JUILLET ECOSSAIS

Itinéraire
Le château de Cawdor est à une quinzaine de miles à l’est d’Inverness et une dizaine au sud de Nairn. Une petite route passe par le champ de bataille de Culloden où Bonnie Prince Charles fut défait en 1746, et à côté d’un Cairn préhistorique. A Inverness, impossible de trouver cette route. Par l’axe Inverness-Aberdeen, nous parvenons directement à Cawdor. Le parking est ombragé par des chênes séculaires magnifiques (l’ombre est assez inutile, le ciel est gris). Les pelouses sont d’une finesse incomparable, les mêmes que celles du golf qui appartient au château. Curieusement, les tarifs du golf sont très raisonnables (10 £ la partie ou 14£ la journée). Dommage que nous ne golfions pas!
Jardins

Nous profitons d’une éclaircie pour visiter les jardins : le Jardin des Fleurs, le Jardin Sauvage, et Le jardin enclos de Murs. Le Jardin des Fleurs est un enchantement : mélange savamment désordonné de fleurs des champs comme les campanules ou les géraniums bleus et roses, avec des plantes plus sophistiquées comme les delphiniums ou les lupins. Harmonie de bleus et de blanc. Camaïeu de bleu à rose en passant par violine et mauve. Pas de jaune, peu de rouge. Enfin, si ! Un énorme coquelicot –un pavot ? – fait une unique tache rouge ans un massif. Les feuilles carmin d’un arbuste inconnu se détachent. Des seringats blancs ont des fleurs très simples. Simplicité trompeuse avec des variétés infinies de géraniums.

Des jardiniers travaillent avec des outils minuscules qu’on utiliserait pour des balconnières. Leurs genoux sont protégés par des coques plastiques comme les surfeurs. Pas une mauvaise herbe, le gravier est finement ratissé. En revanche, on ne touche pas au lichen qui colonise poiriers vénérables ou ifs déplumés. Nous nous livrons à une débauche photographique
Château
En dehors de la saison touristique, le château de Cawdor est habité. On a balisé des parcours pour les visiteurs et déroulé des bandes écossaises du tartan familial des Campbell et placé des feuilles explicatives. Tout est fait pour suggérer l’intimité de la famille des propriétaires : photos encadrées, objets modernes usuels, téléphone, romans actuels.
Les tapisseries qui camouflent entièrement les murs de certaines pièces doivent réchauffer l’atmosphère. Une série a pour thème Don Quichotte une autre illustre des épisodes bibliques. Le mobilier est de provenance variée, toujours de belle facture. Comme dans le jardin, un désordre précieux est cultivé, suggère la vie, le confort, plutôt que des reconstitutions historiques ou les collection solennelles d’un musée. Chaque tableau mériterait qu’on s’y arrête un moment. Les châtelains sont aussi des amateurs d’art moderne . On reconnaît des vues du château. Un tableau contemporain particulièrement réussi représente des troncs gris entrelacés. Le titre : « L’entrée de l’allée ».
Jardin enclos de murs

