Adieu JEA

ph. JEA/DR

 

Je suis triste, et je ne trouve pas les mots.

Pour dire le poète des petits riens, de la toponymie des villages, de la vie comme elle va…

Pour remercier celui qui réveille les consciences endormies, le politique, l’historien.

Pour admirer la culture, l’érudition, et surtout l’esprit d’à propos, celui qui trouve le mot juste, la citation, la chanson, dans ses billets et dans les commentaires qu’il a eu la gentillesse de déposer sur mon blog.

Pour remercier le cinéphile d’un ciné-club villageois, peut-être virtuel, qui m’a si bien conseillée dans le choix des toiles.

Au photographe sensible, dont j’ai si souvent admiré les images…

Je n’ai jamais rencontré JEA, je ne lui ai jamais parlé et pourtant à chaque billet que j’écris, à chaque film, je me demanderai longtemps. : qu’en aurait-il pensé?

 

J’ai déroulé le blog Mo(t)saïque pour retrouver cette photo que j’avais aimée.

Tychero : hôtel Thrassa

CARNET MACÉDONIEN ET THRACE

 

Hôtel Thrassa : la salle à manger sur le petit lac

Nous arrivons à Tychero à l’heure de la sieste. Après une heure de profond sommeil, je peux apprécier l’endroit merveilleux qu’est l’hôtel Thrassa. Oasis de verdure, il est posé sur le bord d’un petit lac artificiel peuplé de cigognes, canards et oies. La vigne vierge recouvre les bâtiments. Les pelouses et les massifs fleuris confèrent un aspect paradisiaque.

Notre studio est vaste, la décoration de bon goût. Une kitchenette occupe le mur du fond. Sur le balcon il y a une table ronde. Misère et géraniums rouges dans des grosses potiches sont posées sur le rebord du balcon.

Bella qui nous a accueillies ne parle que Grec,   Sofia, la patronne s’exprime très bien en Allemand.  Nous l’avons fait bien rire avec notre déjeuner de feuilleté. En Grèce le Tyropita est  consommé au petit déjeuner (comme en Bulgarie la banitsa qui lui ressemble)

hôtel Thrassa : côté cour

Sofia a le projet de faire une mosaïque de galets à la manière des pavages de l’ile de Chios. Elle a emmené Platon, son retriever, sur la plage de Messimvria et rapporté une brouette de galets colorés. J’assiste à l’émergence d’un papillon blanc sur fond gris. Tout en travaillant, Sofia parle de Chios qu’elle aime beaucoup. Il me revient plein de souvenirs de cette île.

Pot de bienvenue : un café à la glace à la vanille. Délicieux !

Le jardin est plus frais que le balcon.

La Municipalité, avec l’aide de l’Europe, a creusé le petit lac, construit l’hôtel et le restaurant sur l’autre rive, ainsi que la piscine. Les fonctionnaires ont été incapables de gérer convenablement ces réalisations, la piscine gelait l’hiver, le restaurant était fermé le week- end. Ils ont donc privatisé la gérance de l’hôtel. Selon elle, beaucoup de fonctionnaires, en Grèce se contentent des positions acquises…on pense aux histoires du bloc soviétique. Peut être est-ce un élément de la crise grecque ?

Sa famille est venue de Cappadoce lors des échanges de population en 1922. Elle n’a aucun ressentiment envers la Turquie actuelle. Ici, la métropole, ce n’est pas Athènes lointaine, ni Thessalonique provinciale, mais Istanbul distante de moins de 300km, fascinante. Les autres clients sont des Grecs d’Istanbul ; pour se rendre à Chios, plus pratique de passer par la Turquie. Elle nous raconte la Cappadoce, les villes souterraines occupée jusqu’au 19ème siècle. Nous passons ainsi une délicieuse après-midi à bavarder.

