Villages en montagne, Thronos byzantine Syvritis antique

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Pandanassa, est un village perché où 4 kafénéios se répartissent de part et d’autre de la route. L’un d’eux se pare du titre de supermarché mais ne vend rien de particulier.

A Apostoli,  un panneau indique une église byzantine. Nous engageons bien imprudemment la voiture dans une rue étroite bordée de maisons blanches où les habitants ont laissé leur véhicule devant leur porte transformant le passage en slalom périlleux. (Cela fait des années que nous savons qu’il ne faut jamais entrer en voiture dans ce genre de rue mais nous oublions régulièrement la leçon). Toujours pas d’église byzantine. La plus jolie église minuscule se trouve au cimetière de l’autre côté de la route.

En bas d’Apostoli, à Agia Fotini de trouve une église moderne énorme, un centre de soin, des commerces, dont un supermarché est  ouvert aujourd’hui, lundi de Pâques. Nous y achetons du jambon de dinde, du pain en tranches et des yaourts, menu très ordinaire et peu grec ! Nous le mangeons à la sortie de Gena, minuscule hameau, derrière une chapelle blanche.

Thronos

A Thronos, nous sommes attendues : la patronne du café se tient devant sa porte et propose d’ouvrir l’église. Les voisins guident la manœuvre pour garer la voiture. La Panaghia de Thronos est une église du 11ème siècle, très simple ce l’extérieur : le linteau porte les armes de la famille Kallogeri (le village de Kallogero est voisin). A  l’intérieur, des fresques 13 et 14ème . La dame embrasse la Vierge peinte en se collant au mur, puis elle me laisse admirer les saints. Une peinture est un peu étrange : le Christ est debout dans une mandorle d’où sortent 5 bâtons pointus transperçant les saints, l’un d’eux est même à terre, accroché par son manteau. Je n’ai vu cette scène nulle part.

Après la visite, je commande un café grec. La dame va et vient derrière son comptoir et apporte un plateau avec deux cafés, deux verres d’eau du fromage blanc un peu sec et deux biscuits, sorte de biscotte au goût d’anis. Au café trois clients discutent sans prêter attention à moi. Ils ont ramassé des asperges vertes sauvages.

Sivrytis

Le site minoen de Sivrytos occupe toute l’acropole de la colline de Kefala.  Sivrytos dominait deux vallées, capitale de la Crète de l’Ouest, citée dans les tablettes de Cnosssos.

La grimpette se fait sur un bon sentier fleuri alternant passages raides et faux plats. Le site est fermé, le portail tient par un fil électrique à peine noué. Les vestiges sont dispersés sur un vaste plateau : des murs de pierre subsistent encore, les bâtiments sont identifiés par des numéros ce qui ne facilite pas l’interprétation des profanes. Les ophrys roses font de belles taches colorées. Le Psiloritis semble à portée de main. Encore une belle promenade !

A Kalogéro, , il faudrait demander (selon nos guides) la clé de la chapelle Agios Yoannis à 30 mn de marche. A qui ? au kafénéio ? Il se fait tard et temps de rentrer ;

La route du retour passe de l’autre côté du barrage de Potami, elle est sauvage, dominant un canyon. Partout on a installé des ruches. Existe-t-il du miel d’ »ajonc ? Un bel oiseau au plumage métallique bleu vert se pose sur un rocher.

Un détour par la plage nous tente. Ce n’est pas facile d’y accéder. Des hôtels immenses barrent les accès. Le vent hérisse la mer de crêtes blanches et soulève le sable qui cingle. De gros galets bordent la plage. Je ne peux pas faire ma promenade habituelle les pieds dans l’eau. Une petite rivière barre la plage, je crois pouvoir la passe d’un bond à un passage étroit. Erreur ! Là où c’est étroit c’est aussi assez profond. La rive cède sous mon poids et je me retrouve complètement trempée. Heureusement avec le soleil et le grand vent mes habits sèchent en moins d’une heure.

