Avoch, Fortrose, Cromarty

JUILLET ÉCOSSAIS

 


  Au réveil, le ciel  voilé, 14°5 .

 

Beauly

La rue de notre gîte, Ferry street, va jusqu’à la rivière. Elle est bordée de cottages mitoyens avec de jolis pignons, des façades de grès rose et des jardins soignés. Au coin ils ont même installé un cerf en ciment grandeur nature. Le Prieuré de Beauly, fermé, belles ogives gothiques dans du grès rouge, la nef a perdu son toit ce qui donne des ruines romantiques.

L’Office de tourisme   vend  des flacons bleus de citronnelle :

– « y a-t-il des moustiques ? »

– « non, des midges », la dame prend un air très ennuyé.

– « quand sortent ils ? »

« après la pluie, j’espère que vous ne les rencontrerez pas. Fermez les fenêtres de la voiture ! »

La dame de l’Office de tourisme nous recommande le circuit de Black Island, de Muir Or à Cromarty. Black Island n’est pas noire, elle serait plutôt verte si le qualificatif n’était pas déjà pris par l’Irlande. Ce n’est pas une île non plus, plutôt une presqu’île entre deux firths.

Nous suivons le rivage sud qui regarde vers Inverness avec de belles vues sur la ville et son pont routier. Nous ferons la boucle en retournant par le nord avec un décor de lignes de crêtes grandioses à l’horizon.

Nous sommes d’abord déçues par la banalité de la campagne très verdoyante, vallonnée coupée de forêt de sapins, pins ou bouleaux.

  Les jardins d’Avoch

pavot dans les jardins d’Avoch

Petit port le long d’une plage de galets. Les jardins croulent sous les fleurs: des roses qui embaument, des pavots doubles violets.La végétation a plusieurs semaines d’écart avec celle de la région parisienne que nous venons de quitter. Le printemps tardif a fait exploser les seringats, roses lavaters, campanules, fuchsias et chèvrefeuilles qui présentent un floraison surabondante. Tout le monde est très poli et nous dit bonjour.

-« Nice day », hasarde un vieux monsieur.

Beau temps écossais ! C’est vite dit. J’ai mis un pull en shetland (pour faire couleur locale), j’ai remonté la fermeture-éclair de mon coupe-vent jusqu’au menton. L’absence de pluie mérite sans doute qu’on la salue. Le ciel est toujours laiteux et le faible soleil n’arrive pas à percer.

 

Avoch

   Fortrose

Jolies villas, une église en grès rose sur une terrasse herbue dominent l’escarpement. Un massif de lupins bleus fait une tache colorée. Les propriétés cossues avec leurs grands jardins enclos de murs et leurs magnifiques pins.

  Chanonry point

Le phare de Chanonry point

Rosemarkie est séparé de Fortrose par un petit cap. La route traverse un golf très fréquenté ce dimanche matin. Un écriteau prévient que le club de golf ne sera pas responsable des dégâts éventuels des balles sur les voitures. Attention aux balles perdues ! Nous expérimentons ici, pour la première fois, une spécialité écossaise : la route à voie unique avec « bypass » des petits refuges élargissant la chaussée  où il se convient de se ranger pour laisser passer le véhicule qui arrive en sens inverse. Bel exemple de courtoisie britannique  à grands renforts de sourires et de gestes amicaux. A Chanonry point, chacun  a sorti ses jumelles pour observer dauphins, phoques et oiseaux marins. Pour les dauphins, ce sera difficile, la marée est basse.

Je peux me livrer à mon sport favori : la marche le long du rivage. Par vent d’Ouest  très fort,  je ferme soigneusement la capuche du coupe-vent, regardant avec envie les personnes prévoyantes qui sont équipées de casquettes, écharpes et bonnets (je rappelle qu’on est en juillet). Je rejoins par la plage le village suivant

 Rosemarkie

Rosemarkie : pub

Rosemarkie est un village ravissant avec un pub photogénique, une belle plage aménagée, des promenades balisées, et un petit musée des Pictes – peuplade ancienne, premiers habitants de l’Ecosse. Je brûle de connaître les Pictes. Fermeture hebdomadaire, il faudra revenir un autre jour !

 

  Cromarty

Cromarty

  Cromarty,  est un nom qui m’a longtemps fait rêver quand une voix féminine récitait les avis de la météo marine comme un poème : « Cromarty, Forth, Humber, Dogger… » , zones de la Mer du Nord que je n’ai jamais su localiser « Mer belle à agitée, avis de coup de vent, tempête… »Cette litanie chaque matin, éveillait en moi des envies de voyage, une nostalgie de navigations lointaines.

Il fallait donc visiter Cromarty !

Un prospectus très bien illustré avec des gravures anciennes vante les charmes de petit port de commerce très actif au 18ème siècle qui avait connu alors la prospérité  lui permettant de construire un tribunal surmonté d’une tour avec un dôme, une demi douzaine de belles maisons bourgeoises à étage sur de grands jardins. Le long de la côte se serrent les petites maisons des pêcheurs formant des venelles pittoresques. A la pointe : un  phare transformé en laboratoire marin de l’Université d’Aberdeen.

Des gloires locales sont célébrées ici, entre autres, le Géologue autodidacte Hugh Miller qui découvrit des fossiles de poisson et étudia les grès roses au milieu du 19ème   siècle.

Pique nique devant le fjord : carottes râpées et truite de mer, shortbread écossais.

les venelles fleuries de Cromarty

Nous parcourons avec plaisir les rues anciennes fleuries et soignées. Hélas, les musées coûtent cher (5£ chacun et il y en a deux) je n’aurai pas le temps de me promener si je leur consacre une visite sérieuse. Quel dommage de s’enfermer par un si beau temps ! Et bien ! le monsieur avait eu raison avec son « Nice day ! »

 

Cromarty : :’églsie presbytérienne

Rapide visite à l’Eglise Presbytérienne entourée d’un cimetière herbu. Les pierres tombales sont recouvertes de verdure, de mousse ou de pelouse. Les stèles de grès ou de granite penchent. Sur l’une d’elles, encore lisible, je découvre que sont inhumés une petite fille morte à deux mois, sa petite sœur de quatre semaines, un petit frère de quelques semaines, un autre enfant de deux ans…Combien d’enfants fallait il mettre au monde pour en garder un vivant ? L’église  est très sobre : entre deux grandes fenêtres, la chaire de bois cirée entourée de partout de bancs enfermés dans des sortes de cellules. Toute la nef  face au pasteur, en est pleine mais aussi les transepts.  500 paroissiens pouvaient s’asseoir en bas. Au dessus, des tribunes, « poor loft » sont aussi encombrées. Pas d’orgue, un harmonium modeste.

 

Randonnée au soleil par les sentiers de la presqu’île Black Island très bien indiqués avec les temps de marche sur un panneau,. Je choisis 4miles- 1H30,  La promenade qui monte au South  Sutor appellée aussi la balade des 100 marches. Les deux Sutors : North et south sont deux collines gardant l’entrée du Firth de Cromarty, personnalisées par deux géants bienveillants. Le sentier est très bien entretenu ; il monte en corniche le long de la mer.

Retour au gîte de Beauly à 18H. Pas question de s’enfermer par cette magnifique soirée estivale ! Notre gîte est très cosy mais il lui manque un jardin ou une terrasse. La Riverside Drive longe de loin  le Firth, pas de banc en face de l’eau. Nous en trouvons un dans l’enceinte du Prieuré de Beauly et je reste jusqu’à huit heures pour écrire.

 

 

Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

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