Nous allons au village de Tychero, village tout simple, petites maisons basses dans des jardins croulant sous les fleurs, roses odorantes dans le soir qui tombe. Dans le voisinage on a beaucoup investi dans le tourisme vert : il y a un autre Centre d’Interprétation du Delta de l’Ebros à Feres, une Réserve Naturelle dans la forêt de Dadya, des auberges d’éco-tourisme. L’Europe a investi dans la région : ces milieux naturels étaient-ils particulièrement menacés ou est-ce un intérêt stratégique dans les confins de l’Europe en bordure de Turquie ?

Sofia nous offre trois tomates du jardin, bien rouges et charnues, j’ai trouvé un tout petit concombre bien frais au village il me reste de la feta et des olives. Elle me propose du pain à la feta qu’elle commande par téléphone au village et qui arrive tout chaud et tout croustillant, croquant avec la salade. J’en ai oublié les pâtisseries de Feres.

Nous terminons la soirée sur le balcon jusqu’à ce que les moustiques aient raison de notre patience.

Au revoir Elsa et Anestis!

CARNET MACÉDONIEN

 

Les chiens ont sonné le réveil bruyamment au lever du soleil, juste après les oiseaux. Tintamarre assourdissant. L’église a sonné 6heures. L’orage n’a pas épuisé tous les nuages. Une brume rosée noie les contours des collines vers le nord-est. Un village surgit – tout rose-. La cour est sèche. Les chats sont revenus.

Nous allons quitter notre studio Anestis à regret, sa cour fleurie de belles agapanthes, de rosiers jaunes magnifiques après la pluie, notre fraîche pelouse. C’est surtout l’ambiance conviviale que nous regretterons. Elsa et Anestis ont construit la grande maison d’une dizaine de studios sur deux niveaux. Ils mènent tous les deux leur affaire sans autre personnel que la dame de ménage que nous avons vue dimanche. Du matin au soir, ils s’affairent en prenant le temps de faire un brin de conversation. Elsa, surtout, qui parle bien anglais. Anestis préfère répondre en Grec, l’échange est plus limité. On ne sait pas bien parmi les occupants de la cour qui est client, voisin ou parent. Souvent un homme aide Anestis à porter des sacs : client ou ami ? La dame grecque blonde est-elle une habituée ou une parente ? Elle a pris son petit déjeuner sur la table devant sa chambre mais va se servir derrière le comptoir du bar.  Le soir, deux groupes distincts se forment. Les femmes sont assises sous le tilleul tandis que les hommes investissent la longue table sous l’auvent. La jolie petite fille blonde toute bouclée va d’un groupe à l’autre. Son papa la gâte beaucoup, l’emmène sur son scooter et lui a fait une belle balançoire. Les clients arrivent à toute heure. Au début de la soirée, nous croyons être seules. Les cinq studios se sont remplis. Ce n’est pas un problème d’arriver après 22heure en Grèce. Les gens ont prolongé la baignade à la taverne, d’autres arrivent à 22h30 chargés de provisions pour faire à dîner.

Sur la route

Juste avant Kavala, nous empruntons l’autoroute, la Via Egnatia, qui franchit de nombreux ouvrage d’art, découpant la montagne, surplombant la vallée sur de fins ponts de béton ou s’engouffrant dans  des tunnels. A la sortie de Kavala découvrons les installations industrielles de Nea Kavala, Philippi 2, installations portuaires. Dans une carrière de marbre on a graphé un drapeau grec et un casque antique, vandalisme, politique ou œuvre d’art ? Thassos semble toute proche. On irrigue le maïs déjà très haut, le blé a été moissonné. Quelques belles oliveraies alternent avec les champs. Des panneaux solaires occupent de vastes espaces.

Philippi

CARNET MACÉDONIEN

 

Théâtre antique de Philippi

L’église de Lidia sonne à 6h, il fait jour, temps de  profiter de la fraîcheur, j’ai même sopris un châle. Je lis Plutarque : Histoire d’Alexandre lecture tout indiquée pour notre périple macédonien. Sur la liseuse, Plutarque est gratuit. C’est une lecture facile, amusante.