Nous avons la surprise de reconnaître le tableau dans la double rangée de cytises formant une allée couverte, encadrant le labyrinthe de houx taillés, comme ailleurs on taille le buis ou des ifs. Une autre partie du jardin dans les murs est un verger de vieux poiriers, néfliers, pruniers.
Jardin sauvage
Le jardin sauvage fait la transition avec le parc. Sur une pente on a planté des rhododendrons et des azalées. La floraison est terminée.
De là partent des circuits -Nature Trails – Je choisis celui de 2 miles qui passe sous d’imposants séquoias puis dans une hêtraie d’arbres magnifiques séculaires. Une rivière, presque un torrent coule dans un creux. Pourquoi l’eau est elle si brune ? Est-ce la rouille ou la matière organique d’un terreau de feuilles ? Il semble que malgré la latitude nordique les végétaux soient florissants. Chênes et hêtres – arbres nobles – ont peut être l’âge du château ?
La légende du château
Selon Shakespeare, Macbeth était le thane de Cawdor. Le château actuel est plus récent du milieu du 14ème siècle. On raconte que le châtelain bâtisseur aurait chargé un âne d’un coffre d’or et aurait attendu que l’animal se repose pour désigner le lieu où il construirait son donjon. L’âne aurait choisi un houx toujours visible au centre du donjon. On aurait mesuré avec le C14 l’âge du bois et la date de 1372 est tout à fait cohérente avec la légende !
Fumerie de saumon
La fumerie de saumon est à Granton dans la Vallée de la Spey à une vingtaine de kilomètre de Cawdor. D a gardé un souvenir extraordinaire des fumeries nordiques, de l’odeur du bois, de la fumée. C’est aussi l’occasion d’acheter de l’excellent saumon.
Encore une fois, nous faisons le double de chemin en passant par Nairn. Au nord du Parc Naturel de Cairngorn nous traversons une lande couverte de bruyère. C’est vraiment l’Ecosse des cartes postales ! Le sol gorgé d’eau passe à des tourbières. Pour moi, c’est un enchantement. La conduite exige une attention redoublée : toujours pas de bas côtés et à peine la place pour que deux voiture se croisent – on ne parle pas des camions de bois !
La fumerie appartient à une Rockstar : Jethro que je ne connais pas. La visite est une déception: un bâtiment moderne situé dans une zone artisanale tout à fait banale. A la Réception on ne paie guère d’attention à nous et on ne se donne même pas le mal de brancher l’audiovisuel. La seule activité qui se déroule en ce moment est le découpage du saumon en tranches fines qu’on va emballer. Rien de spectaculaire ! Nous nous contentons de lire les commentaires écrits décrivant les étapes de la fabrication :
– salage avec un mélange de sel et de mélasse
– rinçage puis séchage suspendu sur des portoirs
– fumage
– découpe et emballage.
Les plages de Nairn
Nairn a deux plages de sable blanc. Je retrouve le plaisir de marcher sur la plage. Pas question de se déchausser, il fait bien trop froid. Le vent d’Ouest me cingle si bien que je referme la capuche de la parka. L’air sent bon les algues et l’iode. Cette odeur marine me surprend un peu.Le Firth of Moray est étroit. Je distingue tous les détails de Black Island. Je reconnais ma promenade au dessus de Cromarty. Partout l’horizon est barré de crêtes. Et c’est justement un point d’observation pour les dauphins. L’un d’eux, Sundance reconnaissable à une tache orange est bien connu des habitants de Nairn. Sur le bord je vois des villas imposantes, tourelles bow windows, un castelet en pierre de taille grisâtre entouré de pelouses impeccables : c’est le club house d’un golf. Encore un ! L’autre plage est bordée d’une forêt de pins plantée en 1920 pour fixer les dunes mouvantes qui ont enseveli un village entier par le passé.
La route Aberdeen Inverness est saturée à 17heures, on se croirait dans la banlieue d’une grande ville tandis qu’on traverse Nairn qui n’est qu’une bourgade sans importance. Nous quittons l’axe fréquenté pour la petite route de la côte qui va à Andresier et à Fort George.
courses
Courses à Andresier dans une épicerie Mac Call. En Ecosse on peut se ravitailler dans les campagnes, les prix sont tout à fait comparables à ceux des grandes surfaces. Il y a moins de choix, bien sûr, mais il est inutile de perdre son temps dans un grand centre commercial. En revanche le prix de l’essence varie de 94p à 103p. Avec notre gros véhicule il faudra bien choisir la pompe ! Attention aussi à la panne sèche, les stations service sont rares dans le centre de l’Ecosse.
Fort George
Fort George est fermé. Belles fortifications à la Vauban. De toutes les façons les reconstitutions de la vie militaire ne nous auraient pas tentées. J’avais pensé que la promenade à la pointe serait belle. Terrain militaire, manœuvres en cours.
Non loin du fort, une promenade nature est aménagée sur le cordon de galets. Un panneau signale un curieux phénomène datant de la Période Glaciaire. Le glacier a repoussé les roches sédimentaires, comme l’aurait fait un bulldozer. Les couches se sont retrouvées repliées sous l’effet de cette pression. On observe aussi une terrasse : plage témoin des variations du niveau de la mer ou de la surrection du continent, l’Ecosse libérée de sa calotte glaciaire remonte. Le long de la grève de galets on a tracé un sentier d’observation. Des ornithologues ont installé des bornes de bois sur lesquelles on a sculpté des oiseaux (courlis, canards, huîtrier pie) puis on les a peints. Un dispositif sonore permettait aussi de les entendre (en panne aujourd’hui). A l’arrière de la plage, un petit bois est sculpté par le vent d’ouest (étrange, la mer du nord est plutôt à l’est !) j’y cueille des framboises mûres. Des mêmes géraniums bleus que j’avais remarqués au château y poussent sauvages.
D était persuadée que j’avais les clés du gîte, et moi que c’était elle. En rentrant, la voisine nous guettait. Elle avait ramassé le trousseau pendu à la serrure.
« Off topic »( Sorry!) : Joyeux Noel !!
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