Patsos et Grotte Saint Antoine

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la Grotte de saint Antoine

De Patsos, une randonnée longe le ruisseau passant par la Grotte Saint Antoine (Andonios spilia) et aboutit au lac de Potami. J’aimerais bien faire cette promenade à condition qu’elle soit balisée.

Nous laissons la voiture à côté de la belle taverne Drimos (signalée dans toute la région) Un petit âne bâté est attaché. C’est le seul que nous verrons des vacances, il y a encore 13 ans nous en croisions partout. Il semble que les paysans crétois soient passés directement de l’âne,  au gros 4×4 noir. Le plan est affiché sans échelle, ni indication de temps ou de distance. Je renonce donc à me lancer dans l’inconnu et ferai un aller retour 35minutes en descente, ce qu’il faudra pour remonter.

petit âne crétois

Le début du parcours est tout à fait soigné : barrières de bois,  sol cimenté jusqu’à la Grotte. Vénérée depuis le temps des Minoens où les cultes sylvestres des sources étaient fréquents, ce fut un sanctuaire d’Hermès à l’époque romaine. Quelques mètres plus loin, se trouve l’autel soigneusement badigeonné à la chaux et l’icône de Saint Antoine accueille les pèlerins. Des béquilles sont entassées contre les murs, de nombreux ex-voto sont suspendus. Il semble que cette grotte soit miraculeuse. Un peu plus loin, un sentier grimpe, les marches ont été taillées, l’ascension est raide mais facile, on parvient à une plateforme : observatoire d’où on n’observe rien de particulier tant la falaise est proche. Montée inutile. Le sentier s’insinue dans les gorges, plus de ciment ni de barrière mais un parcours bien tracé.

Des rondins de bois matérialisent des marches ; les premières sont d’une hauteur raisonnable. Il faut cependant être vigilant : le calcaire est très glissant, presque du marbre et le sentier, étroit. A mesure que l’on descend, les cailloux dégringolent, les rondins n’assurent plus grand-chose. Une marche fait un mètre de dénivelé. Quand bien même j’arriverais à la descendre, comment la remonter ? Seule, ce n’est pas bien prudent, à plusieurs on s’assure. Je rebrousse chemin à regret, il ne reste que quelques mètres pour atteindre une passerelle sur le ruisseau et peut être un meilleur sentier. Au retour, je consulte la carte sans échelle ni distance et découvre qu’il existe deux sentiers un sur chaque rive pour aboutir à a passerelle. Je regrette d’avoir abandonné si près, j’aurais trouvé le chemin du bas et il aurait été inutile de remonter les marches ! Le sentier du bas est aussi mieux balisé avec des points verts fluo indiquant les passages.  D’est désormais trop tard, tant pis ! La promenade très fraîche animée par le vol des hirondelles brunes nichant dans la falaise fut très agréable.

Les montagnes au pied du mont Ida

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les neiges du Psiloritis

Au lever du jour, les neiges du Psiloritis qui brillent sous le soleil levant nous font changer nos plans. Les routes qui relient les villages situés au-dessus de Rethymnon descendent toutes à la côte. Il faut aller à la « vieille route » pour prendre une route  qui montera dans une autre vallée. Nous perdons un temps fou à trouver Giannoudi. L’urbanisation récente, la construction des villas pour les touristes ou pour les Crétois, ont mité le paysage. Les anciens hameaux ne sont plus identifiables. Où est donc Giannoudi ? Sommes-nous sur la bonne route ? la carte est illisible. On a goudronné des chemins allant aux nouvelles maisons.

les gorges de Prassiès

En fin sortie de la « banlieue de Rethymnon » nous arrivons à Prassiès qui a déjà des airs de montagne malgré les 400m d’altitude des sommets qui l’entourent. La route passe à un petit col (300m). la vue st surprenante sur la vallée très verte du Potamos. Le vallon est fermé au nord par des gorges impressionnantes (Prassano Farangi  près de Prassiès) taillées dans une roche violacée. Il s’ étale mollement dans des marnes très glissantes : la route toute neuve est presque coupée par endroits par de véritables coulées de boue. La route court sur des crêtes hérissées où des arbres se détachent sur le ciel bleu très intense. Au dessus on entend des troupeaux. Les ajoncs sont en fleurs, boules jaunes lumineuses. Petites taches roses des cistes. Dans les pentes les asphodèles dardent leurs inflorescences blanches. Au fond du vallon le barrage de Potami retient un lac. Au fond les neiges du Psiloritis brillent.