Site de Philippi

On peut aborder un site archéologique de différentes manières. Avec un guide qui montre et raconte. Flânant, se laissant séduire par le romantisme des ruines, rencontrant des fantômes inespérés. Jouant à une chasse au trésor avec plan et indices. C’est généralement ainsi que nous visitons Philippi, cherchant à faire coïncider les descriptions de nos trois livres et les vestiges.

On voit d’abord le théâtre de Philippi fut construit au 4ème siècle, c’était alors un théâtre grec, au 2ème siècle avant JC, on en fit un théâtre romain, au 3ème siècle après JC il fut transformé pour les combats avec des fauves. Ce théâtre n’est pas spectaculaire. Vu de l’intérieur, il est plutôt petit. Les gradins sont bien remontés pour que des spectacles s’y déroulent au cours du Festival de Thassos. Nous avons raté Erinyes d’Aristophane, samedi dernier. En revanche, les abords sont très jolis : bas-reliefs des Érinyes, de Mars et Diane avec un chien sur les pilastres de l’entrée, acteurs ou danseuses finement dessinés.

Philippi Basilique A

Un chemin de terre conduit à la Basilique A est de taille imposante, mais très ruinée. Seules  deux colonnes tiennent debout.  Au sol,  de très nombreuses plaques de marbre à motifs chrétiens (croix de Malte souvent) témoignent de l’ancienne splendeur de l’édifice.

Plus loin, se trouve un petit temple hellénistique (Héraion) 3mx4m. Il reste quelques marches d’un bel escalier de marbre

En contrebas,  la Basilique C.

J’ai cherché la prison de Saint Paul, signalée une citerne avec une fresque sous le musée.

Philippi : vue de l’Agora et de la Basilique B

On traverse ensuite la route Drama/Kavala et on découvre un tronçon de la Via Egnatia qui traversait Philippi. On reconnait les principales structures de l’Agora (Forum) : le temple de l’Est, la bibliothèque. Accolé, le marché alimentaire (macellarium) avec de petites boutiques.

P

Philippi: Basilique B 7ème siècle

uis on visite la très spectaculaire Basilique B avec ses hautes arches de brique et de pierre calcaire, ses colonnes de marbre vert de Thessalie (brèche vert clair et morceaux  foncés). Les chapiteaux ne sont plus romains. Les feuilles d’acanthe simplifiées me font penser à Saint Jean de Yereruik, en Arménie – de même époque 550 apr. JC, mêmes éléments de décor et mêmes proportions monumentales. Un panneau montre la reconstitution de la basilique avec deux grosses coupoles comme Sainte Irène de Constantinople.

colonnes et chapiteaux de la Basilique B

 

Edimbourg sous le soleil

JUILLET ECOSSAIS

 

une épicerie bien écossaise

Breakfast Ecossais

Dans notre « hôtel-résidence universitaire », Eurohotel,nous disposons d’une cuisine. A la réception on vend un « Kit breakfast » cher et peu engageant. L’hôtesse me recommande l’Auberge de Jeunesse de Blackfriars qui sert un breakfast buffet pour 3,95 £, service à gogo! mais attention: des pancartes préviennent : ne prendre que 6 items !Je choisis un pamplemousse, une tranche de bacon, une saucisse et ce que je prends pour des lentilles : du haggis. Un groupe de scolaires italiens fait une telle cohue que j’aurais pu manger gratuitement. Consciencieusement, je paie au bar.

Première promenade jusqu’à la gare de Waverley

9heures, sous un joli soleil, nous trouvons un raccourci: au lieu de suivre Cowgate jusqu’à St Mary’s comme sur le plan d’Eurohotel, nous montons la pente très raide de Blair Street qui nous conduit à une place élégante : Hunter Pl. dont le centre est occupé par un curieux édifice carré. Nous coupons High street entrevue hier soir (musique dans un pub) puis descendons Cockburn St.

