .

La Boite à Trésor d’Aphrodite (pour les donations) est un cube creux en deux parties.

Les statues et bas-reliefs du sanctuaire d’Asklepios et ceux du Théâtre de Dionysos sont plus imposants : belles statues, grands masques. Dionysos porte un masque de théâtre.

Hekatompedon

Un escalier de verre très imposant conduit le visiteur au 1er étage devant le grand fronton de l’Hekatompedon – temple archaïque de l’Acropole, long de 100 pieds (d’où son nom), en calcaire, d’ordre dorique. On reconnait un taureau tué et dévoré par des lions, Typhon tué par Zeus. Typhon possédait trois corps entrelacés et enroulés avec  3 têtes symbole des   trois éléments. Malgré le combat, leurs visages aux barbes soignées étaient souriants « parce que les sculpteurs archaïques ne savaient pas représenter les visages autrement que souriants » explique un conférencier. De nombreux vestiges de ce temple sont réunis. Sur un « fronton rouge » on voit le combat entre Hérakles et Triton.

Les statues archaïques.

Les statues archaïques du 6ème siècle sont réunies dans un hall perpendiculaire au fronton/ Ces statues, toutes en finesse, sont délicatement décorées – cheveux et barbes bouclées, crinière des chevaux, plis des draperies. La polychromie était sophistiquée. Un guerrier perse à cheval avait ses cuises et jambes peintes de motifs en losanges multicolores, comme des pantalons ou des leggings. Une koré porte un habit drapé bordé d’une frise bleu-noir « à la grecque » épousant précisément les plissés du tissu.

Guerre des Perses

Un panneau raconte les guerres des Perses au début du 5ème siècle (Marathon 490 av. JC). Beaucoup de statues avec l’intrusion des Perses ont subi des dommages. L’Acropole fut réduite en cendres : les traces de l’incendie sont encore visibles sur certaines statues (bloc 38). Une autre conséquence de la guerre avec les Perses fut l’unification des Grecs dans la Ligue de Délos

Au 5ème siècle, les statues s’individualisent. On peut citer leurs auteurs comme la Niké de Kallinachos perchée sur une colonne. Un guide, en passant fait remarquer aux touristes que ces statues présentées dans le musée à la hauteur de nos yeux étaient toutes posées sur des colonnes.

Caryatides de l’Erechtéion

Après la déambulation parmi les statues nous arrivons au bout de la salle pour découvrir, de dos, les caryatides. Je n’aurais pas imaginé qu’elle seraient aussi grandes et aussi belles. De dos, leur chevelure est abondante, avec une coiffure compliquée, sorte de tresse très souple retenue par un ruban. Les boucles se répandent dans le dos. Leur vêtement est aussi très délié et très délicat. On suppose qu’elle venaient de l’atelier de Phidias. Le musée n’en possède que 5, dont une atteinte par un boulet turc. La 6ème se trouve au British Muséum.

De nombreuses victoires proviennent du Temple d’Athéna Niké (426-421) ce sont des statues féminines plus ou moins complètes.

Le joyau du Musée se trouve au 3ème niveau : c’est la frise du Parthénon que j’ai eu le loisir de détailler à une précédente visite. A mon prochain passage je monterai directement !

Retour à l’Hôtel

Dominique m’attendait au Kafenadaki où un café frappé est tout à fait bien venu. La circulation a repris dans le centre d’Athènes. Les taxis jaunes sillonnent les rues et les autobus urbains passent. Nous pouvons rentrer à l’Hôtel. Facile d’arrêter un taxi. Le chauffeur flaire les touristes naïves et propose de nous emmener pour 10 €. J’exige qu’il mette en route le compteur ; c’est non, nous descendons ! Même marché pour le taxi suivant. C’est à croire qu’il se sont donné le mot d’ordre. Même refus de notre part. La patronne du café est intriguée. « Vous auriez dû prendre leur numéro ! Ils n’ont pas le droit. D’ailleurs tous ces hommes autour sont des policiers ! « . Le policier arrête pour nous un taxi et lui impose le compteur « to metro ! ». Le retour sera court par Syntagma et Sofokleous : 4.7€.

Elevsina : Les mystères d’Eleusis . Exposition temporaire

CARNET DES CYCLADES

es mystère d’Eleusis

L’exposition Elevsina ! Mystères d’Eleusis se termine demain.

