Le Monde publie dernièrement des ouvrages libertins sous une couverture rouge suggestive. Généralement les ouvrages « érotiques » m’ennuient, il est aussi paradoxal pour une féministe d’encenser Casanova ou Don Juan. C’est donc dans la perspective d’un prochain voyage à Venise que j’ai ouvert cet ouvrage. Voyager ouvre l’esprit et libère des préjugés!
Casanova l’auteur, et Casanova le personnage m’ont séduite! L’auteur d’abord raconte à la perfection avec la légèreté et l’élégance du 18ème siècle ses aventures romanesques vécues ou enjolivées, on se le demande. La séduction de jeunes filles pures et parfaites, finalement facilement conquises est la partie la moins intéressante de l’histoire, on connaît le dénouement. la description des plaisirs serait répétitive si l’on n’était à Venise dans ce carnaval presque permanent où le déguisement est coutume. Casanova en habit d’abbé, M.M. en belle nonne, mais aussi, masques, Pierrot…Plus que le séducteur, l’escroc m’amuse. Que d’expédients pour mener grand train! Et surtout quand le jeu fait disparaître des sommes énormes. On soupçonne d’autres spéculations, plus vastes dans cette cité commerçante. Une délicieuse amoralité, un esprit frondeur et libertin, animent ces aventures. Ressurgit le Don Juan de Molière et celui plus sombre de Mozart. Quand le personnage s’évade des « Plombs » le romanesque est au comble!
Cette lecture a éclairé notre visite. Quand les masques et les gondoles nous semblaient trop touristiques j’avais présents à l’esprit les récits de Casanova. Trop joli, trop séducteur, peut-être, mais finalement vénitien. Même la foule était la même, permettant l’anonymat autant que le masque…
Sur le vaporetto qui nous ramène de Torcello en passant par Murano, je me souviens de la tempête qui aurait pu être fatale à Casanova rentrant à Venise sur la gondole transi.