Essouhé : l’hôpital

JUMELAGE CRÉTEIL/POBE

Au dispensaire, nous sommes reçus par le médecin-chef de l’hôpital (le seul médecin) qui revient d’une tournée de vaccinations (polyo) mais aussi distribution de vitamine A aux petits et vermifuges. Cette campagne est annoncée partout par de grandes banderoles vertes. Cet hôpital n’est pas équipé pour des interventions lourdes : il n’y a pas de bloc opératoire. La prévention joue donc un  rôle primordial.

Le médecin nous distribue sa carte de visite. Une spécialisation VIH est précisée. Laure le questionne à ce sujet. D’après le spécialiste 1 à 2  % de la population du district serait contaminée ce qui, dans l’absolu, représente beaucoup de malades. Ils peuvent fournir un kit gratuit de dépistage et de trithérapies (mais quid du long terme ?). La prévention VIH est mission impossible : la polygamie et la position d’infériorité des femmes qui ne peuvent ni refuser un rapport, ni exiger le préservatif à leur mari, favorisent la contamination. Sans parler des autres occasions de transmettre la maladie : en particulier lors des scarifications en série. On Utilise le même « couteau préparé ». Je lui demande quelle est la pathologie la plus répandue ? – le paludisme qui peut être fatal aux jeunes enfants sous sa forme neurologique ou aux femmes enceintes et aux immunodéficients.

Une question me taraude depuis ce midi. Quelle est sa position vis-à-vis de la « médecine traditionnelle » ? Nous avons tous à l’esprit le petit malade. Sa première réponse est claire. Les guérisseurs et les pratiques traditionnelles sont des obstacles à la médecine. Des villages entiers ont refusé la campagne de vaccination. Mais juste après cet aveu spontané,  il se reprend. « Je suis catholique, mais on ne peut pas vivre au Bénin sans constater certaines choses…. »Il raconte alors des guérisons miraculeuses, des lésions indétectables avec les techniques modernes et même de tumeurs contenant des clous et des morceaux de verre invisibles aux rayons X mais extraits miraculeusement par le guérisseur…

Sans doute, il est sincère. Peut être est il politique ? Son incroyance le couperait de la population qu’il doit soigner.
Nous cherchons un terrain plus neutre : le manque criant de médecins dans les régions rurales, le manque de moyens. « Faisons une vue d’ensemble ! » : photo de famille. Promesse de s’écrire.

 

Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

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