Installée au fond d’un couloir sombre, une vidéo diffuse une musique planante.

Les cérémonies d’initiation

Les cérémonies de l’initiation étaient ouvertes à tous, sauf les Barbares et les meurtriers. Le culte d’Eleusis promettait une bénédiction pendant la vie et le bonheur dans la vie future après la mort.

L’initiation était célébrée chaque année au début de l’automne. Des offrandes étaient consacrées dans l’Eleusinon sous le rocher de l’Aéropage. Une cérémonie de purification avait lieu puis un sacrifice et une journée de méditation. Le 5ème jour, la Procession se déroulait sur la Voie Sacrée (20 km) jusqu’aux Propylées du sanctuaire d’Eleusis. La boisson consacrée était le kykeon faite d’eau, de farine d’avoine et de fromage de chèvre râpé.

L’initiation avait lieu au Télestérion. Le rituel comprenait les Legomena (les choses dites) et les dromena (choses faites). L’Hiérophante montre les objets sacrés.

Après l’initiation, on faisait des invocations pour avoir de bonnes récoltes.

Le début du culte remonte aux temps mycéniens, plus tard il s’étendit jusque dans les Carpathes.

la colombe d’Aphrodite

On entre dans le petit sanctuaire d’Aphrodite situé à l’écart de la Voie Sacrée (près du monastère de Dafni). La salle set décorée d’une frise de colombes, l’oiseau d’Aphrodite. Des plaques de marbre figurent des sexes féminins. Deux colombes de marbres sont dans des vitrines. Sur un bas-relief, Aphrodite est entre Koré et Déméter, les déesses d’Eleusis. Aphrodite est aussi figurée avec Eros, en beau jeune homme.

procession

La  grande salle présente le Telestérion où avaient lieu les mystères.la frise présente les attributs de Déméter : la gerbe d’épis de blé, les fleurs en rosace, les têtes de bovins couronnés et des récipients cylindriques. Une plaque votive en terre cuite peinte montre le déroulement de la cérémonie dans le fronton triangulaire qui la surmonte :  l’arrivée des fidèles portant des torches. Sur une stèle les deux déesses   accueillent un héros. On voit aussi un petit cochon offert en sacrifice à Déméter. Elle était la déesse des récoltes et aussi la protectrice des chevaux.

cochon sacrifié à Demeter

Un vidéogramme présente le site d’Eleusis, la grotte près des propylées où est apparue Perséphone. On voit se dérouler les cérémonies. Les personnages se succèdent en surimpression.

 

matinée sur l’Acropole

CARNET DES CYCLADES

caryatides de lErechtéion

Un peu avant 9h, nous arrêtons un taxi sur Athinas.

 Nouveauté : le compteur du taxi imprime un ticket et le taximan rend la monnaie.

Les handicapés peuvent accéder à l’Acropole  grâce à un monte-charge le long de la paroi nord. Un cheminement cimenté y conduit et tourne ensuite autour du rocher jusqu’au théâtre de Dionysos. Nous découvrons la source de la Clepsydre qui aurait alimenté la clepsydre située dans la tour des Vents dans l’Agora romaine. On arrive derrière l’ancien temple d’Athéna, Pandroséion, et l’Erechtéion.

Le Pandrosion contenait les lieux sacrés d’Athènes : l’olivier d’Athéna et la source salée jaillie du trident de Poséidon, lieu de la compétition des dieux pour parrainer Athènes. Il fut détruit par les Perses en 480.

 

 

L’Erechtéion et  ses caryatides me fascine toujours autant.  Il fut construit après les guerres du Péloponèse (431-404 av JC)  Je ne me lasse pas de photographier les caryatides (ce sont des copies, les originales sont au Musée de l’Acropole) .

Il fait encore frais, la fréquentation est raisonnable. En revanche, plus question de s’asseoir pour se reposer sur un bloc. Des cordes interdisent de s’approcher de tout vestige, elles sont assorties d’avertissements « interdit de toucher le marbre !».  Les gardiennes qui font respecter les consignes à coups de sifflet n’ont aucune pitié pour Dominique et sa béquille. Elle finira par trouver un banc à l’ombre derrière le Parthénon.