Il fait beau. Les boutiques sont avenantes. Nous entrons dans une petite épicerie tenue par un Pakistanais très aimable, puis dans une petite échoppe dont les étagères sont toutes occupées par des bonbons colorés dans des flacons. Le marchand cuit des rolls au bacon bien appétissants. Deux tables rondes sont installées sur le trottoir.

 

Edinburgh Pass

Le Edinburgh Pass  est censé nous permettre de circuler librement et de visiter gratuitement attractions et musées.

Ce Pass est cher : 32 £ la plupart des musées sont gratuits, et il existe des billets à la journée sur le réseau urbain. J’ai beaucoup hésité et ne l’ai pas commandé sur Internet à un prix plus avantageux. C’est la même histoire que le forfait de ski, on regrette toujours de ne pas l’avoir pris ! 32£, pour deux jours, nous n’ avons droit qu’ à trois visites seulement : le Château, le yacht Britannia et le Palais d’Holyrood – fermé pour cause de visite royale – et nous ne pouvons emprunter que les bus pour touristes verts, rouges et bleus.

 

Old Town vu de Waverley

Une ville de grès

De la Gare, la vue est magnifique : flèches élancées, clochers en dentelle de pierre, toits pointus se détachent sur le ciel. Une tranchée, coulée verte occupée par un beau jardin, sépare la Vieille Ville de la ville Nouvelle, régulière et géométrique  (18ème siècle). Edimbourg est vraiment une belle ville – ville de pierre, bâtie en grès fin. Rose et poli, les strates roses ou plus claires forment un décor dans les bâtiments les plus neufs. Noircis, quand ils ont été oubliés par les ravalements. Sobres, gris clair, dans un appareil très simple de blocs rectangulaires lisses. A l’Antique, colonnades doriques ou ioniques. Moellons irréguliers, oxydés d’orange ou de marron…Le Nouveau Parlement de béton clair décoré de métal et la tente du Dynamic Earth me paraissent vulgaires à côté de l’aristocratique pierre à bâtir.

 

Promenade Guidée

Les bus touristiques partent de Waverley.  Dans un  bus vert, officie un guide doté d’un  micro et d’un sens de l’humour très british. Chevelure entièrement blanche, le vieux monsieur est un brin autoritaire. Il met en garde contre les téléphones mobiles intempestifs, les allers et venues, les bavardages. Il rappelle à l’ordre les touristes turbulents ou ceux qui, impolis, ne lui disent pas bonjour. Comme l’assistance est clairsemée il pose des questions précises, comme à des élèves ,pour maintenir l’attention de son auditoire. Gare à moi si mon esprit vagabonde !

monument à Walter Scott

 

Les Hommes Illustres

La promenade débute sur Princes str. le long de verts jardins, avec le Monument de Sir Walter Scott, pyramide ajourée dressant sa flèche au dessus de 287 marches. Non loin de là, la statue de Livingstone, prétexte à rappeler l’anecdote célèbre de sa rencontre avec Stanley. Notre cicérone a choisi d’illustrer la visite de la ville par l’évocation des hommes célèbres d’Edimbourg. Chaque statue, chaque plaque, font surgir un personnage célèbre.

Dans le désordre, j’apprends donc que Graham Bell, l’inventeur du téléphone est originaire d’Edimbourg, Simson, le premier utilisateur du chloroforme donna un impulsion à l’anesthésie en la pratiquant sur la Reine Victoria. Hutton, au 18ème siècle fonda la Géologie moderne en détachant l’Histoire de la Terre de la Création en 7 jours de la Genèse. Je découvre une vie intellectuelle et savante intense qui n’a rien d’étonnant au regard de l’étendue des bâtiments universitaires qui occupent une grande partie de la Vieille Ville.

Les écrivains, de Burns à Scott, Stevenson, Conan Doyle, Dickens, ont leur statue, une plaque, leur pub préféré !

