Torcello
Après 2 heures de navigation, nous arrivons sur cette île tranquille. Une chaussée de briques rouges longe un canal. Trois jolis restaurants attendent les visiteurs, le premier plus simple, le dernier chichiteux avec ses vases carrés contenant une rose blanche, une fronde de fougère et des fausses perles. « Propriété Privée » ne s’inscrit pas sur un panneau disgracieux mais se grave dans le marbre à l’entrée de chaque sentier. Quelques maisons ont leurs volets fermés. Sont-elles vides ou craint-on la chaleur ?
Un petit pont de brique enjambe le canal. Dire que Torcello fut autrefois un évêché plus ancien et plus important que Venise et que sa population dépassait 20 000 habitants. Malaria, ensablement, peste, la cité a décliné.
Dix minutes d’une promenade reposante, nous atteignons la Cathédrale Santa Maria Assunta et Santa Fosca, un hameau et des jardins. Le campanile de Santa Maria Assunta est entouré d’échafaudages. Santa Fosca bâtie sur le plan d’une croix grecque forme un octogone. Le visiteur non averti verra un toit circulaire, des colonnes anciennes et une grande austérité. L’église est vide.
Le billet combiné Santa Maria Assunta et le musée (8€) comprend un audio-guide. La visite suit les pas des pèlerins qui entraient par la porte principale face à l’autel. Je ne remarque pas tout de suite le pavage multicolore. Dans la coupole au dessus du chœur, la Vierge, sur un fond doré, préside l’église qui lui est dédiée. Des inscriptions latines disent qu’avec son Fils elle a racheté le péché d’Eve. Comme dans une église byzantine, l’iconostase isole l’autel de l’assistance. A sa base de belles pierres sont sculptées de paons et de lions (motifs vus à San Marco). En haut, sont peints des visages comme des icones grecques. Les dix marches pour monter au trône de l’évêque, symbolisent les dix Commandements Dans l’abside, une merveilleuse mosaïque aux couleurs fraîches avec des motifs floraux entoure l’agneau au centre de quatre quartiers.
18 colonnes antiques balisent la nef selon un plan roman. En revanche, la mosaïque au dessus de la porte ressemble énormément aux fresques grecques ou roumaines du Jugement dernier. A cette différence près que, le Jugement Dernier, en Roumanie se trouvait dans le narthex tourné vers l’extérieur tandis qu’ici il fait face au chœur. De la même façon, il se lit sur plusieurs registres horizontaux superposés. Le registre supérieur représente la Crucifixion. En dessous, encadré par deux énormes anges Gabriel et Michel multicolores, le Christ piétine les portes de l’enfer, à sa gauche Marie et Adam qui sort de son tombeau couvert d’un linceul blanc, derrière lui les rois David et Salomon, de l’autre côte saint Jean Baptiste et les prophètes. Au registre situé en dessous, le Christ se trouve dans une sorte d’amande entouré par les prêtres et les anges aux auréoles dorées. En dessous : pesée des âmes, les démons tentent de faire pencher la balance. Le fleuve rouge, flamme ou sang sort de l’amande et s’élargit en formant l’Enfer. De l’autre côté figure le Paradis.
Cette mosaïque me parle infiniment plus que les merveilles dorées de saint Marc.
Le petit musée archéologique présente dans ses vitrines toute une foule de figurines grecques métalliques et des petits vases. L’autre partie du musée abrite encore des mosaïques et une série de peintures représentant la vie de Sainte Christine.
on y a l’impression d’être totalement hors du temps.. une belle escale!
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