Un échafaudage occulte le fronton ouest. Je m’intéresse aux restaurations successives du Parthénon : la grue Pothain qui occupait le temple depuis 1985 a été remplacée récemment par une autre plus discrète. Les blocs manquant dans la reconstruction sont remplacés par du marbre blanc qui se patinera peut-être un jour. L’usage dans l’anastylose est qu’on puisse différencier les éléments originaux. Des caissons de plafond attendent d’être remontés. On peut observer les restaurations de l’intérieur entre les colonnes du côté Est bien dégagé.

parthénon : angle du fronton

Deux têtes de cheval sont coincées à chaque extrémité du fronton – je les avais oubliés ! Je me souvenais en revanche des trous rectangulaires où étaient suspendus les boucliers offerts par Alexandre après sa victoire sur le Granikos (334 av JC) en revanche je n’avais pas remarqué les petits trous sur l’architrave regroupés en paquets correspondant aux lettres de bronze de l’inscription de Néron (61 après JC).

Puisque nous sommes arrivées par derrière je descends vers les Propylées pour effectuer le parcours « officiel ». Un couloir pour la montée a été aménagé avec un autre à la descente pour canaliser l’afflux es touristes. Leur procession est impressionnante. Il faut déshabiller les silhouettes colorées de shorts, chapeaux à visière, T-shirts criards et imaginer des draperies antiques, transformer les perches à selfies en torches, rubans ou banderoles. On peut ainsi, avec un certain effort d’imagination, voir les Panathénées où Athéniens et pèlerins allaient rendre leurs dévotions à la Déesse. Les Propylées faisaient partie du programme monumental de construction de Périclès (437-432), interrompu par les guerres du Péloponnèse. Selon Pausanias (au 2ème siècle), une pinacothèque contenait une belle collection de tableaux. En plus de la statue Chryséléphantine d’Athéna Parthenos, attribuée à Phidias il existait une statue géante en bronze également œuvre de Phidias, Athéna Promachos , visible depuis le Cap Sounion.

Sur une aire, maintenant nue, s’élevait le sanctuaire d’Artemis Brauronnia, à droite de la voie processionnelle. Le culte d’Artémis fut établi au 6ème siècle avec Pisistrate.

Une rumeur monte de la ville, me rappelant le 1er mai 2010, 1er mai de colère, de manifestations violentes. Les chants révolutionnaires entraient en compétition avec la Messe diffusée par haut-parleurs de la cathédrale et la musique de Théodorakis des socialistes. Du bastion en haut d’un petit promontoire qui domine la ville, je ne découvre aucun rassemblement. Quand nous descendons, je vais à la recherche d’un taxi. Nous irons volontiers déjeuner au bord de l’agora romaine près de la jolie mosquée et de la Tour des vents sur les belles terrasses des Aérides….Aucun taxi n’est disposé à nous conduire en ville. Le centre d’Athènes est bloqué par les manifestations contre les mesures d’austérité et les réformes du régime des retraites. J’avais remarqué les affiches appelant à la grève aujourd’hui sans entrer dans les détails. Les chauffeurs de taxi profitent de l’aubaine (pas de métro ni d’autobus) saur les bus à impériale colorés des touristes. Ils proposent de nous conduire au Pirée, « good sea-food at Microlimani » ou à Rafina, ou n’importe où à la plage….mais pas à Athènes !

Rue Rovertou Galli, 300m plus bas, nous nous installons sur la minuscule terrasse en angle (3 tables avec un pot de basilic) et une jolie enseigne TO KAFENADAKI pour déjeuner et attendre le retour de la circulation. Délicieux jus d’oranges pressées (4€) une assiette de gyros très bien servie, les fines lamelles de porc sont accompagnées de grosses tomates, de pain pita tzatzíki et oignons crus, parsemées de thym et de fines herbes (8€ quand même !) Rien à voir avec le gyros qu’on mange debout, entortillé dans du papier.

Le Musée de l’Acropole est à 750 m plus bas.

 

Premières promenades athéniennes

CARNET DES CYCLADES

La terrasse de l’Hôtel Economy donne sur l’Acropole

Forfait fixe pour les taxis(38€)  de l’aéroport à Athènes,  bien pratique, nous n’avons pas à nous soucier du parcours. Le taxi tourne dans les rues aux noms antiques Evripidou, Sofokleous, Socratous avant d’arriver à Clisthenous, où se trouve l’Hôtel Economy. Le réceptionniste est toujours le même, il avoue ne pas nous reconnaître.