 

Vers l’ouest – plages et arrivée au gîte d’Aghia Triada

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la côte entre Heraklion et Rethymnon vue de la route

Retour sur la New Road, creusée dans la montagne, qui longe la mer sans qu’on ne la voie. On la retrouve juste avant Bali. Des parkings surplombent de petites criques. A Bali, il y a une jolie plage de sable  bordée de tavernes, vides en avril. En revanche, les lits de plage sont déjà sortis avec les parasols, canoë et planches à voile. Les touristes parlent tous français. Des enfants se baignent. Je marche pieds nus au bord de l’eau dans l’écume de la vague qui se brise. Il fait un temps splendide et 21°.

La Nouvelle route passe devant des constructions balnéaires géantes aux noms espagnols, italiens ou nordiques, bien peu crétoises. Ce tourisme standardisé  de grosses unité bétonne le front de mer.

plage de Bali

A partir de Stavromenos nous cherchons à quitter la route (double ligne continue) impossible on ne trouve de sortie qu’aux abords de Rethymnon traversant des quartiers à l’urbanisme navrant. Les caractères cyrilliques font leur apparition. Tiens des Russes ! (il s’agit principalement de boutiques de fourrures). Ici aussi, la côte est gâchée.

Les Crétois sont avares en panneau de signalisation routière. Ou ils sont situés au dernier moment, cachés. On roule au jugé, à la boussole. Nous cherchons Adelé, rien ne l’indique ; En revanche le monastère d’Agios Démétrios, lui, est fléché. Tant mieux, c’est la bonne direction ! Notre location se trouve entre Aghia Triada et Mesi. En plus du plan, le propriétaire nous a fourni une photographie aérienne de Google Earth. Sur place on ne reconnait rien. Après 3 allers et retour entre Aghia Triada et Mesi, on s’arrête pour demander ; les gens sont  français et c’est là !

Notre gîte est situé dans un petit lotissement en pleine campagne, face à la mer. C’est une barre grise de 4 appartements avec une terrasse grise de graviers et une piscine minuscule. A l’intérieur c’est tout neuf : murs blancs, canapé rouge et noir, éléments de cuisine rouges, une table imitation bois clair et 4 chaises au dossier noir et coussin blanc. Ensemble blanc, rouge et noir, contemporain. Rien ne rappelle qu’on est en Crète (Rouge et noir pour Cnossos ?)Sur la terrasse meubles de jardin parfaits : table avec le plateau en vert serti de métal noir, chaises anthracite légères et confortables. On a échappé au plastique ! Sortant du village crétois d’Arolithos, nous ne pouvons qu’être déçues !

glaieul rose sauvage et muscari

Une petite route de ciment descend au ruisseau où poussent des roseaux très hauts ? Sauge et fleurs odorantes égaient la promenade. Le ciment s’arrête à une petite maison entourée de murs bas. C’est une église au toit en demi-cylindre(genre voûte nubienne). Le muret délimite une courette.  Porte-cierges formant une sorte de cône sont sortis. La porte est ouverte ; il suffit de tourner la clé. Église récente mais consacrée. En dessous le sentier est moins bon et envahi par les herbes. Un autre ruisseau se jette dans celui que je suis. On a fait un barrage. La retenue d’eau i onde le chemin. J’hésite un peu, ôte mes sandales et passe à gué. Le chemin continue en balcon avec vue sur la mer, toujours des fleurs et des vergers d’orangers. Je croise une dame aux cheveux rouges à l’air un peu égaré qui cueille avec des ciseaux je ne sais quoi. Une sorcière ? Au dessus du chemin, autour d’une grande maison moderne sont parquées des brebis.

