Djifer : port de pêche artisanal

CARNET SÉNÉGALAIS

la foule sur la plage de Djifer

A 16h30 ,  deuxième promenade en charrette de la journée. François conduit. Ousmane, vieux cheval de 27ans, encore très fringant avec sa magnifique crinière longue  tire une haute charrette bien confortable avec un matelas de mousse.

La marée monte, Ousmane renâcle un peu pour descendre sur la plage. Des jeunes, en tenue de foot, font divers mouvements de gymnastique et de musculation. D’autres se promènent avec la « bouilloire » en plastique bleue turquoise, verte ou mauve que j’ai vue la première fois pour les ablutions à la mosquée de Lampoul. Cette fois ce n’est pas pour la prière, bêtement, je demande ce qu’ils cherchent, j’aurais pu deviner seule.

les pirogues sur la plage de Djifer

A l’arrivée à Djifer, on est saisi par l’animation. Tout se vend dans le marché et les commerces derrière le port, journaux, lits en fer forgé, téléphones portables (on les répare aussi), habits divers et épicerie. Bien sûr, il y a aussi un tailleur dans son échoppe. Sur la plage, la foule est compacte. Des centaines de pirogues sont alignées sur le sable, serrées, la proue dirigée vers la mer, « dieuredieuf » (merci en wolof) écrit sur chaque étrave, des motifs colorés peints, fleurs, papillons, drapeaux…. le nom d’une dame, la mère, la fille…ou celui du père ou d’un guide spirituel.

les dockers entrent dans la mer

Il faut se garde de stationner sur le chemin des dockers qui courent avec 40kg de poisson dans des caisses sur la tête. Entrés dans l’eau jusqu’à la taille pour décharger la pirogue, ils sont trempés. Payés à la tâche, ils foncent. Les mareyeurs se mouillent aussi pour discuter les prix autour de la pirogue, hommes et femmes en tenue traditionnelle. L’une d’elle, boubou orange est très grande et impressionnante ; dans sa main une épaisse liasse de billets de 10.000CFA. Tout se règle cash. On la retrouve plus tard dans le parking des camions frigorifiques qui emportent le poisson frais à Dakar et parfois beaucoup plus loin.

la collines des coquillages

Au bout de la plage, le poisson se vend au détail, souvent à même le sable en tas de hareng, grosses sardines, dorades, capitaines, poissons-sabre, petites raies, mérous, seiches et de magnifiques coquillages de grande taille : murex et cymbium. Les murex existent en Europe et ne sont pas une surprise, sauf leur taille. En revanche je n’avais jamais vu de cymbium. Leur très jolie coquille nacrée rose conique sert de cendrier au restaurant de Palmarin. Mais elle est  cachée par le manteau du mollusque qui dépasse de la cavité et entoure complètement l’animal qui ressemble à un une sorte de melon ovale et gluant , un peu pourri, ou à un ballon de rugby dégonflé. Ces coquillages sont cassés sur place. Au bout de la plage une petite colline est construite avec les coquilles sur laquelle hommes et femmes (surtout les femmes) cassent et découpent. Au retour, la mer est haute, la charrette roule sur la piste de tôle ondulée. Les camions frigorifiques et les taxis soulèvent la poussière rouge. Il faut se cacher le visage.

Au dîner : aubergines et tomates en tranches grillées marinées, brochettes de lotte bien assaisonnées avec des tomates-cerises et oignons.

La nuit étoilée est fantastique, sans lune. La Voie Lactée se déroule dans toute sa splendeur. Le vent s’est levé. Même avec le chèche noir déroulé dont  j’entoure mes épaules comme un châle, j’ai froid.

Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

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