CARNET SÉNÉGALAIS

11h, notre valise est sur le ponton, à marée haute c’est plus facile d’embarquer et la traversée est plus rapide. Nous n’avions pas remarqué hier que Ndangane est très touristique avec de beaux hôtels en bord de Saloum, grands bungalows de paille, plage aménagée. Il y a aussi des chambres d’hôtes plus modestes et des villas à louer. Les toubabs font leur marché avec les autochtones. Les vendeuses de crevettes n’insistent pas quand je leur dis que nous déjeunons à l’hôtel.
Nous traversons les tannes, terres salées et arides, passons devant des marais salants à la croûte de sel blanche, éblouissante. La piste surélevée – tôle ondulée – est moins douce que celle qui court sur les terres basses. De la digue, je devine l’océan, le sens plutôt : forte odeur iodée des algues. Une ligne de filaos et de rôniers souligne le rivage. Des baobabs détachent leurs silhouettes grotesques. L’air chauffé de midi provoque des mirages. On ne sait plus reconnaitre la réalité. Entre l’eau dormante des salines, le Saloum, l’océan, on est perdu.
Vin de palme

Bouba stoppe la voiture devant un palmier : « vous voyez les bouteilles ? »Il faut bien chercher pour les trouver, perchées. Les bouteilles en plastiques récoltent la sève du palmier qu’on laissera fermenter pour faire le vin de palme. Sous un abri, trois hommes assis font un savant pliage de feuilles de rônier : ils fabriquent les entonnoirs. Tout en travaillant ils boivent à une louche végétale : un fruit du rônier coupé en deux emmanché d’un bout de bois. Leur boisson est fermentée et alcoolisée, nous suivons l’un d’eux dans une remise pour goûter le vin de palme avant fermentation, acidulé, juste un peu piquant. Goût qui rappelle le médicament que Bouba a préparé pour Dominique avec le fruit du baobab.
Gite de Palmarin

Vers midi nous nous installons au Gite de Palmarin. Des cases rouges en torchis, d’une architecture originales rappelant les constructions marocaines, sont installées en bordure d’une lagune presque à sec, tout proche du rivage de l’océan. Terre rouge et allées tapissées de coquillages blancs. Les coques aussi prises dans le ciment, dessinent des motifs. A l’intérieur de la maison le torchis est gris beige, niches et étagères en terre. Des balançoires de bois et corde, sont prévues pour suspendre vêtements et serviettes. Pas de fenêtres classiques, des ouvertures en ogives maladroites obturées par des volets de paille triangulaires maintenues par rondins de bois brut. Les moustiquaires donnent un air cosy dans ce décor brut. La salle de bain est vaste : une bassine métallique fait office de lavabo. Ce décor me rappelle l’auberge de Siwa en Egypte.
Douches, d’abord ! On se précipite à la plage. L’océan a apporté des algues roses, violettes et vertes ; les vagues sont tranquilles, l’eau tiède. Si le soleil n’était pas aussi ardent, j’aurais prolongé la baignade. Méfiance quand même !
Le déjeuner est somptueux : des crevettes XXL marinées dans une sauce à la moutarde et à l’ail, un délice.Ensuite mafé, pâte d’arachide et viande de zébu, pour finir de la pastèque. Face à la mer, sous l’ombre aérée des acacias, je fais la sieste dans un hamac