CARNET DU MONT SAINT MICHEL A SAINT MALO

L es grandes marées ont inondé les prés salés . Pourrons nous accéder au Mont saint Michel? Dans la brume, sa silhouette se détache sur l’eau. Les parkings sont inaccessibles. La file des voitures fait demi-tour.
Extraordinaire! il n’y a presque pas de touristes. Je monte, ravie d’éviter les marchands du temple, les magasins viennent juste d’ouvrir,. La rue pavée escarpée se termine par des marches jusqu’à l’abbaye.
9€ (gratuit avec le Pass Education que j’ai oublié) +4.5€ l’audio-guide.

Saint Michel, archange très puissant, était vénéré dans le Gargano (Pouilles). Le premier sanctuaire, sur le rocher normand, avait une forme ronde imitant la grotte de MonteSantAngelo dont on a rapporté des reliques. Le pèlerinage, très populaire, fut effectué par de nombreux souverains de Normandie et de France.
le Mont Saint Michel, normand mais à la limite de la Bretagne, avait donc une grande importance stratégique. Pris par le Bretons, repris par les ducs de Normandie, assiégé par les Anglais pendant la Guerre de Cent ans.
Une terrasse sert de parvis. La vue est magnifique. Le fronton de l’église est classique(1760), un incendie ayant détruit le porche original, plusieurs travées se sont écroulées. L’église est très vaste nef romane ( 17m) et chœur gothique flamboyant (25m). Qu’on ait perché une église si grande et si haute au sommet d’un rocher est déjà extraordinaire. Qu’on ait apporté autant de pierre est aussi un exploit : elle venait par mer de Chausey. Les architectes médiévaux ont su alléger la masse par des baies qui rendent l’église très lumineuse, par un plafond de bois. Ils ont aussi élargi la base du monument par des cryptes que nous verrons plus tard.

Le cloître, entouré d’une double rangée de colonnes très fines rouges en pierre anglaise, semble suspendu. De là, on entre dans le grand réfectoire des moines, lui aussi très lumineux, éclairé des baies comme des fentes verticales entre des rangées de colonnes, invisibles de l’entrée. Allégé par un plafond voûté de bois.
Juste en dessous se trouve la salle des chevaliers chauffée par trois cheminées où mangeaient et festoyaient les pèlerins et grand seigneurs. Des cryptes soutiennent la nef : la salle des gros piliers est juste en dessous du chœur. J’admire encore l’adresse des bâtisseurs qui ont construit des piliers et des nervures qui correspondent à celles de l’étage plus haut.
Féval dans la Fée des Grèves décrit mieux que moi l’abbaye:
– « Au-dessus de la salle des chevaliers, le cloître.
L’Aire de Plomb, comme on l’appelait, parce que la cour, comprise entre
les quatre galeries, était recouverte en plomb, pour protéger la voûte de
la salle inférieure.
À mesure qu’on montait, le roman disparaissait pour faire place au gothique,
car l’histoire architecturale du Mont-Saint-Michel a ses pages en
ordre, dont les feuillets se déroulent suivant l’exactitude chronologique.
Le soleil de midi éclairait le cloître, qui apparut aux pèlerins dans
toute sa riche efflorescence : Un carré parfait, à trois rangs de colonnettes
isolées ou reliées en faisceaux qui se couronnent de voûtes ogivales, arrêtées
par des nervures délicates et hardies.
Le prodige ici, c’est la variété des ornements dont le motif, toujours le
même, se modifie à l’infini dans l’exécution, et brode ses feuilles ou ses
fleurs de mille façons différentes, de telle sorte que la symétrie respectée
laisse le champ libre à la plus aimée de nos sensations artistiques : celle
que fait naître la fantaisie.
Aussi, cette échelle de soixante pieds que nous venons de gravir, depuis
la base des tourelles jusqu’à l’aire de plomb, en passant par la salle
des gardes, le grand réfectoire, le dortoir, la salle des chevaliers, le
cloître, avait-elle reçu, des visiteurs éblouis, le nom générique de la
Merveille.
Nous descendons par des escaliers et des courtines des remparts. Des ifs vénérables ont perdu leurs baies rouges qui tapissent un cercle à leur base. Entre temps la mer est descendues et les parkings se remplissent, les touristes arrivent tandis que nous repartons.
Pique-nique au même endroit que les dernières fois, les habitudes se prennent vite.

Les manuscrits des moines ont été entreposés à Avranches, dès la Révolution, l’Abbaye est devenue une prison. Le Scriptorial est un musée moderne près du donjon d’Avranches. Les premières salles racontent l’histoire du Mont Saint Michel, cela nous sert de révisions. Une grande carte ancienne montre les cours d’eau : le Couesnon, la Silune et la Sée qui passent à Avranches. Une forêt sauvage couvrait la région du Mont Saint Michel jusqu’à Chausey qui était rattaché au continent. Une sorte de ras de marée à la faveur des Grandes Marées au VIIIème siècle noya la forêt et fit du Mont- Tombe, une île. Le rocher Tomblaine ne devrait pas son nom à la dame Hélène mais plutôt à un sanctuaire ancien d’un dieu Bellénus. La légende du raz de marée reste une jolie histoire, les transgressions, les alluvions des trois rivières suffisent à expliquer la sédimentation actuelle. Un diaporama alterne gravures anciennes et photos, c’est agréable d’imaginer le mont avec ses moines. Une autre salle est consacrée aux manuscrits, on voit les matières premières, la peau qui donnera les parchemins, les ingrédients pour fabriquer les pigments. Enfin une dernière salle analyse les lettrines et les enluminures. Je commence à m’énerver : trop de fac-similés, trop d’audiovisuels, trop d’écrans informatiques et si peu de vrais témoignages ! je m’impatiente, je suis frustrée. Je pousse une porte et arrive dans une salle ronde noire à l’hygrométrie contrôlée, et enfin, les voilà les manuscrits ! Ils sot ouverts aux pages portant les lettrines et les enluminures étudiées précédemment. Je suis éblouie.
Je n’ai pas eu le temps de visiter le scriptorium, tant pis, ce sera pour un autre voyage. Et je ne me lasse pas de la visite de l’Abbaye avec la vue superbe sur la baie.
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merci pour le lien sur ton blog!
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Visiter le Mont St Michel sans les hordes de touristes est un privilège.
Le Pass éducation est toujours soit introuvable soit oublié!
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