JUILLET ÉCOSSAIS

Nous traversons Skye sous le soleil. Même le Cuillin est dégagé. Comme ses pentes sont raides et pierreuses, malgré ses 900 m, il est impressionnant. Le gravir doit être pénible.
En s’enfonçant dans les terres des Highlands, nous trouvons le mauvais temps. Les montagnes semblent attirer les nuages (il faut relativiser, les prévisions météo de la BBC étaient catastrophiques pour le nord l’Angleterre et couvert pour l’Ecosse).
Sur la carte, le trajet ne nous avait pas semblé long. Nous avions oublié qu’on circule en zigzag à l’Ouest de l’Ecosse, contournant fjords et montagnes infranchissables, multipliant d’autant les miles – maudits miles ! – une fois et demie plus longs que les kilomètres, ils n’en finissent pas. Il y a beaucoup de circulation ce samedi matin. Le trafic très dense nous fait oublier que nous traversons des contrées sauvages désertées même par les moutons, des montagnes aux flancs raides et rocheux, des tourbières et des landes de bruyères. Le Glencoe est surtout remarquable, une seule maison – hôtel ou auberge de jeunesse – sinon pas une habitation, pas une station service. Sur le flanc du Ben Névis on voit encore de nombreux névés (à 1300 m, au mois de juillet). Nous traversons des paysages qu’on situerait chez nous vers 2500m – 3000m) pas un arbre. Avec un rayon de soleil ce serait magique – sous les nuages ils sont austères, tristes pour ne pas écrire sinistres. Nous avons passé sans s’y arrêter Fort Williams. Toutes les autres agglomérations attendues sur la carte sont des villages perdus. Et le niveau d’essence qui baisse !
Nous avons roulé 5 heures quand nous approchons des Trossachs. Un panneau nous annonce que nous avons quitté les Highlands pour le district de Stirling. Des forêts bordent la route. Pas de noirs conifères, des noisetiers et de beaux chênes. Le relief s’adoucit, on hésite entre montagne et colline. La dernière heure, sur une route sinueuse nous paraît interminable. Nous n’apprécions même pas le « parcours panoramique ».
A l’Office de Tourisme d’Aberfoyle, aucune trace de la réservation téléphonique. Ann ne se souvient pas de moi, ni d’avoir parlé au téléphone avec quelqu’un de Dunvegan. Je suis très inquiète. J’ai transmis mes numéros de Carte Bleue y compris le cryptogramme. A qui donc ? En revanche, j’ai bien une chambre réservée à la réception de l’Hôtel Rob Roy, et la réceptionniste de l’hôtel s’appelle également Ann.

J’avais rêvé d’un B&B cosy et intime, d’un bon breakfast écossais, de conversation avec la logeuse. A défaut, j’avais imaginé une vieille auberge, peut être au dessus d’un pub avec une enseigne peinte, des poutres noires, de suspensions fleuries…Le Rob Roy est situé à l’écart d’Aberfoyle après le rond point. Il est composé de plusieurs bâtiments grisâtres, un peu motel, un peu caserne. La chambre s’avère confortable, « en-suite », c’est à dire avec une belle salle de bain, vaste, chauffée, avec plateau et bouilloire pour le thé et télévision. C’est loin de mon Écosse rêvée, de nos cottages self-catering, mais c’est tout à fait convenable.