Liepaja ville rock

plage de Liepaja après l'orage

Orage

De Kuldiga à Liepaja, sous  la pluie violente nous ne regardons pas le paysage.

Liepaja

Arrivée à Liepaja dans les travaux, route défoncée,  à l’entrée de la ville, des usines gigantesques, un complexe métallurgiques, ont un air fantomatiques. Quelques unités semblent encore ouvertes mais on ne voit ni rougeoiement de fours ni aucun signe d’activité.

Sans crier gare, on passe un canal. Deux hôtels de luxe sont installés dans des docks de briques. On se croirait Rue de Flandres sur le bord du canal de l’Ourcq. « Vous êtes arrivés ! » claironne le GPS devant l’Hôtel Promenade 5* L’adresse est bien celle du voucher mais le nom de l’Hôtel ne correspond pas. 5* c’est trop pour nous !

En allant chercher de l’aide au Hessbürger (mac do local) tout s’éclaire, l’adresse indiquée est à Roja. Que faire ? Téléphoner  à Vilnius ?

Dans le dossier, j’ai une autre adresse Les Sept Sœurs, Eglu8. Le GPS nous emmène dans des rues pavées de gros galets ronds où l’herbe pousse dru dans les interstices. La Skoda se transforme en carriole tirée par un cheval tant il y a de cahots. Eglu est une rue campagnarde avec des maisons de bois basses cachées derrière leur palissade. Une belle maison à étage penche dangereusement, les tourelles sont en train de basculer, les appentis de travers, et le toit est crevé.

Liepaja, rue Eglu

Notre hôtel est la seule maison de brique de la rue Eglu. Dans un autre contexte il aurait belle allure. L’enseigne Seven Sisters dorée est toute neuve mais rien n’indique qu’il s’agit d’un hôtel. La porte ordinaire est verrouillée. J’ai de gros doutes.Une jeune fille en short m’accueille dans un anglais parfait. Deux chambres ont été retenues. Elles sont immenses : trois fenêtres avec des doubles rideaux foncés, de curieux meubles tournicotés noirs et dorés, un lit kingsize, une épaisse moquette. Quelle belle surprise ! Comme je m’étonne de ces dimensions, la jeune femme donne l’explication « vous êtes à Liepaja ! ».

Hôtel 7sisters

 Tour en ville.

D’abord les « boulevards extérieurs », grandes artères répertoriées dans le plan qui nous conduisent au canal et aux hôtels de luxe déjà vus, puis on passe par un centre urbain avec de grands immeubles anciens et on arrive à un parc qui borde la plage. C’est une très belle plage, au sable très blanc, très large. Ce qui retient mon attention, c’est le ciel tourmenté après l’orage. Les bancs de nuages très gris alternent avec un ciel jaune. La plage est orientée à l’ouest, j’avis imaginé un coucher de soleil oubliant qu’en Juillet en Lettonie, le soleil se couche très tard. Au loin, plus au nord, la silhouette de très gros bateaux se profile. Aux abords du parc Jūrmala il y a de très belles villas de bois, je ne résiste pas à photographier celle qui combine un bulbe d’église à un chalet peint en rose. Nous ne trouvons pas la mignonne église orthodoxe peinte en mauve.

Cherchant le Centre-ville, nous débouchons devant un édifice énorme au fronton classique et aux colonnes impressionnantes : l’université. La grande place Rozu Laukum (Rosenplatz) est presque déserte – peut être après la pluie – quelques jeunes gens déambulent. Un clochard, peut être seulement ivrogne, est appréhendé par la police qui lui colle une amende. La Liela iela,la rue la plus fameuse de Liepaja,  résonne de musique Rock. Un guitariste est suspendu, enseigne énorme d’un café moderne aux larges baies vitrées  dominant une place où le monument est une guitare électrique et où des cubes de ciment conservent les empreintes des mains de « célèbres » musiciens de Liepaja.

Liepaja s’est choisi un symbole jeune : le rock. La musique lui portera-t-elle l’élan  que le Musée Guggenheim a apporté à Bilbao ?

L’impression que nous tirons de ce tour de la ville est très mitigée. Liepaja a connu autrefois son heure de gloire : les immeubles Art Nouveau, les villas en témoignent. Témoignage bien fané de la prospérité du port de commerce d’où s’embarquaient les émigrants vers le Nouveau Monde, Halifax et New York avant 1914, Juifs et Russes allant chercher un monde meilleur. Barres soviétiques, probables conséquence du Combinat de Métallurgie entrevu à l‘entrée de la ville.

Impression de délabrement, d’abandon. Tout s’écaille, se rouille, s’écroule. La moitié de la ville parait vide. Départ des Russes ? Ruine de l’industrie lourde ? Ou de la base navale soviétique ? D’ailleurs, les Russes sont toujours là, les pauvres gens, pas les 4×4 noirs de Jūrmala.

Lipaja ville rock

Liepaja Ville Rock

Ville destroy

Des notes de musique pour guider le visiteur.

Quelle sorte de Rock ? Heavy Metal en l’honneur de la métallurgie. Rock punk destroy pour les maisons croulantes dévastées ? Rock protestataire contre le régime totalitaire, Liepaja était déjà rock avant 1991, dès 1960.

Résilience.

Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

5 réflexions sur « Liepaja ville rock »

  1. J’ai un stage à faire à Liepaja pendant 9 mois, arrivé depuis deux semaines ici, le choc est grand pour un occidental tel que moi. La ville semble déserte à n’importe quelle heure, je trouve votre description du lieu tout à fait réaliste et résumant bien la vie ici. J’espère y voir quelques éclaircies car au delà du délabrement des rues et des maisons cette ville pourrait nous dévoiler quelques charmes ( du moins je l’espère :p)

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  2. Bonjour,
    je suis allée à Liepaja en juillet 2011 et avril 2014. La petite église orthodoxe peint en mauve se trouve dans un petit jardin tout près de Liela Iela, vous étiez tout près…
    Dans le quartier de Karosta au nord de la ville il y a plein d’autres choses à voir : une magnifique cathédrale orthodoxe St Nicolas en travaux en 2011, les bâtiments en briques rouges servant successivement aux armées tsaristes, puis allemandes de 1941 à 45, puis à nouveau aux Russes, à l’abandon, dommage pour le beau manège; le pont Kapalka, qui se relève , est inspiré de G. Eiffel; il a aussi limpressionnant môle nord, die Nordmole,brise lame de 1, 8 km de long (voir photos sur Google.de) qui devait protéger le port de guerre des assauts de la mer baltique.
    Je suis allée en Estonie et Lettonie avec mon fils qui a organisé ce voyage dans des lieux pas desservis par les voyages organisés pour retrouver les lieux foulés par mon père en 1944-45. Alsacien, donc Français, lors de l’annexion de l’Alsace par l’Allemagne en 1940 il a été incorporé de force dans l’armée allemande, versé dans la Kriegsmarine; il a passé par Reval =Tallinn, puis Liepaja, Riga; en mai 45 il été fait prisonnier par les russes et a transité dans divers camps ( dont nous avons retrouvé les lieux) et a été libéré en nov 44 après 6 mois de captivité…
    Les Pays Baltes sont redevenus libres en 1991…

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