CARNET VIETNAMIEN

Open Tour de Nha Trang à Hoi an
Le voyage en car, de Nha Trang à Hoi An 11 heures, de nuit, a été beaucoup moins éprouvant que je le craignais. Harnachée avec tous mes accessoires de globe-trotter : tour de cou gonflable, bouchons d’oreilles, dès 8H30, je somnole déjà. D amoins de chance : une jeune fille a été atteinte de convulsions, vomissements juste à ses pieds. Minuit, arrêt-restaurant, pour les chauffeurs, les passagers se seraient bien passés de 45 minutes de pause. La dame de l’agence de Paris nous avait décrit l’Open Tour comme un voyage touristique avec arrêts photos. Il s’agit plutôt d’un transport local -plutôt plus rapide et confortable que les bus ordinaires – sans aucun égard pour les aspects touristiques. Nous ne sommes que 8 touristes occidentaux pour une cinquantaine de Vietnamiens qui rentrent chez eux sans aucun regard pour le paysage. Pas de strapontins dans le beau pullman. On a installée des sièges bas en plastique comme ceux des gargotes sur les trottoirs. Une dizaine de jeunes vont y passer la nuit.
Le jour se lève à 5heures. Je regarde le paysage défiler : rizières plates avec des petits canaux de drainages. D’étranges grues se révèlent être des sacs en plastique servant d’épouvantails. Des paysans travaillent à la houe et creusent la boue des canaux.
Sur le bord de la route, les villages se succèdent. Seul point commun dans l‘architecture des maisons : le grand auvent qui les précède. Auvent de tôle en forme de demi cylindre pour les plus élaborés, plaques de tôles sur des bouts de bois dépareillés. Les arbres sont mis à contribution, vivants ou morts, avec ou sans branches, avec ou sans feuilles. Parfois, de simples bâches bleues remplacent la tôle. Des pneus lestent le tout. A l’arrière, une maison basse avec encore un auvent, souvent la maison a été surélevée sur plusieurs niveaux. Sous les auvents, on vend, on stocke tout ce qu’on peut imaginer. On vend de l’or à côté des pièces de mobylettes. Juste devant la bijouterie, un tas de courgettes. Ce n’est pas spécialement pittoresque. Mais c’est très vivant. Même la nuit ! les boutiques gardent toutes les lumières allumées tandis que le propriétaire dort dans un hamac au milieu des marchandises ou il est couché sur une natte.

6H30 : Hoi an. Des moto-taxis nous harcèlent à la descente du car. Je ne sais pas où est l’hôtel. Justement, ils en font le démarchage et prétendent qu’il faut marcher un kilomètre. D ne veut toujours pas monter à moto. De guerre lasse, je leur confie les valises tout en gardant les sacs à dos. Équipage comique qui fait s’esclaffer tout le monde. Les valises roulent à moto tandis que les touristes chargées comme des baudets vont à pied. L’hôtel était au coin de la rue. Cette plaisanterie nous coûte 2$ !
hôtel Vinh Hung2
L’hôtel est une ravissante maison chinoise avec des boiseries aux motifs compliqués. Il est bâti sur trois niveaux autour d’une belle piscine. Toutes les chambres donnent sur les balcons qui surplombent la piscine. Plantes en pot, fontaines avec montagne artificielle à chaque coin du patio. Des chaises longues des parasols blancs. Quand je nage sur le dos je peux voir les dix lampions rouges suspendus à des filins tendus au deuxième étage. Chaque balcon est décoré d’une lampe aux motifs chinois encadrée de deux lampions enrubannés de rouge.
La chambre est petite mais bien équipée, son balcon donne sur la rue. Les moustiquaires sont enroulées et nouées artistiquement. Toujours aussi inutiles.
Hoi An

