VOYAGER POUR LIRE/LIRE POUR VOYAGER
Une Soirée au Caire est une suite au Tarbouche qui raconte l’histoire d’une famille égyptienne syro-libanaise, francophone, chrétiens d’Orient:
« …melkites de rite byzantin.Notre église est grecque mais pas orthodoxe, catholique mais pas romaine… »
Le patriarche Georges bey Batrakani était le roi du tarbouche. Le tarbouche raconte la saga familiale qui commence en 1916 quand le jeune collégien récite « Le laboureur et ses enfant » au sultan, l’ascension sociale et la réussite de l’homme d’affaire et s’achève avec la dispersion de la famille entre Beyrouth, Genève, Paris ou Montréal…
J’ai beaucoup aimé ce roman qui retrace l’histoire de l’Égypte cosmopolite, monde disparu.
La soirée au Caire n’a pas cette ampleur. Le narrateur revient en Égypte dans l’ancienne demeure familiale. Roman de la nostalgie. Trouble de l’identité binationale. Charles est-il vraiment égyptien? L’est-il encore? l’a-t-il jamais été?
– « …aujourd’hui, avec l’Egypte, je suis comme un adolescent devant une femme attirante, mystérieuse et qui fait peur.
-« Tu as retrouvée la mère patrie, m’a dit Josselin.
La mère, oui. La douceur du climat, la gentillesse et l’humour des gens. mais le père est toujours aussi inquiétant avec ses uniformes, ses censures et ses prisons où l’on torture. incarné par un douanier soupçonneux, il surveille l’entrée et la sortie…. «
Regard aussi sur l’évolution de la société égyptienne après la fracture de 1956, quand tout ce qui faisait le cosmopolitisme de l’Égypte, français, britannique, juifs mais aussi nombreux chrétiens d’orient ont quitté le pays.Islamisation de la société, place des femmes. Regard curieux sur le monde des archéologues. Le prétexte du retour du narrateur n’est-il pas un reportage sur un archéologue? Une conversation avec Amira, professeur d’université qui milite contre l’excision des femmes, annonce-t-elle la révolte des jeunes?