Fodele : village natal du Gréco

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la panaghia de Lombines dans les orangers

Sur la New Road  « autoroute » nous espérons trouver une station-service ouverte. Elle perd progressivement son terre-plein central et sa deuxième voie. Le véhicule le plus lent se range sur la bande d’arrêt d’urgence pour laisser passer ceux qui craignent d’arriver en retard pour l’agneau rôti.

La côte est escarpée. Les villages de vacances sont adossés à la falaise en escalier : « village Poséidon » à Palékastro : maisons blanches se détachant sur la falaise rouge. La topographie impose cette construction à étages qu’on retrouve à Ligaria et Agia Pelagia. Maintenant, déserts,  on imagine la foule en été !

La mer est d’un bleu profond.

le Greco

Nous la quittons pour Fodélé, village natal du Gréco (dit-on), dans une vallée resserrée,  est occupée surtout par des orangeraies, en fleurs en ce moment,  qui embaument. Les orangers ont un feuillage fourni. Ils portent aussi bien des fleurs que des fruits. Il se dégage une impression d’abondance et de verdure. Le village est réparti sur les deux rives d’un ruisseau enjambé par de petits ponts blancs. La rue commerçante est bordée de boutiques de dentelles et de broderies. La marchande, généralement de noir vêtue, est assise sur une chaise de bois, tricotant ou crochetant, elle propose aussi des oranges. Une  balance ancienne est suspendue. Je fais mon choix, pèse 2,6kg. Je ne paierai qu’1€ sans me laisser tenter par les dentelles ou les broderies (ces dernières me paraissent mécaniques).

Les tavernes sont  très nombreuses et très touristiques, les plus agréables à l’ombre du platane au bord de l’eau. Tout le village résonne de la Messe de Pâques diffusée par un haut parleur depuis la grande église à coupole couverte de tuiles oranges, trop grande pour le village, sans charme particulier.

Descendant la rivière,  une petite route de terre bordée de sauge et d’orangers conduit à la toute petite église de la Panaghia de Lombines, toute mignonne dans son écrin de verdure.  (Malheureusement fermée, on ne verra pas les fresques). Juste au dessus de l’église, le Musée Greco est, lui aussi, fermé. Nous ferons la pause de midi sous le musée dont les abords sont aménagés avec des bancs, pique-nique frugal pendant que les Grecs se partagerons l’agneau.

le monastère de Pantaleimon Fodele

A l’autre bout du village il y a un sentier nature et une piste conduit au monastère de Panteleimon à 3km en suivant le ruisseau puis montant dans la montagne. Devant chaque maison les gens sont attablés au jardin en famille. Plus loin, là où les prairies ont remplacé les vergers d’agrume, les gens ont apporté des barbecues, des couvertures et parfois des salons de jardin entier, et cuisent les côtelettes en groupe.

Plus loin, nous suivons un troupeau de brebis à la laine sur le dos très longue mais au derrière tondu et aux mamelles gonflées.

Le monastère est caché à un virage. L’église est toute blanche et le campanile aérien ? Deux longs textes racontent la lutte des moines dans la bataille de 1866 contre les Turcs et l’héroïsme de l’higoumène. Un moine aux yeux très noirs, aux épais sourcils charbonneux, très jeune, très beau accueille les visiteurs avec un pichet de jus d’orange et une boite de gâteaux. Défendu de photographier l’intérieur, les icônes sont merveilleuses.

Dimanche de Pâques à Tilissos, villas minoennes et agneau à la broche

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Tylissos vue d'Arolithos

Les oiseaux me réveillent par un magnifique soleil.

Je paresse au lit avec le livre sur Cnossos/ DÉCOUVERTES GALLIMARD qui est passionnant.

Dès que j’ouvre la porte, je suis  éblouie. La neige brille sur les sommets proches. Les couleurs sont ravivées. Nous avons envie de recommencer toutes les photos d’Arolithos prises hier. Je dessine la place triangulaire du petit kafénéion : 4 ou 5 tables métalliques, des chaises de bois, une jolie enseigne. De la place descendent deux rues bordes de grosses jarres crétoises renfermant un hortensia, un aloès ou des géraniums. Les maisons sont toutes différentes et les jardins fleuris. A une porte sommeillent 4 chats. Un sac de pommes de terre entre-ouvert me fait imaginer qu’habite là une vieille dame en noir ….Le four à pain fume abondamment. On y cuira l’agneau pascal.