La vue de notre balcon sur la place et le Lycabette

La chambre 604 a un petit balcon sur la grande Place où se trouve la Mairie, bâtiment néo-classique jaune pâle. Rectangle dallé qui se termine par un site archéologique : le Cimetière acharnien qu’on ne visite pas mais qui est visible de la dalle. En face de la Mairie, la Banque de Grèce est aussi une construction jaune à corniches néo-classiques.

manifestation devant la banque nationale

Des cris au mégaphone, des sifflets m’interpellent. Je traverse la place pour aller voir de près.  Les manifestantes ne sont pas bien nombreuses. Des femmes, 40 à 50 ans, bien coiffées, vêtues de noir se tiennent derrière une banderole brandissant des ballons de mousse noire au rythme des sifflets.  « Pas d’argent pour la banque Nationale ! » crient-elles. Les Grecs, inventeurs de la démocratie, et semblent adorer se rassembler dans la rue pour clamer à haute voix leurs doléances. Pas un voyage à Athènes ou à Thessalonique sans qu’on n’assiste à un défilé. Devant l’Université, des séides d’Aube Dorée ont apporté des drapeaux grecs et des pancartes dénonçant « l’islamisation ».

dans les rues autour de l’agora

Avant le déjeuner, je fais un tour au marché : l’Agora – tout un programme – Je me saoule de parfums méditerranéens   de l’huile d’olive, sur les étals, des olives sont de toute couleurs, calibres, et provenances des senteurs des aromates séchés sur les étals. Les effluves aigrelettes de la fêta et des fromages qui baignent dans le petit lait. Des fruits mûrs, parfois trop murs exhalent des odeurs sûres.

pour faire les dolmades

Les épiceries ont suspendu des saucissons, des guirlandes d’ail, de piments rouge et même d’aubergines séchées et coupées violettes, de courgettes en tronçons verts dont il ne reste que la peau. Des bouquets de camomille, de lavande et d’herbes de la montagne embaument. Dans des casiers on a déposé des tranches d’oranges  et de citrons séchés, des boutons de rose. Les brocanteurs ont accumulé des marchandises diverses : marmites, ustensiles pour le café, chaussures sous des instruments de musique suspendus, luths bouzoukis et guitares. Plus loin, ce sont éponges et loofahs qui garnissent les tours de portes (une recherche sur le net m’apprends que ces fibres qui servent de gant de crin sont les fruits d’une cucurbitacée comestible la Loofah d’Egypte. Verte elle ressemble à un concombre renflé.

brocante

Souvlakis et kebab au déjeuner (paketo que j’emporte pour la terrasse) avec des fraises et des cerises du marché.

Le mardi n’est pas très favorable pour les visites, de nombreux musées sont fermés. J’improvise  une  promenade par les petites rues derrière la Banque de Grèce jusqu’à Stadiou, Panepisthémiou juqu’à Syntagma dans l’Athènes Néo-classique du 19ème avec colonnes fresques et frontons sculptés de l’Université de de belles maisons. Entre Vassilis Amalias et Vassilis Sofias, le Jardin National offre une promenade ombragée. Je passe le long d’une rangée de palmiers à très hauts fûts. Les arbres remarquables sont étiquetés comme dans un arboretum ; ils ont été acclimatés des cinq continents. Une aimable compagnie se promène, jeunes ou vieux, touristes ou SDF. Une troupe théâtrale en habits 19ème déclame en marchant. J’imagine que faisaient ainsi les philosophes de l’antiquité. Je me gave de chaleur. Le bien être m’envahit.

Zappéion patio rond

A la sortie du jardin, je découvre le Zappéion que je ne connaissais pas : palais 19ème (1874-1888) rêve d’Evangelos Zappas, homme d’affaire grec vivant en Roumanie mais ayant combattu pour l’Indépendance grecque et désireux de faire revivre, avant de Coubertin, les jeux olympiques. Il a servi lors des jeux Olympiques d’Athènes en 1896 et plus tard.  Le Zappéion sert maintenant de Hall d’exposition, c’est là qu’a été signée l’adhésion de la Grèce à l’Union Européenne en mai 1979. Le fronton rectangulaire à colonnes plat ne laisse pas imaginer le patio à colonnes rond.

