CARNET DU MONT SAINT MICHEL A SAINT MALO ET UN PEU PLUS A L’OUEST
SAINT CAST

La station balnéaire de Saint Cast ne ressemble pas à Saint Malo ni à Dinard. Plus aérée, avec des hameaux dispersés, plus moderne et plus sportive aussi avec une marina énorme, de nombreux pontons flottants. A notre arrivée ce matin vers 10h, la rue commerçante parait morte : lundi matin, les magasins sont fermés et il n’y a personne. Nous ne trouvons qu’une pâtisserie un peu désuète luxueuse et très chère qui vend des éclairs, religieuses et Salammbô ainsi qu’une spécialité le saintcastin meringué saupoudré de sucre blanc.
Une promenade cimentée relie la Grande Plage au port . De nombreux joggers courent, j’adopte le pas de promenade, intriguée par de curieuses cavités dans les rochers et de nombreux micro-plis : la complexité du métamorphisme. Je cherche des cristaux apparents, j’ai lu dans le guide Gallimard qu’il y avait un affleurement d’une amphibolite dans les environs, les amphiboles me plaisent surtout la glaucophane.
Du haut du port le sentier côtier dans une lande sauvage et sur des rochers abrupts rejoint en une petite demi -heure la jolie petite plage de la Mare, sable blanc, crique encaissée. Un sentier côtier contourne les pointes de la baie qui fait face à Saint Jacut. Il se trouve à la fin de la Grande Plage.
Sur la Grande Plage je me déchausse, le sable est très fin, tellement fin que les pieds s’enfoncent près de l’eau. Dans les vagues avancent trois silhouettes, des pêcheurs de crevettes ? Des jeunes frimeurs ? Non, elles sortent en combinaison courte (sans les jambes), elles sont largement sexagénaires et très souriantes.

A la fin de la plage, une rangée de cabines de plages laquées de blanc précèdent un magnifique hôtel à colombages rouges. C’est l’hôtel Ar Vro, créé par Marinier, le promoteur de la station, qui est devenu une école hôtelière. Je me rechausse en même temps qu’une famille composé du papa d’Hector et Octave tandis que la mère est avec Morgane. Morgane, j’en ai plein ma classe mais Oc tave ! Est-ce le nouveau prénom à la mode ?
Le sentier grimpe très fort sur la colline pour arriver à la Pointe de la Garde ornée d’une statue et d’une table d’orientation. Le panorama est somptueux. J’avais prévu de contourner la côte pour découvrir les criques mais il est déjà midi et Le Guide Gallimard nous recommande la visite de la chapelle Saint Brigitte, le Manoir du Val et le port de Guildo. Je remonte en voiture, renonçant à la randonnée.
Le Manoir du Val est une étape du pèlerinage Chateaubriand, propriété d’un oncle de François-René. Maintenant le Manoir du Val est un château-hôtel offrant des chambres d’hôte avec douches et sans salle de bain de 90€ à 110€ et jusqu’à 170€ avec salle de bains et même des cabanes perchées dans les arbres (prix non indiqué) . Je passe par l’accueil pour demander la permission de photographier le manoir à partir du parc (magnifique) mais il n’y a personne.

Le site suivant est celui des pierres sonnantes dans le lit de l’Arguémon, fleuve côtier dont l’estuaire se trouve au Guildo. Un sentier inondé et très boueux part du port. Les pierres sonnantes sont des amphibolites dont on trouve des grosses boules noires sur le bord de la rivière. Frappées avec un galet, elles sont censées produire un son cristallin et argentin. Au premier essai, ces propriétés sonores ne paraissent pas évidentes. Il faut bien choisir son bloc ! L’un deux convexe sonne mieux : le creux fait caisse de résonance.
Rabelais :
– Gargantua, sentant une odeur de raie à Saint-Jacut-de-la-Mer, est pris de haut-le-coeur et vomit les rochers du Bé, la Pointe de la Garde, le Rocher de Bec Rond (également présenté comme un étron), tandis qu’il laise tomber deux cailloux qui traînaient dans sa poche : la Petite et la Grande-Feuillâtre. Il vomit encore Canevet et chie la Basse à Chiambrée (qui pourrait aussi être, avec l’île Agot, et les Petit et Grand-Boudineau, des pierres avec lesquelles il cherche à abattre une bernache).
– une pierre posée, près de Saint-Jacut-du-Méné, porte l’empreinte du pied de Gargantua, qui était monté sur cette pierre afin de s’élancer sur une autre pierre à 3 km de là.
De l’autre côte de l’Arguémon se profile les imposantes ruines du château du Guildo – château féodal du XIIIème siècle, appartenant à la Vicomté de Dinan, démantelé par Henri IV en 1598. Je découvre un personnage historique Gilles de Bretagne, qui pensant garantir l’indépendance de la Bretagne refusa de prendre parti pendant la Guerre de Cent Ans et correspondait également avec Henry VI d’Angleterre. Cette correspondance le conduisit en prison et causa sa mort en 1450. Paul Féval raconta ce destin tragique dans un roman La Fée des Grèves. (Selon Guide Gallimard p288). Pour trouver la fée des grèves : http://www.inlibroveritas.net/lire/oeuvre4718.html
Nous pique-niquons au château : saumon, avocat.
Le conseil Général des côtes d’Armor restaure ce château. On reconnait les tours et les courtines ainsi que l’emplacement de certaines chambres et salles.
Presqu’île de Saint Jacut-de-la-mer

La presqu’île est très urbanisée, les petites routes serpentent entre les maisons bretonnes, celle plus modernes des estivants et les bâtiments imposants de l’Abbaye. De nombreuses plages bordent les côtes mais nous préférons atteindre la pointe du Chevet juste en face de l’île des Ebiehens. Nous avons choisi cette excursion l’après midi pour aller à marée basse à pied sec (si on veut) , je me déchausse, traverse le gué, et marche en compagnie de tous les pêcheurs du dimanche, familles bottées ou déchaussées…enfants avec seaux et pelles, la plupart d’entre eux vont aux coquillages.
Dans l’estuaire, les bouchots sont découverts on voit travailler les camions amphibies en métal argenté et les poteaux sont alignés jusqu’aux îlots.