CARNET CORSE 2021 de BASTIA à BONIFACIO

Plage fermée pour cause de pollution -hydrocarbures, je ne descends pas, frustrée. Nous avions prévu de retourner à la pointe de Capicciola. Il faudra improviser autre chose.
Nous irons visiter Porto Vecchio !
le port fut autrefois un port de commerce actif avec l’embarquement du liège. La fabrique de liège, en face du port, est fermée; son bâtiment utilisé pour des activités culturelles. La port est maintenant une marina de plaisance. Nous cherchons les salines, j’aime bien me promener dans les maris salants mais nous les cherchons au nord alors que nous les avons dépassés à l’entrée de la ville.
Dominique gare la voiture sur une rampe qui monte à la ville haute à l’ombre de très grands oliviers. Je suis vite déçue dans mon exploration de Porto Vecchio. La vieille ville se résume à deux rues et les ruelles adjacentes remplies de tables de restaurants. Les rues commerçantes sont sans intérêt sauf peut être les deux boutiques des couteliers. Lame finement ouvragée, manche en corne de mouflon ou de bélier et prix à trois chiffres, certains atteignent 300 €. J’ai très envie d’un couteau, compagnon des pique-niques de la randonneuse. Je m’attache à cet objet familier mais ils finissent toujours par disparaître. Qu’est devenu mon couteau de scout à 8 lames ? et le laguiole acheté à Orcival pour mes 50 ans avec son manche en bois de rose, et le petit noir trouvé au marché aux puces de Sofia ? J’hésite à dépenser une grosse somme pour un objet que je vais égarer.
Accueil étrange à l’église. Juste devant moi, arrive un groupe de garçons excités qui font un jeu de piste et doivent trouver des indices à l’église. Le curé, habillé en curé, et un homme les accueillent « Entrez, entrez dans la Maison du Seigneur ! ». Les gamins se ruent à l’intérieur brandissant leur questionnaire. Le monsieur les arrête « Et le signe de croix, vous ne savez pas le faire ! Il faut du respect ! ». Moi, je ne sais pas le faire ! je n’ai rien à faire ni dans la maison du seigneur, ni dans la petite chapelle des confréries juste en face gardé par le monsieur qui exige le respect.
J’ai enfin trouvé les fortifications et les remparts. On peut entrer dans le Bastion de France et monter sur la terrasse pour un beau point de vue sur le port et les montagnes environnantes. Je découvre les salines que nous cherchions.

J’ai hâte de retrouver Dominique et de quitter cette ville où le port du masque est exigé par voie d’affiches omniprésentes. Tous les passants le portent (et pas sous le menton). Il fait près de 30°, je suffoque.
Casteddu d’Arraghju

Dans la Sardaigne, toute proche, les hommes du Néolithique construisaient des nuraghi : tours fortifiées. En Corse ce sont des Torres perchées sur des chaos granitiques dominant les alentours ; A Cuccuruzzu et à Capula ils mettaient à profit les tafoni, cavités dans les roches. A Capula où le site a été occupé après la Préhistoire pendant le moyen âge, les vestiges sont moins lisibles.
Au village d’Arraghju, il y a de belles propriétés et des restaurants (dont 1 cher) qui ne voient pas d’un bon œil que les touristes laissent leurs voitures n’importe où. Un vaste parking leur est réservé à l’extérieur du village à près de 500 m du départ du sentier ; « Mais il est très agréable » commente un jeune touriste. De très vieux chênes-lièges donnent une très belle ombre.
Le sentier qui monte au Casteddu se faufile au ras des tables de la Casette. Un écriteau prévient que chacun doit être prudent et que la mairie se décharge des accidents éventuels. Prudents, certes, mais surtout bien chaussé et muni d’une gourde d’eau. Les chaussures de marche sont nécessaires et le bâton de marche n’est pas superflu. Le « sentier » emprunte le lit du ruisseau. Il monte à pic dans les broussailles; les racines des chênes tendent des pièges aux étourdis et des branches pointues viennent m’érafler le genou. Les rochers forment de hautes marches. Pour me hisser je m’accroche aux branches. Pas à celles des bruyères qui n’ont aucune solidité et cassent dans ma main ; ni à celles des cistes qui n’ont pas de consistance, le chêne-liège offre un tronc solide, mes préférés sont les arbousiers et les myrtes qui ne piquent pas. Poser de préférence les pieds sur des pierres bien saines et non pas sur l’arène qui roule, et se méfier des racines. J’envie Manon, 3 ans et Raphael 7 ans lestes et légers que leurs parents hissent d’une main énergique quand la marche est infranchissable. Je me sens lourde et essoufflée mais j’arriverai avant eux. J’appréhende la descente elle sera plus facile que la montée à condition de prendre son temps pour choisir ses appuis et ne pas hésiter à s’assoir sur le bord d’un rocher. Elle prendra la moitié du temps de la montée. (130 m de dénivelée, 1.3 km seulement selon Visorando, 50 minutes).
La Torre se mérite. On est bien récompensé quand on découvre les murailles hautes et épaisses d’une enceinte imprenable qui domine la région avec des loges, pièces construites avec soin.
Pique-nique dans la forêt de l’Ospedale

La recherche d’un coin pique-nique vire au casse-tête. Nous optons pour la montagne et retournons au barrage de l’Ospedale. Pendant le déjeuner des bancs de brume passent tout près. Je sors ensuite mon carnet moleskine et dessine les troncs des pins mésogéens appelés aussi Pins de Corte selon Plantnet et les Cistes de Crète (Plantnet). Je dessine sans me préoccuper du résultat heureuse de ce moment d’observation, de concentration. Dessiner me permet de découvrir des détails que je ne vois pas au premier regard.