Non loin du Zappéion, se trouve un cinéma de plein air et un très beau restaurant (ou café). Le cinéma sous les étoiles est pour moi un souvenir très ancien, quand en 1968 j’avais été invitée à Glyfada par des collègues grecs de mes parents. Nous avions vu Romeo et Juliette de Zeffirelli. Je me souviens des écorces de pépites par terre (en Israël aussi) .

Non loin, j’aurais dû trouver le stade de Marbre, stade antique restauré pour les premiers Jeux Olympiques. Impossible de le trouver, je longe l’Ecole de Gastronomie, un très chic club de tennis, pas de marbre. Il est caché par les arbres mais je ne le savais pas.

Olympéion

En revanche j’arrive à l’Olympéion Temple de Zeus Olympien. Il est fini le temps où je présentais ma carte professionnelle et où avec deux ou trois mots de Grec, j’entrais gratuitement dans les sites ! Pour obtenir la réduction senior je dois sortir ma Carte d’Identité dument inspectée. La construction du temple fut initiée par Pisistrate, le petit fils du tyran en 515av JC sur le site d’une construction archaïque. Elle fut interrompue en 508 après la chute du tyran. C’était un monument gigantesque d’ordre dorique en calcaire sur le modèle des temples d’Asie Mineure. Construit en marbre au 4ème siècle il resta inachevé, puis il fut reconstruit par les Romains et complété par l’Arc de Triomphe d’Hadrien. 104 colonnes était encore debout en 1852. Sur une vaste esplanade un peu chauve, les colonnes restantes sont gigantesques ; j’ai déjà entendu ce refrain à Agrigente (encore un temple de Zeus avec ces géants les Télamones. Le gigantisme sied à Zeus ! L’Arc de Triomphe d’Hadrien est plutôt gracile pour un monument romain, original avec ses deux parties superposées très différentes.

Retour par Plaka avec ses restaurants, ses boutiques de pacotille ; cette année des bottes à lanières – sandales qui s’enroulent jusqu’au mollet, ses écharpes de mousselines, le linge de toilette et les ponces teintées de couleurs criardes à destination des touristes attablés aux « happy hours ».

Fin de la soirée en regardant le jour tomber et l’Acropole s’illuminer.

 

 

 

Les Nuées – Aristophane

LIRE POUR LA GRECE

théâtre d’Epidaure

Après avoir refermé Le Va-nu-pieds des nuages de Takis Théodoropoulos dont le narrateur est le Démon de Socrate, racontant comment Aristophane  a choisi de ridiculiser  Socrate, encore inconnu, et les sophistes.

J’ai donc voulu la pièce antique : Les Nuées.

Pas d’effet de surprise : Théodoropoulos a  largement commenté la rédaction et la représentation de cette comédie sur une centaine de pages tandis que  le texte original est assez court (67 pages, y compris la présentation).

Nuées par Aristophane

« PARABASE DU CHOEUR :

aujourd’hui, comme une autre Electre, cette comédie paraît, cherchant à rencontrer des spectateurs aussi éclairés? Elle reconnaîtra du premier coup d’oeil, la chevelure de son frère. Voyez comme elle est réservée. Elle est la première qui ne vienne pas traînant un morceau de cuir, rouge par le bout, gros à faire rire les enfants. Elle ne se moque pas des chauves ; elle ne danse pas le cordax ; elle n’a pas de vieillard qui, débitant des vers, frappe de son bâton son interlocuteur, pour dissimuler des grossières plaisanteries ; elle n’entre pas une torche à la min en criant « Iou! Iou! » mais elle avance confiante en elle-même et en ses vers »

L’effet comique ne correspond peut être pas à ce qu’un spectateur moderne attend d’un « classique » beaucoup de pets et flatulences, des sous-entendus grossiers qui peuvent étonner. J’ai finalement beaucoup plus ri à la lecture du Va-nu-pieds des nuages qu’à celle de la comédie d’Aristophane.

« mais qu’est-ce qui tonne? […..]

SOKRATES : Je vais te l’enseigner par ton propre exemple. Quand tu t’es rempli le ventre aux Panathénées et que tu as ensuite le ventre troublé, le désordre ne le fait-il pas résonner tout à coup?