 

M. Michelis, à la réception nous prévient que tout sera fermé avec les Pâques Grecques. Ils n’ouvriront pas leur petit musée…On part quand même pour Tylissos distant de 4 kilomètres, passant devant des usines modernes – agroalimentaires et bâtiment – le village st animé et moderne. Aucune indication du site archéologique. A la sortie du village, dans une voiture, un homme avec un fort accent américain propose de nous aider, le suivre et tourner à droite puis à gauche dans des rues étroites bordées de maisons. Le site est cadenassé. Une dame en noir qui balaie la rue confirme : il n’ouvrira pas. Il se voit très bien de la rue : les fouilles ont dégagé trois grandes villas. On n’y comprend rien. Les Minoens, beaucoup plus anciens que les Romains ou les Grecs auxquels nous sommes habituées, bâtissaient de gypse ou de pierre friable. Difficile d’identifier quoi que ce soit. Si  le site avait été ouvert, cela n’aurait rien changé, il n’y  a aucun panneau explicatif. A moins de venir en compagnie d’un archéologue…

C’est plus intéressant de regarder 3 demi-agneaux grillant le long du grillage.

la fontaine de Tylissos

Plutôt que de faire demi-tour dans les rues étroites, nous préférons continuer la route dans l’ancien village et découvrons une place ombragée avec 3 cafés occupés par de vieux Crétois bien typiques, vêtus de noir aux épais cheveux blancs, sourcils broussailleux, chapelet d’ambre, très photogéniques. La fontaine turque en calcaire ciselé me donne le prétexte d’un film. Je photographie la fontaine, passe en vidéo et fais un travelling sur les cafés et les consommateurs.

A la sortie du village la route continue dans les vignes, descend dans un  vallon, passe devant d’immenses panneaux solaires visibles d’Arolithos. Sur notre carte, aucune indication  de la route. Sans doute, un chemin agricole récemment asphalté ?

.La route tortille vers la montagne et aboutit à Kamari. Fin de la route : cul de sac ! Il faut revenir en arrière, prendre la route d’Heraklion en passant par Karamoutzi. Partout on grille l’agneau sur le bord de la route : ici un magnifique gigot à la broche, là-bas, un lot de côtelettes, un agneau sans les pattes…A Athènes, nous avions vu des grills en aluminium avec un plateau pour les charbons de bois et une broche tournante. Les Crétois font plus simple : allument des sarments de vigne et plantent des ferrailles toutes simples sur le bord de la route. Les hommes surveillent, les femmes balaient.


 

Pâques à Arolithos

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Il reste une belle fin d’après midi pour jouir de notre « village » d’Arolithos. Sous le soleil, nous photographions les petites rues en pente avec les façades bleu pâle, vertes ou jaunes, les portes bleues vif  ou rouge. Le musée est fermé et Les boutiques d’artisanat attendent la saison pour ouvrir.

La piscine offre une vue panoramique sur Héraklion, la mer, les collines et les montagnes enneigées. Au bar, sur la terrasse nous commandons un café frappé et un ouzo servi avec des croûtons au pavot, des cubes d’un  fromage délicieux et d’excellentes olives. Le vent se lève. La soirée fraîchit.

la placette illuminée pour Pâques

Nous attendons sur la terrasse de la chambre la liturgie de Pâques dans l’église minuscule  mais peinte à fresque, avec des icônes. A 9h, la cloche appelle à la Messe. Derrière l’iconostase un ou deux popes chantent. Il y a tout juste la place pour 4 ou 5 fidèles. Les gens convergent vers la place et portent des bougies décorées. Beaucoup d’enfants, landaus et poussettes. Les parents photographient leurs enfants. Il semble que chacun puisse sonner la cloche. Les chants sont à deux voix mais monotones, avec toujours les mêmes paroles. Brusquement les lampions de la place s’éteignent. Les voix se taisent. La place est plongée dans l’obscurité. Intrigué, je vais voir : devant l’église les flammes des petites bougies scintillent. Tout à coup, tout se rallume. La cloche sonne à toute volée, les gens donnent de la voix et s’embrassent : « Christ est ressuscité ! » Les porteurs de bougies forment une minuscule procession vers le restaurant. Trois pétards sont lancés.