Des  faits divers : le chien resté 14 ans sur la tombe de son maître, les Resurrectionists Burke et Hale qui vendaient des cadavres à la faculté de médecine dont j’ai, déjà entendu parler dans la Colline des Chagrins d’ Ian Rankin, un escroc dont j’ai oublié le nom…

Toutes ces anecdotes rendent la visite très vivante et très dense.

 

Le Circuit touristique

Holyrood sous la pluie

            Après Princes Street, le bus monte au château, fait une large boucle dans les quartiers universitaires avant de couper High street qui fait partie du Royal Mile qui rejoint le château au Palais d’Holyrood s’appelant par la suite Cannongate. Après le Palais il s’engage dans la Ville Neuve.

 

Visite du château

le château perché sur la colline

Forteresse imprenable juchée sur son volcan de basalte, elle occupe une vaste superficie sur des terrasses en étage. Les pavés rendent la marche pénible. Un audio guide en français raconte avec force détails les guerres qui se sont livrées ici. Pendant au moins deux siècles, l’histoire de l’Ecosse et celle de l’Angleterre, intimement liées, ont subi des luttes de successions compliquées combinées avec des guerres de religion. J’ai mal préparé ce voyage, je me trouve perdue dans les Jacobites, les Hanovriens, les Catholiques, les Presbytériens, les Anglicans, les Ecossais et les Anglais. Certains personnages se détachent : Mary Stuart, Bonnie prince Charles, mais aussi Cromwell…. L’autre thème récurrent est purement militaire et ne me passionne pas.

Lassées des explications très fouillées, nous profitons du site : de la vue étendue sur Edimbourg sous le soleil, des massifs de fleurs très simples. La vieille chapelle de la Reine Marguerite, minuscule, est la plus touchante. Les restaurations 19ème d’un Viollet Leduc écossais sont un peu « trop » bien faites.

A 13 heures nous ne manquons pas le coup de canon tiré chaque jour et nous offrons u n déjeuner à la cafétéria : sandwich au thon  et un somptueux cake avec plus de raisins secs et de cerises confites que de pâte, et tout ce qu’il faut de gingembre et d’épices. Cette visite nous a physiquement éprouvées après la courte nuit. Nous n’aspirons plus qu’à nous asseoir à nouveau sur l’impériale d’un bus touristique (nous avons bien fait de payer le Pass !). Dans l’autobus rouge on prend en montant des écouteurs et on choisi  la langue pour les commentaires. J’aime bien réviser mes connaissances fraîchement acquises et cela ne m’ennuie pas du tout d’entendre une nouvelle version des anecdotes.

 

Arthur s Seat (1)

Arthur Seat

J’avais envie de monter à Arthur’s Seat depuis que j’ai lu la « Colline des chagrins » d’Ian Rankin. Un peu de nature sauvage m’aurait reposée de tout le bourrage de crâne de ce matin. Mais voilà que la pluie s’invite. Pour prendre en photo le volcan éteint nous descendons du bus sur la colline situe en face devant un portique d’un  classicisme des plus grecs. A quelques pas, dans un cimetière très vert, nous avons une bonne vue sur Holyrood et le volcan. Le bus suivant nous emporte jusqu’à Princes Street.

 

Peinture

Le beau temps est revenu, nous descendons dans les jardins dans le creux du jardin pour arriver devant deux musées de peinture:  la Scottish National Portrait Gallery et la National Gallery of Scotland installés dans de ravissants temples antiques de grès beige ravalées récemment. Sur un parvis à l’arrière des musées, trois Indiens d’Amérique du nord jouent une musique très électrifiée. Celui qui tape sur des tambours a revêtu une magnifique parure de plumes.