Comment décrire Hoi An ? Cette jolie petite ville inscrite au Patrimoine Mondial de l’Humanité, vit du tourisme.
Textiles et Couture
Dès les premiers pas hors de l’hôtel, les magasins de vêtements occupent les trottoirs. Toutes les sortes de vêtements possibles ; des robes de soie bien présentés sur des mannequins, des habits traditionnels vietnamiens, des costumes d’homme classiques, des pendillocheries mode, pantalons baggy, T-shirts rouge à l’étoile jaune… Sans parler des habits d’hiver, duffle-coat, jolie veste asymétrique en lainage. Pour tous les goûts et toutes les saisons. On essaie, on retouche. Quand j’entre dans une boutique je suis fascinée par les piles de tissus colorés, moire et soie. Richesse des couleurs et ds matières. J’ai dû me gendarmer pour ne pas acheter une robe toute simple noire et blanche à grandes fleurs imprimées. La vendeuse me dit que pour ce prix elle peut aussi me la faire sur mesure.
Harcèlement des cyclos !
La ville est petite et peut se parcourir à pied. Nul besoin d’un véhicule ! Les cyclos entament la conversation avec bonne humeur et me renseignent sans façon. Ils se sentent ensuite autorisés à coller à mes pas. Il faut être brutale pour les chasser

Croyant nous débarrasser des importuns, nous passons sous le portique d’un temple. Nous trouvons le plus kitsch des dragons avec sa gueule de pastel rose, son corps turquoise et ses yeux montés sur des ressorts métalliques. On admire les bonsaïs, les poissons qui nagent dans les bassins. Et les cyclos sont toujours là à nous attendre !
maisons anciennes
Une fois admises ces conséquences désagréables du tourisme, on peut flâner dans les petites rues tranquilles et découvrir des merveilles. Maisons anciennes aux noirs piliers de bois de fer, les toits de tuiles caractéristiques, les panneaux incrustés de nacre, les lourds meubles chinois. Tout est magnifique.

Le ticket d’entrée dans la vieille ville porte cinq talons détachables qui donnent accès également à des maisons privées. Nous entrons au hasard et sommes reçues comme des invitées. Ngnan, en Ao Dai traditionnel blanc, nous fait asseoir dans .le salon, puis nous montre le travail des brodeuses. Deux jeunes filles brodent le même motif d’orchidée, l’une tire le fil vert l’autre le jaune .A l’étage, nous découvrons la charpente antique, la trappe qui permet de monter les marchandises en cas d’inondation. Il est fréquent que l’eau monte jusqu’à 50 cm au rez de chaussée. Ngnan nous montre les trois Génies du Commerce, l’autel des ancêtres. Les meubles d’apparat sont incrustés de nacre ainsi que les piliers. A nouveau, on s’assoit pour déguster le thé au lotus délicieux dans des bols minuscules, calmant paraît-il. Bien sûr, nous sommes poussées à acheter des souvenirs. L’accueil est si charmant qu’on se prête volontiers aux achats. Nous choisissons deux mouchoirs brodés (les mouchoirs ici sont toujours utiles !) et une petite trousse moirée qui passe du doré au mauve quand on la tourne.
Dans la rue, nous sommes sollicitées par une vendeuse de Baume du Tigre . Pour 2€ on a un petit flacon et 4 capsule de produit pour massage. Dominique s’achète le chapeau de paille à franges qui lui faisait envie depuis longtemps. Les femmes portent toujours la coiffure conique en latanier les hommes lui préfèrent cette coiffure qui leur donne un air d’Indien d’Amérique centrale. Le Sombrero, c’est pour la visite de demain à My Son.

Le pont japonais a une courbure élégante. Comme c’est un pont couvert, on ne s’en rend pas compte tout de suite. Il enjambe un petit ruisseau presque à sec (ici, la saison des pluies est à l’automne et ce n’est pas moi qui m’en plaindrai !)
On nous invite à visiter d’autres maisons :
« Ici c’est gratuit, vous achèterez bien un souvenir à la sortie ! »
Ici, le souvenir, c’est le filtre à café. En dehors de son air désuet, il ne nous serait d’aucune utilité, j’aime l’espresso !

