Ouidah : Route de l’Esclavage

JUMELAGE CRETEIL/POBE

la Porte du Non-Retour

J’avais imaginé marcher sur la Route de l’Esclavage comme un pèlerinage à pied. 4 km ne me font  pas peur et nous aurions pu nous arrêter à chaque statue, chaque stèle.

Il est 13 heures passées quand nous arrivons sur la Place du marché aux Esclaves ou place ChaCha du surnom que les Béninois ont donné à Francisco De Souza – le Vice Roi de Ouidah – le marchand d’esclaves  brésilien ami du roi d’Abomey. – sujet du roman de Bruce Chatwin que j’ai beaucoup aimé. Ce personnage et le rapport que les habitants d’Ouidah entretiennent avec son souvenir est très ambigu. Vue de France, l’histoire semble tranchée : De Souza est un marchand d’esclaves donc un « mauvais ». A Ouidah, il n’est pas rejeté et serait même admiré.

 

Ouidah, place Cha-cha très animée

Il y a grande animation sur la place. Un groupe de scouts venus de Lokossa nous invite très gentiment à figurer sur la photo-souvenir. Plus loin une équipe de vidéastes et un groupe de jeunes musiciens tourne un clip. Eux aussi  nous appellent nous font danser et chanter. Tout au moins Stéphanie et Laure « mes filles ». Comme ils sont polis ils entraînent  « Maman » dans la danse. Stéphanie et Laure ont vite appris le refrain « Misé, misé, Célestine… » C’est un slogan électoral, nous l’apprendrons plus tard Célestine  s’est présentée aux Législatives et nous avons vu son portrait sur les affiches qui n’ont pas encore été enlevées. Euphorie de ces premiers contacts amicaux avec la population locale. Nous avons oublié notre triste pèlerinage.

 

La route de l’Esclavage

14heures, la chaleur est à son apogée, je commence à fatiguer. Les filles  renoncent au projet de randonnée sous le soleil. Damien qui a envie d’aventure tient à faire la promenade à pied. Il est tenté par le retour en zemidjan. Thierry le prévient:

– « Ils vont te taxer ! ».

L'arbre du Non-Retour

L’Arbre du Non Retour  n’existe plus. Il a été remplacé par une curieuse statue qui ressemble à une sirène. Les esclaves tournaient autour de l’arbre pour abandonner leur identité africaine, 9 fois les hommes, 7 fois les femmes.

Zomai : les esclaves

Le Zomaï était la case noire où les esclaves étaient parqués dans l’obscurité pour se préparer à la traversée dans la cale du navire. Statue figurant le marquage au fer rouge, les esclaves des différents propriétaires seront ainsi identifiés comme on le fait aux moutons qui partent en transhumance.

esclave dans les fers

Un jeune du village nous mène à la fosse commune où furent inhumés ceux qui étaient trop « fatigués » pour entreprendre la traversée. Un mosaïque surmonte la dalle de ciment nue : blanc, rouge, brun, noir… couleurs de la terre africaine rouge, du sang peut être, noir de la peau, du deuil. Une sculpture métallique symbolise les peuples asservis, les Yorubas, les plus « dodus » avec leurs scarifications, les Peuls fins et minces avec leurs anneaux et d’autres dont je n’ai pas saisi le nom de l’ethnie..

Le parcours poignant continue jusqu’à un arbre portant encore fleurs et fruits : l’arbre du Retour, retour de l’âme et non du corps mort aux Amériques.

Le terme du pèlerinage est la Porte du Non Retour sur la plage. J’ai le cœur serré comme la première fois.
Tandis que le vendeur nous prépare nos noix de coco, nous apercevons Damien au petit bar en face. Il rentrera avec nous sans avoir recours au zemidjan.

Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

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