Le dîner pascal est prévu à 22h. Trop tard pour nous ! Entre pâtisseries et mezzés, nous renonçons à les rejoindre.

Dans la Lettre au Gréco , cette anecdote de Kazantzaki voulait représenter les Crétois :

« L’aube de Pâques allait poindre. le pope Caphatos, dans les montagnes de Crète, courait de village en village et ressuscitait le Christ en grande  hâte, parce que les villages étaient nombreux qu’il était leur seul prêtre,et qu’il devait faire la Cérémonie de la Résurrection dans chacun d’eux avant le lever du jour.Manches retroussées, chargé de ses vêtements de cérémonie et du lourd Évangile d’argent, il grimpait dans la nuit sainte sur les rochers abrupts, courant, tout haletant, arrivait dans un village, ressuscitait le Christ et s’élançait à bout de souffle dans un autre.

Dans le dernier hameau, planté entre les rochers, les paysans rassemblés dans la petite église avaient allumé les veilleuses, étaient allés chercher dans le lit du torrent les branches de laurier et les myrtes et en avaient orné les icônes et la porte, ils gardaient leurs cierges éteints et attendaient pour les allumer qu’arrive la Grande  Parole.

Et voici que dans le silence résonna un bruit de cailloux comme si un cheval escaladait au galop le flanc de la montagne et faisait rouler les pierres.

Tout le monde se dressa d’un bond; l’orient était déjà rose, le ciel souriait. On entendit un souffle pénible, les chiens de berger poussèrent des aboiement joyeux; et brusquement derrrière une yeuse touffue, dépoitraillé, trempé de sueur, ivre de tous els Christ qu’il venait de ressusciter, s’élança, noir, courtaud, le vieux pope Caphatos.

En cet instant le soleil apparaissait au dessus de l’épaulement de la montagne; le prêtre fit un bond, se retrouva devant les paysans ouvrit les bras :

– Le Christ est ressuscitassé, les enfants! cria-t-il

Le mot familier, galvaudé, de ressuscité lui avait paru pauvre, étroit, mesquin, il ne pouvait plus contenir la grande nouvelle….. »


 

Les villages autour d’Héraklion : Astraki, Arhanes

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paysage de vignoble entre Myrtia et Arhanes


De  Myrtia la route continue vers le sud. Nous  devrions trouver la route d’Arhanes à Pezo. A peine sorties nous tournons voir le petit village d’Astraki, niché dans le vignoble. Les vignes sont hautes, très propres, la taille est terminée. Les petites feuilles vertes donnent un air riant malgré le ciel nuageux. Le ciel gris et bas alterne avec les éclaircies et un chaud soleil. Un arc en ciel apparait. En bas du village, un écriteau indique un canyon et une grotte. La petite route descend très raide. La Suzuki sera-t-elle capable de grimper au retour ? Au creux du vallon, le sentier dallé descend  il est équipé d’une rambarde de bois. Seule, la menace de la pluie me fait interrompre la promenade après un petit kilomètre. Je photographie un iris bleu nain que j’affectionne particulièrement, 3 cistes roses. Je remonte prestement pour éviter une belle rincée.

iris sauvage nain

Arhanes est un gros bourg traversé par la route avec des ruelles en pente. Sur la route principale les maisons à étage sont peintes de couleur pastel. L’expression « Maison vénitiennes»  me vient à l’esprit, sans aucune preuve. Nous achetons une brioche de Pâques avec un gros œuf rouge et des lamelles d’amande ainsi que 4 baklavas minuscules fourrées aux noix.

Le retour est un peu galère : on rate l’entrée  New Road, traverse Héraklion, trouve enfin  l’autoroute et sort à la mauvaise sortie.