La National Gallery of Scotland renferme une très belle collection de tableaux italiens. Je regarde comme de vieux amis les Raphaël, les Titien, je reconnais immédiatement Andrea del Sarto rencontré à Volterra. Des petits Hollandais me plaisent bien, j’identifie deux Rembrandt. Deux du Gréco…Sans que les autres tableaux n’aient le moins du monde démérité, comment se fait il que je remarque ceux là au premier coup d’œil ? Ces chef d’œuvre ont-ils d’une autre facture, d’une autre qualité – marque du génie – ou alors je les reconnais parce que je les connais déjà, parce qu’ils sont reproduits dans les livres d’art, parce que je les cherche ? Dans les musées que nous visitons j’ai l’habitude de chercher de préférence Botticelli, Raphaël ou Rembrandt…

Nous terminons l’après midi sur l’impériale du bus rouge qui passe juste au dessus de notre « hôtel ». il suffit de descendre devant le Royal Muséum dans Chamber Str. Et de descendre un escalier. Pour dîner, j’ai repéré sur North bridge un Fish and Chips. J’ai des souvenirs très émus de cabillaud arrosé de vinaigre blanc à Dalkey près de Dublin voilà 11 ans ! de celui de Londres aussi.

 

Sofia : La Boyanna

CARNET BULGARE

église dela Boyana

La petite église de la Boyana (ou plutôt trois églises accolées) est perchée dans la montagne.  Accessible par une route pavée très raide, et nichée dans un parc qui embaume : thuyas géants, buis, ifs et feuillus…Le gardien nous accueille dans un anglais parfait mais c’est un vieux radoteur. Nous avons l’honneur de tourner trois fois la grosse clé qui ouvre l’église (à chaque tour un vœu puisque nous sommes les premières visiteuses de la matinée). Dans la nef sont peints les deux couples de souverains qui ont commandé l’église le Sebastokrator Kalojan et Desiglava et en face Constantin Asen et sa femme Irina. Le roi porte la maquette de l’église. Un cycle de fresque raconte la vie de Saint Nicolas (que je ne connais pas) je remarque un beau tableau, une barque sur une mer grise houleuse, en face Nicolas descend du bateau et monte un escalier. L’église du fond est construite sur un plan byzantin, dominée par le christ Pantocrator. Nous nous attardons sur la Cène fameuse où les convives ont chacun une serviette dépliée, une tranche de pain triangulaire, des oignons qui ressemblent à des poireaux, et de l’ail. Vue du dehors, la petite église est ravissante avec ses toits qui se chevauchent, à ses pieds la tombe de la Reine Eléonore de Bulgarie. Une plaque commémorative rappelle un archéologue du Collège de France André Grabar (1896-1990).

Romantiques philhellènes : l’Enfant grec – Victor Hugo

CHALLENGE ROMANTIQUES

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le massacre de Chios (avril 1822) a horrifié l’opinion européenne et a été à l’origine du poème de Victor Hugo et de la toile de Delacroix

L’Enfant

Les turcs ont passé là. Tout est ruine et deuil.
Chio, l’île des vins, n’est plus qu’un sombre écueil,
Chio, qu’ombrageaient les charmilles,
Chio, qui dans les flots reflétait ses grands bois,
Ses coteaux, ses palais, et le soir quelquefois
Un chœur dansant de jeunes filles.

Tout est désert. Mais non ; seul près des murs noircis,
Un enfant aux yeux bleus, un enfant grec, assis,
Courbait sa tête humiliée ;
Il avait pour asile, il avait pour appui
Une blanche aubépine, une fleur, comme lui
Dans le grand ravage oubliée.

Ah ! pauvre enfant, pieds nus sur les rocs anguleux !
Hélas ! pour essuyer les pleurs de tes yeux bleus
Comme le ciel et comme l’onde,
Pour que dans leur azur, de larmes orageux,
Passe le vif éclair de la joie et des jeux,
Pour relever ta tête blonde,

Que veux-tu ? Bel enfant, que te faut-il donner
Pour rattacher gaîment et gaîment ramener
En boucles sur ta blanche épaule
Ces cheveux, qui du fer n’ont pas subi l’affront,
Et qui pleurent épars autour de ton beau front,
Comme les feuilles sur le saule ?

