JUILLET ÉCOSSAIS
L’imagination est mauvaise conseillère, j’échafaude des romans. La réalité est bien plus prosaïque. Pas de fantômes ni de voisins bizarres : les enfants et petits enfants de notre hôtesse !
La route passe sous un portail de pierre avec trois arches gothiques à l’entrée d’Edzell, ce genre d’arc de triomphe me rappelle le Maroc. Un calicot proclame Gala samedi. Cette petite fête campagnarde avec lancer de haggis s’appelle donc un gala !
Il semble que la montagne soit plus prisée en Ecosse que le bord de mer. En dehors du golf de Carnoustie, les installations touristiques sont peu développées en Angus près des plages pourtant magnifiques : des terrains de camping avec d’énormes caravanes, très peu de B&B. A l’intérieur des terres de très jolis villages sont fleuris, soignés, il y a de belles propriétés, des hôtels cossus. A Edzell, les B&B sont innombrables, les magasins luxueux, le club de golf est impressionnant.
rivière Esk

Derrière la Poste, un chemin mène à la rivière Esk puis le sentier longe l’eau noire. Peu profond, le cours d’eau s’écoule vivement sur des dalles de grès rouge horizontales. L’eau est très pure, teintée de brun (par l’oxyde de fer ?) J’imagine comme il serait plaisant de la descendre en kayak ! Je chemine sous des hêtres magnifiques. Le sol est tapissé de faînes souples très agréables sous la semelle des chaussures. La rivière s’enfonce dans des gorges profondes. Des rochers en barre le lit qui se rétrécit. L’eau bouillonne d’une écume épaisse. Mes rêveries de kayak s’éloignent. Quand parle t on de rivière, de torrent, de fleuve ? Malgré l’altitude minime l’Esk ressemble à un torrent ? Des ruisselets le rejoignent par de graciles cascades. Au bout d’une demie heure, je retrouve D sur un joli pont de pierre.
Pour poursuivre la promenade, il suffit de pousser une porte laquée bleu vif. Ailleurs qu’en Écosse je n’oserais jamais pénétrer dans une propriété privée. Ici, c’est naturel, il ne faut pas oublier de refermer derrière soi. Un plan détaille les différentes étapes de la randonnée. Le chemin continue en corniche tandis que les pêcheurs peuvent descendre par des accès aménagés pour eux.
J’en descends un en m’aidant de la main courante qui est une épaisse corde en nylon bleue. Nous sommes à la limite des techniques d’escalade. La pêche au saumon est vraiment un sport ! Ce sont les mêmes saumons, attendus sur la plage qui remontent l’Esk. Ils doivent vraiment être puissants pour remonter les rapides entre les dalles de grès. Là où je suis descendue, le lit est presque complètement obstrué par d’énormes blocs de poudingue détachés de la falaise. L’eau se précipite dans la brèche avec force. Les gorges deviennent de plus en plus profondes. Le sentier s’est partagé en trois corniches. Sans indications, laquelle choisir. Je monte sur la plus haute, logiquement la plus proche de la route. Après les essences nobles, hêtres et chênes, la forêt est maintenant plantée de bouleaux au feuillage léger mais aux troncs épais. Je croise un couple avec un labrador. D’après eux, je serai arrivée d’ici un quart d’heure au Roc de la Solitude. La « silver car » attend là bas. Notre Vauxhall n’est pas gris métallisé, elle est argent. Le carrosse d’argent est un nom très approprié !

La route continue le long du Glen Esk. Au sortir de la forêt de bouleaux nous continuons dans une très verte campagne et passons devant de belles propriétés. Plus loin, les sommets sont recouverts de bruyère et de fougères. La lande a pris des teintes mauves et brunes de tweed épais, moussu.
En montagne dans la lande
Je suis ravie de revoir la lande comme dans les Highlands, bien que le relief soit atténué. Au parking de Turfside, deux promenades, malheureusement, mal balisées. J’ai une fiche topo sur un dépliant mais il est mal fait. La carte est beaucoup trop petite et les explications trop vagues. Rien ne correspond. J’ai quitté le goudron trop tôt. Je marche ¾ d’heure à l’aveuglette dans un vent plus que vivifiant. Une nappe de brouillard envahit un col. Il peut dru. Heureusement que j’ai le bonnet acheté à Glendale et mes gants de soie. Je suis ravie de trouver D qui vient à ma rencontre dans la Silver Car.
Pique-nique dans la lande. A nos pieds un cadavre de lapereau. De quoi sont morts tous les lapins? Sur la route nous avons rencontré d’innombrables lapins écrasés. J’avais attribué cela à une surpopulation lapine et à une trop forte circulation automobile. Ici, au milieu du pré, les voitures ne sont nullement responsable de l’hécatombe. Il faut trouver une autre hypothèse. Une épidémie ?
Fin d’après midi à la Mer
Nous emménageons « chez nous » dans la caravane de Eskview Farm, ravie d’avoir une maison à nous seules et de pouvoir faire la cuisine. La caravane est très vaste. Huit personnes pourraient y dormir. Une banquette fait tout le tour du salon, deux autres banquettes encadrent la table de la « salle à manger » et il y a deux chambres à coucher.
Glacière,
Nous terminons l’après midi à la plage. Nous avions remarqué une curieuse construction comme un demi-tunnel de pierres aménagé en habitation à côté de belles maisons. C’est une glacière. Les belles maisons seraient celles des pêcheurs qui posent les filets pour piéger les saumons conservés grâce à la glace. A Cromarty, nous avions vu une glacière en demi cylindre recouvert d’herbe tout à fait analogue.
Un B&B très bien situé
Enfin, nous montons sur la falaise au B&B qui se vante sur la route d’avoir d’une vue « spectaculaire » Fisheries Woodston . http://www.woodstonfishingstation.co.uk/woodston_fishing/cottage_accommodation.shtmlDes casiers peints en bleu sont alignés le long de la route ; tout est bleu et blanc. Un drapeau écossais bleu avec la croix blanche en diagonale s’accorde avec la maison blanche sur le ciel bleu. Quel bel endroit ! Le propriétaire m’enjoint de chercher sur Internet son site si je veux voir la décoration des chambres (30 à 45 £ par personne).