Le Musée Nikos Kazantzakis à Myrtia

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le Musée Kazantzakis

Le Musée de Nikos Kazantzakide Myrtia est bien fléché. Il est installé dans la maison familiale de son grand père.

Myrtia, autrefois, s’appelait Barbari.Dans la Lettre au Gréco p.22 :

« La famille de mon père descend d’un village à deux heures de Megalo Kastro (Héraklion) qui s’appelle Les Barbares. Quand l’empereur de Byzance Nicéphore Phocas eut repris  au Xème siècle, la Crète aux Arabes, il parqua dans quelques villages tous les Arabes qui avaient échappé au massacre, et ces villages furent appelés les Barbares. C’est dans un de ces village qu’ont pris racine mes ancêtres paternels, et ils ont tous les traits de caractères arabes : fiers, têtus, parlant peu, écrivant peu, tout d’une pièce[….] le bien suprême n’est pas pour eu la vie, mais la passion »

Le village est  très tranquille mais encombré de voitures en stationnement. En faisant  le tour,  nous découvrons une petite place avec un puits, deux églises. Sur la place Principale est installé Le Musée de la Littérature Crétoise. La maison est rénovée, un parement de bois très contemporain masque la façade grise. Les vitrines poussiéreuses ont été remplacées par des installations modernes sérigraphiées avec des écrans tactiles. Un film en français raconte la vie de l’écrivain. On voit son père, le Kapetan Michelis(titre grec du livre La Liberté ou la Mort), le vrai Zorba ( 1867 -1942) ressemble étonnamment à Anthony Quinn dans le film, et les portraits de Kazantzakis au cours de sa vie. Malheureusement la diction pompeuse gâche un peu le plaisir. Au mur sont affichés des lettres, des cartes postales, de sa main. L’une d’elle souhaite justement Joyeuses Pâques à un ami Français – coïncidence du calendrier –  je la recopie toute émue, comme si elle m’était aussi destinée.

XPICTOC ANECTHI !

Cher M. et ami !

Bonnes Pâques !

Que la pauvre Grèce aussi, héroïque et martyre, que toute l’humanité  crucifiée se ressuscitent !

Que le symbole du phénix devienne enfin réalité !

J’attends toujours très bonnes nouvelles.

Soyez heureux.

Dans une autre salle, les voyages de Kazantzakis sont figurés par 3 valises contenant ses passeports et documents officiels, des certificats de vaccination…et encore des photos.

Les maquettes des décors,  les costumes, les aquarelles  des pièces de théâtre occupent une pièce. Une salle au rez de chaussée est consacrée à l’Odyssée .

Kazantzaki est Crétois mais aussi un esprit universel. Pas un grand personnage qui n’ait retenu son attention : Bouddha, Christophe Colomb, Dante, Lénine,  Nietzsche, Saint François d’Assise, Nicéphore Phokas….

Je suis un peu déçue de cette modernisation. J’avais découvert le personnage dans ce Musée autrefois et le côté désuet de l’installation me plaisait bien.

Retour à Cnossos et Dans le Palais de Minos

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le megaron du roi et la frise des griffons

–          « tu n’as pas renoncé à ton Cnossos ? »

(nous avons visité le site autrefois)

Non ! Je tiens ferme à Cnossos, à ses mythes, au labyrinthe et à Evans !

 

Aujourd’hui, Cnossos est gratuit. Pourquoi ? On l’ignore. Le patron du bar du site ironise :

–           « Nous autres, Grecs, sommes trop riches et n’avons pas besoin de votre argent ! »

Des guides hèlent les visiteurs qui ont fait l’économie du ticket d’entrée (6€). Ils  proposent une visite guidée à 5€.

Les averses intermittentes interdisent une visite systématique avec nos livres que je n’ose pas exposer aux gouttes.

