Cinq jours à Venise (2ème jour)

Vaporetto ligne 2, bondé comme hier,les palais défilent, un peu plus familiers mais toujours aussi somptueux. La Ca d’Oro est mon préféré. Nous observons avec curiosité le trafic sur le Grand Canal: le bateau poubelle, le bateau-ambulance fonçant toutes sirènes hurlantes, les motoscafi de bois vernis qui croisent doucement presque toujours vides. Passe un canot avec un curieux équipage : cinq hommes grisonnants en maillot rouge et canotier s’entraînent sans doute pour une régate. Un gondolier nous fait de grands signes, sa gondole est vide, il chante pour le plaisir.
Basilique San Marco
La queue est longue pour entrer dans la basilique San Marco. Je ne m’ennuie pas. Avec mes jumelles je détaille les sculptures et les mosaïques, les panneaux de marbre précieux, marbres blancs, gris, blancs veinés de gris, verts, porphyres, les noirs…Les colonnes sont également disparates. Ces matériaux de provenance diverses ne m’étonnent plus après avoir vu à Sainte Sophie les colonnes venant de tout l’Empire Romain. Venise, comme Byzance, ont razzié les plus beaux marbres, les plus beaux chapiteaux, les plus belles statues.
J’avais oublié que je visitais une église : il m’en a coûté 1€ d’acheter, pour couvrir mes épaules impudiques, un triangle de non-tissé rouge sang épais, chaud, malgracieux, qui, en plus, n’arrête pas de glisser.
Dans la basilique, je ne sais plus où donner de la tête. Les mosaïques dorées couvrent les coupoles, le sol est revêtu d’un pavement merveilleux, je marche sur des paons multicolores aux têtes bleues…Les mosaïques ne me semblent pas byzantines. Le Christ Pantocrator est à sa place au centre des coupoles et les évangélistes sur chacune des 4 trompes. Les personnages sont latins. Certaines mosaïques sont récentes. Ici encore, magnificence et gloire de la Sérénissime, pillage de l’Orient. Mais l’émotion ressentie à Daphni ou à Hagios Loukas n’est pas au rendez vous. Le parcours est balisé par des rubans comme dans les aéroports, impossible de s’asseoir et de sortir notre guide pour identifier les scènes. C’est un de nos jeux favoris. Nous sommes devenues habiles à repérer les épisodes bibliques. C’est frustrant!
Si l’entrée de la basilique est gratuite, certains endroits sont payants. On zappe le Trésor, tant pis pour le reliquaire du sang du Christ. En revanche je veux voir la Pala d’Oro : le corps de saint Marc (volé d’Alexandrie, encore une rapine !) est sous un ciborium (un dais ?) supporté par des colonnes d’albâtre très finement ciselées de couleur ambrée. A l’arrière le retable d’or et de pierres précieuses me plait moins que les colonnettes.
Pour atteindre le Musée Marciano il faut grimper un escalier très étroit et très raide qui monte du narthex à la loggia où sont exposés les chevaux, à l’abri. Ceux qu’on voit à l’extérieur sont des copies. Je suis très excitée d’aller leur rendre visite. Ils sont encore plus beaux que je ne me l’étais imaginé, leurs veines gonflées sur la tête, la finesse des antérieurs. A l’étage, on est plus proche des mosaïques, la lumière est meilleure.
La petite place des lions est bondée. Difficile de se faire une idée de l’ordonnancement des bâtiments. La Tour de l’Horloge attire le regard.