Les pagodes ne nous surprennent plus après les visites à Saigon. Passée la surprise de la découverte, vient l’observation fine. C’est maintenant que nous observons les détails charmants : les poissons miniatures dans le bassin où la « montagne » est recouverte d’une véritable « forêt » de plantes grasses dressées. Les pagodes sont dans les maisons communautaires des guildes des marchands. Nous visitons la cantonaise. Des grandes tables sont ( ?) destinées à de grands repas (A Bangkok nous avions assisté à de tels repas, mais le bouddhisme est très différent). Ici, pas de ferveur mystique. Des écriteaux exigent une tenue décente (pas de shorts ni de débraillé) mais on fume presque partout. Deux gongs résonnent, le plus aigu deux fois, le plus profond lui répond. Je suis surprise de découvrir les musiciens : un garçon d’une dizaine d’année, rigolard.
Le marché est approvisionné par bateau. Malgré l’heure avancée, on décharge encore des plateaux de vannerie des poissons luisants très frais. La mer et tout proche. Hoi an fut un port marchand très important jusqu’au 18ème siècle avant que l’estuaire de la rivière ne s’ensable.
Le destin de Hoi An me fait penser à celui de Trinidad (Cuba). Villes marchandes très prospères dont le port a perdu son activité. La prospérité de Hoi An provenait du commerce de la Soie et des échanges avec la Chine, le Japon mais aussi l’Indonésie et le Portugal et le reste de l’Europe. La ville marchande était cosmopolite avec ses quartiers chinois et japonais, ses maisons communautaires, ses boutiques.
Les Américains, en installant leur base à Da-Nang lui évitèrent les ravages de la guerre. Le classement au Patrimoine Mondial de l’Humanité lui a apporté la manne du tourisme.
Le marché est à peu près indemne des marchands de souvenirs et de fripes. C’est un marché alimentaire traditionnel avec une infinité de légumes, d’herbes, de poissons. Les engins à moteur se fraient un chemin entre les étals, concurrencés par les bicyclettes et les piétons.
Nous sommes toujours impatientes de voir les photos développées. Nous confions un rouleau au premier photographe venu à la sortie du marché. Très mauvaise affaire ! Sur le récépissé écrit en vietnamien, ne figure pas l’adresse (ce que nous ignorons). Ce sera toute une expédition pour récupérer les photos. On nous envoie à l’opposé de la ville chez un homonyme qui a fermé boutique, remplacé par une boutique de robes de mariage. Il ne reste plus que de refaire pas à pas l’itinéraire du retour (qui n’était pas le plus direct). Heureusement que HoiAn est une petite ville !
La piscine de l’hôtel Vinh Hung2 est très jolie. Nous y terminons l’après midi Je nage sur le dos en me guidant au filin portant cinq lampions rouges. Généralement sur le dos, je dérive mais pas ce soir. Le ciel prend une teinte bleu profond, les lampions s’allument. C’est une atmosphère magique. La fatigue du voyage est effacée. Il fait presque trop frais. Nous laissons la nuit s’installer.
Juste devant l’hôtel, la boutique d’un photographe et une agence de voyage avec un cybercafé d’où l’on peut téléphoner beaucoup moins cher qu’à la Poste. Le photographe jeune, avenant se débrouille bien avec son ordinateur. Il me copie la carte mémoire sur un CDROM en un clin d’œil. Pour les tirages, ce sera beaucoup plus long. De son discours, supposé être de l’anglais, je saisis « good bibel » « high quality ». High qualité, je comprends, c’est moi qui ai choisi cette option. Mais que vient faire la bible Là- dedans ? Il y a confusion entre les M et les N et même les R mais je ne savais pas que P et B sonnaient pareil. La Bible, c’est simplement le papier. Il en utilisera un bon ! Je demande un devis – retour à l’ordinateur : menu Accessoires/ Calculatrice. 3000VNDX427., On arrive à la coquette somme de 1 200 000VND convertie en €, c’est très avantageux. Mais les millions intimident. Le photographe encore plus que moi. Il veut une caution. Je fais celle qui ne comprend pas. Retour à l’ordinateur: logiciel de traduction automatique. Il tape un mot-clé. Sur l’écran s’inscrivent toute une série de phrases concernant la réservation d’une chambre d’hôtel, celle d’une voiture. Je ne peux plus faire l’andouille. Je lui laisse 500 000VND.Il me serre les deux mains dans les siennes, courbettes, bonne nuit ! A peine suis-je remontée dans la chambre que le téléphone sonne. Le photographe est à la Réception avec le CD.