Qui pourrait dissiper tes chagrins nébuleux ?
Est-ce d’avoir ce lys, bleu comme tes yeux bleus,
Qui d’Iran borde le puits sombre ?
Ou le fruit du tuba, de cet arbre si grand,
Qu’un cheval au galop met, toujours en courant,
Cent ans à sortir de son ombre ?

Veux-tu, pour me sourire, un bel oiseau des bois,
Qui chante avec un chant plus doux que le hautbois,
Plus éclatant que les cymbales ?
Que veux-tu ? fleur, beau fruit, ou l’oiseau merveilleux ?
– Ami, dit l’enfant grec, dit l’enfant aux yeux bleus,
Je veux de la poudre et des balles.

8-10 juillet 1828

     Victor Hugo – Les Orientales


Antigone de Sophocle à Ivry – Adel Hakim et les acteurs du Théâtre National Palestinien

 

Intemporalité de la tragédie grecque – Antigone, la rebelle,  transgressera l’autorité de Créon et accomplira les rites funéraires dûs à Polynice, son frère., au prix de sa vie. Créon – jaloux de son pouvoir royal –  ne saura entendre ni la modération du coryphée, ni les supplications d’Hémon, mais se rendra à l’avis de Tyrésias, trop tard. La fin tragique est écrite!

Il est question de l’autorité de l’État, autorité de Créon – ou des Dieux qu’invoque Antigone. Il est question de la malédiction des Labdacides, d’OEdipe. C’est aussi une histoire d’amour, de l’amour de Hémon qui lui fait contester la décision de son père.

Qui mieux que les Palestiniens peuvent jouer une Antigone actuelle?

Le spectacle est en arabe surtitré, ceci peut effrayer quelques-uns, surtout ne pas hésiter, cette mise en scène est extraordinaire.

Extraordinaire de simplicité. Une estrade carrée, quelques chaises, un mur percé de fenêtre, Thèbes ou Ramallah?  Mur sur-lequel se projettent des images en noir et blanc et surtout le texte grec qui apparait pour rappeler Sophocle. Les personnages sont actuels. Le chœur antique est vêtu de gris, neutre, sobre. Créon ressemble à ces politiciens que l’on voit à la télévision, testant le micro avant son discours, tantôt matois, tantôt autoritaire. Sobriété aussi d’Antigone et d’Ismène. jeunes femmes d’aujourd’hui, pas de voiles ni de chevelure dénouée, des jeunes filles modernes en robe noire et bottes à talon. Le garde est un vigile, qui bégaie de crainte devant Créon, humain, trop humain quand il jubile d’avoir sauvé sa  peau en tirant Antigone enchaînée. Tragédie n’exclue pas humour. On sourit aux mimiques de cet homme simple.

Un grand souffle de Méditerranée soulève la pièce. La parenté entre les cultures paraît évidente. Comme est évidente l’actualité de Sophocle, à qui, la mise en scène est entièrement fidèle. La musique, très belle rythme l’expression des corps. Tout est déjà dit dans le prologue quand les femmes se balancent et secouent leur chevelure.

Qui mieux que les Palestiniens, sait pleurer ses morts? Mes pensées vont aussi jusqu’en Syrie toute proche où l’absurde a dépassé de loin le théâtre.

 

 

Book et bookeen

Mon amie Roberte m’a envoyé ceci:

http://www.youtube.com/watch?v=Q_uaI28LGJk

et j’ai bien ri!

Grâce à Dominique j’ai obtenu les coordonnées (merci à Armando)  de Lady Susan de Jane Austen en téléchargement gratuit et j’ai pour la première fois téléchargé unPdf sur ma bookeen .

Mais je ne maîtrise pas encore la technologie!

J’ai bien du mal à lire une page à la fois .Soit cela se présente sur  2 colonnes avec des lettres minuscules, soit si j’agrandis, je n’ai plus la vision complète d’une page: seuls les enfants déchiffrent lettre par lettre, mot par mot, ligne par ligne. Les lecteurs rapides balaient la page ou au moins le paragraphe.

La vidéo ci-dessus me paraît d’autant plus pertinente!