Je préfère lire les nouveaux panneaux qui détaillent les restaurations récentes.  Les archéologues ne peuvent pas protéger le site comme si Evans ne l’avait pas cimenté et bétonné. Les constructions d’Evans font donc partie de Cnossos même si des découvertes postérieures pourraient infirmer les affirmations de l’Anglais.

singe bleu dans les jardins de Cnossos

Nous avions vu les fresques originales au Musée Archéologique d’Héraklion et je n’avais que peu de souvenir des copies ornant le palais. Cette année, le Musée d’Héraklion est fermé. Je redécouvre avec beaucoup de plaisir les tableaux floraux avec les singes bleus, les lys, les griffons …. Deux petites fresques m’ont étonnée : l’une d’elle montre le Palais avec ses couleurs, l’autre trois arbres bleus qui se détachent sur un fond blanc peuplé de toute une foule tandis qu’une grande tache rouge fait une sorte de vague. De dessous de gracieuses danseuses aux toilettes élégantes avec des jupes à volants sont sur un fond bleu. Elles ressemblent à la déesse aux serpents du musée d’Héraklion don je garde un souvenir très vif.

trois arbres bleus Cnossos

Le taureau, Minotaure (?), est très présent.

Dans le Palais de Minos de Nikos Kazantzaki inclus dans le recueil de l’énorme Omnibus (1150p) » La Crète – Les romans du Labyrinthe » qui pèse lourd dans la valise, je lis la description du Mégaron du roi . Kazantzakis a visité le Cnossos d’Evans!

« Le vieux roi était assis sur son trône. C’était un siège en albâtre ciselé avec art, juste fait pour le corps d’un seul homme. De chaque coté se déployaient d’immenses fresques :  au milieu des lys une étrange bête était allongée, une sorte de grand lion dont la crinière était faite e plumes de paon. Il dressait sa queue roulée en volute et tendait vers le trône du roi sa tête pointue. Trois piliers trapus fait en bois de cyprès soutenaient le plafond, rouges avec des chapiteaux noirs »

Dans ce roman je rencontre aussi Thésée et Ariane . Voici la danse d’Ariane peut être inspirée par la petite fresque ci-dessus :

« La danse de l’Homme et du Taureau

Ariane tendit son pied sur les grandes dalles de la cour comme si elle cherchait sur le sol où le poser, comme si, elle tâtait la terre avec précaution pour ne pas tomber. Elle baissait la tette comme le taureau prêt à donner de la corne et par une brusque secousse du corps, elle se mit à danser »

Bien sûr, Icare et Dédale, préparent les ailes qui leur permettront de s’enfuir….

Le rouge et le noir me semblaient les couleurs de Cnossos le bleu éclatant m’étonne.

Mégaron du Roi, Mégaron de la Reine. Je retrouve avec plaisir les Griffons du roi et son trône. Où sont passés les dauphins de la Reine ? Le palais est moins accessible qu’autrefois. Des plaques en plexiglas protègent les murs des intempéries. Je dois me hausser sur la pointe des pieds pour trouver les oursins empilés.

les dauphins du mégaron de la reine

Je déambule dans le Palais, imaginant le labyrinthe, et découvre les magasins et les énormes pithoïs, le théâtre avec ses  gradins à angle droit.  Il est stupéfiant que le gypse, roche soluble, ait traversé plus de trois millénaires. J’observe les figures de dissolution et recristallisation. Les fouilles récentes sont maintenant protégées par des toitures et la pierre est nue, sans ciment.

sur le culte du taureau d’excellents billets de Claudialucia ICI

 

Les pins embaument dans l’air vif.

Pour piqueniquer nous trouverons un magnifique pont près d’Agia Irini enjambe un ruisseau : 5 arches de toutes tailles, deux grandes en ogive superposées (aqueduc) trois petites sur le côté. Un chemin passe sous l’une de ces arche dans la verdure ; nous pique-niquons au bord de l’eau sous un platane dont les feuilles sont nouvellement écloses : feuilletés, yaourt grec et miel ; un menu grec !

 

 

A l’hôtel, je relis Cnossos,  L’Archéologie d’un Rêve d’Alexandre Farnoux dans l’excellente collection DÉCOUVERTES GALLIMARD Le rapprochement entre les figurations des végétaux minoens et ceux de l’Art Nouveau  est très intéressant.  Évidence d’une coïncidence des goûts.