STREPSIADES : Oui par Apollon! Je souffre aussitôt, le trouble se met en moi ; comme un tonnerre le manger éclate et fait un bruit déplorable, d’abord sourdement pappax, pappax puis plus fort papapappax, et je fais mon cas, c’est un vrai tonnerre, papappax comme les Nuées. « 

En revanche l’aspect « témoignage archéologique » m’a beaucoup intéressée. Tout d’abord la structure du texte découpé en Prologue, Parodos, Choeurs, Scène lyrique, Agon, Episodes, Parabases… Alternent des dialogues en phrases courtes et dissertations sur le théâtre lui-même, des scènes triviales et des invocations des dieux (ou des nuées). Les allusions à la vie quotidienne m’ont aussi amusée. Allusion à la vie politique d’Athènes, heureusement j’ai eu une bonne introduction avec la lecture de Théodoropoulos! Aristophane ne se prive pas de moquer les auteurs de farces et comédies faciles et par cette occasion raconte l’Athènes du 5ème siècle!

Maintenant  j’attends l’occasion de voir la pièce jouée (ce n’est pas prévu dans le futur proche, malheureusement). Une pièce est faite pour être représentée!

Le va-nu-pieds des nuages – Takis Theodoropoulos

LIRE POUR LA GRECE

 

« BON TU T’EN DOUTES, Athéna n’allait pas rester les bras ballants pendant qu’Hermès et sa divine compagne mijotaient de lui piétiner ses plates-bandes. Athènes, c’était son domaine à elle; et si des fois elle acceptait une petite intervention de la part d’un de ses congénères, sous forme d’averse ou d’éclaircie dans le ciel de sas cité, ce genre d’incursion était tenu de s’apparenter au phénomène strictement passager, ou du moins rare, voire tout à fait exceptionnel. Avec cette histoire de contagion, elle s’était fait surprendre. Apollon, qui ne reconnaissait aucune supériorité au monde à part la sienne, avait berné tout le monde avec un de ces petits laïus froids et alambiqués – pareils à sa musique

Takis Théodoropoulos est aussi l’auteur du Roman de Xenophon et de l’Invention de la Vénus de Milo, deux ouvrages que j’ai lu avec beaucoup de bonheur.

Le Va-nu-pieds dans les nuages est Socrate, ou plus exactement, Socrate mis en scène par Aristophane dans les Nuées.

Le Va-nu-pied-dans les nuages commence avec la mort de Périclès de la peste (la contagion) en 429. Roman historique? Certainement, mais avec certains anachronismes qui font sourire le lecteur. Le narrateur est un Démon, le temps des mortels ne le concerne pas.

Un roman ironique et très amusant : p.21, « L’IRONIE N’EST PAS UN EFFET STYLISTIQUE, monsieur l’écrivain. » Affirme l’auteur. [….] « L’ironie est une perspective existentielle. «  J’ai beaucoup souri et même franchement ri au cours de cette lecture.

« AU COURS DU BANQUET  organisé par le cercle de l’éternité afin de fêter la déconfiture de l’orgueil humain, At.héna eut peine à cacher sa maussaderie »

Un roman mythologique : les scènes qui se déroulent sur l’Olympe sont les plus jouissives. Les dieux veulent rabattre leur caquets à ces prétentieux d’Athéniens. Après avoir envoyé l’avertissement de la contagion, ils pensent à d’autres mesures. Socrate, l’Original, pourrait servir leurs plans. Ils envoient le Démon, le narrateur du roman. Aristophane pourrait aussi être utile. Le Dieu en charge du Théâtre étant Dionysos, Athéna va essayer de le séduire, elle se maquille, porte une robe rouge sexy….la scène est absolument roulante..

Un roman philosophique? l’auteur possède une solide culture classique, il présente le cercle de Socrate, présente la plupart de ses disciples. Alcibiade, le sublime est aussi un chef d’oeuvre  comique. Intéressant mythe de la Caverne…syllogismes…et allusions à Nietzche (on s’est permis des anachronismes). Le procès de Socrate est annoncé.

J’ai moins aimé la fin : la mise en scène et la représentation des Nuées ne m’a pas vraiment fait rire. Théodoropoulos est très fidèle  au texte d’Aristophane.

Un roman érudit? Certes, mais une érudition qui se veut comique, et qui l’est. Une réussite