JUILLET ÉCOSSAIS

La boucherie de Beauly
La météo nous a promis du beau temps. Au village, les boutiques ouvrent. Le boucher boit son thé debout adossé à la porte derrière boutique. La bouchère est une dame plutôt âgée au teint rose coiffée d’un curieux chapeau. Comme nous lui annonçons que nous restons à Beauly une semaine, elle nous questionne :
– « qu’avez-vous fait hier ? ».
Elle nous conseille Glen Affric. Je me laisse tenter par du haggis – maison. Il faut le réchauffer doucement dans une casserole, ou mieux au bain marie, se méfier du micro-onde. Au chapitre des spécialités, il y a aussi des pies à la viande et des tranches de boudin.
De Beauly à Cannich
17 miles par une route très étroite dans une campagne boisée. De très jolies maisons fleuries, souvent des B&B sont dispersées. Au détour de la route, on aperçoit une sorte de manoir avec des tourelles et des toits compliqués sur une prairie très verte : un golf. Nous avions déjà remarqué que les golfs sont toujours installés dans les plus jolis coins !
Cannich pour le ravitaillement. L’épicière est charmante et nous dit qu’il y a 3 parkings à Glen Affric. Sur chaque parking nous trouverons les indications concernant les sentiers de randonnée.
Glen Affric
La petite route de Glen Affric suit l’eau d’abord une rivière, puis un torrent des lacs se succèdent. La vallée est très boisée : bouleaux de grande taille souvent couverts de lichens, quelques chênes surtout des pins. Le Pin Calédonien est une variété magnifique de Pin Sylvestre avec un port arrondi et des branches tarabiscotées. Peut être est ce le climat rude et les tempêtes qui expliquent cette allure bizarre ?
Promenade de Dog falls

Le sentier suit le torrent passe sur un petit pont de bois lancé sur une gorge étroite d’où on devine le bouillonnement d’une cascade puissante. Puis il s’élève dans la colline boisée. Des panneaux soulèvent des questions à multiples réponses : « Le cerf, ami ou ennemi ? ». Le sur-pâturage et la multiplication des cerfs ont conduit à la désertification de la montagne. Les forestiers sont obligés de faire des enclos pour permettre à la forêt de se régénérer. Devant des troncs de bouleaux décapités, malades de gros champignons parasites, sont commentés : « La mort des bouleaux, un bien ou un mal ? ». Ce bois mort contribue à la diversité écologique : les pics se nourrissent des xylophages. Je grimpe raide, espérant arriver au sommet. Les dénivelées sont faibles même si la pente paraît escarpée. Du haut, je découvre le plus joli petit lac de montagne qui soit avec des nénuphars, des anémones et leurs graines plumeuses (comme dans les Alpes en altitude). Des libellules m’accompagnent. Je me dépêche de rentrer. Si j’avais lu plus attentivement le panneau j’aurais vu que la promenade jaune que je suivais était un circuit d’1.5 mile, j’ai parcouru le double du chemin au lieu de fermer la boucle !
Le parking suivant est situé sur le bord d’un lac. Les tables à pique nique sont les pieds dans l’eau ainsi que les promenades. Barrage hydro électrique, très haut: ne cascade puissante sort en écumant. Les électriciens ont eu soin de construire un bâtiment discret qui ne choque pas du tout dans le paysage.
Dernier parking : un joli petit circuit très accidenté permet de découvrir les rapides de la rivière Affric qui relie le Loch Affric au Loch Beinn Mheadain (nom celtique très long illisible qui se lit Benevan).On rentre à la voiture : impossible de rester immobile : les midges attaquent ! Sous le soleil, avec le vent frais, elles nous avaient laissées tranquilles. Maintenant le ciel est couvert et le vent est tombé.
Passing places

La vallée s’étend encore sur une douzaine de kilomètres mais la piste est interdite aux voitures. Sur la route, impossible de se croiser en dehors des Passing Places la plupart du temps rapprochés. Les automobilistes prévoyants s’arrêtent. Deux fois on a dû reculer jusqu’au refuge quand on a rencontré des petits cars d’excursion qui ont refusé de céder le passage et qui sont passés d’extrême limite. Le secret est de rouler doucement. Les touristes, par définition, prennent leur temps mais de temps en temps une voiture fonce Il vaut mieux alors se garer.
Glen Cannich
Le début de la vallée est décevant la route tournicote dans les bouleaux. Heureusement que nous ne croisons personne, la visibilité est nulle. Les bouleaux n’ont pas le charme de la forêt de Glen Affric. Sorties de la forêt le paysage est grandiose : des montagnes couvertes de landes, de bruyères et de fougères, forment un cirque. Le sol détrempé rappelle les tourbières. Des moutons en libertés sont installés sur la route. Certains ont la tête noire et les cornes retroussées en guidon de vélo de course, d’autres ont la tête blanche sans cornes. Les petits sont très blancs. Les brebis ont un pelage très long..
Depuis longtemps j’ai envie,de photographier le panneau « Passing Place ». Je marche sur la route pour réaliser le cliché. J’ai de la chance : le panneau est au milieu des moutons !

La promenade sur la route est très plaisante. Personne ne passe. Je jouis d’une vue dégagée dans ce paysage sauvage. Quelques arbres : ici deux pins splendides aux silhouettes arrondies. Le long de la rivière, les arbres sont morts et nous rappellent les barrages à castors du Canada. Les squelettes et les troncs blanchis se détachent.
Cinq cerfs sont couchés parmi les moutons, de vieux mâles avec des andouillers magnifiques recouverts de velours. Seuls leurs bois dépassent. Ils ne paraissent pas farouches. Sont ils domestiqués ? Au retour, j’essaierai de les approcher pour les photographier et ils s’enfuiront gracieusement.
La route arrive à un barrage. Curieusement le niveau de l’eau est très bas alors qu’à Glen Affric le lac débordait presque. La bordure de cailloutis autour du loch n’est pas du meilleur effet. Plus bas, deux cerfs broutent sans se soucier de la voiture.
Il y a plusieurs manière d’éviter l’attaque des midges. L’épicerie de Cannich vend des moustiquaires cylindriques attachée à la visière d’un chapeau. On pourrait imaginer une voilette. Je choisis la solution voile avec mon carré de mousseline turque. Une burquah ferait encore mieux l’affaire !